Kalevala, premiers vers (ma traduction)

Screenshot_2018-08-05 Kalevala - kalevala pdf

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J’en avais trop envie, je me suis débrouillée à pouvoir traduire les premiers vers du Kalevala (d’autant que je n’étais pas très satisfaite des traductions existantes, cf note précédente). J’ai trouvé le texte source en programmant une recherche en finnois sur Google, puis je me suis arrangée avec les dictionnaires Lexilogos. J’ai aussi consulté une page de conjugaison d’un verbe en finnois. Il est aisé de comprendre le système du pronom personnel ou déterminant possessif, de comprendre aussi les légères variations d’orthographe entre ce finnois un peu ancien et le finnois récent des dictionnaires. Ensuite tout est une question d’oreille, tant pour la transposition sonore (on fait au mieux) que pour le sens des mots. Les dictionnaires sont précieux sur ce point : par exemple, si je ne me trompe, j’ai retrouvé la racine d’un mot dans un nom signifiant intestins, entrailles, et dans un verbe pouvant signifier pondre. Sachant à la fois que la création du monde, exposée ensuite, se fait par une ponte, et d’autre part que le barde crée le monde par sa parole, le sens poétique de la parole jaillie des entrailles, pondue, apparaît subtil et limpide. Parfois j’ai vérifié mes intuitions en donnant à Google traductions une formule en français à traduire en finnois. Par exemple quand le texte dit que les mots fondent ou tombent, c’est bien avec les mêmes verbes finnois qu’on dit que la neige fond ou que la pluie tombe, c’est pourquoi j’ai employé le verbe dégeler et le mot pluie. Ainsi se présente un moment de dégel de la parole, qui finit par rompre ou dissiper les dents, dit le texte finnois – littéralement ça n’est pas très parlant, mais si on se représente ce qui se passe, on comprend qu’il s’agit de rompre le barrage formé par les dents. Voici donc ma traduction, moderne, imparfaite bien sûr, mais plus compréhensible que celles de mes prédécesseurs.

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Mon esprit est à mon désir,

mon cerveau tout à réfléchir

se met en route pour chanter,

pour arriver à inspirer,

à pondre un hymne pour le peuple,

dire un genre de chant du peuple.

Les mots dégèlent dans ma bouche,

le discours tombe, pluie et douche,

dans ma langue rapide flux,

barrage de mes dents rompu.