Rive droite, rive gauche

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Je suis descendue du métro à la Bastille

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J’ai rejoint la place des Vosges

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où j’ai attendu O, qui arrivait à vélo

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de la maison de Victor Hugo, j’ai photographié la place

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Après avoir visité l’exposition des dessins de Hugo et des surréalistes, nous sommes repartis à pied. Une porte sous les arcades de la place.

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des moineaux dans le jardin de l’hôtel de Sully

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puis nous avons fait un tour dans le village Saint-Paul

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en continuant notre chemin, nous sommes entrés dans l’église Saint-Louis

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nous avons traversé la Seine

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le parvis de l’IMA est en travaux

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un poisson près de la maison

cet après-midi à Paris, photos Alina Reyes

Miracles

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tout à l’heure à Paris 5e, photos Alina Reyes

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Aujourd’hui j’ai marché dans la joie du vent et de la pluie intermittente. J’ai acheté un classeur pour mes partitions de chant – en ce moment le Kyrie de la Messe en si de Bach, le Sanctus du Requiem de Mozart, la chanson When I’m gone et le beau chant des nains dans Le Hobbit, avec les paroles de Tolkien. Hier après-midi devant la fenêtre ouverte comme au printemps, le bon air frais passant sous ma blouse et ma chemise et caressant ma peau, j’ai vernis tous mes Masques, dont je veux maintenant faire une iconostase. J’irai acheter du bois demain, incha’Allah.

Hier soir J m’a montré un texte en anglais, extrait de The Fugitives, un roman de John Broderick. Je l’ai traduit (et le miracle, c’est à chaque instant, par tous les temps) :

Les pavés luisaient sous la lune givrée. Le visage de Lily, tourné vers le ciel, était blanc et sans relief, tel du buvard sous la lumière filtrée d’en haut. Les rues étroites, sinueuses, au fond desquelles les rayons de la lune froide se jetaient, avaient pour elle la beauté d’une nuit d’été sur la rivière. Il y avait un frisson de joie dans l’air et elle avait envie, incroyablement, de ramasser une toupie qui reposait dans le caniveau brillant, et de la faire tourner. Elle s’arrêta, regarda autour d’elle avec un sentiment de culpabilité. Quelques vieilles femmes se hâtaient au retour de l’église, un couple était assis côte à côte dans une voiture garée. Personne d’autre alentour. Elle resta quelques instants à regarder la toupie, retournant doucement le jouet cassé du bout de sa chaussure aux scintillements blancs dans la lumière froide. Puis, se décidant soudain, avec un imperceptible regret qui ne fit qu’ajouter à son sentiment aigu de joie présente, elle partit d’un pas rapide.

Derrière elle, les pubs avec leurs rangs de bouteilles vertes fantomatiques aux fenêtres. Derrière elle, l’immense église d’ivoire. Passant le pont vert-de-gris au-dessus de la rivière d’argent, avançant à travers la ville presque vide dont les portes poussiéreuses et les toits désordonnés avaient soudain été touchés pour elle d’un rayonnement éclatant, miraculeux.

En traversant Paris

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Je suis allée à Saint-Philippe du Roule pour faire quelques photos du rassemblement contre l’islamophobie. (Voir mon reportage sur Citizenside)

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Il y avait une crèche devant l’église, en face de la manifestation. Je me suis mise en marche jusqu’à chez moi, à l’autre bout de Paris.

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Je ne me promène pas tous les jours dans le huitième arrondissement. Il y a pourtant de bonnes affaires : par exemple ce bonnet d’enfant à 270 euros au lieu de 540. Pour les messieurs et les dames, compter plutôt en milliers d’euros pour les accessoires et vêtements.

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Je ne sais si c’est l’obscénité de tout ce luxe qui m’a troublée, mais quelques pas plus loin, je suis soudain tombée, sans raison, sans avoir trébuché ni rien, complètement étendue à plat ventre sur le trottoir. Cela n’a pas duré une seconde, je me suis aussitôt relevée d’un bond en riant, sans mal sauf une écorchure aux genoux comme les enfants, et la tête un peu sonnée. J’ai continué en longeant la Seine.

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Une Rom m’a abordée avec un anneau d’or qu’elle prétendait avoir trouvé et voulait me donner – en fait bien sûr pour me demander de l’argent. Je lui ai rendu son anneau et donné une pièce, qui lui a paru très insuffisante. Quelques pas plus loin, un policier en civil m’a abordée à son tour, pour me demander ce qu’elle voulait. Je lui ai dit : « bah une pièce, c’est tout ». Il m’a parlé du coup de l’anneau, m’a demandé si elle n’avait rien pris dans mes poches et m’a dit que je n’aurais pas dû le lui rendre, tandis que je répétais : « c’est pas grave ».

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Devant la fontaine Saint-Michel, avait lieu comme la semaine dernière, et comme tous les samedis désormais, une manifestation de soutien à Gaza. (Je l’avais photographiée samedi dernier pour Citizenside).

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Et puis aussi une manifestation contre la pollution par épandages aériens dans le cadre de « la gestion du rayonnement solaire ». Je n’avais jamais entendu parler de ça, j’ai parlé avec ces gens qui m’ont dit qu’il s’agissait d’un grand scandale qui éclaterait bientôt. On peut trouver l’information ici. (Voir mes photos et mon petit témoignage dans Citizenside.)

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Devant le Panthéon enrubanné d’échafaudages, dédié « aux grands hommes », il y avait une statue de gros homme devant laquelle tout le monde se photographiait.

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À la mairie du 5e, je suis allée voir l’exposition sur les chrétiens d’Orient.

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Des femmes qui voulaient un enfant faisaient le voeu de le dédier à saint Antoine, c’est-à-dire de l’habiller en moine franciscain tous les dimanches pour aller à la messe – sans que cela n’engage l’enfant à devenir franciscain une fois adulte.

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J’ai retrouvé les rues de mon quartier, et leurs oeuvres de street art qui changent souvent.

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à Paris cet après-midi, photos Alina Reyes

Manif à Austerlitz (et reportages photo et vidéo)

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J’ai traversé le Jardin des Plantes qui venait d’ouvrir, à huit heures du matin, dans la pénombre. Du bout de l’allée j’ai zoomé pour photographier les premières personnes qui le traversaient, souvent des parents accompagnant leurs enfants à l’école, et aussi quelques joggers ou travailleurs avec ou sans serviette. La photo est floue mais je l’aime bien ainsi.

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Je suis arrivée à la gare d’Austerlitz un peu en avance pour le reportage photo que je voulais faire, sur la manifestation d’agents de nettoyage en grève depuis deux semaines pour protester contre les conditions de travail qui leur sont faites depuis que la SNCF a délégué le travail à des sociétés privées.

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Ils étaient peu nombreux, mais ils se sont déplacés dans toute la gare en faisant beaucoup de bruit, avec des sifflets, des bidons et des bâtons pour taper dessus, un djembé, un porte-voix… Et des journaux qu’ils découpaient en petits morceaux pour les jeter sur le sol. (Voir mes reportages photo et vidéo pour Citizenside, avec leur petit article).

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Après les avoir accompagnés pendant plus d’une heure, je suis rentrée en faisant encore quelques photos dans la rue et en achetant une baguette pour le petit déjeuner.

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photos Alina Reyes