Se mettre à courir tard. La meilleure élection


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Dimanche, par temps radieux, je suis allée au stade et j’y ai sauté à la corde. Hier, lundi, par temps très venteux, j’y suis retournée en courant, pour y courir en fractionné. Sauter à la corde, courir, c’est aussi vivre l’enfance en soi. On parle de libération de l’endorphine en courant ; au-delà de l’hormone du plaisir qui envahit le corps, c’est la joie qui habite en plénitude corps et âme.

Je me suis mise à courir il y a dix-sept mois, sans plan, en y allant une fois par semaine, parfois deux, mais en n’y allant plus pendant certaines périodes. Les progrès, qui ne peuvent être rapides quand on s’y met ainsi à la soixantaine, ont été lents mais j’ai progressé quand même, et j’en suis à me mettre à courir davantage, en profitant davantage des enseignements trouvés en ligne, notamment sur la nécessité d’apprendre à courir en endurance. Pas significatifs : j’ai changé de chaussures, laissant mes anciennes sneakers pour de vraies runnings, je me suis procuré une montre cardio, et j’ai pris rendez-vous chez le cardiologue pour un test d’effort, dans quelques semaines.

J’ai peu couru jusque là donc, mais j’ai fait d’autres sports, et c’est aussi ce qui m’a permis de parvenir à courir quarante-cinq minutes aujourd’hui. Après avoir eu deux cancers entre 2015 et 2018, subi quatre opérations dont une mastectomie, suivie de reconstruction du sein, une radiothérapie et deux hormonothérapies très fatigantes dont la dernière est toujours en cours pour vingt mois encore, eh bien je n’étais plus en très grande forme. C’est alors que je me suis tournée d’abord vers le yoga. J’ai suivi un cours pendant quelques mois, qui m’a permis de reprendre l’exercice en douceur, puis j’en ai fait quotidiennement à la maison. Là aussi il m’a fallu progresser, car les opérations avaient raidi tout un côté de mon corps, je ne pouvais plus par exemple tendre complètement le bras droit au-dessus de ma tête ; le yoga m’a rendu toute ma souplesse et je n’ai par exemple aucun mal à tendre mes bras pour prendre mes orteils dans mes mains quand je pose mes pieds derrière ma tête :-)

Sans abandonner le yoga, je suis passée à d’autres formes de gymnastique et renforcement musculaire, au fitness plus généralement. Cet hiver je me suis inscrite dans une salle de sport pour compléter ma remise en forme avec les machines de cardio-training. Tous sports confondus, je m’entraîne environ cinq heures par semaine, sur cinq ou six jours, plus ou moins selon mon état de forme – je dois toujours composer avec les handicaps induits par mon traitement, fatigue, ostéoporose et douleurs articulaires entre autres. Tout cet entraînement participe aussi à me rendre plus apte à courir. Et la paix, le sentiment de plénitude, la joie de départ du yoga, se perpétuent à travers toutes ces formes d’exercice.

Nous sommes responsables de la vie qui nous a été donnée par « le ciel », nous avons le devoir d’en prendre soin. Je ne veux pas seulement en prendre soin, je veux aussi continuer à l’exalter, l’alléger au mieux du poids des ans, en rendre grâce en moi. Comme dit Dieu dans le Coran, « je suis plus près de vous que votre veine jugulaire ». Ma montre cardio me classe en « élite » par rapport à mon âge, et cette « élection », celle du réel réel, est la meilleure que chacune et chacun peut gagner.

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Do it yourself : crochet, suite ; et journal du jour

Une grande partie du bonheur des humains s’en va lorsqu’ils ne font plus rien de leurs mains, ou de leur corps. Lorsque leur corps est réduit à l’état de mécanique utilitaire qui leur permet de vaquer à leurs occupations sociales, à leurs affaires et affairismes, à leur agitation de remueurs de vent dont on ne tire aucun bon pain.
C’est après que mon corps a été contraint trop de temps aux oubliettes, et après la maladie qui s’en est suivie, que je me suis remise au sport, et aux ouvrages faits main. Et c’est de là que je tire ma joie et ma paix. De plus le « DIY », le fait-main, est bon pour la planète, comme on dit, parce qu’il rééquilibre le règne de l’industriel et le plus souvent, est moins polluant.

Les disques démaquillants et les lavettes que j’ai crochetées en nombre, pour nous et pour d’autres, remplacent très avantageusement les cotons et éponges jetables, non seulement parce qu’ils sont faits pour durer très longtemps, mais aussi parce qu’ils sont au moins aussi efficaces, voire meilleurs, et encore parce que se servir de quelque chose faite à la main fait plaisir.

Dans le même esprit, j’ai fait aussi un tapis de bain, en travaillant au crochet des lanières découpées dans deux vieilles polaires : épais et texturé, un vrai régal pour les pieds.

Et puis je me suis essayée aussi à deux petits vêtements, ce châle-boléro que j’ai montré l’autre jour, et puis ce pull à manches spéciales que j’ai terminé ce matin et que j’ai stylisé moi-même, après avoir commencé à m’inspirer d’un tuto de pull à manches longues, et avoir tout changé, à part le choix du point.

J’ai aussi fait un bracelet au crochet, dont j’ai trouvé le tuto en ligne, et que je mets notamment pour aller à la salle de sport, car c’est un bijou qui ne gêne nullement, que ce soit à la machine à squat ou sur le tapis d’exercices.

Ce soir j’ai commencé un autre petit vêtement auquel j’ai réfléchi la nuit dernière dans mon lit, j’ai le début en tête puis je verrai : ce qui est merveilleux avec le crochet, c’est qu’on peut le travailler comme une terre glaise, le modeler, le sculpter, en ajoutant ou en enlevant ici ou là, pour voir où on arrive au plus satisfaisant.

J’ai réuni deux ou trois autres vieux vêtements que je pourrai découper en lanières pour réaliser encore d’autres choses, et j’essaierai encore d’autres matériaux.

Par hasard cet après-midi je me suis trouvée sur le chemin de la manif la plus triste du monde, rassemblant, sous le mode délétère d’un en-même-temps qui n’a que trop sévi, et sous l’égide de l’un des malheureux éborgnés de la macronie, Jérôme Rodriguez, quelques centaines de personnes hétéroclites, gilets jaunes, fafs, antifas, insoumis, tradis, nationalistes, corses, propalestiniens, antivax, type déguisé en Christ portant sa croix, porteurs de pancartes citant Gandhi ou Etty Hillesum ou insultant ordurièrement Macron en guise de réponse à son envie de les « emmerder ». Sans oublier à peu près autant de flics armés jusqu’aux dents, et leurs dizaines de camions. Voilà où en est une partie de notre pays. Contre toute cette morbidité, cette confusion, cette absence de sens, plus que jamais, faire vivre et affirmer les forces de vie.

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Mon premier entraînement sur 5 km

Aussitôt rentrée, je n’ai qu’un désir, refaire la sortie pour la faire mieux, en tenant compte de ce que j’y ai expérimenté. Cette fois j’ai couru 5,3 km en 45 minutes, ce qui n’est certes pas un exploit mais s’explique. D’abord c’est la plus longue course que j’aie jamais faite, et je me suis efforcée de la faire en endurance fondamentale, un exercice que tous les coachs disent indispensable, même si on doit aller très lentement. Je suis donc allée plus lentement que d’habitude, et j’ai couru sans fatigue et sans avoir à prendre de temps en temps quelques secondes pour souffler en faisant quelques pas de marche, comme quand je cours plus vite. J’ai couru lentement (sauf un petit sprint en côte sur la fin), mais tout le temps. Ensuite, je le redis, je suis petite, donc ma foulée est plus petite aussi, et puis j’ai bientôt 66 ans et je cours depuis peu de temps. Enfin, mes appareils de mesure cafouillent parce que je n’ai pas d’abonnement internet sur mon téléphone (mais je vais en prendre un) pour pouvoir connecter ma montre Polar à l’appli Polar Flow : tout seul, le gps de la montre saute des portions de parcours, je vérifie donc la distance en lançant sur mon téléphone l’appli Adidas Running, mais je dois la lancer avant de régler ma montre et donc un bout de temps avant de pouvoir partir… bref, je dois ensuite me fier au temps indiqué par la montre mais à la distance indiquée par le téléphone, et comme en courant je ne consulte que la montre, je ne sais pas vraiment où j’en suis. Le parcours est varié, petites rues, jardin des Plantes, quais à traverser, puis à suivre dans leurs détours, et avec variations de terrains et de sols, bitume, béton, terre, pavés. Cette fois je suis allée jusqu’au pont de la Tournelle, c’est très agréable de longer la Seine. Il faisait froid, il soufflait un petit vent de nord-ouest charmant, je n’avais pas de musique dans les oreilles, j’écoutais les bruits ambiants et c’était le bonheur, d’autant que j’étrennais mes Puma Deviate Nitro, que je venais juste de recevoir. Mes premières vraies chaussures de running, une merveille. Bondissantes et roses-rouges, je compte bien aller loin avec elles.

Je ne suis pas du tout fatiguée, la prochaine fois je ferai une sortie en fractionné, sans me soucier de m’en tenir à une fréquence cardiaque à 70 % de ma fcm. Du reste j’ignore quelle est ma fréquence cardiaque maximum, pour régler correctement mes entraînements sur elle. Je l’ai estimée à 175 mais je ne serais pas étonnée qu’elle soit plus élevée, j’ai pris rendez-vous pour un test d’effort avant le printemps et une fois fixée je pourrai améliorer mes entraînements. D’ici là, je continuerai à apprendre à courir en courant.

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Back squats, rameur, running… joies du corps venues de loin

Aujourd’hui j’ai fait des squats avec une barre sur les épaules (back squats) et ça m’a beaucoup plu, quoique j’aie mis un peu trop de poids pour une première fois (10 kg en plus des 18 kg de la barre), et en garde un léger pincement aux lombaires. À la salle de sport, j’ai aussi fait quelques exercices avec des haltères, bref je ne suis pas restée dans la partie cardio comme d’habitude, j’ai commencé à me familiariser avec la salle de musculation. Ce sera très bien pour m’aider à progresser en running. J’ai fait une demi-heure de rameur (très vigoureusement) et une demi-heure de vélo, puis mes vingt minutes de yoga habituelles en conclusion, mais pas de tapis de course aujourd’hui. Je me réserve quasi-amoureusement pour mes nouvelles chaussures, que j’attends. Jusque là j’ai couru avec une vieille paire de Puma Hybrid, que j’aime bien mais qui ne sont certainement pas l’idéal pour s’entraîner un peu mieux, comme j’en ai l’intention. J’aime beaucoup cette marque, Puma, depuis toujours, et après m’être bien renseignée j’ai fini par commander d’autres Puma, les Deviate Nitro. J’ai hâte de les tester ! J’espère être en forme le jour où elles vont arriver, en ce milieu de semaine. Je sais qu’elles sont surtout bien pour la course rapide, mais les moments où je fais de petits sprints sont ceux que je préfère dans mes sorties, où je m’efforce de courir en endurance pour pouvoir courir un peu longtemps. On verra si ça m’aide.

J’avais mis le bracelet en coton que j’ai fait hier soir au crochet, un bijou qui ne gêne pas pendant la pratique sportive. Je réalise plusieurs choses à la fois en ce moment au crochet, notamment un tapis pour la sortie de douche, que je fais avec des bandes que je découpe dans deux vieilles polaires ; c’est ce découpage qui me prend le plus de temps, mais je suis toujours intéressée par le principe de récupération, et si le résultat n’est pas spécialement beau, il promet d’être un régal pour la plante des pieds. L’une des toutes premières nouvelles que j’ai écrites, dans mes vingt ans, était sur un coureur qui courait avec un pied chaussé et l’autre nu ; et j’ai publié il y a plus de vingt ans dans Libé, puis dans un livre, Corps de femme, une ode aux pieds qui foulent la terre. Il était temps que je me mette à courir.

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Running, croquer la vie

J’avais projeté de faire un running de 4 km, j’ai fait 4,5 km, et si je n’étais pas arrivée devant ma porte j’aurais pu continuer un bon moment. Je suis rentrée fraîche et joyeuse, contente de mes progrès de débutante, dus à mon entraînement diversifié mais aussi aux enseignements de coachs en ligne et aux conseils de ma montre Polar Ignite qui me renseigne sur mon état de forme – ce qui n’est pas du luxe, surtout avec le traitement fatigant que je dois prendre pendant 20 mois encore ; mais justement le sport contrebalance bien tous ses mauvais effets secondaires.
Je sais donc maintenant que je suis tout à fait capable de faire une course de 5 km, même s’il est bien sûr hors de question pour moi d’approcher des podiums ; peu importe, c’est avec moi-même que je fais la compétition. Et je crois bien que je pourrai bientôt faire même un 10 km, si je continue ainsi. Je sais que je pourrai améliorer aussi mes temps, et mes capacités physiologiques qui, à en croire ma montre cardio (et les médecins) sont excellentes pour mon âge, peut-être aussi, me dis-je, grâce au temps que j’ai passé en montagne à arpenter les pentes, jadis.

Lisant hier un article sur les bienfaits de la pomme, j’ai pensé : Eve avait raison. Et les intellectuels, qui ont prétendu dans un livre qu’elle avait fermé la porte du paradis terrestre aux humains, ont menti : au contraire, elle l’a ouverte.

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Running

aujourd’hui sur les quais de Seine, photo Alina Reyes

Je recommence à courir dehors. C’est le bon moment, avec la lumière qui augmente, dans l’air et dans le cœur. J’ai fait mon repérage aujourd’hui pour ma prochaine sortie, que je veux de 4 km. Mon but étant d’arriver dans quelques semaines à 5 km, et de pouvoir participer bientôt à une course de cette longueur.

Quand je me suis remise à courir, en août 2020, à soixante-quatre ans, alors que je n’avais pas couru depuis le lycée (mais je venais de faire un trekking de 100 km, sac au dos, dans le causse Méjean, en Lozère, et c’est ce qui m’avait donné envie de me mettre à courir), les premières fois je tenais 200 ou 300 mètres, puis ce fut le double, et à raison de trois ou quatre fois par mois, à l’automne j’en étais à plus de 1500 mètres. L’hiver suivant je n’ai presque pas couru et quand je m’y suis remise, au printemps dernier, je faisais 2,5 km, et toujours avec un entraînement peu intense, sans doute moins d’une fois par semaine en moyenne (mais en faisant d’autres sports à côté), je suis arrivée à près de 3,5 km cet automne. Cet hiver j’ai couru essentiellement en salle, sur tapis, de temps en temps, et maintenant je me sens tout à fait prête à faire 4 km, voire 5 – mais je vais quand même y aller progressivement. Je suis petite, donc les distances sont d’autant plus longues pour moi, et puis à mon âge, quand on n’a pas couru avant, on progresse lentement, mais on progresse. J’arriverai peut-être à 10 km, qui sait ? En tout cas c’est tant de joie ! Je continue à pratiquer d’autres entraînements, cardio et renforcement musculaire via différentes techniques, et puis le yoga toujours (c’est par le yoga que je suis revenue au sport), qui me garde souple et zen ; je commence aussi à faire de temps en temps cinq minutes de cohérence cardiaque (voir sur Youtube), le mieux est d’en faire trois fois par jour, si on arrive à en prendre l’habitude c’est excellent aussi pour le système nerveux autonome. Bref, c’est la grande forme.

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Au bonheur du crochet

J’ai fini mon châle-boléro, dans l’esprit de mes peintures et d’après un tuto d’une youtubeuse, qui s’inspirait elle-même de la série Outlander (que du coup je regarde). En fait je suis partie d’un rectangle, comme elle l’indique, et pour le reste j’ai tout changé : les fils (très fins, travaillés par trois), la couleur, les points, la forme.

C’était donc mon premier ouvrage depuis très longtemps, et maintenant je vais en faire un autre, et d’autres. Je suis assez contente de celui-ci, il est bien spécial et tout le monde l’aime bien à la maison.

Internet est génial pour le partage. Sur Instagram je me suis abonnée aussi à quelques jeunes femmes de çà et là dans le monde qui font des belles créations au crochet, et sur Youtube également à un homme adepte de ce même art. Que du bonheur !

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