Dire et vivre la vérité

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Pour « renoncer au mal », il faut non seulement l’avoir rencontré, mais aussi l’avoir identifié comme tel. Or le mal ne veut pas se laisser reconnaître, le mal veut rester dans l’ombre, tout en se masquant de lumière. Le mal trompe sur sa nature parce qu’une fois démasqué sous quelque forme qu’il prenne et dans quelque être qu’il investisse, il perd sa séduction et son pouvoir. Il est si misérable, si dérisoire, si faux, si enchaîné à lui-même et dépendant de l’illusion qu’il crée, lui qui n’est qu’illusion. Qui croit aimer une pensée ou un être secrètement porteurs du mal, n’aime qu’une illusion, et nulle illusion ne pouvant être vraiment aimée, en vérité ne l’aime pas. L’amour ne meurt jamais, ou ce n’était qu’une illusion d’amour. Le monde est si attaché à l’illusion qu’il se refuse de toutes ses forces à reconnaître que le mal avec lequel il se compromet sans cesse n’est que le mal, le faussaire, l’abject, le fourbe, l’indécrottable, la mort dans l’âme, qui le conduit à la pourriture et à la mort. L’homme, la femme qui « renoncent au mal », souvent ne l’ont jamais servi ni ne s’en sont servi, et n’ont donc pas à y renoncer, seulement toujours de nouveau à le rejeter. Le mal, qui n’a pas d’être mais seulement une existence, s’attache aux êtres, par parasitisme – et plus les êtres ont d’être, plus il s’y accroche. Tout homme, toute femme qui « renonce au mal », en vérité renonce à la tentation d’humaniser le mal, par pitié ou par commodité. Le mal est mal et reste mal. En vérité il ne s’agit pas d’y renoncer, il suffit de cracher dans son néant, et de s’en aller.

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