J’accompagne ma nouvelle (re)peinture (un retour très agréable à la gouache) d’un passage de Jules Verne, dont je commence à relire le merveilleux Voyage au centre de la Terre.
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« La lave, à la dernière éruption de 1229, s’était frayé un passage à travers ce tunnel. Elle tapissait l’intérieur d’un enduit épais et brillant ; la lumière électrique s’y réfléchissait en centuplant son intensité.
Toute la difficulté de la route consistait à ne pas glisser trop rapidement sur une pente inclinée à quarante-cinq degrés environ ; heureusement certaines érosions, quelques boursouflures tenaient lieu de marches, et nous n’avions qu’à descendre en laissant filer nos bagages retenus par une longue corde.
Mais ce qui se faisait marche sous nos pieds devenait stalactites sur les autres parois. La lave, poreuse en de certains endroits, présentait de petites ampoules arrondies ; des cristaux de quartz opaque, ornés de limpides gouttes de verre et suspendus à la voûte comme des lustres, semblaient s’allumer à notre passage. On eût dit que les génies du gouffre illuminaient leur palais pour recevoir les hôtes de la terre.
« C’est magnifique ! m’écriai-je involontairement. Quel spectacle, mon oncle ! Admirez-vous ces nuances de la lave qui vont du rouge brun au jaune éclatant par dégradations insensibles ? Et ces cristaux qui nous apparaissent comme des globes lumineux ? »
(…)
Le soir, vers huit heures, il donna le signal d’arrêt. Hans aussitôt s’assit. Les lampes furent accrochées à une saillie de lave. Nous étions dans une sorte de caverne où l’air ne manquait pas. Au contraire. Certains souffles arrivaient jusqu’à nous. Quelle cause les produisait ? À quelle agitation atmosphérique attribuer leur origine ? C’est une question que je ne cherchai pas à résoudre en ce moment. La faim et la fatigue me rendaient incapable de raisonner. Une descente de sept heures consécutives ne se fait pas sans une grande dépense de forces. J’étais épuisé. Le mot « halte » me fit donc plaisir à entendre. Hans étala quelques provisions sur un bloc de lave, et chacun mangea avec appétit. »
Jules Verne, Voyage au centre de la Terre