L’autre, moi

Cette nuit j’ai rencontré Christophe de Margerie lors de ses obsèques. C’était l’autre lui, l’anti-lui, le vivant. Nous nous éclipsions de la cérémonie. Nous marchions dans des paysages et des lumières sublimes, bordées de vastes prairies vallonnées où paissaient des taureaux clairs à grandes cornes. J’avais là ma maison, une humble maison de pierre dans laquelle nous nous étendions, à même le foin, car il voulait que je lui parle de poésie. Nous étions tantôt étendus tantôt marchant, et il y avait des enfants qui jouaient, couraient, des petites filles aux robes claires. Nous étions aussi attablés à une longue table avec de nombreux convives, proches à ne faire qu’un, et pleins d’amour. Tout était plein d’une grâce inouïe.

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