Lire, écrire

ruecet après-midi à Paris 5e, photo Alina Reyes

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Allée chez Gibert vendre quelques livres. Ils n’ont voulu ni de La Possibilité d’une île ni des Bienveillantes, en exemplaires pourtant comme neufs. L’industrie du livre fabrique désormais des best-sellers bien plus éphémères que les jeux vidéos. Mais ils ont repris Montaigne et quelques classiques, et en ajoutant deux euros aux douze que j’ai retirés de la vente j’ai acheté, d’occasion, un Précis de grammaire pour les concours (où j’ai d’ailleurs pu vérifier encore une fois  que j’avais raison avec mes locutions adverbiales lors d’un oral où mes affirmations ont été considérées comme de pitoyables monstruosités – même les professeurs agrégés ne sont pas à l’abri d’une erreur ou d’une hésitation, un peu moins de hauteur serait parfois bienvenue !) Bref, me voilà équipée pour mieux me préparer aux épreuves que je vais sans doute repasser. Pour le reste, j’emprunte toutes les œuvres au programme en bibliothèque. N’est-ce pas, à défaut de préparation encadrée, en passant et repassant l’agrégation qu’on apprend à passer l’agrégation, et à la passer sans se renier ? Tout jeu répété finit par lasser, mais je peux y trouver du goût encore une fois.

De nouveau une masse de lectures à faire, donc, et il me semble que cela ne m’empêchera pas tout à fait de continuer à avancer dans ma thèse et dans mon roman, malgré ou avant le poste de prof à la rentrée, avec mon CAPES tout neuf. Lecture et écriture sont comme les courses de fond (ponctuées de sprints), plus on les pratique plus on en est friand (à en rêver la nuit et à s’en réveiller à l’aube, de désir de littérature).

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Littérature pour bonnes dents

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Imaginons Gérard de Nerval pour Aurélia, André Breton pour Nadja, Julio Cortazar pour Marelle, recevant des éditeurs des lettres leur expliquant qu’ils ne peuvent publier leur livre car il ne correspond pas au « marché ». Pour prendre un exemple plus humble et de cette semaine, c’est ce qui m’est arrivé pour mon dernier roman, disons pas ordinaire, comme tous mes précédents livres. S’ils n’ont pas tous la franchise de le dire, c’est bien ça : les éditeurs ne veulent plus que ce que veut le marché, goule édentée : des hamburgers de fast-food trafiqués et recuits, ou bien de bons vieux pot-au-feu bien bouillis. Moi je sers des entrecôtes à point, saignantes, goûteuses et odorantes, passées au feu autour duquel se tiennent paisibles des affamés auxquels, en pleine nature, j’en fais voir de toutes les couleurs sous le ciel étoilé.

Hier fin de soirée « fortune cookies » achetés l’après-midi au supermarché chinois, avec des messages tombant étonnamment pour chaque personne présente. Cette nuit, nuit blanche, nuit d’écriture. À l’aube j’ai regardé l’étoile du matin se déplacer vers l’est.

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Écritures de l’autre hémisphère


Lire et écrire en Chine et au Japon, par Jean-Noël Robert

La force allusive des images dans la poésie chinoise, par Ivan Ruviditch
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Une vision de l’être et du monde qui rappelle celle des « physiologues » ou Présocratiques, et notamment la voie héraclitéenne.

On achève bien les pauvres

Imaginez une personne qui a commencé à travailler de façon déclarée, donc en payant ses cotisations, à l’âge de dix-huit ans. Et qui a continué à le faire toute sa vie. Que cette personne se retrouve à l’âge de cinquante-neuf ans atteinte d’un cancer, et que le médecin lui prescrive un arrêt de travail pendant la radiothérapie, qui occasionne plusieurs semaines d’obligations quotidiennes de soins à l’hôpital, et de fatigue due à la maladie et aux traitements. Eh bien, depuis le 4 février dernier, si cette personne non salariée a eu moins de 3698 euros de revenus annuels au cours des trois dernières années, elle n’aura pas droit aux indemnités journalières de vingt euros auxquelles elle aurait eu droit précédemment. Vingt euros par jour, ce n’est pas une fortune, mais cela compte, quand on est pauvre. Et ce n’est pas demander la charité publique, quand on a cotisé pendant quarante-et-un ans. Je suis dans le cas de cette personne, je n’ai jamais demandé d’arrêt maladie de toute ma vie, et c’est au moment où j’en ai besoin que j’apprends l’existence de ce tout récent décret, qui sape complètement les droits des plus faibles revenus, pour les indemnités de maternité comme pour la maladie. Si cela m’arrive, cela arrive certainement aussi à beaucoup d’autres de tomber malades et de se voir refuser le droit aux indemnités pour lequel ils ont cotisé pendant des décennies. Qui gouverne ce pays ? La gauche, paraît-il.

J’ai plusieurs livres en cours d’écriture, je suis en ce moment fatiguée, je ne peux travailler comme je le voudrais. J’ai obtenu une bourse du Centre National du Livre, elle va bien tomber – beaucoup d’auteurs ont bénéficié au cours de leur carrière de nombreuses bourses et autres aides, résidences d’écriture etc (pour compenser le statut pratiquement dénué de droits des écrivains, derniers servis dans le système de l’édition, mais malheureusement pas de façon équitable, puisqu’il faut avoir l’heur de plaire aux instances chargées de distribuer la monnaie). Ce ne fut jamais mon cas, et une fois remboursées les dettes dues au refus des éditeurs de me publier depuis quelques années, il ne me restera rien de cette bourse. Quoiqu’il en soit, je continuerai à écrire ce que j’ai à écrire.

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