« maintenant encore à Hiroshima »

« En fait, maintenant encore à Hiroshima, quelqu’un, quelque part, parlait constamment, encore et encore, de l’événement du 6 août. Un homme lui dit avoir constaté, alors qu’il soulevait des centaines de cadavres de femmes pour tenter d’identifier son épouse disparue, qu’aucune d’entre elles n’avait de montre au poignet ; un autre lui confia avoir vu une femme qui était morte, allongée devant la station de radiodiffusion, couchée sur le ventre dans une posture telle qu’elle empêchait le feu d’atteindre son bébé ; il entendit également ce récit où, dans une île de la mer Intérieure de Setouchi, l’ensemble des hommes d’un même village ayant été mobilisés pour le service de l’évacuation des bâtiments, toutes les villageoises s’étaient retrouvées veuves, et elles étaient allées protester violemment chez le chef du village. »

Tamiki Hara, Hiroshima, fleurs d’été (traduit du japonais par Karine Chesneau)

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