Feuille

Voici les trois versions de cette « Feuille » que j’ai repeinte, sur un morceau de bois (20 x 20 cm) trouvé dans la rue. Feuille d’arbre, et feuille de papier, écrite.

J’ai peint le fond en ocre rouge puis par-dessus la forme blanche, sans savoir ce que j’allais faire ensuite. Je suis partie faire un tour, j’ai appliqué au passage un PostIt avec un mot de Rûmî quelque part dans une rue, je suis rentrée, j’ai fait le visage, les points, les petits traits.

Quelques jours après, j’ai repeint le visage de la Feuille.

Quelques heures après, je l’ai repeint encore.

*

feuille

feuille,

feuille,,*

Hétérotopies, arbroiseau et compagnie

à la Pitié-Salpêtrière, ce matin, photo Alina Reyes

à la Pitié-Salpêtrière, ce matin, photo Alina Reyes

*

J’aime les hétérotopies que sont les bibliothèques, les monastères, les hôpitaux. J’ai appris à apprécier les communautés de vie à part pendant mes années d’internat, au collège et au lycée. On y est retiré du monde mais le monde y est immensément présent, débarrassé de ses scories, dans son urgence, sa beauté solitaire, son amour. On y est le monde, ce monde-là, le monde plus que vivant, qu’on y travaille ou qu’on y rêve – ce qui est une forme de travail, quand il s’agit bien de rêve intense et non de rêvasserie.

J’ai passé quatre heures à l’hôpital ce matin, dont la majeure partie en salle d’attente – à cause d’une erreur de nom sur mon dossier. Cela ne m’a pas dérangée. Je suis patiente. J’avais mon carnet, j’ai dessiné avec mon stylo quatre-couleurs (et j’ai ajouté du crayon de couleur et du feutre une fois de retour à la maison) : la preuve qu’il s’agit d’une hétérotopie, d’un « lieu autre » ou le temps est autre, la vie est autre. Au moment de pratiquer les examens, un « Madame est menue » m’a ravie – moi qui me désole d’avoir pris trois kilos ces trois dernières années et me surveille pour ne pas engraisser davantage ; car j’ai toujours détesté engraisser, j’aime me sentir légère (sans être maigre non plus). La phrase entière était, au collègue : « Madame est menue, ça va être difficile », et à moi : « ça va faire mal ». Mais ça n’a pas fait si mal que ça, parce que l’équipe était très attentionnée.

Il était plus de treize heures quand je suis rentrée, j’étais fatiguée et j’ai renoncé à aller assister à la deuxième journée du colloque sur Einstein au Collège de France (voir note précédente). Je regarderai les vidéos des interventions lorsqu’elles seront en ligne. Dans les remerciements de ma thèse, je remercie notamment tous ceux qui mettent des textes ou des cours en ligne instructifs. Il y a beaucoup de bon dans le monde.

 

l'arbroiseau, dessiné ce jour

l’arbroiseau, dessiné ce jour

*

La chambre de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise

chambre vincent van goghLa chambre de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise veillée par Madame Terre, ζει, technique mixte sur enveloppe A4

*

« La maison à lui est pleine de vieilleries noires, noires, noires »

« L’idée moderne de manger un – tout au plus deux – plats est pourtant certes un progrès et un loin retour à l’antiquité vraie. »

« Mais enfin je vis au jour le jour, il fait si beau. »

Vincent Van Gogh, Lettres à Théo depuis Auvers-sur-Oise, printemps-été 1890

*

Le beau, le bon, la vie. En couleurs, en musique, en cours

J’étais en train de préparer mes cours (j’y passe un temps fou, les pensant dans leur ensemble comme une œuvre ), on a sonné à la porte. Le jeune homme qui venait relever les compteurs d’électricité m’a dit, voyant au mur mes peintures, dont les masques ci-dessous : « c’est très beau, ce que vous faites. » Puis : « et en plus, vous écoutez de la bonne musique ». Je lui ai dit que c’était mon fils qui était en train de jouer du piano. « Vous en avez de la chance ! pas besoin d’écouter Radio France ! », il a dit. Puis, encore une fois, avant de partir : « C’est vraiment très beau, ce que vous faites ».

Hier j’ai fait faire à mes Seconde un atelier écriture-dessin. Pour leur rappeler la valeur du geste d’écrire, et pour compléter la partie enseignement de l’histoire des arts qui revient au professeur de lettres. Je voudrais leur apprendre quelques rudiments de solfège, aussi, puisque l’école ne le fait pas. Cela participe de l’écriture/lecture et c’est tout aussi important, cela fait partie du phénomène « littérature », comme le dessin, la peinture, le théâtre. Je ne veux rien leur enseigner sans leur enseigner aussi la possibilité de le pratiquer. (Malheureusement, impossible d’en faire autant avec les Première, qui ont moins d’heures de cours en français et qui doivent préparer ce foutu bac de français pour la fin de l’année ; espérons que ça changera).

*

abcdefghijklmnoqrps

*

Rentrée des classes, les préparatifs

Ce n’est pas le tout que de préparer les cours, il faut aussi ajouter du plaisir partout. Cela valait le coup de passer quelques heures, hier et aujourd’hui, à réaliser des collages pour personnaliser les objets et la papeterie qui supporteront le travail d’étude des textes.

J’ai donc libéré le classeur où je rangeais les documents qui m’ont permis de préparer le CAPES pour y mettre désormais les cours que je préparerai, et je l’ai personnalisé en y collant de mes collages et dessins :

classeur

classeur,*

J’ai refait un agenda publicitaire offert par un syndicat d’enseignants en le couvrant de mes propres couleurs, au recto et au verso. L’usage du scotch a l’avantage de consolider la couverture. J’ai aussi aménagé l’intérieur (d’habitude je fais de même avec un agenda à tout petit prix)

agenda

agenda,*

J’ai fait pareil pour le cahier de notes, offert par une banque pour enseignants. Sur la première de couverture j’ai laissé les images de montagne et les citations originelles, et dessous, par-dessus la pub, j’ai collé une photo que j’avais faite d’ouvriers sur un échafaudage. Sur la quatrième de couverture, j’ai collé une page d’images de livres faites par une artiste, découpée dans une revue. J’ai fait aussi d’autres collages et aménagements à l’intérieur pour masquer les pubs.

cahier de notes

cahier de notes,*

Et puis j’utiliserai comme cartable le sac de lycée que j’avais repeint l’année dernière pour aller travailler en bibliothèque, et j’y glisserai la chemise en carton que j’avais aussi consolidée avec des collages et des couleurs, et qui sert à garder les feuilles volantes

cartable

pochette

Et je ferai de même avec mon cahier de textes, quand j’en aurai un, car je compte bien ne pas me contenter des cahier de textes, carnet de notes etc. à disposition sur un service informatique

*