Le macronisme, banalité du fascisme

14 février 1936, Léon Blum sur son lit d'hôpital après son agression par les camelots du roi

14 février 1936, Léon Blum sur son lit d’hôpital après son agression par les camelots du roi

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C’est la première fois que je vois BHL essayer de faire profil bas. Lors de son passage à ONPC ce samedi, il n’a pas arrêté de multiplier les signes d’apparente d’humilité, se disant avec des douceurs de tartuffe « un peu écrivain », se reconnaissant « un peu bien né », parlant de sa « modeste place », affirmant que ses quelques « sous » n’étaient pour rien dans sa réussite, expliquant que s’il faisait partie des élites, c’était des bonnes élites, celles qui ont mérité leur situation, enfin tâchant de se donner l’allure d’un brave gars qui veut le bien de tous face au péril fasciste nommé Gilets jaunes, allant jusqu’à se déclarer favorable, pourquoi pas, à étudier la question d’un possible retour de l’ISF ! mais attention, en précisant que seule l’Europe serait éventuellement habilitée à prendre ce genre de mesures. Un agneau, vous dis-je. Un agneau sous cocaïne ou un truc du genre, mais enfin rien de ce fier-à-bras popularisé par ses innombrables poses au milieu de combattants armés, chemise ouverte et cheveux au vent, défiant le danger sur tous les terrains de guerre du monde – mais pas boulevard Saint-Germain ni sur les Champs quand une manif de Gilets jaunes y passe, au milieu des tirs de grenades et de flashballs – son audace a des limites tout de même. Bon, l’exercice de modestie n’était pas du tout convaincant (le manque d’habitude sans doute) mais le fait de l’avoir tenté, à soixante-dix ans pour la première fois de sa vie, indique du moins que la caste tremble sous ses brushings.

Le recours est donc, selon BHL, l’Europe. Mais qu’est-ce que l’Europe ? Selon lui toujours, « une petite princesse » que Zeus a enlevée. Tiens donc. Macron, alias Jupiter (nom latin de Zeus) a donc l’intention d’enlever l’Europe. De l’enlever à qui ? Aux peuples qui la composent ? Pour qui ? Pour le Marché, n’est-ce pas ? Son histoire, l’histoire de son élection et sa politique l’indiquent, mais l’ « un peu écrivain » a prononcé comme pour le prouver cette parole parfaite : « je suis une sorte de camelot de l’Europe ». Je goûte particulièrement ces instants où la vérité nous sort par la bouche malgré nous. Ruquier venait de lui dire qu’il allait se transformer en une sorte de saltimbanque, le temps de jouer sa pièce dans divers pays. Et il eut donc cette réplique fantastique, qui n’a pas été relevée mais qui mérite de l’être. L’entendant, j’ai aussitôt exulté : mais oui ! tout à fait ! À la fois marchand de camelote, « avec force boniments » comme dit le dictionnaire, et camelot du roi (nom des militants de l’Action Française), du roi Macron ! Que ce mot-là soit sorti de lui pour rectifier le terme « saltimbanque » qui semblait l’embarrasser (si on allait le prendre pour quelque Molière débraillé…), que ce mot tellement lié, quand il est suivi d’un complément de nom, à l’extrême-droite collaborationniste dans l’esprit de quiconque connaît un minimum l’histoire du siècle dernier, lui soit venu pour se qualifier – cela ne peut être que très signifiant. L’Europe qu’il sert n’est pas celle des peuples et des pays, mais celle des Marchés. Celle qui va contre les intérêts des peuples. Le 13 février 1936, les camelots du roi lynchèrent Léon Blum, serviteur du peuple, comme ces dernières semaines les policiers de Macron mutilent les Gilets jaunes. L’attaque se produisit au croisement du boulevard Saint-Germain et de la rue de l’Université, à deux pas de chez BHL, et la photo de Blum au visage entouré de bandages rappelle singulièrement celle de nos manifestants à l’hôpital.

En ces temps où comme dans 1984 d’Orwell le sens des mots et les vérités sont inversées par les pouvoirs menteurs et manipulateurs, où se trouve réellement le fascisme ? Chez les Gilets jaunes, comme leurs détracteurs n’arrêtent pas de le dire ? Ou bien du côté du pouvoir et de ceux qui le défendent ? Pour le savoir, le mieux est de partir du principe qu’il n’y a pas de fascisme, seulement des preuves de fascisme. Il est avéré que quelques éléments racistes, antisémites, homophobes, xénophobes, néofascistes, se mêlent ici et là aux Gilets jaunes ; ce qui donne d’ailleurs lieu à quelques bagarres, soit qu’ils soient chassés par les Gilets jaunes, soit, comme ils l’ont fait samedi dernier, qu’ils attaquent des Gilets jaunes d’extrême gauche. Mais quelques éléments plus ou moins infiltrés ne font pas un ensemble, une règle d’ensemble. Alors que du côté du pouvoir macroniste, les marques de fascisme sont massives. D’abord la répression féroce et aveugle, l’utilisation très abusive des forces de l’ordre, dénoncée par Amnesty International, la Ligue des droits de l’homme, le Défenseur des droits et bien d’autres instances, dont des policiers eux-mêmes. Massive aussi, la manipulation de l’opinion, commencée au temps de la campagne présidentielle et qui se poursuit, par le biais de cette spécificité française que sont des médias mainstream possédés par des milliardaires au service du pouvoir qu’ils ont fait mettre en place pour servir leurs intérêts. Ajoutons à cela, entre autres, la gouvernance par ordonnances, la mainmise sur la Justice, les réformes et projets de lois destructeurs des droits du travail, de la liberté d’expression et de l’égalité d’accès à l’éducation, le recours au fait du prince dans le choix et la protection de ses courtisans et serviteurs, jusqu’à la très emblématique affaire Benalla… BHL raille la tendance de Salvini à se déguiser en pompier, mais que dire de son Macron qui n’a cessé de se mettre en scène tantôt en Napoléon, tantôt en Jupiter, tantôt en Louis XIV, quand il ne cède pas plutôt à la tentation de passer une fête de la musique en son palais avec des drag-queens entre lesquelles il se plaît à se faire photographier, comme il se plut à se laisser prendre en selfies enlaçant de jeunes délinquants exotiques au torse nu ? Comédies caractéristiques du goût des fascismes pour l’apparat et le grotesque, délires et mises en scène bien plus grotesques que celles de Salvini, à vrai dire.

Lors de la manifestation macroniste des Foulards rouges, ce dimanche, la face réelle des « élites » s’est révélée aussi méprisante, mauvaise et grotesque que celle de leur champion, M. Macron. Sur un panneau au graphisme mal plagié de l’artiste activiste Voltuan, ils affirmaient : « Nous sommes sans armes vous êtes sans âme », déniant ainsi aux gens du peuple le statut d’humains. Tout au long du cortège, des insultes ordurières aux Gilets jaunes ont jailli de ces rentiers convenables, de ces retraités en loden, de ces bourgeois chapeautés : « on vous nourrit, les chiens », « on va vous crever les tarés », « allez bosser, bande de cons », « fachos », « pourris », « assistés », « mort aux cons », « enfants gâtés »… qui terminèrent leur démonstration de haine en scandant « merci la police » et « Gilets jaunes au boulot ». Oui, de quel côté se trouve, massivement, le fascisme ?

De même qu’on a pu dire de BHL qu’il avait fait, depuis quelques décennies, un putsch sur les médias, y confisquant la parole avec sa bande de « nouveaux philosophes » au détriment de celle des penseurs réels, relégués dans l’ombre, il est aujourd’hui manifeste que ces « nouvelles élites », fausses élites qui ne tiennent que par le pouvoir de l’argent et/ou celui des médias, ont fait un putsch politique en portant Macron et la macronie au pouvoir. Les ligues factieuses ne sont pas dans les rues le samedi, elles sont chaque jour à l’Élysée et dans les autres lieux de pouvoir qui soutiennent Macron. L’Europe est vivante non pas lorsqu’on la considère comme une princesse sur laquelle, comme sur tout le reste, il faut faire main basse, mais comme l’allégorie que porte son nom, qui signifie : « Au regard vaste et portant loin ». Avant de prétendre lui rendre cette magnifique vérité, il nous faut renverser les fascismes qui l’emprisonnent et tentent de s’en emparer, à commencer par chez nous, en France.

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Nous qui résistons, nous qui combattons, nos morts, nos mortes sont avec nous

Mon grand-oncle Albert m’a rendu visite. Je ne m’y attendais pas (il est mort depuis longtemps). Il est venu m’apporter un petit gilet jaune, avec des manches, tricoté à la main pour un nouveau-né. Cette visite m’a beaucoup émue, je me suis réveillée tout heureuse. C’était la fin de l’après-midi, je m’étais endormie – le traitement anticancer me fatigue.

Mon grand-oncle Albert était sympa. Un sacré personnage. Fils d’immigrés italiens misérables, il a été chanteur dans les chœurs et figurant au Grand Théâtre, puis il a été aussi policier. Quand j’étais enfant, il était à la retraite. Il habitait tout près de chez nous, il prêtait de l’argent à mon père quand il n’y avait vraiment plus d’autre moyen d’acheter à manger pour nous sept, quand même le crédit à l’épicerie était dépassé. Il avait un piano, et de temps en temps des « admirateurs » et des « admiratrices » venaient le voir dans sa petite maison maison (toute la smala travaillait dans le bâtiment, y compris mon père, leurs maisons ils les faisaient eux-mêmes).

Je reviendrai dans quelques heures, j’ai quelque chose à dire après avoir vu le passage infect de BHL chez Ruquier, sans contradicteur sur le plateau, insultant les Gilets jaunes, injuriant gravement notamment Ruffin, étalant sa morgue, sa morve et son hystérie de concert avec celles d’Angot qui lui léchait les pieds. J’ai quelque chose à dire, non pas tant sur BHL, dont à peu près tout le monde sait ce qu’il en est, mais sur le pouvoir macronien qu’il défend, que la caste qui était là, défendant son fric, défendant sa position, défendait avec lui. Un immense combat contre les fascismes se livre, va devoir se livrer.

Bella ciao, le chant des résistants italiens, devenu chant de tous les résistants du monde, fut d’abord un chant de résistantes, dont voici le dernier couplet originel :

Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes
Nous travaillerons en liberté.

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Déter

photo Alina Reyes

photo Alina Reyes

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J’ai mis une licorne et un papillon dans mes cheveux, pinces d’enfant avec des mèches et tresses multicolores du plus joli effet dans ma chevelure grise libre, et je suis partie travailler à la bibliothèque du Muséum, celle du bas parce qu’il y avait une table libre juste derrière la baie vitrée. Il s’est mis à pleuvoir beaucoup, et un hélicoptère tournait dans le ciel, au-dessus de la proche place de la Bastille où Jérôme Rodrigues, l’une des figures des Gilets jaunes, se faisait délibérément éborgner, alors qu’il était comme toujours parfaitement calme. Tandis que Macron manœuvre bassement et violemment pour récupérer les récupérables (Mouraud, Levavasseur) et intimider les irrécupérés (Nicolle frappé et interpellé à Bordeaux alors qu’il était également parfaitement calme, comme les vidéos en témoignent aussi, et donc Jérôme Rodrigues tiré comme un lapin à bout portant, selon son témoignage d’une grenade au pied et d’une balle à la tête – il aurait pu en mourir), j’écris. Ma meilleure arme, la plus puissante pour accompagner les humains sur la durée.

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Ahou ! ahou ! ahou !

Aujourd’hui samedi, ma black plume se lève avec les Gilets jaunes :

Ahou ! ahou ! ahou !

Un nouveau roi est appelé à régner.

Araignée ? quel drôle de nom pour un roi ! Et pourquoi pas Micron, Castagnette ou Chiassa ? Blanquette, BotuHL ou Cul Ferry ? Jacline Mouron, Nanar Tapine, Lavavassale ? Roteur Goulpil, Con Bandit, Leji Dédé, Paris Catch, les Condés, les Tévés ?

Assez !

Le roi est mort,

vive le peuple souverain !

 

Tags, clip, couleur au plein air vs le ventre des Mimis

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ces jours-ci à Paris, photos Alina Reyes

ces jours-ci à Paris, photos Alina Reyes

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Les secrets qui scellent les pouvoirs sont de misérables secrets – c’est parce qu’ils sont misérables qu’ils sont secrets, et c’est parce qu’ils servent à sceller qu’ils sont de si mauvais secrets, aussi infectés que des kleenex partagés par des bandes de pestiférés. Dans leur livre Mimi, sur Mimi Marchand, « papesse des paparazzis, gardienne des rumeurs », qui se fit photographier faisant le V de la victoire derrière le bureau présidentiel au lendemain de l’élection de Macron, les auteurs évoquent ces « rouages obscurs où se terrent les secrets et où se négocient les alliances qui les préservent. Dans le ventre cliquetant de la machine ».

C’est dans ce ventre cliquetant que se trament les récupérations de certain·e·s Gilets jaunes. Et personne n’est dupe. Qu’importe, ce ne sont là qu’épiphénomènes, capables tout au plus de retarder de quelques instants le flux de l’Histoire, qui va et ira toujours son cours, infiniment plus puissant que les petites affaires des petits humains occupés à tenter de détourner, à l’aide d’instruments aussi malins et dérisoires que toutes les Mimi du monde, ce qui les emporte et les emportera, inexorablement.

Les mouvements populaires ont leurs traits au grand air et leurs airs aux paroles publiquement chantées. Un autre rap (après celui-ci) de la « canaille » (« eh bien j’en suis ») a fleuri :

 

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Macron et autres « élites », politique de la prostitution

oedipe_roi*

Comment ne pas reconnaître dans cette image d’Œdipe aux yeux crevés, au visage en sang, celle de tant de manifestants mutilés par la police de Macron, qui projette son propre désastre sur le peuple ?

Œdipe a l’intelligence froide d’un énarque. Il sait résoudre les énigmes artificielles de la Sphinge, il trouve la formule pour entrer dans la Cité et en devenir le roi. Il a su obtenir, dit-il, « la puissance royale qu’on ne peut obtenir que par les richesses et par la faveur du peuple ». Mais il ignore qu’avec lui, il a fait entrer la peste. Tel est le tableau inaugural de la pièce de Sophocle, qui continue à parler.

« Je te dis que tu ne vois point de tes yeux au milieu de quels maux tu es plongé, ni avec qui tu habites, ni dans quelles demeures », lui dit le devin Tirésias, lui qui, privé de la vue ordinaire, voit au-delà, voit ce que personne ne voit. Pourquoi la peste se déchaîne-t-elle sous le règne d’Œdipe ? Parce qu’il ignore l’homme. Celui qu’il est, celui qui est. Il règne dans l’ignorance. Il croit en ses calculs, qui lui ont permis d’accéder au pouvoir. Il veut étendre son faux bonheur sur la cité. Mais cela ne marche pas ainsi, M. Macron.

« La bonne destinée est ma mère, et le déroulement des mois m’a fait grand de petit que j’étais. Ayant un tel commencement, que m’importe le reste ? », répond-il au chœur qui vient de l’avertir par ces paroles : « Je crains que de grands maux ne sortent de ce silence ». Car ce qui est faussé au départ reste et devient de plus en plus morbide. Il faut rétablir le vrai, la place de l’humain, pour que l’humanité puisse vivre. Au moins, l’Œdipe de Sophocle a le courage de chercher la vérité, de finir par accepter de la regarder. C’est seulement ainsi qu’il peut débarrasser la cité de la peste. Prenez-en de la graine, petits rois. Il n’y a de règne que celui du vivant, de l’humain dans la profondeur de la vie. Ce ne sont pas les richesses ni les faveurs qu’il faut mettre au centre, c’est la vision profonde, le vrai, le juste.

Il y a quelques semaines, Emmanuel Macron interprétait les revendications des Gilets Jaunes comme une demande d’amour. Puisqu’il leur prend de l’argent, il imagine qu’il lui faut leur donner de l’amour en retour. La logique capitaliste crée la prostitution : tout se vend, tout s’achète, y compris l’amour, y compris les âmes. Alain Minc avait dit de lui, en toute sympathie, que, banquier d’affaires, il excellait dans son « métier de pute ». Peut-être, mais Macron devrait comprendre que les Français dégoûtés de sa politique n’ont aucun désir d’acheter son amour. Que la seule idée de son amour leur est même plutôt répugnante : qui a envie d’être « aimé » de quelqu’un qui le plume pour engraisser ses souteneurs ?

Emmanuel Macron, s’étant peut-être aperçu qu’il prenait un râteau avec le peuple, continue à jouer les séducteurs, cette fois auprès de maires choisis par des préfets. Espérant sans doute quelque transfert freudien via les élus des communes. Tout en continuant à assener au peuple son mépris de classe et en le faisant violenter, tabasser, mutiler, tuer, semaine après semaine, il prétend, en toute perversion narcissique, vouloir débattre avec ceux qui tombent sous les coups de sa police comme sous les coups de sa politique, pour la bonne cause et pour leur bien.

Mais rien à faire, les gens ne veulent pas de son amour, ils veulent que justice soit faite. Que le fruit de leur travail ne soit pas confisqué par l’État pour les privilégiés et les riches qu’il soutient et qui le soutiennent, que cesse l’en-même-temps obscène de la destruction de tous les services publics et de l’augmentation des taxes. Au début, les gens ordinaires, comme moi, sont patients avec les abuseurs ; ils se disent que ça va leur passer ; au fond, ils ont même pitié, comprenant qu’ils sont cinglés, avec leur délire de toute-puissance ; puis ils se rendent compte qu’il n’y a pas moyen de les faire changer de comportement, qu’au contraire leurs abus s’amplifient. Et qu’il ne sera possible de se débarrasser du mal qu’ils font et répandent qu’en se débarrassant de sa cause, qu’ils incarnent.

Les gens ne veulent pas acheter du faux amour (le vrai ne peut s’acheter), ils veulent que soit respectée la démocratie. Que celui qu’ils ont élu pour servir la République ne se prenne ni pour un dieu ni pour un roi ni pour un empereur – de façon d’autant plus dérisoire que, face à l’irruption du réel, quand ses concitoyens exigent des réponses, il s’avère incapable de réagir autrement que de façon apeurée, en se cachant derrière des blindés et des forces de l’ordre en quantité démesurée.

Emmanuel Macron n’assume rien. En difficulté, il déconne, comme il le dit élégamment – des pauvres, bien sûr. En fait, il déconne depuis le début, depuis bien avant son élection, comme le rappelle notamment ces jours-ci le signalement au parquet pour soupçons de corruption dans l’affaire (de trahison) Alstom. Il déclare vouloir rassembler le peuple alors que c’est lui qui est divisé, entre désir de s’affirmer et habitude de se vendre (ou d’acheter autrui, ce qui revient au même), entre volonté de domination et érotomanie masochiste (haï ou méprisé, il se sent aimé, bourreau du peuple il se sent bouc émissaire). Ceux qui ne nous ont donné d’autre choix que d’élire Emmanuel Macron, ceux de sa caste, ont apporté avec lui la peste dans le pays. Même si Macron partait, comme Œdipe dans la pièce de Sophocle, il resterait à la cité la tâche de réparer des dégâts moraux et structurels immenses. Bien au-delà de la personne de Macron et de son existence, ce qui est en jeu est une sortie de la prostitution généralisée des « élites » – fausses élites en réalité, médiocratie instaurée par les alliances iniques du vieux monde en fin de vie. Quel que soit le moment où cela viendra, il faudra beaucoup de courage et d’intelligence pour reconstruire une autre, une tout autre société.

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L’image est extraite du film Œdipe roi de Pasolini.

Ce texte est issu de deux textes précédemment publiés sur mon blog de secours et ici ; le dernier, ayant été révisé et augmenté, a également été publié sur Bellaciao.org et sur Agoravox.fr.

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Révolution : le ciel reconnaît les siens

à Paris ces jours-ci, photo Alina Reyes

à Paris ces jours-ci, photo Alina Reyes

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Les violences des polices de la pensée peuvent s’acharner, elles ne font pas plier le peuple juste : les pouvoirs abusifs veulent à tout prix se faire reconnaître de lui mais, lui, tel Dieu, reconnaît les siens, laisse les faux.

Je lis ou relis les Contes cruels de Villiers de l’Isle Adam et Le meilleur des mondes d’Huxley. Les deux textes peuvent être téléchargés en ligne gratuitement ici et ici. Pour ma part j’ai emprunté le premier en bibliothèque, et trouvé dans la rue, sur un banc, une belle édition du second. J’ai l’intention d’en parler bientôt, car ces textes éclairent singulièrement les temps que nous vivons. Nous sommes au départ d’un long périple, il fait nuit encore, nous avons besoin de lampes frontales pour y voir. Nous atteindrons là-haut les splendides sommets, là-bas les rivages enchanteurs. Voyons-les, nous y sommes à chaque pas.

Deux cairns musicaux pour danser et sourire toute la journée :

 

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