J’ai seulement ajouté quelques points-lignes blanches sur ce petit effet de couleurs peint naguère sur un carton ondulé, collé sur un autre carton d’emballage récupéré.
Je fais partie, physiquement, des poètes estropiés comme Rimbaud, Apollinaire, Cendrars, Van Gogh. Mon intérêt pour la dissymétrie dans la symétrie s’est révélé dès l’enfance, le jour où, lors de l’élection de la miss du village, j’ai éprouvé avec force que la beauté de telle belle brune avait un relief tout particulier du fait qu’elle était boiteuse (elle avait eu la polio, voilà ce qui arrivait quand les enfants n’étaient pas vaccinés). Ce détail la rendait plus belle que toutes les autres à mes yeux.
L’une des toutes premières nouvelles que j’ai écrites, bien avant de publier un roman, contait l’histoire d’un homme qui courait avec un pied chaussé, l’autre nu.
Une règle qui ne supporte pas d’exception est une règle triste. La règle de la symétrie supporte l’exception, elle est même tout entière exception, me semble-t-il. La plupart du temps notre regard trop superficiel ne discerne pas le dissymétrique dans la symétrie, mais n’y est-il pas toujours, ne serait-ce que de façon infime ? Ce qui le révèle pleinement agit comme une épiphanie, un renversement, une preuve éclatante de vie, d’interrogation, de pensée.
J’ai marché longuement aujourd’hui, voici quelques images prises au parc de Choisy et dans le quartier alentour.
Aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes