Michel Foucault, Les mots et les choses

velazquezVelazquez, Les Ménines

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« Ici le miroir ne dit rien de ce qui a été déjà dit.

(…)

[Il] restitue la visibilité à ce qui demeure hors de tout regard. Mais cette invisibilité qu’il surmonte n’est pas celle du caché : il ne contourne pas un obstacle, il ne détourne pas une perspective, il s’adresse à ce qui est invisible à la fois par la structure du tableau et par son existence comme peinture. »

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La Fiac au Jardin des Plantes + un peu de pumpkin art + un peu de street art

1Je commence par ma préférée : Rosa Luxemburg par Nicolas Milhe

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…pour le reste, disons que je l’ai photographié pour information, en attendant que ces machins soient retirés et ne défigurent plus le jardin

2L’objet du doute, par Virginie Yassef (polystyrène)

*3Sans titre, par Vincent Mauger (tubes de PVC)

*4Seat of Grandeur at Villeperdue, par Haegue Yang

*5installation d’une oeuvre de Sean Raspet

*6Sans titre, par Benjamin Sabatier (bois et ciment)

*7Malini, par Sam Moyer (bronze et marbre)

*8Structure 1, par Benjamin Sabatier (bois et béton)

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Il n’est pas interdit de préférer les oeuvres en citrouilles des jardiniers9

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et quelques inscriptions et peintures dans les rues11

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aujourd’hui à Paris 5e, photos Alina Reyes

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Petit roi

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Rosemarie Trockel, Sans titre (Le petit roi)

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Homme sans autre titre ou petit roi lunaire
sur fond d’orage très outremer

portant le poids des âges et de travers
une couronne avec un air de déterré

ou bien d’ange vieilli, tombé d’un ciel trop blet
sans illusion de retrouver la vue superbe

deux yeux pourtant de loup avide, d’enfant
qui n’oublie rien de la gravité des comptines

frère de ceux qui ont mangé du rat, du hérisson
à l’hôpital ou en prison vu défaillir la raison

notre double et poète, vigie cherchant des mots
pour habiter une contrée davantage dansante

Jean-Claude Pinson, en Coda de son essai Habiter en poète (éd Champ Vallon), dont le Sans titre (Le petit roi) de Rosemarie Trockel est en couverture

Des rats et des hommes

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Lucian Freud, Homme nu avec rat

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« Hier soir j’ai traversé Londres pendant le match, il n’y avait pas un rat dans les rues », me dit O, ravi. Avant de se rendre compte de ce qu’il venait de dire et d’ajouter en riant : « pas un rat, si je puis dire ». C’est que, venant de passer dix jours avec un descendant de Sigmund Freud, l’un des nombreux enfants de Lucian Freud, il a subi dix jours de cauchemar avec cet homme qui s’est révélé obsédé par les rats, suite à une histoire bien freudienne qui laisse sa cave scellée et pleine de rats morts, dont l’odeur empeste son appartement, qu’il quitte donc régulièrement pour aller dormir à l’hôtel, parlant vingt fois par jour des rats, prononçant le mot de façon brusque et rauque, impressionnante.

Et je songe bien sûr à L’homme aux rats, l’un des plus fameux, ou le plus fameux des récits cliniques de Freud. Et aussi à la phrase du même Freud à Jung (selon Lacan), lors de leur arrivée par bateau aux États-Unis, en 1909 : « Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste ». Or, qu’est-ce qui apporta la peste par bateau, sinon les rats ?

Dans la tragédie grecque Oedipe, à cause de son inceste, a apporté la peste dans la cité. Les néo-Gobineau médiatiques qui comme l’homme aux rats ont la phobie d’être envahis par quelque fantasmatique corps étranger, ceux qui parlent d’un pays comme d’une « race blanche », ceux qui voudraient un pays sans mélange, incestueux donc, font comme les rats le lit et le chemin de la peste… brune.

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