Grand corps malade et petits corps sains

La presse de gauche française est schizophrène. Elle fait élire Hollande pour avoir une politique de gauche, et se réjouit quand il se décide à faire une politique de droite. Tel éditorialiste trouve même cela révolutionnaire. Tel autre estime que l’adversité a boosté le président. Ah. Tourner sa veste serait donc une révolution. N’avoir pas l’estime des électeurs serait une adversité. Renoncer à incarner ce pour quoi on a été élu serait signe de vitalité.

Le fait est qu’une politique de gauche aujourd’hui, ça n’a aucune valeur. C’est impuissant, ça ne peut rien. La première année de Mitterrand l’avait également éprouvé. Pour avoir quelque capacité à sortir des schémas périmés, il faudrait de l’inventivité et de l’audace. N’ayant ni l’une ni l’autre, Hollande se résigne à rentrer dans les vieux pots de droite, qui n’inventent rien non plus et ne font qu’accompagner servilement le monde comme il va.

Réinventons notre vie, c’est ce que nous faisons par exemple quand nous lisons internet plutôt que d’acheter leurs journaux, ou quand nous cultivons notre jardin, seul ou avec d’autres. Tous ceux qui baignent dans l’ordre ancien font un grand corps malade, poussif et sans souffle. Mais nous, au quotidien, avec notre entourage, avec tous ceux qui sont libres des institutions, nous pouvons former des petits corps sains, souples, mobiles, aptes à la rencontre, à l’échange, et aux fructifications qui s’ensuivent.