Street art

photo Alina Reyes

 

(Cahuzac&Co)

Tous ces gens qui s’obstinent à vouloir garder leur place en traînant d’énormes casseroles rendent le monde horriblement cacophonique.

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(Houellebecq&Co)

Quelque chose en lui de Boston,
comme dit presque la chanson

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(Pascal&Co)

« Nous souhaitons la vérité, et ne trouvons en nous qu’incertitude »

Sans savoir se prenant pour le roi, disant nous à la place de je, suite à quoi la vérité le fuit, le silence des espaces infinis l’effraie, au pari il se trouve réduit. Un peu d’islam lui eût évité les jeux de hasard et apporté ce qu’il souhaitait.

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(Big Co)

Armée de petits soldats, l’arme à la main mais restant sèche, pétrifiés dans le plomb face à l’origine du monde.

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La Voie, la Vérité et la Vie

Jardin des Plantes, en ce moment. Photos Alina Reyes
Paris et Jardin des Plantes, en ce moment. Photos Alina Reyes

 

Ouvrons nos oreilles, c’est le printemps, les oiseaux prient à gorge déployée aux aubes du jour et de la nuit !

Certains, à la « manif pour tous », tout en essayant de forcer les barrages de police, donc inévitablement de créer un contexte de violence, ont été tentés de « mettre les enfants devant ». Et ils prétendaient manifester pour les droits des enfants ! Au-delà de cet abus manifeste, il faut noter ceci : autant il existe des justifications théologiques au refus du mariage homosexuel, autant il n’est aucune justification chrétienne à un mode d’action tel que celui de la « manif pour tous ». Pourquoi avoir empêché les dérives possibles de la théologie de la libération, si c’est pour politiser de nouveau la foi par des voies, en l’occurrence des rues, qui sont du ressort de César ? Le Christ serait-il dans la manif ? De toute évidence, non. Son mode d’action est différent. Son mode d’action, c’est l’évangélisation. C’est œuvrer à purifier les cœurs et éclairer les esprits afin que les hommes apprennent à ne pas tomber dans les pièges du mal. C’est bien plus difficile, mais c’est la voie qu’il nous a laissée.

Petit problème : il y a des années que j’écris en faveur de la liberté de porter le voile, mais je n’ai encore rencontré aucune femme voilée prête à écrire pour la liberté de ne pas porter le voile. Les musulmans et musulmanes d’Occident se raccrochent au voile par réflexe identitaire, mais j’ai confiance, la libération de cette espèce de fétichisme viendra par les musulmanes et les musulmans des pays arabes en train de revenir au monde.

Éditeur de Marcela Iacub, ami et défenseur de l’escroc François-Marie Banier… Que la presse rende hommage aux disparus qu’elle a côtoyés, dans ce petit milieu où l’on aime les côtoiements, c’est humain ; mais qu’elle en déforme la vérité, ce n’est pas bien, surtout de la part de gens censés avoir une éthique de la vérité. Jean-Marc Roberts a malheureusement mis beaucoup de son talent à participer à l’industrialisation de Saint-Germain des Prés, à la fabrication de livres-produits, vendus par des coups montés moins dignes que la dernière « blague » de Carambar pour faire parler de la marque. Et certes il n’est pas le seul à avoir assassiné ainsi la littérature, dans ce « milieu ».

« Les Français favorables à un renforcement de la loi sur les signes religieux ostensibles. » Quels signes « ostensibles » ? « Tout signe d’appartenance religieuse ». Les Français sont coincés. Qu’est-ce que ça peut leur faire ? Le refus de la liberté d’autrui, c’est le refus de sa propre liberté. Les Français sont embrigadés par leur ego de coq sur son fumier. Que ne sont-ils favorables à la disparition de leur morgue ! Je me rappelle ce pèlerin russe rencontré un jour à Saint-Sulpice, avec son long vieux manteau, son sac usé, sa barbe, sa grande croix sur sa poitrine, ses yeux délavés par la route sous le ciel. Mes Pèlerins iront prier en tout lieu de prière où il leur sera donné permission de prier, mes Pèlerins prieront avec tout priant de toute tradition, mes Pèlerins seront en toute terre un signe vivant d’appartenance de l’homme à Dieu.

Je suis plus patiente qu’ils ne sont calculateurs.

Le jeûne allonge le temps.

La vie moderne dévore le temps.

Le jeûne de nourritures, comme le jeûne d’activités, rend le temps à l’éternité.

Nos très lointains ancêtres, qui vivaient trente ans, vivaient bien plus longtemps que nous qui vivons quatre-vingt-dix ans. De l’aube au soir, chaque journée leur était lente avancée dans la contemplation.

Lumière sur lumière, la gloire de Dieu c’est l’homme vivant dans la paix du temps.

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Idolâtrie des femelles

photo Alina Reyes

 

Les systèmes patriarcaux, le machisme, la misogynie, la gynophobie, sont fondés sur une vénération secrète de la mère, de la femme femellisée comme organe sexuel et reproducteur. Sacralisée, rendue taboue, haram, nécessitant une mise à part. Les femmes elles-mêmes œuvrent souvent à la perpétuation de ces systèmes qui leur confèrent une puissance occulte, un statut d’idoles de la famille et de la société, même si elles doivent payer ce statut par des ségrégations, des vexations, voire des violences de la part de ceux qui ne peuvent s’empêcher d’être à la fois épouvantés et révoltés contre ce qu’ils ont mis en place, et ceci d’abord dans leur cœur malade.

Le caractère malsain, secrètement incestueux, engendré par le refus de la mixité dans les structures traditionnelles des trois monothéismes, développe au cours du temps une morbidité qui s’étend à toute la société, y compris laïque et athée. Pourtant cet état de fait n’est pas à imputer aux monothéismes, mais au contraire à la peur des hommes de faire face à Dieu. De la Torah au Coran en passant par l’Évangile, la parole de Dieu ne cesse de mettre en garde les hommes contre l’idolâtrie, l’association.

Cet avertissement, nous le retrouvons dans la sourate 4, An-Nisaa, Les femmes. Le début expose des questions de droits de la femme, concernant l’héritage et le mariage. Le texte s’adresse aux hommes, il est clair qu’il est écrit dans un contexte où les femmes constituent une sorte de bétail humain dont les hommes ont la jouissance et la charge. Et que dans un tel contexte il s’efforce de rappeler justement le caractère humain des femmes, et la nécessité précisément de ne pas les traiter comme du bétail. Mais que cela signifie-t-il, au fond ? Il faut continuer à lire la sourate jusqu’au bout pour le comprendre. Notamment jusqu’aux versets 116 et 117, qui sont le résumé fulgurant de l’ensemble :

Certes, Dieu ne pardonne pas qu´on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Dieu s´égare, très loin dans l´égarement.

Ce ne sont que des femelles qu´ils invoquent, en dehors de Lui. Et ce n´est qu´un diable rebelle qu´ils invoquent.

Les questions de droit traitées au début de la sourate sont là pour éviter une sacralisation de la femme, si rassurante soit-elle pour l’esprit si peureux des hommes. Les femmes ne sont pas des bêtes sacrées, qu’il faut marquer à part. Ceux qui sont ainsi structurés dans leur tête, en vérité « ce ne sont que des femelles qu’ils invoquent » – leur rapport à la femme régissant en fait leur « foi » –  « et ce n’est qu’un diable rebelle qu’ils invoquent » – leur malaise sexuel. Des versets qu’auraient profit à méditer les idolâtres du voile, mais aussi les gens d’Église, et encore bien des prétendus libres penseurs, en fait adorateurs du monde et de son hystérie trash. Idolâtrer les femelles, c’est se faire soi-même femelle idolâtre.

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