Les preuves arrivent

tout à l'heure au coin de la rue Mouffetard, photo Alina Reyes

 

Jusque là j’avais passé beaucoup de temps à me documenter sur Internet, à propos de ces caricatures dans Charlie Hebdo, sur ce qu’est devenu ce journal, à quelles idéologies il renvoie, et comment ces forces du mal sont à l’œuvre, de façon ouverte ou occulte, dans une intelligentsia souvent athée mais se rapprochant de ses racines chrétiennes par stratégie, dans un combat délirant contre l’islam.

Et puis ce matin j’ai pu aller à la bibliothèque, qui réouvrait, pour y consulter les Charlie Hebdo qui s’y trouvaient : les quinze avant-derniers, celui des caricatures de Mohammed n’y étant pas. Qu’y ai-je trouvé ? Une intense propagande islamophobe, et aussi raciste.

J’en suis sortie à plus de treize heures, ces vieux cons m’avaient coupé l’appétit. Bon, marcher m’a fait du bien, écrire ces mots aussi, je m’en vais me faire un sandwich au fromage et je me remets au travail. J’ai beaucoup de documentation à mettre en ordre pour en faire un texte, dès que c’est fait je reviens.

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Le temps de l’inversion du chemin, de la vérité et de la vie


image trouvée ICI

 

« Dans la France des années 30 (…) il y avait une hystérie antisémite, comme aujourd’hui il y a une hystérie antiraciste » Anne Zelensky, cofondatrice de la Ligue du droit des femmes avec Simone de Beauvoir, volant au secours de Marine Le Pen dans Riposte Laïque le 24 juin 2011.

Ces gens assimilent l’islam (non l’islamisme) au fascisme, le Coran à Mein Kampf, ils se disent « résistants », se réclament du Général de Gaulle et de Radio Londres. Ces gens ne sont pas isolés, ils expriment la pensée inavouée mais active d’une grande partie de notre intelligentsia, dont ils sont de longue date les compagnons de route.

Le temps des idéologies, des faux-semblants et de la falsification, a achevé d’enterrer le vrai, nous sommes entrés dans le temps de l’inversion de la vérité.

À suivre sur ma page facebook, en attendant, dans un ou deux jours sans doute, l’enquête sur l’idéologie de Charlie Hebdo, qui est loin d’être marginale.

 

Religion et liturgie de la presse, avec Marine Le Pen en prêtresse

la Compagnie Républicaine de Sécurité, hier devant la Grande Mosquée de Paris, photo Alina Reyes
la Compagnie Républicaine de Sécurité, hier devant la Grande Mosquée de Paris, photo Alina Reyes

 

Voyez comme la presse est bien organisée. Et après on reprochera aux religions de vouloir dicter une pensée toute faite aux fidèles. Mais l’opinion, qui la manipule ?

Reprenons. Mercredi Charlie Hebdo sort ses fameuses « caricatures », des sortes de crachats envoyés à toute une partie d’entre nous, Français, et visant tous les musulmans d’un monde pris dans les douleurs et les violences de sa transformation. Aussitôt bien sûr les islamistes s’énervent, les islamophobes déversent leur hargne et leur haine dans le vaste défouloir d’Internet. Et l’immense majorité des musulmans, les pacifiques, s’appellent les uns les autres au calme et restent calmes.

Jeudi après-midi Le Monde paraît avec en Une une grande photo et un gros titre sur Salman Rushdie qui accuse l’islam. En ligne (et peut-être sur le papier) se trouve aussi un texte d’un philosophe musulman expliquant que les musulmans doivent sortir de la religion, comme l’ont fait les catholiques (l’idée étant de toujours dire à l’autre de se mettre au pas en étant non à sa façon mais à la nôtre). Pendant ce temps le reste de la presse continue à gloser sur « caricature et religion », pour bien enfoncer le clou : dormez en paix braves gens il ne s’agit en rien de notre racisme, seulement de notre droit à nous moquer des religions, comme notre vieille France anticléricale en a la tradition.

Vendredi en Une du site internet, c’est tapis rouge à Marine Le Pen. Portrait soigné, long entretien, au cours duquel elle fait des déclarations martiales sur la nécessité d’éradiquer tout signe visible de l’islam dans les rues de France. Rapidement toute la presse reprend ses propos, et l’article est le plus partagé du journal en ligne. Il fait la Une du journal papier du week-end, sous le titre « L’offensive laïque de Marine Le Pen ». Comme ça sonne tout de suite doux aux oreilles du Français, bien mieux que par exemple « l’offensive raciste » ! Bien sûr le reste de la presse joue son rôle en s’indignant de ses idées radicales, on les trouve « inopportunes » (mais on lui a donné opportunément l’occasion de les exprimer)… mais enfin, c’est ainsi que ça marche, et que ça marche si bien que le Front National est devenu sans problème digne des honneurs du Monde : ses idées opportunément jetées au peuple courent, et secrètement le peuple s’y fait.

Résumons : mercredi Charlie amène la merde, jeudi Le Monde l’assaisonne et la rend présentable, vendredi il la sert sur un plateau… et la France en bouffe pour un bon moment.

Jusqu’au prochain service. Oui, ne sont-ils pas tous bien organisés, dans leur propagande, disons à tendance islamophobe ? Ou pour être plus poli, anti-islamiste (on a quand même bien le droit d’être contre ces sauvages obscurantistes !) C’est que ce sont des héritiers des Lumières, eux. De la Révolution française, des guerres de 70, de 14-18, de 39-45, des guerres coloniales, des déportations, de la collaboration… Des sages, des avisés, pas des barbares !

Mais leur combat est-il vraiment un combat contre l’islamisme ? Ou bien a-t-il de vrais relents de peur et de rejet des musulmans, ou même des Arabes, qui sont nos concitoyens ? Nous verrons cela dans quelques heures, en revenant sur Charlie Hebdo, les idées qu’il véhicule vraiment, délibérément, depuis des années, et ce que sont en vérité ses « caricatures ».

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Quand la police arrose le sable mouillé

Je suis partie au Jardin des Plantes, mais…

l’entrée devant la Mosquée était fermée et fort gardée…

j’ai donc fait le tour…

en profitant de l’occasion pour faire des photos dans la rue…

houlà !

une fois dans le jardin, voilà qu’ils arrosaient sous la pluie les grandes allées, tout de leur long, pour qu’on ne les emprunte pas… puis y avait tout un tas de policiers en habit vert comme des jardiniers, mais alors en plus costauds et avec des talkie-walkies… j’ai pas pu me retenir de rire en avançant vers eux, alors j’ai fait des photos en leur adressant des sourires très niais, pour qu’ils voient bien combien j’étais stupide et cessent de me regarder avec suspicion…

hop, je me suis envolée au-dessus d’un palmier…

puis je suis allée contempler les pierres, si belles mouillées…

oui oui elles parlent elles aussi !

je me sentais si intensément joyeuse… ça y est, je me suis dit sous ma capuche, je suis un Pèlerin d’Amour !

arrivée à la maison, soudain, eurêka ! j’ai su comment il faut faire pour contrer Charlie Hebdo en justice avec ses caricatures ! ils ont faux, je vais le montrer, c’est simple !

Quelle belle journée, encore. Que la joie vous saisisse et vous garde !

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Chronique de l’islamophobie chronique. Il ne faut pas se taire

un jilbeb de mariage

 

Le 6 septembre dernier à la Seyne-sur-mer, l’adjointe au maire PS refuse de célébrer le mariage parce que la mariée porte un jilbeb – qui ne cache pas son visage. Toute la noce est renvoyée.

Le cas n’est pas isolé. Des mariées sommées d’enlever leur voile, des mères empêchées d’accompagner  leur enfant en sortie scolaire parce qu’elles portent le voile, des hommes menacés de perdre leur emploi parce qu’ils portent la barbe. Début août à Vauvert, un homme tue le compagnon de sa fille parce qu’il s’était converti à l’islam ; à Aigues-Mortes un homme ivre tire sur un groupe de jeunes musulmans, puis sur une mère musulmane et sa fille – sans faire de victime ; à Orléans une boucherie halal est incendiée, les voisins doivent être évacués. On ne compte plus les mosquées vandalisées, souillées de tags nazis ou d’excréments.

Mais les premières victimes de l’islamophobie sont les femmes, et principalement les femmes voilées, qui doivent faire face au quotidien à des regards mauvais, des remarques, parfois des gestes agressifs pour arracher leur voile, des tracasseries pour entrer dans des lieux publics même si le voile laisse leur visage clairement apparent. À Ermont, « une maman musulmane portant le hijab (voile laissant apparaître le visage) se rend chez le dentiste afin d’y faire soigner ses deux filles. Bien qu’elle arriva en temps et heure à son rendez vous, elle constate que la chirurgienne dentiste fait passer tout le monde avant elle jusqu’à ce qu’elle soit la dernière en salle d’attente. Une fois isolée, la dentiste l’interpelle  « retire ton voile sinon je ne pourrai soigner tes filles … ici c’est un cabinet privé, Madame, c’est moi qui fixe les règles » avant de tenter de rectifier le tir et d’évoquer des raisons d’hygiène. Madame refusant légitimement de retirer son hijab face aux allégations islamophobes de la dentiste, ses filles furent privées de soin. » (islamophobie.net)

Qu’est-ce qui fait que Charlie Hebdo vend des centaines de milliers d’exemplaires chaque fois qu’il caricature le Prophète, sinon le plaisir malsain qu’y trouvent certains de nos concitoyens à voir insultés d’autres de nos concitoyens ? Cela nous concerne tous, cela concerne l’avenir de notre pays, de notre monde, de nos enfants. Les responsables musulmans appellent les croyants au calme, c’est bien. Mais dans le calme, il est bon de parler. De ne pas laisser sous l’étouffoir la dernière insulte qui fait déborder le vase de l’islamophobie quotidienne. Si on met l’étouffoir là-dessus, cela n’a plus qu’à continuer. Nous sommes en crise, la vente du bouc émissaire marche bien, c’est l’ouverture du grand défouloir. Déjà il est effarant de voir sur internet les textes et les commentaires islamophobes ou racistes se lâcher en masse. Maintenant un journal satirique allemand annonce lui aussi une couverture anti-islam. Ceux qui accusent internet et la presse de l’emballement autour du film et des caricatures islamophobes, ne voient que le doigt quand il montre la lune. Il ne faut pas se taire.

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