Jeanne d’Arc, saint Michel

stmichel

fontaine Saint-Michel, à Paris

*

 

Lisant les passionnantes minutes du procès de Jeanne d’Arc, je suis frappée par la ressemblance de structure avec le procès du Christ. L’un et l’autre condamnés par le moyen d’une alliance morbide entre l’occupant et le pouvoir religieux. L’un exposé haut sur une croix, l’autre exposée haut sur un bûcher. Mais Jeanne est surtout angélique. Elle est morte en criant le nom de Jésus, mais très visiblement c’est l’archange saint Michel qui l’habite, lui donne cette force et cette habileté surnaturelles « au fait de la guerre, où elle était supérieurement experte », témoignent des compagnons d’armes. Quant à sa détermination, elle lui vient directement de Dieu, auquel elle est entièrement soumise. « Je n’ai rien fait au monde que par le commandement de Dieu », dit-elle. Et pour ce qui est des détails de l’action : « mes frères du paradis me disent ce que j’ai à faire ». On connaît le début de sa réponse à la question piégée : « Savez-vous être en la grâce de Dieu ? » « Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne ! » La fin de sa réplique vaut aussi d’être citée : « Mais si j’étais en état de péché, je crois que la voix ne viendrait pas à moi. Je voudrais que chacun l’entendît aussi bien que je l’entends. » Qui n’y entend rien a sans doute les oreilles très ensablées par le péché.

Tout ce que dit Jeanne, je le sais. J’écrirai sur elle, incha’Allah, et aussi sur Mohammed, entre autres.

La toute première chose qui lui est reprochée par l’évêque Pierre Cauchon et l’inquisiteur Jean Lemaître, qui se félicitent que la céleste Providence ait permis la prise de Jeanne, la voici : « Cette femme, au mépris de la pudeur et de toute vergogne et respect de son sexe, portait, avec une impudence inouïe et monstrueuse, des habits difformes convenant au sexe masculin. » Jeanne est partie de chez elle en robe rouge. Elle a ensuite pris l’habit d’homme tout simplement parce que Dieu le voulait, parce que c’était nécessaire, pour le travail qu’il lui fallait faire. Et ce n’était certes pas de sa faute si Dieu n’avait pas trouvé d’homme pour le faire, ce travail. Plus tard, entre deux batailles, elle portera avec plaisir de belles robes. Mais sur les lieux de sa mission, n’avait-elle pas, dans son habit de combattante, la grâce de l’archange défenseur de la foi ?

*

Le vent, la forêt, leurs égarés et leurs pèlerins

DSC06885

photo Alina Reyes

*

Quand Jeanne d’Arc est entrée à Orléans, raconte Henri Guillemin, le vent qui paralysait les bateaux a soudain changé de direction, lui permettant d’avancer. Les gens y ont vu un signe, et c’est bien. L’énigme Jeanne d’Arc, l’excellente série de ses récits, qui remettent quelques légendes à leur place, est sur youtube. J’ai commencé à la regarder hier soir, je continue – c’est une histoire qui nous parle aussi beaucoup d’aujourd’hui, sans doute a-t-elle contribué à m’inspirer le rêve du stéganosaure et des douze cavaliers.

Stéphane Zagdanski a décidé de dire sa vérité pour répondre à ses calomniateurs. Quand il a annoncé cela, je lui ai dit qu’il pouvait évoquer ce qui se rapportait à moi, puisque nous avons en commun un livre, et aussi un épisode d’une histoire qui est la mienne. Malheureusement l’exercice a tourné au fait de rapporter des calomnies contre moi et de les faire siennes. Triste façon de répondre à ceux qui l’ont calomnié. Venant de sa part, cela me peine. Mais je sais qu’il est blessé par des paroles particulièrement mauvaises, et je sais que lorsqu’on est blessé on ne réagit pas toujours bien. Pour le reste, c’est une goutte d’eau dans l’océan de calomnie propagé contre moi depuis des années, auquel nul ne m’accorde de pouvoir répondre. Et certains prennent cela pour un jeu. Comme il était fait dire à l’un de ces auteurs mercenaires, il s’agit de me « lapider avec des paroles bien senties », et « Après ça, la fille se suicidera. On dira qu’on l’avait prévu. » J’y ai été beaucoup poussée, mais je ne suis pas plus suicidée que les autres calomniés. Exclue du monde, de ce monde humain trop humain, mais  bien vivante dans la grâce, la joie, l’amour des êtres humains et de toute la création. Le reste, le néant l’avale, l’a déjà avalé.

Je monte à cheval en rêve, et en réalité dans la montagne. Je le raconte dans Forêt profonde, où la vérité s’exprime de la seule façon dont elle peut être exprimée : de façon pensée. Que ce soit sous une forme historique et sérieusement documentée, ou philosophique, ou théologique, ou onirique ou poétique, visionnaire. Dans sa profondeur, sa vie, sa lumière.

Paix.

*