Contempler l’œuvre de Sheila Hicks et avoir une révélation sur l’Odyssée

Fascinant de sensualité et de beauté, de générosité aussi (voir en particulier la fin de la quatrième vidéo – vidéos à voir en plein écran, bien sûr), le fil œuvré par Sheila Hicks éclaire tout soudain cela dont on se doutait vaguement : ce que fit Pénélope dans l’Odyssée tandis qu’Homère contait l’histoire, ce qu’elle fit toutes les nuits à tisser pendant si longtemps, longtemps : ce qu’elle tissa, détissa et retissa sans trêve, ce fut le voyage d’Ulysse, sa propre vie, les deux faces d’une même aventure qu’ils sont, Ulysse et Pénélope, réseaux de neurones dans le cerveau de l’aède, dans la tête du poète qu’un jour, en rêve, il me donna à manger, et dont je comprends pourquoi elle était toute de fils semblables à des spaghetti multicolores.

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On peut voir aussi mes images des ateliers de tissage de la Manufacture des Gobelins : ici (où déjà se trouvent associées l’aventure et le tissage – et je rappelle qu’étymologiquement, texte et tissu sont un même mot).

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Sheila Hicks commente ici un livre de prière éthiopien du XVIIème siècle attribué au scribe Baselyos

Alexa Meade, peintre sur réel

Sa démarche m’intéresse beaucoup. Ce n’est pas seulement du body art. Elle peint les personnes et leur environnement, ou dans un environnement peint, notamment de street art. En la regardant travailler on voit le caractère éminemment concret de sa peinture, tant du matériau que du support, il y a une sorte d’échange des réalités qui reprend des traditions primitives tout en étant complètement nouvelle. J’ai connu l’expérience de faire peindre mon corps nu un jour pour l’insérer par la photo dans un décor de nature, mais c’était une démarche incomplète. Celle d’Alexa Meade entre en résonance avec ma modeste pratique d’ « art récup » qui consiste à peindre un tas de choses soit récupérées soit de mon usage quotidien, sac, téléphone, agenda etc., et avec mon amour du street art, qui consiste aussi à transformer le réel à même le réel – et finalement avec ma pratique littéraire, qui dès le début s’est engagée dans la volonté d’agir sur les corps réels des lectrices et des lecteurs, en les faisant bander ou en leur suscitant d’autres émotions fortes capables de bouleverser la psyché, donc la vie, le monde.

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https://youtu.be/K5WGiIAJMHg

Le site d’Alexa Meade

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Ghost in the Shell (film et musique)

Alors que le remake américain, faisant d’un poème de la prose, publie sa bande-annonce, rappelons-nous ce manga culte, extraordinaire, visionnaire (ne sommes-nous pas désormais tous connectés ?), et la musique fantastique de Kenji Kawai (ici dès l’ouverture mais malheureusement remplacée à la fin dans cette version par la chanson One Minute Warning, enregistrée par U2 et Brian Eno sous le nom de Passengers – j’ai eu la chance de le voir lors de sa sortie avec la musique originale à la fin, qui parachevait le sublime).

NB 14 novembre : malheureusement les vidéos du film que j’ai postées, et qui étaient en ligne depuis des années, sont toutes supprimées les unes après les autres – est-ce le remake annoncé qui réveille la police ? Il y a toujours moyen de trouver le film, soit en ligne soit en dvd en bibliothèque publique. Voici du moins le trailer et les premières minutes du chef-d’oeuvre.


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Voilà. Vous reprendrez bien un peu de ce morceau, de cette mélodie, de ces voix, de ces percussions à jouir des tympans ?

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Un masque kplé kplé de Côte d’Ivoire et un masque haïtien repeint

masque-kple-kple J’ai acheté ce grand masque baoulé en bois il y a longtemps. Il fait 71 cm de long. Les cornes de buffle symbolisent la fertilité et relient au dieu de la création. D’habitude ces masques, porteurs de symboles cosmiques, sont ronds, parfois carrés, et servent à des festivals et à des cérémonies funèbres en signe de renouvellement de la vie.

À  voir ici, un film d’animation africain sur la princesse qui a fondé le peuple Baoulé. Abla Pokou est une reine historique devenue légendaire. Sa légende est librement adaptée dans ce joli film d’Abel Kouamé réalisé en 3D  avec un petit budget.

Un article sur la culture ivoirienne, dont ce film : ici

*masque-haitien-repeintOn m’a donné il y a quelques jours ce petit masque haïtien (17 cm de haut). Tel quel, en bois très foncé, il était sinistre. Je l’ai donc peint.

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mes masques en gouache sur un panneau de 70×100 cm : ici

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