L’enjeu du combat

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Les photographies de la manifestation d’hier vue d’en haut, parsemée de parapluies clairs aux couleurs discrètes de la Palestine, m’évoquent instantanément les grandes messes en plein air où des parapluies clairs signalent à la foule les distributions d’hosties.

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Je suis fière de ce peuple qui a manifesté malgré l’interdiction. Qui a préféré la vérité au conformisme. La compassion à la prudence. La dignité au déshonneur.

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« Safari propalestinien dans les rues de Paris cet après-midi : reportage au cœur des trois cortèges sauvages » titre le NouvelObs, en illustrant son article d’un Noir et d’un Arabe torses nus. Si ce n’est pas du sale racisme de merde.

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Ces anciens soixante-huitards, ou compagnons d’esprit de mai 68, qui font aujourd’hui la grimace devant une manifestation pro-palestinienne non autorisée, et n’y voient que débordements de manifestants, plutôt que la répression policière dont ils ont été victimes ! Complètement encroûtés.

Vive la révolution pacifique d’été !

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Abbas s’est rallié aux demandes parfaitement légitimes du Hamas, voilà un bon point. Contre terreur et horreur, les Palestiniens donnent au monde un témoignage de courage et d’honneur. Que Dieu les bénisse, ceux qui ont été tués comme ceux qui sont toujours debout.

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La comparaison faite par certains entre Israël et Hitler peut sembler abusive. Elle l’est effectivement, dans la mesure où le nettoyage ethnique mis en œuvre par Hitler tua plusieurs centaines de milliers de Juifs, alors que les Palestiniens victimes d’Israël depuis soixante ans peuvent se compter par milliers.

Mais au fond, Israël n’est qu’un pion de l’Occident, notamment américain, dans la politique mondiale. Israël serait impuissant s’il n’était soutenu par les États-Unis et, au moins par omission, par l’ONU et l’Europe – une Europe de plus en plus atlantiste. Israël, État colonisateur inique et raciste, est l’emblème de la politique impérialiste et néo-colonialiste occidentale, qui, comme le firent les États-Unis en Amérique Latine, a entrepris de déstabiliser tout le Moyen Orient, d’y jeter le chaos et d’y encourager de nouvelles tyrannies pour continuer à asseoir son pouvoir sur le monde.

Et si l’on fait le calcul de ce nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom, alors oui, nous sommes bien face à une entreprise génocidaire à grande échelle, comparable au mal que répandit le nazisme et qui se poursuit par cette voie détournée, dont tous les Sémites sont en fait victimes. Aujourd’hui comme hier les forces de la mort et du déni de l’humanité d’autrui ont leurs combattants et leurs collabos – dont les armes sont d’abord médiatiques, y compris pour les plus lâches et les plus mauvais l’infiltration sur Internet par des fakes chargés de pourrir les réseaux sociaux de commentaires insidieux, dont la fausseté et la dangerosité sont cachées et qui ont pour but d’occulter la parole authentique des gens. Il s’agit d’être vigilant et de ne pas perdre de vue ce qu’il en est. Et de rester ou d’entrer en résistance, avec détermination et intelligence.

Sans oublier que les forces géopolitiques dans le monde sont en train de changer, et que, de même que les nazis ont misérablement échoué, les impérialistes et colonialistes d’aujourd’hui se dirigent immanquablement vers leur fin. L’Occident n’est déjà plus le maître du monde, tout est en train de se recomposer. Vivront ceux qui sont du côté de la vie.

La paix sera la vérité

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Hier vendredi j’ai vu en rêve toute une foule qui fuyait, de l’eau jusqu’aux genoux et qui montait plus haut encore.

De jour bien éveillée j’annonce toujours des choses vraies, mais personne ne veut y croire, malgré les nombreux faits et signes réalisés.

Du fait d’avoir grandi dans une famille communiste, j’ai depuis l’enfance une conscience politique vive, mais je n’ai jamais soutenu aucun totalitarisme, ni de droite ni de gauche. Ceux qui l’ont fait, fût-ce passagèrement, ou ceux qui se sont tus devant les exactions de sales types comme Mao ou Videla devraient, comme le dit Shlomo Sand des intellectuels qui furent maoïstes, essayer de comprendre pourquoi ils se sont identifiés au totalitarisme – car, comme il le dit aussi, en vérité, au fond, ce sont toujours les mêmes. Les faibles, les lâches, ceux qui ont besoin pour survivre de faire partie des forts, d’être forts avec les faibles et faibles avec les forts.

La guerre d’occupation d’Israël réveille l’esprit collabo de beaucoup de Français. La manifestation pour Gaza de cet après-midi a été scandaleusement interdite. On manifesta bien lors de la guerre en Bosnie, pourquoi n’aurait-on le droit de manifester, comme les peuples le font un peu partout dans le monde, pour la Palestine ? Les pratiques coloniales françaises en Algérie ont servi de modèle à bien d’autres États, d’Israël à l’Argentine, pays par ailleurs hôte de nazis. Les esprits contaminés forment réseau sur le monde.

Israël tombera, la Palestine vivra, pour tous ses habitants actuels et futurs, ou ce qu’il en restera. Comment doit-on appeler ceux qui se disent résistants et collaborent avec les collabos ? Je ne m’appelle pas comme eux. La paix veut la vérité, pas le mensonge. Le mensonge tue. Ceux qui veulent la paix doivent d’abord reconnaître et recevoir la vérité.

Israël se fonde sur un fantasme issu d’une lecture littérale de la Bible. Il ferait mieux de se fonder sur une lecture par le cœur et l’esprit de ce même livre qui lui dit : « Tu ne tueras pas » et « Tu ne voleras pas », « Tu ne convoiteras rien de ce qui est à ton prochain » (Exode 20 : 13, 15 et 17). Le fond du problème est là : Israël vole ce qui ne lui appartient pas, et tue pour le garder et continuer à voler.

C’est au pied de la Croix qu’on voit les chrétiens. En Palestine aujourd’hui comme hier, ils n’y sont pas, sauf quelques femmes et Jean qui allait ensuite écrire l’Apocalypse. Les autres détournent le regard, se retranchent prudemment dans leur quant-à soi, formulent des incantations pour la paix tout en refusant de regarder la Vérité en face. N’ayant même pas la présence d’esprit de se lamenter devant le mur de leur honneur perdu.

Dans l’Évangile de Marc (16, 7), un ange dit aux femmes qui ne trouvent pas Jésus au tombeau : « il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez ». Comme Jésus, la Palestine est martyr, mais comme lui elle reviendra, ressuscitée.

 

Une chanson douce


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Hier retournée à mon livre en cours – l’un de mes livres en cours. Puis improvisé ce petit air en ouvrant Voyage sur l’une de ses chansons.
Cette nuit rêvé que nous étions quelques-uns, campant plus ou moins dans une maison de passage en Belgique, avec notamment Houellebecq. Arrivaient de loin mon fils aîné, sa femme, leurs enfants, des amis à eux. Je leur ouvrais la porte, avec Houellebecq qui leur faisait fête. Le rêve signifie que l’écrivain en moi bouge et fait fête aux nouvelles générations. La Belgique, c’est parce que j’y ai fait, il y a quelques années, une tournée dans les théâtres, à lire de mes textes en compagnie d’autres écrivains d’ailleurs et de musiciens.

Haïkus d’un après-midi d’été

Vert mûr du seul arbre

Blondeur du foin sur le pré

Petits sauts d’oiseaux

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Peu après midi

Cils baissés sur les pupilles

Filtrant l’invisible

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Lourdeur des paupières

Un duvet tremble dans l’herbe

Heure la plus chaude

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L’orage en coulisses

s’habille pour la soirée.

La terre l’attend.

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Baies dans les buissons

Merles dans le cerisier

L’été s’accomplit.