Sourate 18, Al-Kahf, La Caverne (3). Ses enseignements politiques

Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

Comprendre ce qu’est, dit et révèle le prodige que sont la Bible, l’Évangile et le Coran, c’est comprendre ce qu’est Dieu, qui il est et ce qu’il veut. C’est bannir la possibilité de l’instrumentaliser. C’est reconnaître qu’en Lui seul réside notre histoire, notre être et notre devenir. Et qu’il est donc de notre devoir absolu d’aider les hommes à comprendre Sa parole, son sens qui n’est pas figé dans le temps mais au contraire vivant, évoluant comme un organisme, un arbre de vie qui jamais ne cesse de produire des fruits beaux et bons à contempler et à manger, pour quiconque va vers lui avec la permission des anges qui en gardent l’accès.

Nous l’avons montré dans nos lectures précédentes, la sourate Al-Kahf n’est pas seulement au centre phonologique du Coran, elle en est comme une matrice, à l’image de ce qui fait son titre, cette Caverne où mûrit la résurrection. C’est en s’isolant lui-même dans une grotte que le Prophète a commencé à recevoir la révélation, signe de résurrection pour son peuple et lui. Or que se trouve-t-il dans ce centre du Livre autour duquel nous tournons comme autour de la Kaaba ? Au centre du centre, nous l’avons dit, un verset qui indique le mystère choquant de la mort. À l’entrée ou au déploiement du centre, une histoire chrétienne de résurrection, celle dite des Sept Dormants d’Éphèse. Suivie d’une parabole sur le sens de l’existence, puis d’une plongée dans les eaux célestes avec Moïse, et enfin d’une expédition aux confins de l’humanité. Une succession de récits de plus en plus énigmatiques, conclue par l’annonce eschatologique du Jour où toutes les âmes auront à répondre à l’appel.

Telle une pierre noire au milieu du Livre, Al-Kahf rayonne au secret d’une intense énergie spirituelle, celle qui transporte quiconque s’en approche dans la voie de la résurrection, transforme la mort en vie, la finitude en vie éternelle. Le Coran tout entier rayonne de ce rayonnement puisé en son centre qui est partout, tout en se trouvant résumé et imagé en Al-Khaf, sourate récitée tous les vendredis. Nous y reviendrons, continuerons à y pénétrer plus avant. Pour aujourd’hui, notons que le sens eschatologique du texte ne nous empêche pas d’y voir aussi un enseignement politique. D’après ce qui nous est montré dans La Caverne, comment devons-nous nous comporter au sein de la Cité terrestre ?

Les histoires ou paraboles successives désignent clairement le mal causé par les abus de pouvoir des hommes. Dans le premier récit, les jeunes gens sont confrontés à la dictature d’une idéologie idolâtre. Face à sa force brutale, se soumettent-ils ? Non. Ils se retirent ensemble. Non pour mourir ou disparaître, mais pour ne pas laisser corrompre leur foi, leur innocence. Leur voilement par la caverne est un témoignage. Le monde veut les forcer à se nier en se faisant discrets ? En se réfugiant en Dieu, dans ce rocher biblique, cette caverne qui est aussi temple, autel, mosquée, ils traversent les siècles et les barrières, deviennent un signe aussi visible que l’étoile au-dessus de la grotte de la Nativité.

Cependant la réaction au monde mortifère ne consiste pas seulement dans le retrait. L’histoire des deux hommes au jardin enseigne que le comportement dominateur, suffisant et méprisant du riche finit par le perdre. Comment réagit le moins favorisé à l’arrogance du dominant ? Non pas en se taisant, mais en lui rappelant les droits de Dieu, sans hésitation ni timidité, en prenant le temps d’argumenter, démontrer, affirmer le vrai.

Dans l’histoire suivante Moïse, en cheminant sous la guidée d’un envoyé de Dieu nous enseigne comment continuer à progresser et à garder la foi même quand l’iniquité à l’œuvre dans le monde tendrait à nous en détourner. Car si l’on rencontre souvent, en plus de l’iniquité des hommes, une apparence d’iniquité de Dieu, c’est seulement parce qu’on en ignore le sens. Le récit constitue donc pour notre vie terrestre, notre politique en ce monde, une incitation à garder la foi et à chercher à pénétrer plus avant dans la connaissance. Le dernier, énigmatique et bref récit des expéditions de Dhu’l-Qarneyn aux confins de l’humanité confirme la nécessité de cette quête de la connaissance, qui est aussi voyage à la rencontre de l’autre.

Nous reviendrons bien sûr de façon plus détaillée sur ces récits. Avant cela nous serons sans doute appelés par la sourate précédente, Le voyage nocturne. D’ici là nous pouvons récapituler les enseignements politiques de La Caverne : se faire témoins de la lumière en se retirant des systèmes idolâtriques ; répondre à l’arrogance par des paroles de vérité ; continuer à avancer dans la connaissance.

Selon le Coran, Dieu seul sait combien ils étaient, dans la caverne. Peut-être trois, est-il dit d’abord. Et je songe : un juif, un chrétien et un musulman, attendant de ressusciter ensemble de leur engourdissement dans un monde troublé ?  Peut-être sept, ou plus, dit encore le texte. Peut-être bien toute l’humanité, réunie dans sa diversité ?

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Précédentes lectures de cette sourate: ici.

 

Sourate 19, Maryam, Marie (3)

 

Les versets de cette sourate qui racontent l’annonce à Zacharie de la naissance de Jean, puis la naissance de Jésus, ont sauvé la vie aux premiers musulmans exilés en Abyssinie, fuyant les persécutions de leurs compatriotes. Quand deux émissaires de La Mecque vinrent les réclamer au Négus, le roi chrétien, ce dernier leur demanda d’abord de s’expliquer sur leur nouvelle religion. Ils affirmèrent leur foi en un Dieu unique, et récitèrent la première partie de la sourate Marie. En l’écoutant le roi mouilla sa barbe de ses pleurs et refusa de livrer les musulmans à leurs compatriotes, leur accordant sa protection.

Marie pour enfanter Jésus, « Parole de Vérité » (v.34), s’éloigne de sa famille, de tout, et se met sous un palmier. J’ai pensé à cette image de Rimbaud en Abyssinie, vêtu de blanc et si seul sous le palmier. Le palmier bien sûr relie la terre au ciel, sa verdure en éventail est comme le déploiement de l’espace et son tronc fait chemin, depuis la racine enterrée qu’est aussi Marie.

Pendant l’enfantement, ce qui est sous elle, sans que l’on sache s’il s’agit de l’ange Gabriel ou de Jésus, lui indique de secouer le tronc du palmier, d’où lui pleuvent pour son réconfort, manne dorée, des dattes ; tandis qu’un ruisseau, ou une gloire, s’écoule de sous elle : « Mange et bois, et que ton œil se réjouisse ! » Avant qu’elle ne fasse vœu de jeûner de parole, de passer le restant de la journée sans parler. (v.24-26)

L’Esprit de Dieu lui a parlé. Vierge, elle a conçu, est devenue enceinte, et voici qu’elle enfante. Les douleurs viennent, elle s’exclame :  « Qu’avant cela ne suis-je morte, et totalement oubliée ! » Je ne connais pas encore la grammaire, je ne peux préciser la traduction, mais je vois que le verbe oublier est répété sous deux formes différentes successives, et je songe à la tournure en hébreu qui répète aussi les substantifs pour exprimer un superlatif, comme dans « Cantique des cantiques » – et peut-être dirait-on familièrement en français : « que je sois oubliée de chez oublié ! » Car ne faut-il pas vouloir l’être, soumis à l’oubli, pour pouvoir endurer le fait d’enfanter un Verbe de Dieu, comme Jésus est aussi nommé dans le Coran (4,171) ?

Cet oubli est mort de l’ego, oubli de soi. D’autres éléments renforcent ce sens en cette première partie de la sourate. Le mutisme de Zacharie après l’annonce (v.10) ; l’isolement de Marie (v.16) et son voilement (v.17) avant l’annonce, son mutisme (v.26) après la naissance de Jésus. C’est lui-même, nouveau-né, qui prendra la parole, pour se justifier et la justifier ; lui-même parole, suffisant à justifier ce qui paraît scandaleux, l’enfantement par une fille-mère. Comme dans les rituels soufis, l’ego a été déposé, ce n’est plus lui qui parle, c’est la parole de vérité elle-même, la parole venue de Dieu.

Marie de retour dans sa famille avec l’Enfant est appelée sœur d’Aaron. Les exégètes cherchent à expliquer que cet Aaron ne peut être le frère de Moïse, que le Coran sait très bien que la confusion avec Marie, sœur de Moïse et d’Aaron, n’est pas possible. Mais justement, n’y a-t-il pas là un signe ? Revient ensuite le rappel de l’unicité absolue de Dieu, et de l’erreur que commettent ceux qui croient qu’il ait pu se donner une progéniture. (Cette question de divergence avec les chrétiens est bien sûr capitale, et il faut se placer à des niveaux de signification différents pour voir en chacune de ces visions sa propre logique, étroitement liée à la question de la mort du Christ, vue très différemment aussi dans le Coran – nous y reviendrons une autre fois).

Puis c’est Abraham qui est évoqué : son éloignement des siens (comme Marie) pour aller à la rencontre du Dieu unique, grâce à quoi lui seront donnés ses descendants Isaac et Jacob, à qui Dieu accorde « une sublime langue de vérité » (v.50). Là aussi nous voyons la concordance avec ce qui advient à Marie. Puis est rappelé Moïse, à qui Dieu parla sur la montagne : toujours l’appel à l’isolement suivi de la Parole de Dieu.

La sourate se termine par la mention d’autres prophètes, Ismaël, Idris (Énoch), Adam, Noé, de nouveau Abraham et Israël… Marie ne serait-elle pas leur sœur, comme celle d’Aaron et de Moïse ? J’ai trouvé dans le dictionnaire cette indication : avant d’être un prénom, maryam désigne une « femme qui aime et recherche la société des hommes, mais qui est chaste et vertueuse ». Et celle qui enfante le Verbe de Dieu, n’est-elle pas un prophète parmi les prophètes ? La sourate se conclut par de longs et vigoureux avertissements aux mécréants, « tandis que ceux qui croient, effectuent l’œuvre salutaire, le Tout miséricorde les comblera d’amour » (v. 96, trad. Jacques Berque). « Et tout cela sera le commencement des douleurs de l’enfantement », a dit un jour Jésus (Matthieu 24, 8), parlant de ces derniers temps qu’évoque aussi l’Apocalypse, avec ses grands combats au milieu desquels une femme enfante dans le ciel.

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Nous avions déjà parlé de cette sourate ici et ici.

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Sourates 18 et 19, Al-Kahf et Maryam, La Caverne et Marie (2). Le sens du hidjab

 

104 Ceux-là dont l’élan se fourvoya dans la vie d’ici-bas, et qui s’imaginaient que c’était là pour eux bel artifice,

105 ceux-là qui dénièrent les signes de leur Seigneur et Sa rencontre : leurs actions ont crevé d’enflure. Je ne leur attribuerai nul poids au Jour de la résurrection

106 telle sera leur rétribution : la Géhenne, pour avoir dénié, pour avoir tourné en dérision Mes signes et Mes envoyés

107 tandis que ceux qui croient, effectuent les œuvres salutaires auront en prémices les jardins du Paradis

108 où ils seront éternels, sans nulle envie d’y rien substituer.

La Caverne, traduction de Jacques Berque

 

Le Coran tourne autour de son centre, qui est partout. Partout reviennent les avertissements aux mécréants, la promesse à ceux qui croient à l’Unique source, créateur et vérité, révélée par le Prophète et ses autres messagers, la révélation eschatologique du sens de la vie, du temps, de l’univers. Nous avons reconnu (Al-Khaf, 1) l’un de ses centres en son centre phonologique, Al-Kahf, cette Caverne, ce trou noir de la mort qui ne retient la lumière que pour la libérer, splendide, dans l’éternité de la résurrection. Et nous allons lire le Livre en tournant autour de ce centre.

Nous l’avons dit, la sourate suivante, Marie, est comme une émanation de La Caverne.  Marie vient de la Caverne. Marie, mère de Jésus, l’un et l’autre intimement liés, témoignant de la Résurrection issue du temps de la Caverne, de la mort en Dieu, qui dépasse la mort. Nous sommes ici au plein cœur du seul thème qui compte : le voile et le déchirement du voile. La Caverne et Marie sont l’habitation de l’homme en ce monde, une habitation que Dieu voile afin d’y préserver la vie et lui donner, en la dévoilant, sa révélation, celle de la résurrection.

Marie, nous dit le Coran, s’isola des siens dans un lieu oriental (à la source donc) et mit « entre elle et eux un voile ». Un hidjab. Le verbe arabe contient aussi le sens d’élever un mur de séparation. De voiler, de garder l’entrée. Le nom désigne tout ce qui peut s’interposer entre l’objet et l’œil, aussi bien : un voile, la nuit, ou l’éclat du soleil. Le Coran lui-même est considéré comme hidjab, au sens de moyen le plus puissant pour détourner le mal. Le verbe signifie aussi le fait d’entrer dans le neuvième mois de sa grossesse.

Rappelons-nous la dernière histoire de La Caverne, la plus mystérieuse, avec ce mur de séparation qu’élève l’envoyé de Dieu pour protéger jusqu’au jour du Jugement le peuple primitif qui vit au bord d’une source en plein sous le soleil.

Rappelons-nous la Kaaba voilée, autour de laquelle tournent les fidèles.

Rappelons-nous la légende de la toile d’araignée et du nid de la colombe sauvant la vie du Prophète et de son compagnon de voyage, lorsqu’ils quittèrent La Mecque pour Médine, pourchassés par les ennemis. Quand ces derniers arrivèrent devant la grotte où ils s’étaient cachés, ils virent qu’une araignée avait tendu sa toile devant, et qu’une colombe y avait fait son nid, où elle couvait ses œufs. Ils en déduisirent que personne ne venait d’y pénétrer, et passèrent leur chemin. L’anecdote est légendaire mais la nuit dans la caverne est réelle et évoquée dans le Coran : c’est à partir d’elle que commence le temps de l’islam, le nouveau calendrier. Et il est clair que cette toile et que cette colombe signifient à la fois la virginité de Marie, sa grossesse miraculeuse et son prochain enfantement.

Voici aussi où nous voulons en venir. Quand dans l’adhan, l’appel à la prière, le muezzin dit : venez à la prière, venez à la félicité, le mot arabe pour dire félicité signifie aussi : lèvre fendue. La prière consiste à réciter la révélation venue de Dieu. À parler la parole de Dieu. À ouvrir la bouche, le voile qu’elle est, ouvrir la parole, pour en faire jaillir la vie, la lumière, la vérité. À en reconnaître et faire le centre autour duquel, cosmique, notre être tourne jusqu’en son accomplissement, éternelle et indestructible félicité.

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à suivre

Sourate 19, Maryam, Marie (1)

tout à l'heure au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

Nous avons commencé à approcher la dernière fois la sourate 18, Al-Khaf, La Caverne, que nous avons vue comme un centre mystérieux et générateur du Coran. Que la sourate suivante soit consacrée à Marie ne pouvait que faire signe  à l’auteur d’un livre sur la Vierge qui apparut dans la grotte de Lourdes.

La sourate, révélée à La Mecque, très douce, pure et belle, raconte l’annonce de la naissance de Jean à Zacharie (malgré l’infertilité de sa femme), puis l’annonce de la naissance de Jésus à Marie (malgré sa virginité) et la naissance de ce dernier sous un palmier ; avant de revenir sur quelques figures de prophètes, en particulier Abraham et Moïse. Nous nous pencherons sur tout ce contenu une prochaine fois.

Bien sûr je reviendrai aussi sur tout ce travail, y compris sur les sourates précédemment approchées, quand je serai capable de lire le texte en arabe – ce qui est absolument essentiel. Pour l’instant je l’étudie dans quelques traductions françaises, et en me servant de mes premiers rudiments de la langue pour consulter le dictionnaire de temps en temps. Aujourd’hui je l’ai utilisé pour essayer de trouver quel sens pouvaient avoir  les cinq premières lettres qui inaugurent la sourate. Comme certaines autres, elle est en effet précédée d’une suite de lettres qui depuis sa descente sont restées incompréhensibles.

Ici il s’agit des lettres suivantes : Kaf, Ha, Ya, Ayn, Sad.

Sur Kaf et Ha, je peux seulement dire que ce sont les deux premières lettres de Khaf, Caverne, nom de la sourate précédente.

Ya, à la fin d’un verbe, est le signe de l’impératif féminin. Par ailleurs il se trouve au coeur du prénom Maryam.

Ayn est l’abréviation d’un mot qui signifie hémistiche.

Sad, 14ème lettre de l’alphabet, est l’abréviation de Safer, mois lunaire.

Je ne suis pas allée chercher ces sens bien loin, mais tout simplement aux lettres respectives dans le dictionnaire. C’est ainsi que nous obtenons :

Caverne, impératif féminin à l’hémistiche du mois lunaire.

C’est-à-dire, au sens terrestre : Matrice, impératif au jour de fécondité de la femme (le quatorzième, à la moitié du cycle féminin).

Mais bien sûr le sens est aussi et d’abord « céleste », spirituel. Souvenons-nous que dans la première sourate, qui ouvre le Livre et aussi toute prière, les mots pour dire et redire la miséricorde de Dieu comprennent l’idée de matrice (comme il en est aussi en hébreu, dans la Bible : l’amour de Dieu a un caractère très physique, et maternel autant que royal). Et souvenons-nous que c’est dans une caverne que le Prophète lui-même a reçu la première fois la visite de l’Ange Gabriel, lui annonçant la descente du Coran.

Enfin, notons que le fait de lier l’hémistiche au mois lunaire revient à relier le verbe au temps, Jésus (appelé dans le Coran Verbe de Dieu) et Marie. Dans la sourate précédente, La Caverne, nous avons vu l’importance eschatologique du thème du temps. Hémistiche comme mois lunaire donnent une forte idée de mesure, et nous avons vu, en étudiant la sourate Al-Alaq, que le verbe habituellement traduit par créer dit d’abord : donner une mesure à, composer. D’autre part, le mode impératif rappelle cet autre verset du Coran (III, 47) où, Marie demandant comment elle pourra enfanter sans qu’un homme l’ait touchée, l’ange lui répond : « C’est ainsi que Dieu crée ce qu’il veut. Il dit « Sois », et cela est. »

Et il me semble que nous avons dans ces énigmatiques lettres qui ouvrent la sourate une indication aussi sur la création par une sorte de dérivation à l’œuvre dans le verbe : comme si d’une sourate pouvait venir une autre sourate, de la moitié d’un vers l’autre moitié, d’un impératif un indicatif. La langue de Dieu étant véritablement vivante, donc performative et créatrice, dans son absolue pureté.

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à suivre

 

Chahada


aujourd’hui à la Grande Mosquée de Paris, photos Alina Reyes

 

Je suis allée à la mosquée, j’ai fait mon attestation de foi.

Ce fut très rapide, très simple, complètement beau et bouleversant.

Juste avant j’avais écouté de l’extérieur la prière. Bientôt je la ferai à l’intérieur.

J’y suis restée près de deux heures, dans un bonheur intense. À flaner dans les cours, les jardins, la bibliothèque. Le ciel était d’un bleu ! Je me suis demandé pourquoi j’avais tant de chance.

J’ai entendu un guide expliquer à des visiteurs que rien de ce qu’ils voyaient ici n’était sacré, que nous seuls le sommes. Plus tard il a dit qu’il fallait un sixième œil pour comprendre le Coran. Nous en avons donc cinq ? Oui, si nous savons voir ce qui est. Alors le sixième vient, comme dans la tapisserie de la Dame à la licorne. À mon seul désir, dit-elle enfin.