Écrits, pierres, étoiles etc.

crayons et feutres-min marque-pages-min cailloux etc-min thèse-min« ma thèse en couleurs », photos Alina Reyes

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« Il arrive quelquefois que les rayons tombés des étoiles (pourvu qu’ils soient de la même nature) s’unissent aux métaux, aux pierres et aux minéraux, qui sont tombés de leur position la plus haute, les pénètrent entièrement et s’amalgament à eux. »

Johannis Grasset, « Physica naturalis rotunda visionis chemicae cabalisticae », in Theatrum chemicum,  1661, cité par André Breton dans « Langue des pierres », essai publié dans le numéro 3 du Surréalisme, même, automne 1957

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Écrire une thèse c’est bâtir un palais, une aventure extraordinairement humaine, à chaque instant et pour des siècles en ce monde. Je franchis toutes choses.

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Autre dimension

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Cette nuit en rêve, entrée dans ma thèse en couleurs, qui se transformait en maison, belle maison lumineuse entourée d’un jardin très vert, tout en étant textes dans lesquels il était loisible d’aller et venir.

Le rêve n’est ni imaginaire ni rêverie mais expérience et réel.

Avant-hier j’ai eu la fève (une petite chouette en céramique) juste après avoir lu cette phrase de René Char sur Rimbaud, dans Recherche de la base et du sommet : « Il sait la vanité des renaissances, mais plus et mieux que tout, il sait que la Mère des secrets, celle qui empêche les sables mortels de s’épandre sur notre cœur, cette reine persécutée, il faut tenir désespérément son parti. »

Et hier à la bibliothèque j’ai lu ces autres phrases de Char, dans Le Nu perdu, « Dans la pluie giboyeuse » : « Quelques êtres ne sont ni dans la société ni dans une rêverie. Ils appartiennent à un destin isolé, à une espérance inconnue. Leurs actes apparents semblent antérieurs à la première inculpation du temps et à l’insouciance des cieux. Nul ne s’offre à les appointer. L’avenir fond devant leur regard. Ce sont les plus nobles et les plus inquiétants. » Et j’ai songé, ni à quelque grand poète ni à quelque autre « grand homme », mais à la plus humble personne que j’aie jamais rencontrée, une personne qui, de son élocution difficile, me parlait d’étoiles et de pierres, et qui, un jour, dans la montagne, me raconta l’un de ses rêves.

C’est pourquoi, a dit aussi René Char, « Le poète est la partie de l’homme réfractaire aux projets calculés (…) [il] ne meurt pas forcément sur la barricade qu’on lui a choisie. » Et pourquoi aussi il a défini son recueil Fureur et mystère comme « un dire de notre affection ténue pour le nuage et pour l’oiseau. »

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Recherche sauvage

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La pensée s’étend dans tous les sens, flaire partout. À travers le fouillis des odeurs, les pistes se précisent, les parfums se distinguent, tracent des voies. Dans la vaste bibliothèque laborieuse, je suis le tigre de mon poème, ma thèse.

J’en suis à ma centième page écrite ornée (davantage sont écrites). Les précédentes sont ici

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Réinvention permanente

De même que Rousseau prônait une connaissance sans violence de la nature, je cherche une critique non violente de la littérature. Littérature et nature sont de même nature, l’une des preuves en est que leur sort est le même, l’une et l’autre étant également polluées et violentées, par l’industrie d’abord qui met sur le marché des produits frelatés, fabriqués, pollueurs des corps et des esprits, mais aussi par les formes de culture violenteuses, par leurs méthodes d’exploitation de la terre et de la lettre, méthodes dénuées d’empathie qui transforment terres et lettres vivantes en terres et lettres mortes.
Avec ma thèse, je cherche à être des personnes qui ouvrent d’autres voies pour l’approche de la littérature, voies sans violence dogmatique, non préfabriquées. Le viol de l’intégrité de la nature et de la littérature est un crime qui se retourne contre l’homme. Le viol, physique ou psychique, n’appelle pas l’union, il appelle la mort du violeur : et c’est justice, comme dirait Anaximandre. Car il sème la division morbide, répand l’esprit de mort, la mort de la pensée, le règne de la fausse pensée, de la pensée faussée, ouvrant un boulevard à toutes les infamies. Seul l’amour – et je ne mets aucune fausse grandeur dans ce mot, aucune religiosité, aucun romantisme : sa vraie grandeur est d’être tout simplement respect – permet de donner à la vie l’immense douceur de l’union entre nature et littérature, entre corps et esprit, relation à soi et relation à autrui, univers et humanité. Non par l’application de recettes, mais par la réinvention permanente, pure, propre de la nature et de la (vraie) littérature, à savoir du vivant.

heraclite-min heraclite-2-minHéraclite entre dans ma thèse en couleurs

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Révolution

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Couverture du classeur de ma thèse (action epsilon) : les lettres ont des expressions, des caractères, les T sont des champignons ; mon propre corps se tient au milieu de la tapisserie

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Suivre, déchiffrer les traces d’un animal sauvage, c’est très beau, très vivant. Ce qui est encore plus beau, encore plus vivant, c’est de se trouver soudain face à face avec l’animal sauvage. Le texte est à la fois les traces et l’animal.

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Action epsilon : ma thèse en couleurs (suite) (actualisé)

Je reposte cette note en laissant à la fin le texte d’il y a trois jours et en ajoutant des photos de nouvelles pages. Pour voir les précédentes : mot-clé « Action poélitique à lettre grecque ». Les actions poélitiques « Madame Terre » sont également liées à mon travail de recherche.

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Cette nuit dans ma grotte, toujours en écoutant des cours, j’ai orné encore deux pages pour ma thèse en couleurs – le chantier et le témoin de ce qui sera ma thèse une fois accomplie. C’est ainsi, notamment en écoutant des cours et en dessinant, que je prépare mon cerveau et ma main, mon esprit et mon corps, à la mettre au monde, de même que par l’ermitage en montagne, les retraites en monastères et la pratique des textes en hébreu, en grec, en arabe un peu, j’ai pu écrire Voyage et inventer la règle des Pèlerins d’Amour. Le voyage continue, toujours plus difficile, plus étonnant, plus exaltant.

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