Sainte-Sophie, Notre-Dame de Paris, Darmanin, Toni Morrison, etc.

Aujourd'hui à la bibliothèque Marina Tsvetaïeva à Paris

Aujourd’hui à la bibliothèque Marina Tsvetaïeva à Paris


Sainte-Sophie va redevenir une mosquée. Réaction lamentablement raciste des Grecs qui parlent d’une « provocation envers le monde civilisé ». Alors qu’eux-mêmes sont gouvernés par leur toute-puissante église, qui régente toute leur existence, que l’État paie, et qui a tellement contribué à leur ruine en leur barrant l’accès, intellectuel et concret, à une citoyenneté moderne. Tout le monde pourra continuer à visiter Sainte-Sophie, comme tout le monde visite la Mosquée bleue ou la Süleymaniye. Comme tout le monde visitait, et revisitera inch’Allah, Notre-Dame de Paris.

C’est décidé, la flèche de Notre-Dame de Paris va être reconstruite comme elle était avant de brûler. Au XIXe siècle, on n’hésita pas à confier à un architecte de l’époque d’inventer et ajouter une flèche à sa façon sur le vieux bâtiment. Aujourd’hui, au XXIe siècle, nous voilà coincés deux siècles en arrière, réduits à répéter Viollet-le-Duc. Tel est le souhait des Français, paraît-il. C’est vraisemblable, tant ce pays a perdu toute imagination, tout élan créateur, toute lumière. On a beau jeu de parler de retour en arrière à propos de Sainte-Sophie. Quand on nomme ministres des Darmanin et des Dupond-Moretti (il y a dans l’histoire personnelle de Macron quelque chose qui l’aveugle et l’empêche de respecter les gens, les électeurs, les électrices. Le problème des violences sexuelles, on n’en voit que l’immonde partie émergée – les violences physiques et verbales – mais il s’étend et nuit encore bien plus profondément, bien plus largement). Bachelot au ministère de la culture parce que, nous dit-on, elle aime Verdi, est aussi symptomatique du retour aux XXe et XIXe siècles que constituent tout le gouvernement, son chef et le président.

poesie 1-minJ’ai commencé à lire Toni Morrison, que je n’avais jamais lue et dont on tresse tant les lauriers. Dès les premières pages, quel choc, quelle déception d’y trouver une sorte de copie de Faulkner. Je n’ose dire du sous-Faulkner car ce n’est pas mauvais. Mais ce n’est pas la grande auteure que j’attendais. Je suis allée chercher un autre livre d’elle à la bibliothèque, son chef-d’œuvre dit-on, voir si c’est la même chose. J’en reparlerai peut-être. Je dois reconnaître aussi que ces histoires de mères qui tuent leur enfant, si elles correspondent à la carrure physique voulue « toute-puissante » de l’auteure, me rebutent. Il n’y a pas de mauvais sujets, mais jusque là je trouve ses personnages caricaturaux, ça n’aide pas à trouver de l’humanité là-dedans. J’en arrive à me demander si elle ne bénéficie pas d’un racisme masqué : parce qu’elle est noire, on la jugerait avec un a priori favorable ? Mais elle n’est pas la seule à être mise sur un piédestal qui me semble bien trop haut – je pense à Philip Roth, par exemple, très bon auteur mais loin d’être aussi génial qu’on le dit, à mon sens. Les gens voient-ils ce qui est ?

poesie 3-minLe matin je peins en écoutant de la musique. L’après-midi je sors et j’écris. La nuit mon cerveau redistribue la sève dans mon arbre fruitier.

cette nuit et aujourd’hui, photos Alina Reyes

Notre-Dame, Sainte-Sophie, la Bibliothèque

cet après-midi à la bibliothèque des chercheurs du Museum, photo Alina Reyes

cet après-midi à la bibliothèque des chercheurs du Museum, photo Alina Reyes

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Les mêmes qui déplorent que Notre-Dame était devenue une usine à touristes déplorent qu’Erdogan songe à rendre à Sainte-Sophie, qui n’est plus qu’une usine à touristes, sa fonction de mosquée. Bon en fait, c’est surtout ça qu’on aime, à Sainte-Sophie comme à Notre-Dame : qu’elles soient devenues des lieux à admirer, où se promener et où se recueillir en paix sans pression des clergés et des intégristes.

Ce que je retiens de l’incendie de la cathédrale, construite par Victor Hugo, artisan du roman, autant que par des artisans du bâtiment, c’est qu’il aurait pu être évité si on n’avait pas fait d’économies sur la sécurité anti-incendie. L’État n’assume pas ses responsabilités, et une fois que c’est brûlé, il n’assume toujours pas, il appelle aux dons. En France ça continue, on prend le pire de chaque système, l’étatique intrusif et le libéral, mais on n’a presque plus rien du mieux. Espérons au moins qu’ils ne vont pas refaire une charpente en bois, il y a d’autres matériaux aujourd’hui.

Le mieux pour moi c’est d’aller chaque après-midi à la Bibliothèque, d’enlever mon pull et mes chaussures, et de travailler dans la paix et le recueillement à mes constructions, pas pour retenir le passé mais pour faire vivre le présent et sa suite.

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istanbul 82photos Alina Reyes (prises entre le 30 octobre et le 4 novembre 2009)

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istanbul 83et un selfie dans l’hôtel où j’étais logée :)

L’histoire fait souffler en ce moment un terrible mauvais vent sur l’islam. Or l’islam est une spiritualité fondamentalement saine, très peu marquée par des éléments morbides contrairement à d’autres religions, et s’il ne meurt pas de ce que les hommes lui font subir ces temps-ci, il se relèvera paisible et souriant, selon sa vraie nature, et retrouvera sa fécondité perdue depuis trop longtemps.