Portraits (Gandhi, Mandela, Maïakovski)
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« On ne comprendra rien à la politique de Gandhi si l’on ignore que le but de sa politique n’est pas une victoire politique mais spirituelle.
Tel qui sauve son âme ne sert pas seulement lui-même : la division qui subsiste entre les corps ne sépare point les âmes : tel qui sauve son âme sauve en vérité l’Âme, amasse un bien qui appartient à tous : suffit que les autres s’en aperçoivent pour en profiter. Tel part de l’autre bout et s’appliquant à servir les autres sauve son âme. Les Hindous appellent ce genre d’hommes un Karma-yoguî, un ascète de l’Action. Ils le figurent comme un sage siégeant dans la pose de la méditation et tenant une épée au poing. Gouverner peut être une manière de servir autrui et de sauver son âme. Chasser de l’Inde les Anglais constituerait une ambition bien mesquine et banale pour un si grand sage que Gandhi. Son but est de délivrer le peuple de ses maux (dont les Anglais sont le moindre, et le plus apparent). Son but est de délivrer son âme de l’ignorance : de vivre, c’est-à-dire d’essayer la vérité. (…)
La résistance non-violente que dirige Gandhi se montre plus active que la résistance violente. Elle demande plus d’intrépidité, plus d’esprit de sacrifice, plus de discipline, plus d’espérance. Elle agit sur le plan des réalités tangibles et agit sur le plan de la conscience. Elle opère une transformation profonde en ceux qui la pratiquent et parfois une conversion surprenante de ceux contre lesquels on l’exerce. »
Lanza del Vasto