Retour sur Outreau

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Huit des accusés d’Outreau (Sandrine Lavier, Franck Lavier, Alain Marécaux, Karine Duchochois, Pierre Martel, Roselyne Godard, Dominique Wiel, Lydia Cazin Mourmand et Christian Godard) fêtent la fin du procès, en décembre 2005. © AFP . Photo publiée avec cet article du Point, l’un des rares journaux moins partiaux sur cette affaire, lors de la sortie du film Outreau, l’autre vérité

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La propension des hommes à se dire du côté des faibles quand ils sont loin et à ne pas les regarder quand ils sont près n’a d’égale que leur propension à se dire contre les forts quand ils sont loin et à se ranger de leur côté quand ils sont près.

Quelle voix s’élève en France pour défendre la vérité bafouée des enfants violés d’Outreau ? Des humbles se mobilisent, font circuler l’information que les médias depuis des années occultent, en complicité avec les avocats des violeurs. Mais parmi les élites, parmi ceux qui ont accès aux médias, mutisme. Il est aisé et seyant de défendre les grandes causes lointaines, plus risqué de s’engager pour la justice et la vérité dans des affaires aussi proches et aussi sensibles. Les habitués de l’engagement désincarné reculent devant la vérité effrayante des personnes réelles d’Outreau. La peur métaphysique sert le déni et l’injustice.

De quoi ont peur ceux qui détournent le regard ? De voir, en se penchant sur le trou noir d’Outreau, ce qui en eux-mêmes grouille peut-être. Pour le nier, ils sont prêts à déformer la vérité, occulter les faits. À l’occasion de ce troisième procès, celui de Daniel Legrand qui produisit des aveux très détaillés et non extorqués, faits devant un psychologue, on nous dit que la victime c’est lui. Comme on l’a dit des sept condamnés qui furent acquittés en appel, malgré les déclarations concordantes des enfants et d’eux-mêmes avant qu’ils ne se rétractent. Déclarations faites sans que les uns et les autres aient pu se concerter, qui se recoupaient et comportaient des précisions qu’il leur était impossible d’inventer.

À Outreau, il y a eu viols en réunion et prostitution de nombreux enfants par de nombreux adultes. Il y a eu aussi, d’après les déclarations de plusieurs personnes, mort d’une fillette au moins. Douze enfants ont été reconnus victimes de viols, quatre adultes seulement condamnés, un seul encore en prison. Les acquittés (ce qui ne signifie pas « innocentés », car de lourdes charges pesaient sur eux) ont reçu des centaines de milliers d’euros chacun en dédommagement de leur temps passé en préventive. Les enfants violés, eux, ont été indemnisés dix fois moins, et abandonnés à leur sort. Ceux dont on a quelques nouvelles sont aujourd’hui des adultes en grande souffrance, comme Chérif Delay (extraits de son livre).

C’est le juge et ce sont les enfants qui se trouvent mis en accusation. C’est le monde à l’envers. L’abbé Dominique Wiel, l’un des acquittés, voisin de palier des Delay et celui qui, après les deux couples condamnés qui n’ont pas fait appel, avait écopé de la plus lourde peine au vu des déclarations précises de nombreuses victimes, a osé écrire un livre où il traite de « salades et bobards » la parole des enfants, et demande aux enfants Delay (qu’il rebaptise Jean et Luc – où tout psy entend « j’encule ») de dire qu’ils ont menti, qu’ils n’ont jamais été violés par quiconque – alors que leurs parents eux-mêmes ont avoué les viols qu’ils ont commis sur eux. Prenant visiblement les petits garçons pour des femmes, il a prétendu qu’un « gynécologue » aurait déclaré que les fils Delay n’avaient pas été violés. Il s’est répandu en tournée dans toute la France pour porter son accusation contre le juge et contre les enfants, anéantir toute l’histoire, prétendre que tout était pure invention. Il a été reçu dans les médias, dans les télévisions, où il a eu le culot de dire qu’il « pardonnait » aux enfants, mais qu’il attendait que le juge lui demande pardon. Ce même abbé accusait dans la presse la circulaire Royal qui oblige les travailleurs sociaux à dénoncer les abus sexuels sur enfants, et fait partie des comités de soutien d’un prêtre condamné à huit ans de prison pour viols d’enfants en Afrique, et d’un instituteur condamné à la même peine pour abus sur des enfants de sa classe. Lui aussi a reçu des centaines de milliers d’euros en dédommagement, lui aussi est reçu partout en victime ! Comme ce couple d’acquittés dont les enfants vivaient dans des chambres sans fenêtre ni chauffage ni draps, sur des matelas au sol pleins d’urine et le corps couvert de bleus – tandis qu’une vidéo de famille « ordinaire » montrait la mère embrassant sa fille à pleine bouche.

Les Delay ayant été convoqués avant qu’on ne songe à perquisitionner chez eux, comme ils l’ont avoué ont eu le temps de détruire et faire détruire dans leur entourage les cassettes qu’ils échangeaient et commercialisaient, avec les viols des enfants en réunion. Les viols, les sévices, les meurtres semble-t-il, tout ce qui s’est passé à Outreau et dans la région a été effacé, dissimulé, puis occulté par la presse, qui loin d’enquêter a instruit le dossier à charge contre le juge et les enfants, à la suite du livre de Florence Aubenas. De retour de captivité, elle a écrit à la hâte un livre pour disculper les violeurs, livre couronné d’autant plus de succès que l’auteur était auréolée de sa gloire de journaliste fraîchement libérée, et que sa thèse libérait chacun de ce poids de la culpabilité possible des adultes envers les enfants. À l’occasion de ce troisième procès, la même machine à désinformer s’est remise en marche, notamment aussi avec un journaliste du Figaro qui soutient ouvertement l’accusé, client de l’avocat avec lequel il a écrit un livre. Les avocats sont habitués à mentir, cela fait partie de leur métier, mais ce n’est pas celui des journalistes. Ici comme dans bien d’autres cas, toute éthique du journalisme est bafouée sans que personne ne s’en émeuve. Le fameux avocat blogueur qui se fait appeler Maître Éolas m’a mise plus bas que terre quand je lui ai fait remarquer ce fait sur Twitter, alors qu’il promouvait le journaliste du Figaro. Je répète ses mots, parce qu’ils disent le degré de haine des négateurs ; en réponse à ma remarque formulée poliment, voici ce qu’il m’a dit : « Le dernier lambeau de crédibilité et de dignité qui vous restait vient d’expirer. Je vous laisse, par pudeur » et : « Avez-vous si peur d’échapper à mon mépris ? » ; puis, à un autre : « J’ai fait le tour de cette folle ». Les hantises, les phobies sexuelles, produisent les cœurs secs. Les cœurs secs produisent le mépris de la vérité, perpétuent les injustices, répandent aveuglement et lâcheté. J’accuse tous ceux qui se font ainsi les complices de violeurs et d’assassins d’enfants.

Qu’est-ce qu’une société dans laquelle plusieurs témoins parlent d’enfants tués lors de viols, et qui choisit de fermer les yeux ?Qu’est-ce qu’une société où l’on expédie en Afrique puis abrutit de médicaments le témoin le plus « debout », le plus « dangereux » donc, qu’il faut empêcher de parler, qu’il faut convaincre qu’il a rêvé quand il parle du meurtre d’un enfant ? Chérif Delay est aujourd’hui interné, assommé de médicaments. Qu’est-ce qu’une société dont la justice et les médias œuvrent à occulter la parole des enfants violés et innocenter les violeurs ?

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En savoir plus

Au tribunal de la conscience. « Je suis debout », par Chérif Delay

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En ces jours où se déroule un troisième procès d’Outreau, au cours duquel la parole des victimes semble tout aussi méprisée que lors des précédents (rappelons que la première fois ce sont les enfants qui étaient placés dans le box des accusés, au tribunal, tandis que leurs bourreaux étaient dans la salle avec les journalistes, auxquels ils avaient tout loisir de raconter leur déni des faits – et que la presse s’est en effet empressée de les transformer en victimes des prétendus mensonges des enfants – douze d’entre eux ont pourtant été reconnus victimes de viols, alors qui les a violés?), j’ai lu le témoignage de l’aîné des frères Delay, aujourd’hui adulte en grande souffrance. Serge Garde, auteur d’un documentaire, à voir sur Youtube, intitulé Outreau, l’autre vérité, lui a servi de plume. Le livre est paru en 2011. Il est évident que Chérif Delay n’a pas pu tout dire, tout raconter, le traumatisme est trop grand et certains faits sans doute trop terribles – rappelons qu’il a été frappé jusqu’à tomber dans un coma de plusieurs jours à l’âge de cinq ans, puis violé à partir de l’âge de six ans par son beau-père puis d’autres, dont sa mère. Certainement il ne peut dire tout ce qui s’est passé, et qui a impliqué beaucoup de personnes et beaucoup d’enfants – il a même été question de mort d’enfant – mais son livre est un témoignage vivant et très intéressant. J’en donne ici quelques passages.

Ma mère, je dois la tuer. Dans ma tête. (…) Ma mère m’a violé comme elle a violé mes petits frères et d’autres enfants (…) Et voilà qu’elle m’écrit qu’elle veut me « serrer » contre elle et « m’embrasser » ! Comment ose-t-elle ? C’est la dernière femme au monde qui a le droit de me toucher.

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Je viens d’un monde où les gens ne comptent pas, sauf dans les statistiques du chômage. RMI ou RSA ? RAS. Je viens d’un monde où les gens passent sans histoire, sans laisser de trace. Je viens du silence.

Écrire un livre, c’est comme niquer le destin. C’est être dans la lumière. D’un certain côté, j’aime. Mais, franchement, j’aurais préféré rester un enfant, puis un jeune homme anonyme.

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Au plus fort de cette tempête qui, dix ans après, continue de souffler par rafales, je n’ai jamais baissé les yeux. J’ai souvent trébuché mais, aujourd’hui, je suis debout et, quoi que vous ayez pu penser de l’affaire, je vous invite au tribunal de la conscience.

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La présidente me demande de reconnaître les personnes par numéro. Elle m’interroge sur une accusée. Je n’ai pas le temps de répondre. C’est parti ! Les avocats de la défense, derrière, dans mon dos, me coupent la parole, me traitent de menteur, de mythomane, d’affabulateur… Et personne n’intervient pour que je puisse témoigner normalement. Même mon avocat laisse faire. Je ressens l’hostilité de la salle archicomble derrière moi. Je reste figé, sidéré. Personne ne réagit pour dire qu’on devrait me laisser parler. Bouche bée. Le ciel m’est tombé sur la tête. Pourquoi un tel déluge d’agressivité ? Mais qu’est-ce que j’avais bien pu faire ?

Les avocats de la défense se relaient. L’un d’eux m’accuse d’être le fils de ma mère, le fils d’un monstre. (…) Je n’étais plus une victime, pas même un témoin. J’étais l’accusé. (…) La suite, je l’ai vécue comme pendant les viols. Dissocié. J’étais à la barre, mais totalement absent.

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Sans doute persuadé d’appartenir à une espèce supérieure, Delay pataugeait dans un racisme particulièrement sordide. Il me rappelait que je n’étais pas de son « sang ». M’appeler par mon vrai prénom, c’était au-dessus de ses forces. Chérif faisait trop musulman à son goût. Il fallait gommer mes origines. Si quelqu’un dans le voisinage m’appelait Chérif Delay, il décrétait que son nom était sali. D’autorité, il m’a rebaptisé à la mode aryenne. Sans trop d’imagination. C’était la mode des Kévin… Alors tout le monde a dû m’appeler Kévin, et j’ai fini par m’y habituer. À l’époque, j’étais trop petit pour comprendre qu’il me volait mon identité. Il faisait de moi un fantôme.

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J’ai appris « sadisme » dans ma chair avant de connaître le mot. (…) Il ne voulait pas m’entendre gémir ou pleurer, pour, disait-il, que je devienne un dur. Une façon de marquer dans ma chair : « Tu portes mon nom. Si tu veux que je t’accepte, il faut que tu acceptes ce que je te fais. » Mais cela n’avait rien d’un rite d’initiation. C’était un calvaire permanent.

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Dès que je pouvais, de façon indirecte et souvent très maladroite, j’envoyais des appels au secours. (…) J’étais muré dans le silence. Je ne disais rien sur moi, mais combien de fois j’ai dit à une enseignante : Aidez mes frères !

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La période des viols a commencé. Au départ, je ne subissais que Delay. Mais il avait des amis. Il recevait beaucoup.(…) Ils ont élargi le cercle. Le voisin avait un ami qui avait un ami… (…) Je ne peux pas être plus précis sur la constitution du réseau. La plupart des discussions ne se passaient pas devant moi.

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Il y avait régulièrement les menaces de mort : Si tu mouftes, j’te tue !

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Tous ces tarés ont même cherché, à un moment donné, à me transformer en violeur. Ils voulaient que je devienne comme eux, sans doute pour me neutraliser.

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Delay m’a fait creuser une tombe jusqu’au cercueil. Le bois était complètement pourri. Delay est descendu dans le trou, il a ouvert le cercueil et il a saisi la tête du mort et il me l’a tendue pour que je la mette dans un sac-poubelle. (…) Je n’ai pas pu. J’ai dégueulé trois fois.

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Parler de choses difficiles à dire, cela fait mal. Ne pas parler détruit.

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Je ne te pardonnerai jamais. De toute ma vie. Jamais.

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Un père incestueux, c’est d’abord quelqu’un qui a le pouvoir absolu et qui en abuse comme il veut.

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C’était un traquenard et je suis tombé dedans. En quittant la barre, je répétais intérieurement « je sais pas, je sais plus ». J’étais choqué. Pour sortir, je me suis retrouvé face aux accusés. Ils jubilaient. Je voulais m’évanouir, crier, m’éclater la tête contre un mur, sauter par la fenêtre.

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Les journalistes, à mes yeux, portent une responsabilité particulière dans cette affaire.

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« Tu dois le savoir : ils ont tous été acquittés ! » Je suis resté sans voix. J’ai fumé une dizaine de clopes d’affilée. Puis ma tête est devenue un cocktail Molotov. L’explosion a été violente. J’ai tout cassé dans la turne. Mais ça ne m’a pas calmé.

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Je suis allé dans un quartier « chaud » pour acheter un flingue. Pas trop difficile. (…) Fort heureusement, je n’avais pas encore la somme nécessaire. Je me suis promis de réunir vite l’argent pour acheter l’outil de ma vengeance. Rien en moi ne m’incitait à dissuader ce Kévin qui voulait plomber tout le monde. Quand je dis tout le monde, c’est une façon de parler. Kévin ne ciblait que les quelques personnes qui lui avaient volé son enfance. Bien sûr que je savais où elles habitaient.

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Et si vous réussissez à dire ces choses indicibles, personne n’imprime, parce que vous conservez l’apparence d’un enfant comme les autres, en plus chiant. Qui peut deviner qu’une partie de vous est morte ? Pas morte. Plongée dans le coma. (…) Je me suis battu, je me bats tous les jours.

(…)

BHL la misère (3). Inverseur de sens, néant de l’être et de la pensée

51qZlRbn7-L._SY344_BO1,204,203,200_« Un spectre hante l’Europe, et même son excroissance américaine : le spectre de la BHLophobie», écrit sérieusement Laurent Dispot dans La Règle du Jeu, revue de BHL, en 2010. Lors du vingtième anniversaire de la revue, le Café de Flore où se fête la chose est plein à craquer de vieux de la vieille médiatiques, de riches, de célèbres, d’influents et de clinquants, de ministres rassis, surtout socialistes, de présidents d’associations vendues (Ni putes ni soumises, SOS racisme) et d’associations juives, de communicants, de banquiers, d’héritiers, de directeurs de journaux, de radios nationales, de télévision, de rédactions de toute la presse, de Elle à Médiapart en passant par Ring. « Mais de jeunes auteurs et penseurs découverts par La Règle du jeu, nulle trace. Et pour cause : il n’y en a pas.

Après avoir évoqué cette fête où tous les pouvoirs sont présents, manifestant l’étendue du réseau BHL (faisant dire aux auteurs que ce dernier « règne sur un territoire beaucoup plus vaste que le Vatican), les auteurs rappellent la construction médiatique du couple Lévy-Dombasle, et comment lui « agit, se démenant sans compter pour favoriser la carrière de sa femme », louant des salles pour qu’elle y donne des concerts et rameutant ses amis et amis d’amis pour son public. Quant à sa fille Justine, à deux ans et demi, en 1977, elle « sautait déjà sur ses genoux dans Paris Match ». Côté édition, son poste chez Grasset lui permet de s’assurer la fidélité d’  « auteurs » qu’il publie, tels Nicolas Sarkozy ou Xavier Couture, directeur d’antenne de TF1 puis président du directoire de Canal Plus, etc, qui ne font certes pas avancer la littérature ni la pensée mais font partie du puissant gotha à avoir dans sa poche. Côté presse, son bloc-notes au Point (dont le patron, Pinault, est cet industriel peu encombré de scrupules à qui il a vendu son entreprise de bois, voir notes précédentes), lui permet de flagorner chaque semaine en vantant les journalistes et autres personnages influents, dont des hommes et femmes politiques de droite comme de gauche, dont il lui faut entretenir « l’amitié ». Il y aura notamment l’épisode Ségolène Royal dont il sera très proche pendant toute sa campagne présidentielle, et qui selon le témoignage écrit de BHL, l’  « écoute avec un air d’humilité ». Quand, trois ans plus tard, le conseiller de la princesse qui l’écoute humblement se ridiculisera grave en citant le « philosophe » Botul, elle viendra à son secours.

BHL défend les puissants dont il est l’ami, comme Alain Carignon, lorsqu’ils ont affaire à la justice, « toujours plus prompt à prendre la défense des responsables politiques, droite et gauche confondues, qu’à se demander pourquoi ils sont attaqués ». C’est sans doute ce qu’on appelle le sens de la démocratie. Selon BHL, lors de sa première rencontre avec Sarkozy, ce dernier passe son temps « à essayer -déjà !- de comprendre comment un homme comme moi peut n’être pas d’accord avec lui ». Selon BHL, Sarkozy en fêtant sa victoire sur son yacht a probablement eu la noble ambition « de nous déculpabiliser du luxe, du succès, de l’argent ». Qui ça, « nous » ? « Et si, poursuit-il, notre jeune président voulait réconcilier la France, sinon avec le vrai bonheur, du moins avec les signes du bonheur que notre puritanisme, notre dépression et notre crainte des paillettes et du succès ont longtemps discrédités et réprimés ? »

En 1993, avec le soutien personnel de François Mitterrand, BHL est élu président du conseil de surveillance d’Arte. En 2009, il est réélu pour un cinquième mandat consécutif, avec une lettre de soutien de Nicolas Sarkozy. « Bernard-Henri Lévy, c’est l’intellectuel rêvé du politique. Bien sûr, il ne prendra pas sa carte dans un parti, bien sûr il pourra ruer dans les brancards. Mais que se présente une petite mission, un petit poste, et il poste et il se taira un moment. Un déjeuner et il s’assouplira. Car, au fond, Bernard-Henri Lévy veut être reconnu par ceux dont il admire la puissance. »

Nous ne reviendrons pas sur la Becob, l’entreprise qui a initialement fait la fortune de BHL, nous en avons parlé dans la note précédente de cette série. Mais aujourd’hui, BHL dirige quatre sociétés financières. Alors « il y a surtout ce qui ressemble à un réflexe de classe. Comme si le respect de la puissance financière et l’admiration pour les grands capitalistes – qui marquent, semaine après semaine, « Le Bloc-notes de Bernard-Henri Lévy » – étaient déterminés par des conditions de vie et des fréquentations évidemment peu favorables à la prise en compte des questions sociales et de la « misère du monde », à nos portes. Plus grave, ces postures déterminent à leur tour des prises de position qui semblent assez difficilement compatibles avec l’indépendance vis-à-vis des pouvoirs. Bernard-Henri Lévy accompagne le mouvement et, quand cela lui est utile, lui prête sa voix. »

« Bernard-Henri Lévy jouit de connexions entretenues dans des milieux très divers et d’une grande puissance. À cela, il faut encore ajouter des types de sociabilités qui s’ancrent dans une réalité très française. À titre d’exemple, les classes préparatoires aux « grandes écoles » (…) où les élites françaises se rencontrent et se lient dès leur jeunesse. (…) Ensuite la question géographique. La France est un petit pays, qui fonctionne autour de Paris. Et dans Paris, certains quartiers comptent plus que d’autres. « Je vis dans un espace extrêmement clos, extrêmement limité, un minuscule village à l’intérieur du village de Saint-Germain-des-Prés », expliquait Bernard-Henri Lévy en 1977. De fait, c’est bien d’un petit monde qu’il s’agit. On s’y croise entre éditeurs, auteurs, journalistes, politiques, acteurs, réalisateurs. (…) Cela fait plus de quarante ans que Bernard-Henri Lévy hante les lieux. »

En 2004, les auteurs du livre sont allés voir Jacques Derrida, peu avant sa mort. Ils rapportent les propos du philosophe sur celui qui fut son élève, et qu’il vit évoluer dans « la représentation de soi, narcissique et promotionnelle, qui se sert d’une cause plutôt qu’elle ne sert une cause ». Ces intellectuels médiatiques, leur dit-il, « ne veulent pas être considérés comme des gens du spectacle médiatique. Mais ils savent qu’ils le sont, qu’ils font tout pour l’être en le déniant. C’est là qu’il y a punition, je pense, qu’il y a châtiment. En tout cas un prix à payer. » – « Qui est aussi le prix de la postérité, répliquent les auteurs. Parce que leur postérité intellectuelle et politique fait question. Elle n’est pas assurée… » – « Vous avez raison, répond Derrida. Il n’y a pas de disciples de Bernard-Henri Lévy, de Sollers ou de Glucksmann. En même temps, parce qu’ils sentent – et ils sont assez intelligents pour cela – le jugement critique et sévère dans leur propre milieu de gens comme moi et d’autres, ils les haïssent. (…) Tout à coup, on s’aperçoit que Sollers défend Lévy, pourquoi ? Que Lévy défend Sollers, pourquoi ? Que tout à coup Finkielkraut, qui a toutes les raisons de ne pas être d’accord avec Bernard-Henri Lévy, fait alliance avec Lévy. […] Il y a là une configuration de tous ces intellectuels-là, ensemble, mécanique. Et je crois qu’ils se serrent les coudes, parce qu’ils sont à la fois combatifs et acculés. »

Le livre reprend ou complète des éléments de la première édition sur les errements politiques de Bernard-Henri Lévy, les nombreux arrangements volontaires ou involontaires avec la vérité dans ses actes et dans ses livres. Depuis, il y a eu le Darfour, dont les auteurs montrent que BHL a fait l’emblème d’un combat entre l’islam modéré et l’islamisme, alors que bien d’autres facteurs étaient en jeu dans cette guerre. Que par idéologie il a protégé Abdelwahid, un chef de guerre qui s’est avéré être un obstacle à la paix. Ainsi, « par sa binarité, le discours autour du conflit au Darfour prolonge celui de la guerre contre le terrorisme initié par George W. Bush et les néo-conservateurs. La mobilisation autour du Darfour est ainsi un jalon essentiel entre deux événements historiques : la guerre en Irak et l’intervention occidentale en Libye en mars 2011. »

L’agitation de BHL est désolante, même à lire, résumée. Maladive. L’Iran, où il veut faire la révolution, mobilisant le gotha pour une condamnée à mort sans se soucier du sort des autres prisonniers, exécutés pendant que le régime profite comme d’un écran géant du bruit fait autour d’une seule pour accélérer la fréquence des mises à mort pendant cette période, et hospitaliser de force les prisonniers politiques qui espéraient attirer l’attention du monde par leur grève de la faim.

En Libye au moment de l’insurrection contre Kadhafi les journalistes peuvent observer le manège de BHL, logé au même hôtel qu’eux, passant ses journées à la cafétéria à attendre d’être interviewé et à organiser sa publicité pour Paris. Finalement racontera BHL, « Impuissant devant tant de détresse, j’appelle, à tout hasard le président de la République de mon pays ». Ce serait comique si ce n’était pas terrible. Surtout quand, avec le recul, nous connaissons la suite. Ne rions pas, le héros est à l’œuvre. « C’est sur le site de sa propre revue, La Règle du jeu, qu’on a pu lire les éloges les plus transis : « Il est inscrit une fois pour toutes, quoi que l’on dise et fasse, que, de tout l’engagement mondial pour la Libye, BHL a été et restera le ‘premier moteur’ au sens de la physique d’Aristote. » En fait les choses ne sont ni aussi simples ni aussi grandioses, mais Sarkozy trouve son intérêt à faire croire qu’il en va selon la légende colportée par celui qui devient « le premier de ses porte-parole », BHL. L’instrumentalisation est réciproque. Lévy, qui a « complètement raté le coche des révolutions arabes » organise le cinéma en Libye, avec simulacre de sommet, séance photo etc, et « le storytelling fonctionne à merveille. À gauche comme à droite, presque personne ne critique l’entrée en guerre de la France contre la Libye, à l’exception des députés communistes. Quelques rares personnalités mettent en cause ses motivations et ses méthodes, mais leur isolement les rend quasiment inaudibles. Il faut dire que Bernard-Henri Lévy et ses proches mettent en œuvre de véritables méthodes d’intimidation symbolique pour faire taire leurs adversaires.»

« Il est saisissant de voir à quel point, une fois parti en guerre, il choisit d’abaisser sa vigilance sur le pedigree démocratique de ses nouveaux amis » écrivent les auteurs en 2011. Quatre ans plus tard, nous connaissons le résultat de cet aveuglement. « Prendre la défense de certains opprimés là-bas (…) pour ne pas s’attaquer à l’ordre établi ici… On pourrait appeler cela le « caporalisme humanitaire » (…) Contrairement aux apparences, le caporalisme humanitaire prospère sur l’étiolement de l’autorité politique. Contrairement à ce qu’il voudrait faire croire, il est un aveu de faiblesse.»

« Il a toujours fait l’impasse sur le « social » : l’économie, le chômage, l’école, la pauvreté, le travail, les revenus, la famille, ça ne l’intéresse pas. (…) Il n’en parle ni dans ses livres, ni dans ses interviews, ni dans ses « bloc-notes » du Point, pourtant consacrés à ses commentaires de l’actualité. Il fait preuve d’une ignorance tout aussi magistrale des questions requérant un minimum de connaissances techniques : les nouvelles technologies, l’écologie, le droit d’auteur, le commerce international… »

BHL au secours de DSK ose écrire : « J’en veux, ce matin, au juge américain qui […] a fait semblant de penser qu’il était un justiciable comme un autre ». Qui, selon lui, est victime dans cette affaire de viol ? « Strauss-Kahn, d’ores et déjà. Il est d’ores et déjà victime de cette espèce de cirque infernal. » Et cela à cause du « préjugé révoltant » des pauvres contre les riches, qui porte à croire la parole de Nafissatou Diallo. Cela dit, si DSK a les mêmes goûts que BHL, on comprend qu’il se soit jeté sur la femme de chambre : selon le « philosophe », « l’argent va mal aux femmes » – tandis que d’après son épouse, Arielle Dombasle, « il est un fauve, c’est un grand prédateur ». Après avoir étayé leur observation de plusieurs autres déclarations tout aussi misérablement sexistes, les auteurs résument : « Bref, objets sexuels dépourvus de sens de l’abstraction, qui ne doivent surtout pas avoir trop d’argent ni trop de pouvoir, les femelles sont aussi de grosses jalouses », à en croire BHL. Lequel raconta dans une interview de GQ en 2009 : « Autrefois, d’ailleurs, j’avais un test que j’appelais le « test de la pouffiasse » : si je dînais avec une fille qui hésitait pendant des plombes avant de décider ce qu’elle allait prendre, c’était assez mal barré. Et si je lui disais : « Prenez donc de la morue aux épinards » et qu’elle s’abîmait dans une contemplation encore plus sidérée de la carte en me demandant d’une voix éteinte « Ouchais, j’voispas », ça devenait carrément rédhibitoire. » BHL ne songe au respect des femmes que lorsque cela lui permet de s’attaquer à l’islam. Selon lui c’est Polanski, lui aussi, qui est victime d’une « infamie » -non l’enfant de treize ans qu’il drogua et viola. Et il lance une pétition, et il organise la propagande internationale pour défendre, comme toujours, le vieux mâle blanc et célèbre.

Les auteurs démontrent comment, par ses actes et ses paroles, BHL est « un zélé porte-parole de la hiérarchie militaire israélienne », « au point que l’on peut parler d’une véritable collaboration établie au fil des ans entre l’écrivain et l’état-major. » « Il y a un grand absent des discours de BHL sur Israël, c’est le peuple palestinien. (…) comme si les Territoires occupés n’existaient pas. » « C’est au nom des droits de l’homme qu’il défend des positions au fond militaristes et coloniales. Au prix d’un incroyable retournement de sens qui paralyse la critique. »

L’affaire Botul achèvera de ridiculiser Bernard-Henri Lévy. Je me souviens avoir lu, quand il est sorti, le petit livre signé Botul, et avoir tout de suite compris, sans rien en savoir, qu’il s’agissait d’une grosse blague, au demeurant très amusante. Et lui, BHL, qui a fait des études de philo, ne s’est rendu compte de rien ! Le plus sérieusement du monde, il a cité dans l’un de ses livres ce philosophe imaginaire ! Qu’en conclure, sinon qu’il révélait ainsi, comme par lapsus, le propre néant de son être et de sa pensée – être et penser étant mêmes, d’après le premier philosophe de l’histoire.

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Kuzma Petrov-Vodkin, Fantasia, 1925

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Que dire de ceux qui poussent les autres à commettre l’ignoble, tout en restant, eux, à l’abri des conséquences ? Tout en n’assumant rien ?

La fin ne justifie jamais les moyens. Des moyens faux sont la preuve que la fin annoncée n’est pas la vraie.Malheur aux semeurs de division.

Lisant « Le fromage et les vers » de Carlo Ginzburg : la secte catholique éternelle, avec sa capacité à détruire des vies et des familles.

Loin de la France, de plus en plus d’écrivains, 145, protestent contre le prix accordé par le PEN à Charlie Hebdo. Je me sens moins seule.

J’ai publié + de 30 livres, mais la pensée unique sévit, impossible de publier mon livre sur la fascisation, Charlie.

Ni terrorisme ni racisme ne sont civilisations. Il n’y a pas de guerre de civilisations,la guerre arrive quand on abandonne la civilisation.

Révolution permanente : révélation continue.

« Surveiller et punir », « Histoire de la folie »… Si actuel Michel Foucault.

Valls, qui désire voir plus de « Blancos » dans sa ville, rejette les Roms, fit chasser les sdf de sa rue etc – veut nous surveiller. Ça pue.

Ce n’est pas l’État qui doit surveiller le peuple, c’est le peuple qui doit surveiller l’État, comme nous veillons à notre santé,notre état.

« Paternalisme lubrique » dénoncé par des journalistes politiques femmes et loi Renseignement votée aujourd’hui :voyeurisme et abus de pouvoir.

Ménard risque 5 ans de prison pr avoir fiché des enfants musulmans.Combien d’années pour Valls&les députés qui ont voté de quoi nous ficher?

Eh oui, le 11 janvier, convoqué par l’État, préparait le coup d’État du 5 mai.

#PJLRenseignement Les terroristes ont gagné,disent certains.Ou bien c’est que le terrorisme le + dangereux ne vient pas de ceux qu’on croit.

J’ai publié plus de 30 livres,mais aucun éditeur ne veut prendre le risque de publier mon livre sur la fascisation en cours:j’ai donc raison.

Avec #PJLRenseignement l’homme comme la baleine aura ses parasites,mais ils ne lui serviront à rien, n’étant rien que de vils veules voyeurs.

Thousands tweets in France against new liberticidal law #PJLRenseignement, or « Je suis Charlie »,similar to NSA.Where are our democracies ?

Le 11 janvier, organisé par l’État, accouche du 5 mai #PJLRenseignement« Je-suis-Charlie-et-je-vous-ent…be ».Hollande, Valls et 438 députés.

Se savoir surveillé provoque une haine inextinguible envers les représentants de la surveillance.Elle montera en ts les citoyens conscients.

According to Patrick Pelloux,columnist at #Charlie Hebdo, Big Brother #PJLRenseignement is « not a liberticidal law ». Who thinks CH is left ?

« En faisant la chasse aux fantômes, j’avais conscience d’aider un peu,moralement,les meilleures d’entre nous. »Germaine Tillion, »Ravensbrück »

Écrire c’est passer à l’acte, et laisser une trace concrète de cet acte.

Par la parole et toutes actions possibles, nous avons à saboter les systèmes de domination et d’intimidation comme le #PJLRenseignement.

Privez les hommes de parole, ils reviendront avec des fusils.

Remise du prix PEN : Khadija Ismayilova, journaliste d’investigation d’un grand courage, méprisée par l’assemblée.

Censure du journaliste qui racontait comment les gens avaient méprisé le 2e lauréat du PEN lors du prix.

Le prix du PEN, si politique et si conformiste.Against Russia, against islam… Wonderful United States of Occident.

Quand le PEN récompensera-t-il Edward Snowden ou Julien Assange ? Ne sont-ils pas utiles à toute l’humanité, et réellement très courageux ?

Autrefois les médecins de campagne soignaient gratuitement les pauvres. Ainsi font beaucoup de militants, artistes, auteurs etc sur internet.

Pendant ce temps le monde continue de s’empiffrer de cochonneries qui le rendent malade, et ne confie sa santé qu’aux charlatans.

Valls critique Todd, Valls critiqua Houellebecq, Valls critiqua Dieudonné…Un premier ministre, c’est pas représentant de tous, impartial ?

Valls se prend pour un critique littéraire. Vu sa tendance à l’autoritarisme, il a plus qu’à se faire voter une loi l’autorisant à censurer.

« Il faut leur apprendre à être humble, simple et avoir un cœur d’enfant ». Le djembé, en vrai (raconté par mon frère).

Cet après-midi, passant devant une librairie africaine, j’ai éprouvé un vif désir d’être un auteur africain, moi aussi. D’être africaine.

Le parlementaire Ph.Baumel,sur les viols commis par des soldats français en Centrafrique : » si ces faits ont été connus…euh, commis » (1/3)

…En fait les viols d’enfants étaient sus depuis août 2014 mais c’est seulement une fois rendus publics qu’on fait mine de s’indigner (2/3)

« …Si ces faits se sont produits,il faudra que les soldats coupables soient renvoyés de l’armée ».C’est tout?Pour des viols d’enfants ?(3/3)

France : on vote la loi Renseignement. EU : on déclare les écoutes illégales.Snowden a raison,la vérité a tjs raison.

Patriotisme et patriarcat, deux mots proches qui peuvent engendrer des maux proches : xénophobie donc racisme, machisme donc sexisme.

Valls montre les dents contre Dieudonné, Houellebecq,Onfray, Todd…Hého reste à ta place, ton job c’est pas chien policier de la pensée !

Encore un peu et Valls ouvre des goulags pour y mettre tous ces artistes et auteurs qui ne pensent pas droit (moi j’suis déjà au placard).

Histoire de deux libertaires, Font et Val. Le 1er tomba pour viols d’enfants, le 2d comme bien d’autres monta comme… néofacho ? Vieux con.

Viens de revoir « Les tricheurs » de Carné (1958).La fille très « libre » à St Germain des Prés avec un foulard sur la tête.Que fait la censure?

Le Cran demnde réparation à A-E Seillière pr la traite négrière par lq ses ancêtres ont fait la fortune dt il a hérité.Bravo.Qu’il rembourse.

Armes et trafic de drogue à St-Ouen.On envoie la police agresser des zadistes,des manifestants pacifiques,mais on laisse le crime prospérer.

Deneuve déplore qu’il n’y ait plus de stars, la faute à internet. Avait refusé de saluer une « star » de téléréalité. Se prend pr une déesse ?

« L’Église envisage un pardon exceptionnel pour les croyantes ayant avorté ». De quel droit ils leur en veulent ? D’aucun.

« La Cour suprême de Suède rejette l’appel de Julien Assange ». De quel droit les hommes punissent-ils ceux qui disent la vérité ? D’aucun.

« Esclavage: pour Hollande, la seule dette à régler est de faire avancer l’humanité ».Bande de voleurs.L’humanité n’avance que par la justice.

C’est ça que Hollande appelle « faire avancer l’humanité »? De + en + de gens à la rue et des riches de + en + riches ?

Shame on French newspapers denouncing French muslim girls because of their skirts !

La première liberté est d’avoir le temps. Si nous ne l’avons, prenons-le.

Réveillée à l’aube par le chant du merle et le désir d’écrire, les phrases se déroulant dans la tête comme de jeunes fougères. Salut à tous!

Les martinets de retour à Paris, leurs cris dans l’espace où ils virevoltent.Un jour je fis l’amour sur les toits,ils écrivaient ds le ciel.

Les hommes qui se ressemblent s’assemblent. Et ceux qui ne ressemblent à personne ? Par leur seul être, lanceurs d’alerte.

Ceux qui s’assemblent pour lutter contre un autre groupe dépendent de ceux avec lesquels et de ceux contre lesquels ils sont assemblés.

Pour ne pas dépendre il faut transcender.Passer les frontières,horizontales et verticales.La liberté est solitude et non-séparation,totalité.

Qui sème l’intimidation récolte le terrorisme.

« Femmes d’Alger »,le tableau le +cher au monde,sent pas un peu son colon exploiteur de femmes?Picasso + fric que cœur.

Muslim women unveiled.Isn’t it significant this painting is,since today,the most expensive of the world?colonialism?

Qd vous êtes capable d’écrire dans la journée plusieurs pages d’érotisme puissant, vous savez que vous êtes pleinement vivant,et donnez vie.

D’après BHL, « les morts » « fuient la misère africaine ».Sa fortune repose sur le pillage de l’Afrique. »D’où viennent les morts ? »De sa bouche.

Avant de semer le chaos en Libye et dans toute la région, BHL fut esclavagiste en Afrique.

Si un intellectuel,par exemple, est menacé,il est protégé.Les femmes violées et menacées,elles,peuvent aller mourir.

Qd il n’y aura plus d’abeilles, l’homme n’en aura plus pour longtemps.

Infâme discours à Cannes sur « la femme » .

Ce BHL,le voir gesticuler de la jambe et de la parole, gexticuler pour le paraphraser,pdt des années, fait songer aux ravages de la drogue.

Toujours lisant des livres sur BHL.Ses pressions, ses menaces envers ceux qui enquêtent sur lui.Visage si vil des hommes de quelque pouvoir.

Le style de BHL,une sorte de momie du romantisme,suranné comme le charme de son épouse,un truc né vieilli et qui s’écoute et s’aime lui-même.

Nakba, rançon de la nuit européenne imposée à l’innocente Palestine.

CharlieHebdo commence à virer ses journalistes qui veulent partager les 30 millions d’euros »Je suis Charlie » échu à 3 d’entre eux #ElRhazoui

La misère des élites ou autres qui ne connaissent que la vie empoisonnée empoisonne aussi le monde et y étend la misère.Ils sont coupables.

La facture de tél de BHL se monte à plsrs milliers d’euros/mois. La mienne à 2 euros. Mes livres n’en sont pas moins beaux ni moins utiles.

L’actualité est trop triste. Tout le temps, mais par moments encore plus.

Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, DSK, Valls, Clearstream, Marek Halter, Baby Loup, Caroline Fourest, Carla Bruni-Sarkozy.

« DSK accro au sexe?Et qd bien même? Lrsq V.Hugo est mort,les putes ont dit: Ct nuit,c’est gratis » R.Malka, avocat de C.Fourest, féministe(?)

« vivre maintenant comme devraient vivre les êtres humains,au mépris de ce qu’il ya d’hostile(…)est en soi une victoire merveilleuse »H.Zinn

Je cherche en vain une condamnation, au moins une réaction française, suite à la condamnation à mort de l’ancien président élu M. Morsi.

« Afoot and light-hearted I take to the open road, Healthy, free, the world before me… » Walt Whitman

M. Morsi et une 100aine d’autres condamnés à mort par l’armée qui l’a destitué. La France se tait. Vend des Rafale à l’Égypte et au Qatar.

Silence honteux de la France vendeuse de Rafale à l’Égypte sur la condamnation à mort du président élu Morsi destitué par l’armée.

Silence honteux des éditeurs « progressistes » qui refusent de considérer mon livre sur la montée du fascisme en France.

Silence honteux de tous ceux qui dénoncent des faits seulement quand cela les arrange et se font donc les complices de ceux qu’ils dénoncent.

« Interdit d’écrire »,Denis Robert pourchassé par Malka l’avocat de Clearstream(et de Charlie Hebdo)s’est mis à peindre.

Départ de Val avec le magot, main basse de 3 d’entre eux sur le fric fait avec caricatures racoleuses,et ça continue.

Let’s keep child spirit. Sans attendre Godot,Totoro.Garder tjrs l’esprit d’enfance,de poésie : la vraie intelligence.

Le terrorisme masculin contre les femmes, c’est tout le temps, et plus meurtrier que le terrorisme et les guerres.

Les dominants sont violents parce qu’ils vivent dans la peur de perdre leur domination. Les dominants sont dominés par leur peur.

Les dominants vivent dans la peur de la vérité : la vérité est que leur domination est illégitime, qu’ils n’ont pas de légitimité.

Ceux dt la position est illégitime,acquise par spoliation de biens matériels ou culturels,sont assis sur le néant qu’est leur tas mal acquis.

Ceux qui règnent assis sur le néant, sans réelle légitimité,craignent ceux qui marchent dans la vie et craignent sans cesse d’être renversés.

Ministres ou critiques de livres (Todd etc) et de films?Quand on a le pouvoir,de critique à censeur,le pas est aisé.

Distribuant bons et mauvais points aux artistes et écrivains,nos socialistes combinent les méfaits du libéralisme et du stalinisme culturels.

Jeunesse sacrifiée. #ziedEtBouna, policiers relaxés. Pas de justice, pas de paix.

Les donneurs de leçons,politiques ou religieux qui ne font pas ce qu’ils disent,perpétuent l’injustice dans le monde.

Toujours et toujours plus d’actualité malheureusement, »La grande illusion, Figures de la fascisation en cours »,en pdf.

Can Inquisition defend free speech ?

Femen,seins à l’air,sexe enfermé:esthétique de la sirène,femme-mère interdite,dangereuse.De+ stigmatisée signes morbides.Anti-femme épanouie.

La préférence nationale expliquée par JM Le Pen : « je préfère ma fille à mes amis » (dit-il en 2006). On voit où ça l’a mené, l’endogamie.

« Enfermons-les dans des asiles confortables et distrayants(…)tous ceux qui prétendent(…) à quelque pouvoir(…) castrons-les. » A.Thirion

@aAlinaReyes

BHL la misère (2). Un fou du diable

412XWJGZRZL._SY344_BO1,204,203,200_« En fait, tout le paradoxe de L’Idéologie française est là : si BHL a incontestablement perdu la bataille intellectuelle, s’il en ressort laminé sur le front de la pensée (…), il a non moins indubitablement gagné sur le front médiatique », écrit Cohen. Toute sa stratégie est là, et lors de l’une de ses intrusions où il n’est pas invité (évoquées dans la première partie de cet article), cette fois en 1979 lors des États généraux de la philosophie, accompagné d’une « claque » il s’empare de la tribune pour prendre la défense des médias. « Le lendemain, aucun quotidien ne fait référence à l’esclandre ni à ce qui sous-tend la polémique, comme si les hommes et les femmes de médias avaient voulu récompenser par leur silence un allié si enflammé et empressé à les défendre. »

Après ses deux premiers essais très médiatisés mais dénoncés par historiens et philosophes comme remplis d’erreurs, et contenant même au moins un plagiat pour Le Testament de Dieu, BHL s’essaie au roman. Bien-nommé Le diable en tête, ce roman sera accusé de contrefaçon par une professeure d’histoire qui avait envoyé son manuscrit à BHL. Finalement c’est la professeure qui est condamnée – et je sais, comme d’autres l’ont expérimenté aussi, comment les mensonges des puissants, voire peut-être d’autres interventions cachées de leur part, peuvent influencer le verdict de la « justice » dans ce genre d’histoires. Une affaire chassant l’autre, il publie ensuite un essai dont le thème et les idées sortent visiblement de celui que Finkielkraut lui avait expliqué être en train d’écrire. Les deux livres, l’un décalqué sur l’autre, sortent en même temps. Puis BHL publie encore un essai, cette fois décalqué du jeune Nicolas Revel et ses « Aristocrates libertaires ». Cela finit tout de même par faire enfler la rumeur : BHL plagiaire ? BHL s’en va dans l’un de ses paradis de riche et écrit son livre sur Baudelaire, histoire de faire penser à autre chose. Je l’ai lu, c’est plat, c’est indigent, il n’en reste absolument rien. Puis c’est sa pièce de théâtre, que j’ai vue aussi, invitée à l’époque par une amie journaliste. Une nullité. Puis le film, l’un des pires navets de l’histoire du cinéma d’après ceux qui l’ont vu. « BHL pédale dans le guacamole », écrit Libé, « son film est un suicide » lit-on dans les Inrocks, etc. Comme quoi il y a des limites même à ce qu’une presse complaisante peut supporter.

Il y a des limites aussi à ce que je peux supporter, et je ne peux lire toute la biographie de Cohen, quoiqu’elle soit très bien écrite, parce qu’elle décrit un milieu que j’ai toujours trouvé irrespirable, et que j’ai toujours fui. Nabe, rappelle Cohen, raconte dans son journal que Sollers lui a dit entretenir une bonne relation avec BHL par nécessité de s’accorder « 30 % de corruption ». Les 70 autres pour cent doivent se trouver dans ses autres relations, à moins qu’il ne les trouve en lui-même, comme tant d’autres dans cet antre mal famé qu’est Saint-Germain-des-Prés. Je saute donc quelques chapitres là-dessus, puis ça continue avec le récit des pressions sur les journaux dont des journalistes ont pris la liberté de dire ce qu’ils pensaient à propos de BHL ou de l’un de ses livres, comment il réussit à faire censurer certains articles ou virer des pigistes. Le livre se termine par un chapitre sur la fille de BHL, écrivaine bien sûr médiatisée aussi, notamment pour les affaires de sa vie privée très people très peu ragoûtantes, même si elle n’y est peut-être pour rien – puis par un chapitre sur « L’intellectuel mondialisé » qui se tourne vers les États-Unis. Comme nous le savons, depuis la parution de cette biographie, il y a dix ans, tous les travers et méfaits qui y sont examinés n’ont fait qu’empirer.

9782912485953FSBeau et Toscer mènent leur enquête au moment où « après avoir éclipsé tous ses rivaux sur la scène médiatique en France, le philosophe cherche maintenant la consécration internationale afin de devenir, aux yeux d’une opinion française crédule, l’intellectuel français qui a réussi aux États-Unis. » Les deux auteurs veulent « démonter les mécanismes » de cette machine-industrie qu’est BHL, « mais surtout », disent -ils, «  il est difficilement supportable pour les journalistes que nous sommes, de vivre sous sa férule », lui qui « est devenu l’arbitre des élégances de la presse et des médias en France, distribuant les bons points et écartant les mal-pensants. » « Avec « BHL », la marque la plus achevée du système médiatique français, nous voilà plongés au cœur du monde des réseaux qui gouvernent aujourd’hui la production de l’information, avec ses compromissions, ses arrangements et ses lâchetés. »

Suivent des récits de censure de journalistes. De vengeances dues à des rancunes tenaces – j’ai connu cela de la part de l’un de ses pareils, des rancunes pour des riens si tenaces au long des années, et des vengeances si basses et si calculées que l’on ne peut même pas imaginer que cela existe. Le récit de l’ « achat » de la complaisance d’un journal par une espèce de chantage – c’est là que les amis puissants servent le censeur. De l’achat d’un célèbre animateur de télévision. D’une tentative d’usurpation de la paternité d’un événement. De l’achat d’un cinéaste auteur d’un article dont on a d’abord obtenu la censure. D’interventions pour que ne soit pas divulguée la sombre histoire d’adultère survenue dans son palais de Marrakech, ou encore la date de naissance d’Arielle Dombasle…

D’où vient l’argent qui permet à BHL d’asseoir son influence ? On le sait, de la Becob, l’entreprise d’importation de bois de son père. Il s’en est toujours occupé avec lui : « Rien des secrets de l’achat et de la vente de bois n’échappe au philosophe, pas même les montages fiscaux via la Suisse, qui caractérisent l’entreprise à cette époque ». « Mais à la Becob, comme à Saint-Germain-des-Prés, Bernard-Henri Lévy excelle surtout dans l’art de l’influence. Lorsque l’entreprise familiale frôle le dépôt de bilan en 1985-1986, par exemple, ses relations auprès de Pierre Bérégovoy puis d’Édouard Balladur lui permettent d’obtenir de l’État un prêt public providentiel de plusieurs dizaines de millions de francs à un prix très avantageux. » À la mort de son père, en 1995, il prend les rênes de l’entreprise, avant de la revendre deux ans plus tard à Pinault (oui, le futur propriétaire du Point où BHL a sa chronique), dans des conditions d’ailleurs litigieuses. BHL est tout à fait au courant de ce qui se passe dans son commerce. Et ce qui s’y passe relève non seulement du pillage des forêts africaines, mais aussi d’un pillage réalisé dans des conditions de quasi-esclavage des employés. Une ONG spécialisée dans la lutte contre la déforestation a enquêté au Gabon, sur l’un des sites d’exploitation de la Becob. Son témoignage est accablant. Les ouvriers sont logés « dans des niches mal aérées », ils n’ont pas d’eau potable, ce qui cause des maladies et des morts. Le livre donne des passages de son rapport :

« Les travailleurs (…) se contentent des ruisseaux et rivières pour s’alimenter en eau (…) les cadres possèdent de l’eau potable par le biais d’un château d’eau aménagé pour la circonstance tandis que les travailleurs doivent parcourir plus d’un kilomètre pour s’alimenter dans une rivière. Ces travailleurs sont exposés aux maladies car cette eau est polluée par des poussières et d’autres substances ». Les dispensaires « sont dépourvus de médicaments et, pour certains, le personnel employé est incompétent ». Une épidémie d’Ébola se déclenche pendant les deux ans où BHL est le patron du groupe, faisant quatre morts. « Les travailleurs étant considérés comme des semi-esclaves, poursuit le rapport, rien n’a été organisé dans le sens de leur épanouissement (…) seuls les cadres ont la télévision alors que les travailleurs n’ont ni télé, ni radio ». Quant à l’éducation des enfants, « c’est la catastrophe ». « Les classes sont petites et le personnel incompétent. Pour l’année 1998-1999, le pourcentage de réussite n’a pas dépassé 10 %. Cette situation a conduit les travailleurs à envoyer leurs enfants à Ndjolé, qui est à 37 kilomètres. »

« Bref, concluent les auteurs d’Une imposture française, voilà un rapport sévère pour Bernard-Henri Lévy, champion des droits de l’homme (…) D’autant qu’il le dit lui-même, en Afrique « il existe des enjeux mégastratégiques ou plutôt métastratégiques [sic], en cela qu’ils engagent notre conception de l’homme et fixent l’idée que nous nous faisons de l’espèce humaine ». La conception que l’écrivain se fait de l’espèce humaine se trouve donc décrite de façon peu amène dans l’enquête de cette ONG. »

J’ajouterai : pourquoi parle-t-il d’ « espèce humaine » quand il s’agit d’Africains, et pas quand il s’agit de Germanopratins ? Ça pue un peu, non ?

En France, l’espèce humaine est mise à mal, elle aussi. Les auteurs racontent la bonne affaire du magazine Globe, dont je passe les détails pour donner le résumé final : « L’écrivain-philosophe, qui avait investi dans le journal 3800 francs en juillet 1985, voit, lui, estimée sa participation de 38 % dans une entreprise de presse en plein déclin, à 7,6 millions de francs ! Et tant pis pour les entreprises publiques. Elf-Aquitaine, le Crédit Lyonnais et le GAN vont perdre, avec la faillite du nouveau Globe un an et demi plus tard, 37,5 millions de francs ! L’État et les contribuables y ont donc été de leur poche. »

BHL passe beaucoup de temps à s’occuper d’argent, quoiqu’il en dise. Une mauvaise opération boursière le rend « fou furieux ». « Derrière sa façade d’intello, explique Parent, le patron d’Etna Finance, c’est un allumé de l’argent, totalement obsédé par cela. » L’argent perdu dans l’opération risquée, il se le fera rembourser… en usant de menaces. Non seulement il exige que lui soit remboursé l’argent perdu dans le krach, mais aussi « un surplus de 875 000 euros, soit le gain qu’il estimait qu’il aurait réalisé si le krach américain ne s’était pas produit. La Bourse sans le risque de perte : tous les financiers de la Terre en ont rêvé. Bernard-Henri Lévy, lui, l’a fait ! »

Il y a aussi les tristes affaires simplement humaines, comme celle de ce mur qu’il a fait élever devant l’une de ses propriétés, à Tanger, privant ainsi tout le voisinage du « sublime panorama ». Tant pis pour les pauvres, et les autres en général. Il y a aussi le scandale de sa nomination par Jack Lang à la Commission d’avance sur recettes du CNC, lui permettant de sponsoriser sa femme et ses amis. Puis à la présidence du conseil de surveillance d’Arte, par Alain Carignon via Balladur. Une fois là BHL met des amis dans la place, puis il n’a plus qu’à ramasser les aides pour son propre navet. Les auteurs citent une fiche des Renseignements généraux : « Le financement public dont a bénéficié BHL pour réaliser son premier film fait l’objet des jugements les plus sévères. Le budget, estimé à 53 millions de francs, a également associé, par le biais de coproductions, France Télévisions, M6 et Arte. Ainsi des producteurs s’étonnent des interventions de M. Philippe Douste-Blazy (alors ministre de la Culture, nda) en faveur de M. Lévy afin, par exemple, qu’il bénéficie de l’Avance sur recettes contre l’avis de la Commission, ou encore pour que son film figure au programme du dernier festival de Berlin où, rappellent-ils, les professionnels l’ont hué et des critiques [une centaine] ont quitté la salle. Au-delà de cette fronde, sont également évoqués les bénéfices indus que certaines personnalités auraient réalisés à partir d’un film financé, en grande partie, par des fonds publics, conduisant la rumeur à affirmer que « ce film n’a pas été un échec pour tout le monde ». C’est ainsi (…) que M. Daniel Toscan du Plantier, président d’Unifrance, aurait perçu la somme de 250 000 francs au titre de conseiller artistique… »

Le film fait un énorme bide. « Au final, il aura coûté 726 francs (110 euros) par spectateur ». Sur les 2,5 millions de francs qu’il a avancés, le CNC n’en récupérera que 42 000. Les aventures de Bernard dans le cinéma subventionné ne s’en poursuivent pas moins, comme producteur et promoteur d’Arielle. Les échecs se poursuivent aussi, mais les subventions continuent à tomber – les bonnes personnes pour cela sont à la bonne place. Utiliser l’argent public et le laisser se perdre chagrine moins BHL que voir son propre argent menacé, décidément.

Il y a aussi l’affaire de l’Internationale de la résistance, une organisation anticommuniste créée en 1983 où BHL retrouve Sollers et Gluksmann, et qui est en fait une officine liée aux services secrets américains – elle sera utilisée entre autres pour de sales besognes politiques en Amérique Latine.

Les auteurs rendent aussi visite à Pierre Vidal-Naquet – « helléniste de haute volée, combattant infatigable de toutes les luttes pour les droits de l’homme depuis cinquante ans, premier pourfendeur de la torture en Algérie » – qui conserve à l’École des hautes Études en Sciences sociales un dossier sur BHL, selon ses propres mots « une liste d’escroqueries intellectuelles ». Les auteurs en donnent un exemple. En 1981, avant la parution de son essai L’Idéologie française, BHL cherche à « s’assurer la protection de l’une des références en matière d’antisémitisme, le professeur Léon Poliakov. » « Le vieil érudit » lui « fait la leçon » : « Votre livre est historiquement faux, non seulement, rien que par son titre, il fait passer une partie pour le tout, mais aussi parce que l’on sait bien que l’église catholique était le foyer le plus puissant des campagnes antijuives. Or pour des raisons sans doute tactiques, vous ne touchez pas à ce passé-là », s’indigne le professeur. Peu importe, BHL, sans quasiment rien changer à son manuscrit, « ajoutera à la fin de son ouvrage le nom de Poliakov comme garant de son travail ! » Le professeur racontera plus tard sa mésaventure dans une lettre restée inédite.

« L’encre est si vite sèche » est une expression récurrente dans la bouche de BHL. Il l’emploie chaque fois qu’il veut signifier que peu importe ce qu’il a écrit ou dit avant, quand on vient le lui rappeler. Mais le problème avec ses biographes est que contrairement à lui, ce sont de vrais journalistes, et ils sont en mesure (comme les vrais philosophes ou les vrais historiens pour ses essais touchant à ces disciplines) de pointer du doigt toutes ses erreurs, involontaires ou volontaires. Beau et Toscer le font pour ses reportages en Algérie (entièrement organisés par le pouvoir algérien), pour son livre sur Daniel Pearl, un livre dont la thèse est manifestement fausse et bourré de faux, dont la longue description complaisante et sadique de l’égorgement du journaliste a violemment heurté Mariane Pearl, sa veuve, laquelle dans une lettre aux auteurs appelle BHL « l’animal », « un homme dont l’ego détruit l’intelligence » – voir aussi la première partie de l’article sur ces sujets-, et sur American Vertigo, récit de son périple « tocquevillien » aux États-Unis. Les auteurs montrent comment BHL a organisé sa claque dans la presse parisienne afin de faire croire qu’il était devenu un auteur star aux États-Unis… et comment ce fut en fait très loin d’être le cas. Mais l’encre est si vite sèche, n’est-ce pas, l’important est qu’on se souvienne de la publicité, même si elle était fausse… Leur livre se termine sur une petite revue de presse américaine à propos de son American Vertigo… accablante. Et le lecteur qui comme moi vient de lire trois biographies de ce garçon en vient à se dire qu’il n’est pas seulement menteur, tricheur, manipulateur, censeur. Il est insensé.

*

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BHL la misère (1). Faible avec les forts, fort avec les faibles, menteur avec tous

bhlBernard-Henri Lévy a déclaré un jour que « le discours philosophique » était « étranger » aux femmes (Nice Matin, 2-10-1977). Si on le suit sur ce terrain, sachant qu’il n’est jamais devenu philosophe, on conclura qu’il doit en être une. Mais ne nous fions pas à ses décolletés plongeant sur son torse épilé, ne le suivons pas et ne tombons pas avec lui dans les stéréotypes de genre, comme on dit. Évidemment si toutes les femmes qu’il connaît ressemblent à celle qu’il a épousée, c’est-à-dire à lui-même, créature fabriquée par l’argent et pour la galerie, et non pas de ces femmes libres et actives qui lui font « éprouve(r) toujours un certain malaise, c’est vrai, à les voir comme ça, mal réveillées, trop vite maquillées, coiffées un peu de travers, le rouge à lèvres mal étalé, en train de discuter business… », alors oui nous sommes loin de la philosophie. Rappelons-nous simplement la formule de Castoriadis à propos des livres de BHL : « l’industrie du vide ». Le (vrai) philosophe a eu beau pointer « le bluff, la démagogie et la prostitution de l’esprit » ainsi que le fait de « trafiquer les idées générales », l’industrie de ce cerveau livré à tous les vents a continué à prospérer aux dépens de l’intelligence et de la vérité mais aussi, de plus en plus, aux dépens de la paix dans le monde. La fausse pensée mène à la mort, le parcours de BHL en est une illustration aussi spectaculaire qu’il est lui-même voué au spectacle. Doté d’une fortune fort mal acquise (nous y reviendrons dans la deuxième partie de cet article) et de moyens de séduction puissants, notamment constitués de renvois d’ascenseur, entouré de serviles serviteurs du monde comme il va, réunis autour de sa revue, le faux philosophe est parvenu à étendre son ambition d’établir « la règle du jeu » dans son pays et dans ceux qu’il souhaite soumettre à sa vision mortifère de l’ordre mondial. Toujours dénoncé par les penseurs et observateurs honnêtes depuis son apparition sur la scène médiatique il y a quarante ans, il a continué à sévir malgré tout, et à devenir de plus en plus nuisible. C’est pourquoi il faut sans cesse redire les vérités nécessaires sur ce personnage de Guignol qui déclarait au Monde en 1985 « je considère que je suis l’écrivain le meilleur, l’essayiste le plus doué de ma génération »… et je le ferai ici en m’appuyant sur trois ouvrages : Le B.A BA du BHL, par Jade Lindgaard et Xavier de La Porte, paru en 2004 à La Découverte ; BHL, une biographie par Philippe Cohen, paru en 2005 chez Fayard ; et Une imposture française, paru en 2006 aux Arènes. (Trois livres trouvés à la bibliothèque mais peut-être en utiliserai-je d’autres par la suite).

Il a soutenu Sarkozy puis la Hollandie, se dit de gauche mais prend systématiquement le parti des puissances de l’argent. En 2001, au moment du G8, il traite de « voyous publics » les altermondialistes qui osent dénoncer les nuisances de la finance. Quand au contre-sommet de Göteborg, la police tire sur les manifestants, il agonit non la police mais ces manifestants qui « déferlent » contre ces malheureux « grands argentiers mondiaux » et « décideurs européens ou occidentaux » qui ont tout son respect. En 2003, il écrit : « L’alter des altermondialistes ce n’est pas la justice, c’est l’enfer. »

Quand il écrit, BHL croit qu’il « compose », comme un musicien. Mais il ne fait que poser, comme on pose sa crotte – symbole freudien du fric. Sa crotte, avec son arrogance. « Oui, bien sûr, je connais le Pakistan (…) il n’était pas né que j’étais déjà là », écrit-il d’un chauffeur de taxi pakistanais dans Qui a tué Daniel Pearl ? Une arrogance fleurant le racisme de classe et de « race » qui résume tout le personnage – dans son appartement du boulevard Saint-Germain, entre autres demeures de luxe, son majordome en livrée est sri-lankais. Lors du tournage de son navet, une journaliste rapporte, à propos d’une scène « importante » : « il comprend qu’il est impensable d’en confier le tournage au steady-cameur, si génial soit-il. BHL endosse alors les 40 kilos de matériel » et finit « perclus de douleurs musculaires », le pauvre – le reste du temps, le personnel peut bien se coltiner le matériel, on ne s’inquiète pas de ses courbatures, car même s’il arrivait qu’il soit génial, qu’est-il à côté de BHL ? Quelque chose comme « la vilaine », quand, pour changer des belles, il la drague, et qu’elle est alors « si éberluée de ce qui lui arrive », se glorifie-t-il dans un livre de dialogue avec Françoise Giroud. Elle bien sûr n’est pas une vilaine mais une alliée, comme tant d’autres dont les amitiés stratégiques avec BHL vont de l’allégeance à la complicité rouée – les Moix, Savigneau, Sollers et autres SOS Racisme… mais aussi Plenel, qu’on attendrait moins sur ce radeau de luxe (radeau de la Méduse quand même, à mon sens). BHL est par ailleurs toujours là pour défendre ses partenaires d’affaires, les puissants et les riches, les politiques et les industriels, quand des révélations les accablent. Être ami de Pinault et de Lagardère, des présidents et des ministres à mesure qu’ils se succèdent, implique le sens du combat, d’un certain combat pour le maintien des privilèges aux privilégiés, contre « la clameur populiste, le cri de joie des tarentules » et contre « la justice-spectacle » de « cette France » qui « n’en finit pas d’accabler ses propres élites » (Le Point, mai 2000).

Et s’il défend des « faibles », il faut que cela lui serve. Il peut par exemple débouler dans une réunion où il n’était pas invité, avec ses photographes, pour prendre la parole et voler la vedette, au mépris des autres personnes présentes – comme il le fit en juin 1993 à la Maison des Écrivains où des intellectuels, notamment algériens, s’étaient retrouvés pour se mobiliser contre les crimes islamistes qui s’étaient produits en Algérie. Quant à la campagne de promotion des généraux algériens par BHL à la fin des années 90, honteusement relayée par Le Monde et Arte, elle fut qualifiée par Pierre Bourdieu d’ « opération de basse police symbolique », « bien faite pour donner satisfaction à l’apitoiement superficiel et à la haine raciste, maquillée en indignation humaniste »(Contrefeux).

Toujours dans la même logique de force envers les faibles et de faiblesse envers les forts, BHL s’en prend régulièrement aux jeunes de banlieue, où il voit beaucoup de « salopards », mais il soutient le pape et l’Église. Pas dupe, le général bosniaque Divjad, dont BHL a fait un héros, a déclaré à un journaliste de Canal Plus : « Tout ce qu’il a fait pour la Bosnie, c’est pour lui. »

En 2003 à la Mutualité il refait le coup de l’intrusion, lors d’un meeting en soutien à l’accord de Genève. Son rôle dans la conclusion de cet accord est plus que douteux mais il se met en scène et se félicite un peu rapidement que « pour la première fois, dans ce plan, des Palestiniens renoncent à ce mirage dont ils avaient entretenu leur peuple, qui est le mirage du droit au retour ». BHL pratique les petits arrangements entre amis, mais aussi des petits ou gros arrangements avec la vérité, comme dans l’histoire du commandant Massoud qu’il se vanta, abondamment et faussement, d’avoir rencontré en Afghanistan en 1981. De même son « romanquête » sur l’assassinat de Daniel Pearl est-il truffé de faux, soit erreurs factuelles, soit transformations délibérées de la vérité, soit enjolivements destinés à servir le personnage légendaire que l’auteur veut faire de lui-même. Donnant encore une fois l’impression pénible de tout récupérer à son profit, y compris les morts. Lindgaard et La Porte détaillent dans leur livre quelques-unes des plus grosses « erreurs » du best-seller de BHL. Faut-il mettre cela sur le compte du « romanquête », de la liberté romanesque mélangée à l’enquête ? Il s’avère que ce mot-valise inventé par l’auteur pour servir ses arrangements avec la vérité n’est qu’un cache-misère. BHL a soutenu à la télévision que son livre ne comportait que deux scènes romancées, celle la décapitation de Daniel Pearl et celle de son monologue intérieur la veille de son exécution. « Le reste, c’est une enquête », a-t-il dit. Une enquête pleine de faux, donc, qui se fait passer pour vrai. Le manque de critique sur ce livre, sur ce procédé, sur ces manipulations, sur ces bidonnages, sur cette imposture, signe ce que les auteurs appellent « la faillite des médias français ». C’est que le livre, analysent les auteurs, est « au diapason des médias » en ce qui concerne « déformation des faits, exagération forcenée de la réalité du péril terroriste, catastrophisme, xénophobie et islamophobie latentes », et du coup « cautionne ce même discours » et alimente la thèse du choc des civilisations, que BHL nourrit à fond tout en la réfutant.

412XWJGZRZL._SY344_BO1,204,203,200_Philippe Cohen, qui écrit sans animosité contre son sujet, raconte pour commencer les pressions, intimidations voire menaces exercées par BHL quand il a eu connaissance de son projet de biographie – puis comment, constatant qu’il ne parvenait pas à l’en détourner, il s’est résigné, après six mois, à lui accorder cinq entretiens. Ce qui préoccupe Cohen, c’est que le « phénomène » BHL « nous avise de ce qui nous guette : l’aspiration du livre par le monde du spectacle, des apparences et du divertissement, son enfouissement dans une facticité que, quoi qu’il en soit, BHL incarne sans doute davantage et mieux que quiconque. »

« Depuis plus de trente ans, écrit plus loin Cohen, il a semé des dizaines et des dizaines de semi-vérités ou de contre-vérités, avérées ou par omission, comme autant de petits cailloux sur le chemin de sa félicité médiatique. » Et de détailler combien il est difficile pour le biographe de distinguer le vrai du faux dans la pléthore d’anecdotes et souvenirs semés par BHL pour établir sa « légende ». Il évoque quelques-uns de ses mensonges, qui semblent confiner parfois à la mythomanie. Et se manifestent aussi dans sa façon d’écrire : ce que Cohen appelle par euphémisme « des ruses littéraires osées », à savoir quelques plagiats ou fausses références d’auteurs. Même le coup de la chemise blanche aurait été copié de Gonzague Saint-Bris, qui dit avoir changé de tenue suite à ce « plagiat vestimentaire ». Jeune, BHL est souvent parti d’hôtels de luxe au Mexique et en Inde sans payer ; il aurait eu aussi pour habitude de voler dans les magasins de vêtements. Il n’était pourtant pas désargenté, très loin de là. Kleptomanie ou radinerie ? Cohen subodore « une habitude d’impunité » et observe que « BHL se vit, si ce n’est comme « au-dessus », du moins comme « à côté » ou même « en dehors » des lois. Par ailleurs il pratique « de judicieux placements boursiers » qui lui permettent « de doubler, voire tripler, son patrimoine. En 2000, il est soupçonné d’un délit d’initié par la Commission des Opérations de Bourse, et convoqué par le juge Philippe Courroye. Cohen raconte d’autres faits montrant la capacité de BHL à jongler avec la finance, spécialité nous dit-il à laquelle il a dû s’intéresser « par nécessité » (le fait d’avoir à gérer un énorme pactole). Au passage, il signale que sa fille Justine ment sur son âge – comme son ami Houllebecq, ajouterais-je– fait de peu de gravité, mais pourquoi ? Il ne s’agit pas de se poser en juges de personnes aux comportements assez courants, mais de se demander ce que signifie l’allégeance au mensonge de gens prétendant révéler des vérités au monde, et de s’interroger sur la fiabilité de leur pensée. Le long chapitre de Cohen sur les mensonges de BHL s’ouvre par une citation de Sollers vantant le fait d’abuser son biographe. Or ce n’est pas seulement le biographe qui est abusé, mais tous les lecteurs de ces figures médiatiques dont l’être et la pensée sont complètement factices. Et nous l’avons vu depuis la parution de ces biographies, le pouvoir de nuisance de cette facticité ne fait que croître dans les faits, induisant des politiques mortifères notamment au Moyen Orient avec l’intervention française en Libye, dont les conséquences restent incalculables, au-delà même de toute une région du monde mise à feu et à sang.

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