Amour

 

Debout avant quatre heures pour le repas d’avant l’aube – un bol de flocons d’avoine aux raisins secs, un demi-litre de thé vert au gingembre, froid, préparé la veille, une cuillerée de miel – puis les prières – l’islamique, la chrétienne -, méditation, un peu de lecture, contemplation du jour qui se lève à la fenêtre – les cris des martinets -, douche rafraîchissante, ma robe de coton blanc, un peu de piano, tout doucement pour ne réveiller personne – premier déchiffrage, main droite puis main gauche du premier Prélude du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach – il y a longtemps que je n’ai pas joué, bonheur. Toutes les fenêtres sont ouvertes pour quelques minutes encore, petits bruits de temps en temps dans la cour, très légers, comme si tout le monde s’inclinait devant la grande chaleur qui s’annonce – les martinets eux-mêmes sont plus discrets. Le monde retient son souffle. Une attente d’amour. Splendeur de la vie.

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Ordre

 

« Ils t’interrogent au sujet de l’Esprit (al-Rûh). Réponds-leur : l’Esprit procède de l’Ordre de mon Seigneur et vous n’avez reçu que peu de science [à son sujet]. »
Coran, sourate 17, Al-Isra, Le Voyage nocturne ou les Enfants d’Isrâ’il, verset 85, traduction AbdAllah Penot.

Pèlerins d’Amour, hommes et femmes, voyageurs du jour et de la nuit, pareils aux anges, pareils aux abeilles, aux papillons, humains sortis de leur cocon, essaimant dans le monde la divine miséricorde.

Transportant le pollen de tout ce qui fut écrit, depuis le premier mot de la Genèse jusqu’à la dernière parole du Coran, réalisant ce qui fut dit dans le Messie. C’est aujourd’hui que ce qui fut raconté arrive. Et ce qui fut annoncé, nous l’assumons.

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Sagesse

Seigneur, quand auront-ils la foi ? Quand écouteront-ils ta parole qui ne cesse de leur venir, accompagnée de tes signes, de plus en plus pressants ? Comme ils sont entêtés, accrochés à leurs biens, aux associés qu’ils veulent t’imposer dans la gestion de ce qui ne leur appartient pas, le gouvernement de la vie ! Comme ils ne savent pas donner, ni s’abandonner à Toi, ni embrasser leur prochain, tout leur prochain ! Seigneur, accorde-leur un peu de temps encore, que retourne leur cœur ! Seigneur, j’attends et je jaillis, lumière qui repose en ton cœur et en flue selon ses battements, toute grâce et donnée à boire et à manger. Quelle indicible joie, là-haut, dans ton berceau, ta beauté, qui palpite en ton sein et s’étend sous tes pieds, sous nos mains ! Ô venez, amants du jour, à sa voix qui appelle où il va se lever !