le vivant autonome

Fatiguée par la troisième dose de vaccin, j’ai passé la journée immobile à regarder des vidéos sur le running. Ce matin encore ma montre, qui capte l’état de mon corps pendant mon sommeil, me dit de ne pas m’entraîner, que j’ai besoin de repos. Je suis très contente de cette Polar Ignite 2, mon cadeau de Noël, ma première montre cardio, qui me révèle des choses sur le fonctionnement de mon corps que j’ignorais. C’est extraordinaire à quel point la vie se fait sans nous, en nous. Que nous ayons seulement quelques notions de biologie ou que nous la connaissions très bien, nous n’en sommes pas moins inconscients, à chaque instant, de tout le fantastique univers qui, en nous, nous tient en vie, fonctionne par lui-même. En révélant par exemple la variabilité cardiaque, une notion que je ne connaissais pas, ma montre me renseigne sur mon propre état, sans pour autant que je puisse consciemment le réguler, seulement l’aider par exemple en me mettant au repos quand les indices baissent. Tout ce que nous pouvons faire pour interagir avec ce corps autonome, indépendant de notre conscience – en agissant par l’exercice, l’alimentation, les soins… constitue un échange d’amour, dans lequel l’Autre, qui est en nous-même, est reconnu comme partenaire précieux et ne peut être forcé, au risque de tout détruire. Je continue à m’émerveiller de ce que j’appelais l’autre jour cette terra incognita. « Je suis plus près de vous que votre veine jugulaire », dit Dieu dans le Coran (50,16). La prière est un exercice, spécialement la prière islamique, et l’exercice peut être prière, oui, l’exercice est prière, au fond.

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Macron, la REM, la merde

« Jupiter » a « très envie de les emmerder », une grosse envie de chier, donc, sur une partie de ses concitoyens, qu’il déclare d’ailleurs déchus de leur citoyenneté. La vérité sur eux-mêmes sort de la bouche des adultes restés au stade anal, centrés sur leur impérieux ego et la puissance de leur caca. Poupée, anale nationale est au pouvoir sous le masque de Macron, comme elle le fut sous celui de Trump, comme elle l’est sous le masque de Zemmour et de bien d’autres, dans la lignée du père Le Pen et de ses petites phrases en forme de grosses merdes. Le racisme de Macron est une racisme de classe, dirigé contre le peuple, les gens humbles, « ceux qui ne sont rien », qu’il n’a cessé, depuis cinq ans, d’insulter, de stigmatiser, de violenter symboliquement et à l’occasion de mutiler physiquement. Son quinquennat restera comme une des choses les plus lamentables qui soient arrivées à la France.

On peut déplorer le mouvement antivax, et je le déplore grandement. Mais de quel esprit tordu faut-il être pourvu pour songer un instant à vouloir « emmerder » des gens pour les soumettre ? Le management par le harcèlement n’est pas de la politique mais une perversion indécrottable, c’est le cas de le dire, comme Macron le prouve en réitérant son mépris quelques jours après un mea culpa public. Sado et maso, un anneau sur chacune de ses mains. Soit il ne maîtrise pas du tout sa parole, soit sa sortie est volontaire, et d’un sadisme – et d’une bêtise – encore plus graves.

Le problème sanitaire n’est pas seulement celui du covid, c’est aussi celui de la santé mentale déplorable de trop de réputés premiers de cordée. Mauvaise santé qui a pour corollaire et reflet le complotisme de réputés derniers de cordée, rendus paranos à force de ne pouvoir faire confiance aux cinglés qui gouvernent. Après le petit Macron, le petit Attal reprend pour sa com le verbe emmerder de son maître. Voilà où nous en sommes : la REM est donc le nom en verlan de la merde ? Triste spectacle en tout cas que celui des lécheurs de chaussures de luxe merdeuses s’affairant à répandre leur salive pour entretenir un brillant bien dégoûtant.

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Journal des jours

Le jour se lève,
la nuit fut belle.
Dans la cour, lumière des fenêtres.
Les chambres, les cuisines, s’allument.
Mon corps est chaud du petit déjeuner.
Mon cœur bat, mes yeux regardent : musique, danse.
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J’ai trouvé par hasard un cours d’aérobic sur Youtube. Cette gym dansante, effrénée, en musique, m’a mise en joie. Avec le temps, mon yoga quotidien s’est déplacé dans la journée : au début, c’était tous les matins au lever ; puis ce fut tous les matins vers midi ; et maintenant c’est le soir un peu avant de me coucher. À midi, il m’arrive encore de faire une séance de yoga, plus sportive que le soir. Mais maintenant, à cette heure, c’est plus souvent des séances d’autres exercices de fitness, renforcement musculaire ou cardio training selon différentes techniques. J’aime varier, m’entraîner de temps en temps avec des bandes élastiques et de petits haltères, ou bien à la barre avec une danseuse (toujours en ligne), ou encore désormais avec l’aérobic donc, et je veux me remettre un peu à la danse orientale aussi. Tous ces jours-ci je ne vais pas à la salle de sport, à cause du covid que nous avons eu à la maison, mais si mon dernier test reste négatif je serai vaccinée (troisième dose) avant la fin de la semaine et je pourrai y retourner, travailler au tapis de course, au rameur et à d’autres machines. Je pourrai aussi retourner courir dehors, quelques jours après. Dimanche, deuxième jour de la nouvelle année, j’ai fait un bon tour à vélo, notamment sur les pavés des quais de Seine, en portant mon vélo dans pas mal d’escaliers, près de onze kilomètres dans la douceur des températures, c’était génial.

Le sport rend heureux, l’activité manuelle aussi. Je continue à fabriquer avec mes fils colorés et mon crochet des petites choses utilitaires, pour offrir et pour moi, disques démaquillants et lavettes pour la vaisselle, tout cela remplaçant avantageusement les cotons et éponges qu’on achète et jette, et qui polluent. Je commencerai à faire des vêtements quand je me serai procuré des fils adaptés, rien ne presse. La vie est pleine et pleinement heureuse. La liberté aussi.

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Bonne année, que votre vie continue dans la beauté !

En ce premier jour de 2022, j’ai fait ce matin une bonne heure de yoga Iyengar, pour travailler la technique en détail, et cet après-midi, partie marcher, j’ai eu soudain envie de courir, et j’ai couru un moment, comme j’étais, en jeans, baskets de ville et manteau.

Ce soir, commençant à regarder sur le site d’Arte la série Escale fatale, j’y ai entendu cités ces mots de Rûmî, dont je ne me souvenais pas : « Ne t’inquiète pas si ta vie est sens dessus dessous, car qui te dit que le sens auquel tu étais habitué est meilleur que celui des temps à venir ? »

Moi j’aime le monde d’aujourd’hui, malgré tous ses problèmes et tous ses drames, parce que c’est le monde dans lequel je vis.

Laissons les marchands d’espoir ou de désespoir à leur commerce, et cueillons le jour.

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Journal du jour : encore Covid, et puis crochet, écriture et ADN

Le test pcr confirme que je n’ai pas le covid, bien que je vive et dorme jour et nuit dans la même pièce, le même lit, que quelqu’un qui l’a, bien que nous soyons deux sur quatre à l’avoir à la maison, et bien que je n’aie pas encore reçu la troisième dose de vaccin. Je devais la recevoir hier, presque sept mois après la deuxième, mais j’attends maintenant de n’être plus « cas contact », de refaire un test dans les premiers jours de janvier pour m’assurer que je ne l’ai toujours pas ; en attendant, pas de vaccin donc, et pas de salle de sport, au cas où je serais en incubation et risquerais de contaminer d’autres.

Heureusement j’ai reçu mon fil, et je peux m’amuser à faire du crochet. Comme je n’en ai pas fait depuis mes vingt ans, je m’y remets doucement en réalisant des disques démaquillants lavables, tout colorés, pour remplacer les cotons du commerce, qui ne sont pas recyclables. Très agréables à utiliser : le fil très fin, que je travaille en double ou en triple, fait un micromassage sur la peau du visage très bienvenu, je trouve. Je vais en faire aussi pour qui en voudra autour de moi, puis je passerai à un autre ouvrage, auquel il faut que je réfléchisse encore. En fait j’aimerais faire un manteau, je l’ai en tête, mais avant je pense m’entraîner encore et chercher des idées en faisant d’autres choses plus petites.

Faire du crochet est très très satisfaisant. Cela ressemble à écrire. Ce n’est pas pour rien qu’on parle du fil de l’écriture. Je n’aime pas coudre, je n’aime pas beaucoup tricoter bien que je sache le faire, mais j’aime vraiment beaucoup faire du crochet. Physiquement, c’est très agréable de tirer les points les uns des autres, ce caractère de chaîne est quelque chose qui nous constitue, en fait, comme l’ADN, et ADN c’est aussi une écriture, dans l’écriture alphabétique les lettres aussi s’accrochent pour former quelque chose. C’est aussi comme quand on parle d’accrochage d’une exposition, le côté révélation, démaquillage, et prise de place dans le cosmos, cette chaîne de causes et d’effets, de création.

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Covid, cœur, fil

La possibilité de réveillon chez des amies tombe à l’eau, le Covid s’étant réinvité à la maison (la première fois, c’était au tout début de la pandémie, avant les tests, mais la médecin avait reconnu tous les symptômes). O est positif, moi négative au test antigénique mais je vais aller faire un pcr pour vérifier. Nous n’avons pas encore reçu notre troisième dose, elle était prévue pour ces jours-ci. En tout cas grâce à la vaccination symptômes légers pour lui (un peu de toux, fatigue, courbatures), pour moi juste un petit picotement à la gorge qui ne vient donc peut-être pas de ce virus. Idem pour les deux gars qui habitent aussi ici.

J’ai refait mon test de VO2 max avec ma montre, n’ayant pas bien entré les données la première fois (je l’explique ). Le résultat est encore meilleur, « excellent », il serait excellent même pour une femme de 45 ans et « bon » pour une femme de 30 ans. Excellente disposition pour moi qui en ai 65 donc, mais la disposition ne suffit pas à obtenir d’excellents résultats, notamment à la course où je dois travailler encore beaucoup pour progresser, d’autres facteurs entrant en jeu. C’est bien, ça me plaît.

J’ai envie de créer des vêtements. Je suis allée hier acheter du fil à cet effet, mais la boutique était fermée, j’en ai donc commandé en ligne. J’ai hâte de m’y mettre. Si jamais il s’avère qu’en fait je suis positive au Covid, j’aurai de quoi employer mon temps en attendant de pouvoir retourner à la salle de sport ou courir. Pour ce qui est d’écrire et de traduire, je suis en vacances, ou peut-être en grève. Aucun problème. Il y a tant d’autres choses à faire.

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