Prélude au voyage nocturne

Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

La philosophie explore le continent humain, y repère les limites de l’homme et les ayant repérées, les lui assigne. La philosophie préfère l’idéal au réel, la tension à la réalisation. D’une façon ou d’une autre, elle finit toujours par voir l’homme comme un être tendu vers le néant, un “être-pour-la-mort”.

La religion vise derrière la réalité le réel, derrière l’apparence morbide la source vive. Ainsi franchit-elle les limites de l’homme, et les ayant franchies le conduit-elle à son affranchissement ; et par son affranchissement à son accomplissement. La religion voit l’homme comme être-pour-la-vie, être dépassant la mort.

Je ne parle pas ici de limites morales, bien entendu. Celles-ci, la religion les pose, au contraire. Et c’est justement en délimitant clairement le cadre moral qu’elle permet le dépassement de la mort en l’être et la croissance de l’être, qui ne peut avoir lieu que dans le règne de Dieu, c’est-à-dire de sa vérité, où le bon et le mauvais sont distingués. Car le mal tue, physiquement ou symboliquement. Alors que le bon, le juste, est l’ADN de la vie, le seul chemin qui la porte et la transmet.

Le cadre moral est en réalité le Verbe de Dieu, sa Loi. Sa Loi inscrite en tout être vivant, que l’homme connaît lors de sa conception, et dont il peut perdre l’assurance quand il se laisse griser par sa liberté. L’homme se trompe de franchissement. Il croit pouvoir franchir les limites morales, alors que c’est comme franchir le bord du gouffre. L’infini est au contraire dans le franchissement perpétuel et toujours renouvelé de la nuit.

Nous parlerons bientôt de la sourate 17, Le voyage nocturne.

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alinareyes