Eau, bois, feu

J’entends qu’il pleut, je dis : il faut que j’aille chercher du bois. Il faut que j’aille chercher du bois pour le peindre, mais le disant je pense aussitôt à la montagne, quand j’y étais seule et qu’il fallait, plusieurs fois par jour, que j’aille chercher du bois pour chauffer la grange. Et quand je vois Billy Childish aller dans son atelier, je pense aussitôt au vieux portail dont je fermais le cadenas derrière moi quand j’allais à l’ermitage du carmel, au fond du bois.

J’adore peindre, j’adore la pluie, j’adore tous les temps qu’Il fait, j’adore la vie, j’aime Billy Childish que j’ai découvert hier, j’aime les êtres humains qui m’entourent et ceux qu’il me reste à connaître, j’ai fait encore de beaux rêves où je découvrais encore de nouvelles pièces du monde, j’aime le passé, j’aime le présent et j’aime l’avenir, mon cœur éclate de joie.

Caves du Vatican

Le dernier pape est réputé plus proche des gens que le précédent. Quels gens ? Quand j’avais envoyé mon livre Lumière dans le temps à Benoît XVI, il m’avait aimablement répondu, via son secrétariat. Quand je lui ai envoyé la règle des Pèlerins d’Amour, l’évêque chargé des ordres religieux m’a proposé de nous rencontrer. Voilà plus de sept mois que j’ai envoyé Voyage à François, et toujours pas de réponse. Un livre de mille pages à la gloire du Christ, assorti d’une règle pour un nouvel ordre inter-religieux, cela ne leur tombe pourtant pas dans le bec tous les quatre siècles ! Ah mais alors, que se passe-t-il ? Serait-ce qu’au Vatican, ils sont un peu comme les vampires, ils fuient la lumière du jour ? La communication souterraine, dans les ténèbres ou dans les limbes, l’aiment-ils tant qu’ils espèrent que ça dure ainsi jusqu’à la fin de leur temps, peut-être pas si lointaine ? Ou bien je fais trop peur à voir en vrai.

Je comprends qu’ils aimeraient bien être débarrassés, d’une façon ou d’une autre, de la nécessité d’avoir à me considérer comme l’auteur du livre et de la règle dont je suis l’auteur, le seul auteur. De la nécessité d’en parler face à face avec moi, s’ils désirent que nous collaborions. De la nécessité de me traiter d’égal à égal. J’ajouterais aux deux choses qui donnent une idée de l’infini, selon Einstein, cette troisième : le gouffre qui existe entre le discours de certaines personnes ou institutions et leurs façons de faire et d’être. Ah les belles paroles ! Le respect de la dignité de l’être humain, l’amour, la fraternité, l’humilité, la vérité… Mais « l’amour dans la vérité », ils ne savent pas du tout faire, les malheureux. C’est pourquoi en vérité j’ai pitié, et je continue à attendre qu’ils y arrivent, pour leur propre bien, qu’ils arrivent à s’arracher d’eux-mêmes, à sortir de leur enfermement. Car ils méritent de vivre, comme les autres.

Ce que j’ai vécu en ermite dans la montagne, ils l’ignorent totalement. C’est de là qu’est né Voyage, de Dieu. Ils l’ignorent totalement, c’est pourquoi ils ne comprennent rien, n’arrivent à rien avec moi. Y arrivera qui aura la foi.