Dédale au Mont-Saint-Michel (en 40 photos et une petite réflexion)

   paris 0Départ de Paris, il fait encore nuit

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en routeLe jour se lève en route, avec des nuées roses et bleues

en route 2Des moineaux nichent à la station d’essence

moineaux

moineau

Et puis on approche du Mont

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mont saint michel 2où des marcheurs vont

mont saint michel 3Nous voici tout près

mont saint michel 4puis sur le pont

mont saint michel 5À gauche de l’image, la gendarmerie. Aujourd’hui l’armée est là, elle rend hommage aux réservistes, avec musique et discours (nous verrons ça d’en haut dans quelques images)

mont saint michel 6La statue de l’archange brille tout là-haut, toute petite d’en bas

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mont saint michel 9O connaît le Mont comme sa poche, il nous conduit hors de la rue marchande

mont saint michel 10La marée est forte ce samedi, le Mont est une île à notre arrivée, puis très vite la mer se retire

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mont saint michel 20Vue du cimetière où reposent quelques rares habitants et religieux

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mont saint michel 22Ce goéland à la patte blessée attend les touristes pour être nourri

mont saint michel 23L’armée procède à sa célébration, tandis que les sables réapparaissent

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mont saint michel 25La rampe par où était montée la nourriture des prisonniers pendant la Révolution

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mont saint michel 28L’une des meurtrières de la forteresse

mont saint michel 29À l’arrière-plan, on distingue l’autre îlot de la baie, Tombelaine

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mont saint michel 36Je continue à suivre O

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a au mont

mont saint michel 39Nous nous installons tous les deux pour deux heures dans les rochers au bord de l’eau, où nous observons les mouettes, les goélands, la pêche des cormorans et même des phoques. Il me photographie, je le photographie.

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mont saint michel 41L’après-midi, l’eau a laissé place au labyrinthe des sables

Sur la route du retour, un arrêt pour goûter le cidre, le pommeau et le calvados de producteurs nommés Lécrivain

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ce 13 octobre 2018, photos Alina Reyes

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Pour retenir le Minotaure, Dédale construisit un labyrinthe pour Minos, puis s’y retrouva enfermé par ce dernier qui craignait que le secret ne s’évente. Mais l’architecte connaissait toutes les sorties de son œuvre, invisibles aussi bien que visibles, et il s’en alla par la voie des airs. Son fils Icare, inexpérimenté, s’y brûla les ailes et tomba à l’eau – se noya dans la mer, cette tombe, face mortelle du labyrinthe (le nom originel du Mont-Saint-Michel était Mont-Tombe). Un dédale peut être considéré comme un versant céleste du labyrinthe terrestre, chtonien, auquel il ajoute, en son nom, le salut.

Sur le labyrinthe, voir note précédente

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Tags, fresques, affiches à la fac de Tolbiac, après évacuation et avant effaçage

La dernière fois que j’y suis passée, c’était juste après l’évacuation, le secteur était bouclé, la police empêchait d’approcher, j’avais seulement pu faire quelques photos de loin. Maintenant la fac est toujours fermée, mais les abords en sont libres. Je ne suis pas passée par-dessus les grilles comme je l’avais fait dans les premiers jours de la « Commune libre de Tolbiac » (pour aller animer un atelier d’écriture) mais j’ai bien fait le tour et j’ai photographié tout ce que j’ai pu voir (quoique les gardiens aient gentiment essayé de me faire croire que c’était interdit). Voici donc les images, des témoignages, des traces de ce qui fut – comme des archives du futur. Ce serait bien si les plus belles des fresques pouvaient ne pas être effacées.

 

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En face, de l’autre côté de la rue de Tolbiac, l’École supérieure de journalisme et les tours d’habitation. J’ai aussi une formation de journaliste, c’est en partie pourquoi j’aime bien aller voir ce qui se passe !

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tolbiac 18aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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La révolution sans pantalons

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tag censier 3tags à la fac occupée Censier, ces jours-ci

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Que des enfants de bourgeois aient l’envie de se donner l’illusion de sortir au moins un temps de leur condition, quoi de plus macron, au fond ? Que des étudiants aient envie de jouer à la révolution, quoi de plus conforme à la tradition ? L’ordre des choses est respecté, les médias y font leur beurre, les syndicats et les politicards s’y frottent les mains, tout va bien.

Tout va très bien, madame la marquise, mélodie d’amour chante le cœur d’Emmanuel épelliculé par Trump le clown. Mélenchon rime ouvertement avec bidonnons, son Le Média et Reporterre inventent un quasi-mort dans une énorme flaque de sang caché tout à la fois par la police, l’hôpital et les balayeurs de Paris, sans compter les voisins, tous complotistes aussi. Des universitaires parfois à visage découvert, plus souvent masqués comme des camions volés (c’est qu’ils ont une position dans la société, ils ne vont pas clamer leurs opinions autrement qu’anonymisés, planqués derrière leurs écrans !), fustigeurs du mensonge général, adeptes de Debord et autres grands noms, propagent et repropagent la fake news étayée sur du néant, dans leur avidité à se ranger avec les étudiants occupeurs de facs, se vautrant dans leur puérilité retrouvée, si tant est qu’ils l’aient jamais perdue, fricotant mentalement avec ces petits jeunes (encore un retour de tradition de l’Éducation sexuelle nationale à la fois soixante-huitarde et trogneux-macronienne), s’accordant plus de promiscuité en allant distribuer leur bonne parole dans des amphis occupés comme des curés entraînant leurs plus jeunes ouailles dans les sacristies, eux qui ont franchi toutes les sélections possibles (et indispensables), qui ont passé tous leurs examens, qui sont casés et appointés par leur ennemi imaginaire et n’ont rien à foutre des étudiants empêchés par leurs soins empressés de passer à leur tour les examens qui devraient les libérer des profs abusifs.

Ainsi tourne le cercle vicieux, avec en son centre des jeunes infantilisés par tout le système pédagogique, comme je l’ai plus d’une fois dénoncé ici, en stagiaire à l’Espé et en néoprof, des jeunes plus qu’inquiets du monde qui leur est légué, comme révélé lors de l’atelier d’écriture que j’ai animé à Tolbiac occupée, des jeunes qui voudraient se débarrasser du poids écrasant des générations précédentes et de leur idéologie, comme l’indiquent des tags agressifs envers mai 68 dans les facs occupées, des jeunes, bloqueurs ou bloqués, une fois de plus instrumentalisés, récupérés, piétinés d’une façon ou d’une autre, empêchés de voir que ce qui les entrave n’est pas Parcours Sup, tout défectueux qu’il soit, mais le fait qu’ils reçoivent un enseignement très médiocre, de plus en plus dégradé, tout au long de leur scolarité, qui les destine à vivre dans l’état et les mentalités d’un pays arriéré.

street art tolbiac 1bravo aux artistes qui ont su égayer un peu cette fac Censier sinistre

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tag tolbiac 2street art et tags à la fac Censier évacuée, hier. Photos Alina Reyes

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Mon blaze, des graffs et un atelier d’écriture à Tolbiac occupée

Après avoir regardé une excellente série documentaire de dix petites épisodes sur l’histoire du graffiti, j’ai eu envie de créer mon blaze avec mes initiales, et j’ai dessiné ceci :

mon blaze

Puis je suis partie à Tolbiac, animer un atelier d’écriture dans l’université occupée. Pendant que les étudiants écrivaient, j’ai dessiné une variante de mon blaze dans mon carnet :

mon blaze,

Il y avait des dizaines d’étudiants dans l’amphi d’à côté, pour une rencontre avec les cheminots et les postiers grévistes. Pendant ce temps, nous nous sommes retrouvés à sept, cinq garçons (dont un passant) et deux filles dont moi, pour un atelier tranquille et calme d’écriture à partir de ce début de citation que je leur avais donné : « Enfin la terre s’ouvrit et ». Ensuite ils et elle ont lu leurs textes, c’était beau, très beau par moments. Parlant de mines, de cendres, d’histoire engloutie, de sectes suicidaires, de déplacements humains… « du gouffre hurlant s’échappait la lumière chaude de la vie ». Je leur ai donné la citation entière : « Enfin la terre s’ouvrit et Gérard de Nerval apparut », et son auteur : Antonin Artaud. Nous avons parlé un moment des textes qui venaient d’être écrits, puis de Nerval et d’Artaud, et aussi de notre situation ici, sous terre, dans cet amphi de cette fac construite toute en niveaux serpentants et différents pour éviter les rassemblements d’étudiants, et aussi du printemps où la verdure sort de la terre.

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Je suis repartie, passant entre de petits ateliers installés dehors, barbouillage d’affiches publicitaires et découpe de bois, comme à l’arrivée et comme tout le monde j’ai grimpé par-dessus la clôture et j’ai marché dans les rues, photographiant au passage les graffs et aussi quelques œuvres de street art (pas les grandes fresques du 13e que j’ai déjà photographiées, mais de petites œuvres nouvelles). Voici d’abord les graffs :

graff

graff 2

graff 3

graff 4

graff 5

graff 6

graff 7

Et voici d’autres œuvres de street art et des images de la ville :

street art 2

street art 3

street art 4

street art 5

du bout des doigts

street art 6

street art

street invader

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Il faisait très doux, enfin le printemps, que berçait une petite pluie fine. Les prunus en fleur embaumaient dans certaines rues, et des enfants jouaient.

prunus en fleur

enfantsaujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Au Collège de France et à l’École normale supérieure. Joie de la recherche

cour college de france

En entrant de nouveau au Collège de France, où je n’étais pas allée depuis un certain temps, j’ai éprouvé une vive et puissante émotion, l’exaltation de me trouver dans un temple de la science. Je suis partie et arrivée à l’avance, sachant que la conférence de David Graeber, suivie d’un entretien avec le non moins excellent Philippe Descola, ferait salle comble. Rappelons que l’entrée aux cours du Collège de France, des cours du plus haut niveau qui soit, où se révèle dans toutes les disciplines la recherche en train de se faire, est libre et gratuite, ouverte à tous. Une vraie gloire de la France.

college de franceau Collège de France (ci-dessus) et à l’ENS (ci-dessous), à Paris hier et avant-hier, photos Alina Reyes

ens

Le lendemain matin j’entrais à l’ENS, École normale supérieure, autre temple de la science, ou dirais-je plutôt, monastère de la science, pour y suivre la première journée d’un colloque passionnant sur « l’épopée des petites filles, du XIXe au XXIe siècle ». L’entrée au colloque était également libre et ouverte à tous – mais j’étais peut-être la seule étrangère à l’école à m’y trouver. Le but de cette note n’est pas de rapporter ou de commenter ce qui a été dit lors de cette conférence et de ces communications – j’y reviendrai peut-être. Je veux juste aujourd’hui évoquer la sensation extraordinaire que donnent l’accès au savoir, l’approche du savoir. Ressentie dans ces lieux comme elle peut être ressentie aussi dans une bibliothèque, ou tout simplement en ouvrant certains livres. (Je regrette juste l’usage systématique (mais pas au Collège de France), lors des communications, du powerpoint. Lorsqu’il faut montrer des images, c’est très bien. Mais quand il s’agit seulement de redoubler la parole, le powerpoint est une facilité qui affaiblit considérablement la parole).

Apprendre c’est déjà rechercher. La recherche est difficile, exigeante, ardue, combattante, enthousiasmante, extrêmement gratifiante. Elle augmente la vie à l’infini. Écrire une thèse est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie.

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Au château de La Roche-Guyon, en photos et haikus

J’y ai passé cette journée de samedi pour participer à une journée d’étude sur « L’Homo Americanus ». J’en reparlerai dans une prochaine note, où je donnerai aussi le texte de ma communication sur Edgar Poe. Pour l’instant voici les photos de ce très beau lieu, et les haikus qu’il m’a inspirés.

chateau la roche guyon 1À l’arrivée, à huit heures et quelques minutes du matin, après une bonne heure de route en voiture depuis Paris avec l’un des historiens organisateurs de la journée.

chateau la roche guyon 2La maquette du château, adossé à la falaise et surmonté de sa forteresse

chateau la roche guyon 3Vue du grand salon où nous allions parler

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chateau la roche guyon 5Après le déjeuner dans la salle à manger attenante, je suis allée me promener dehors et dans le château

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chateau la roche guyon 8J’ai vu ça dans une cave humide

chateau la roche guyon 9Là ce sont les casemates installées pour les soldats allemands, quand Rommell l’a réquisitionné, en février 1944, avec ses troupes

chateau la roche guyon 10Une cour intérieure, la « Cour aux Chiens »

chateau la roche guyon 12La terrasse Sud. C’est là que j’ai jeté dans mon carnet, rapidement, ces trois haikus :

Rien que la lumière
Sur l’herbe reverdissante
Chaleur sur la peau

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Rien que les oiseaux,
la rivière au mois de mars.
Un papillon jaune.

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La brise se lève
Le bateau file sur l’eau verte
Nuées couleur perle.

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chateau la roche guyon 14Le potager, bio, au bord de la Seine

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chateau la roche guyon 16Le village, vu de la terrasse

photos Alina Reyes

en savoir plus : le site du château

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Que faire d’un.e imbécile ? Et Édimbourg enneigée vue du bus 100

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Faisant de nouveau la queue à l’aéroport d’Édimbourg pour obtenir un nouveau vol, et songeant à mon retour à Paris, m’est venue l’idée, comme je n’avais rien à faire, d’écrire quelques mots sur « Que faire d’un.e imbécile ? » Chacun.e de nous est l’imbécile de quelqu’un.e d’autre, dira-t-on. Certes, et nous avons nos moments d’imbécilité plus souvent que nous ne le voudrions. Mais je veux parler là du cas plus lourd de l’imbécile chronique, incurable. L’imbécile en qui l’imbécilité se conjugue avec la sottise fut comme les autres, enfant, génial.e et intelligent.e, mais dramatiquement toutes sortes de pollutions ont fait mourir et pourrir sur pied le blé en herbe qu’il ou elle était. Que faire d’un.e tel.le imbécile ?

Toute personne sensée et responsable risque de tenter de l’empêcher de propager son imbécilité, d’en polluer les autres, notamment les jeunes pousses, et de les condamner ainsi au même triste sort que le sien. Or la mort est jalouse de ses prérogatives et n’entend pas qu’on essaie de lui retirer les proies qu’elle tient ou convoite. Et l’imbécile, son instrument, se retournant contre la personne sensée, commence à la harceler, puis la diffame publiquement, et enfin, quand la personne sensée finalement s’est éloignée, quand l’imbécile comprend qu’elle ne peut plus désormais attirer son attention (qui secrètement la flatte), l’imbécile s’en va à la police porter plainte contre qui elle a abusé de son pouvoir (comme la mort, les imbéciles se débrouillent toujours pour exercer quelque pouvoir en ce bas monde). Bref, Einstein avait raison.

Que faire d’un.e imbécile ? Rien. Pas même du fumier pour le jardin (de l’aliment pour un roman).

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edinburgh from the bus 100 5aujourd’hui à Édimbourg, photos Alina Reyes

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