Voici, en PDF, l’ensemble de ma traduction du poème de Parménide, et son commentaire (qui se trouvaient auparavant ici publiés en plusieurs notes) :
Poème de Parménide, traduit du grec ancien
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ma traduction de Parménide
Le Poème de Parménide (fragments 9 à 16, ma traduction) Articuler sa pensée
Je terminerai ainsi ma traduction, du grec ancien, de ce fameux Poème.
9
Mais puisque toute chose a été nommée lumière et nuit,
et ce, d’après sa puissance en ceci ou en cela,
tout est à la fois plein de lumière et de nuit sans lumière,
l’une et l’autre égales puisque avec ni l’une ni l’autre il n’est rien.
10
Tu verras l’éther et la nature, et dans l’éther tous
les signes, et le pur et saint flambeau
du soleil à l’action invisible, et d’où ils proviennent ;
tu apprendras les périples de la lune circulaire
et sa nature, tu verras aussi le ciel qui entoure tout,
d’où il est né, et comment la Nécessité qui le conduit l’a obligé
à servir de terme aux astres.
11
Comment la terre, le soleil et la lune,
l’éther commun, la Voie Lactée, l’Olympe
ultime et l’âme ardente des astres, se sont élancés
dans le devenir.
12
Les lieux les plus étroits sont pleins d’un feu sans mélange,
les suivants sont pleins de nuit, puis vient le tour de la flamme.
Au milieu d’eux est la divinité qui tout gouverne.
Car elle préside au terrible enfantement et au coït,
envoyant la femelle se mêler au mâle et réciproquement,
le mâle à la femelle.
13
Oui, le tout premier de tous les dieux qu’elle médita, ce fut Éros.
14
Brillante dans la nuit, autour de la terre errante, lumière d’ailleurs.
15
Toujours jetant ses regards vers la lumière du jour.
15a
Dire la terre enracinée dans l’eau.
16
Comme chacun conduit le mélange de ses articulations si mobiles,
ainsi l’esprit se présente en l’homme. Car ce qui pense
en l’homme est de la nature de ses articulations,
pour tous et pour tout ; et l’entier est la pensée.
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Le Poème de Parménide (fragment 8, ma traduction). Le choix
Je continue ma traduction, du grec ancien, du Poème de Parménide qui nous enseigne que la voie de l’être réel est une voie de communion, tandis que l’illusion et le mortel vont avec la division. Cette partie du texte me rappelle notamment le verset du Trône (Coran 2, 255).
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Seule reste donc la voie de ce message :
il y a quelque chose. Sur elle sont des signes
très nombreux que ce qui est, est inengendré et impérissable,
intègre en tous ses membres, sans tremblement ni fin,
et ne fut ni ne sera car il est tout entier en même temps au présent,
un, continu. Quelle génération lui chercherait-on ?
Où et d’où aurait-il grandi ? De ce qui n’est pas ? Non, je ne te laisserai
ni le dire ni le penser : on ne peut dire ni penser
qu’il est comme il n’est pas. Car alors, quelle nécessité l’aurait fait se lever,
après ou avant, s’il venait de rien, pour pousser ?
Ainsi faut-il qu’il soit là complètement, ou pas du tout.
Jamais non plus la force de la foi ne laissera, de ce qui n’est pas,
naître quelque chose de son côté. C’est pourquoi la Justice
ne l’a pas, relâchant ses entraves, laissé se produire ni périr,
mais l’empêche. Voici donc sur cette question quel est le choix :
il est ou il n’est pas. Eh bien le choix est fait, comme nécessaire,
entre d’un côté l’inepte et l’anonyme (car sans vérité
est cette voie) et de l’autre, ce qui est là et réel.
Mais comment ce qui est pourrait-il être après ? Comment se serait-il produit ?
S’il s’est produit, il n’est pas, et il n’est pas non plus s’il doit être un jour.
Ainsi s’éteint la production, et il n’est plus question de mort.
Il n’est pas non plus divisé, puisqu’il est tout entier identique.
Il n’y a rien de plus, ce qui lui ôterait sa cohésion,
ni rien de moins, car il est tout entier plein de ce qu’il est.
Tout y est communion, car ce qui est approche ce qui est.
D’autre part, immobile en des termes de hauts liens,
il est sans début et sans cesse, puisque naissance et mort
ont été déroutées tout au loin, repoussées par une foi vraie.
Lui-même en lui-même, subsistant par lui-même, stable
et solide, il demeure là-même. Car la robuste Nécessité
le garde accompli en ses liens, entouré et enclos,
la règle étant que ce qui est ne peut être inaccompli :
il est en effet sans manque ; s’il ne l’était pas, il manquerait de tout.
Le même est le fait de penser et ce pourquoi il y a de la pensée.
Car loin de ce qui est, en lequel elle s’est fait jour,
tu ne trouveras pas la pensée. Jamais en effet ne fut, n’est ni ne sera
quelque autre chose hors de ce qui est, puisque la Destinée l’a lié
afin qu’il soit entier et inviolable : en lui tout sera nom,
tout ce que les mortels ont posé, persuadés que c’était vrai :
naître et aussi mourir, être et aussi ne pas être,
changer de lieu en échangeant la surface brillante.
Et puisque la fin est dernière, il est accompli
de toutes parts, semblable à la masse d’une sphère bien circulaire,
de son milieu équidistant à tout ; car ni plus grand
ni plus petit il ne lui faut se trouver ici ou là.
Et il n’est rien qui pourrait le détourner d’atteindre
au commun, et ce qui est n’est pas non plus tel qu’il serait
ici beaucoup, là peu, car il est tout entier inviolable :
à lui-même égal de toutes parts, pareillement en ses termes il se rencontre.
Sur quoi, j’arrête pour toi la parole fiable et la pensée
autour de la vérité ; à partir d’ici, apprends les opinions
des mortels en écoutant l’ordre trompeur de mes dires.
Ils ont pris le parti de nommer deux formes
– dont l’une ne doit pas l’être – et c’est en quoi ils sont errants.
Ils ont opposé et séparé les corps, ils les ont étiquetés
à part les uns des autres : d’un côté le feu éthéré de la flamme,
doux, tout léger, en tout égal à lui-même,
mais non égal à l’autre forme ; d’un autre côté celle-ci,
en soi contraire, nuit sans savoir, corps épais, pesant.
Quant à moi, je vais te dire tout l’ordonnancement vraisemblable,
afin que la façon de voir des mortels jamais ne te dépasse.
*
Le Poème de Parménide (fragments 2 à 7, ma traduction)
2
Allons-y donc ! Moi je parle, et toi, écoute la parole et garde-la.
Quelles sont les seules voies de recherche pour la pensée ?
L’une, selon laquelle il y a quelque chose et il n’y a donc pas rien,
est un chemin convaincant : il suit la Vérité.
L’autre, selon laquelle il n’y a rien et il faut qu’il n’y ait rien,
celle-ci, je t’en avertis, est une sente absolument pas renseignée.
Car on ne peut ni connaître ce qui n’est pas -et par conséquent ne peut être accompli-,
ni l’énoncer.
3
… Le soi c’est de percevoir, de même que d’être.
4
Mais regarde en esprit ce qui est absent aussi solidement que ce qui est présent.
Car tu ne sépareras pas ce qui est de ce qu’il est,
afin qu’il ne se disperse en tout partout selon l’ordre des choses,
ni ne se condense.
5
Cela m’est commun,
d’où je commence ; car j’y retournerai de nouveau.
6
Il faut donc dire et penser ce que peut être ce qui est : car il est être,
alors que le rien n’est pas ; voilà ce que je t’exhorte à considérer.
C’est pourquoi tout d’abord je t’écarte de cette voie de recherche,
et ensuite, de la contrefaçon de voie que les mortels qui ne voient rien
se font, doubles têtes qu’ils sont. Car l’impuissance dans leurs
poitrines dirige leur esprit vacillant ; et ils se laissent porter,
sourds et tout autant aveugles, ébahis, masses confuses
pour qui se valent se trouver là et ne pas être, ceci
et son contraire : le chemin de tous revient en arrière.
7
Or jamais l’être ne pourra être soumis aux choses qui ne sont pas.
De ton côté donc, écarte ta pensée de cette voie de recherche.
Et que l’habitude si ancrée ne te fasse pas tomber malgré toi dans cette voie,
à agiter un œil sans vision, une oreille remplie de bruit,
et la langue ; mais distingue par la raison le si combatif argument
par moi avancé.
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à suivre
Le Poème de Parménide (ma traduction, 1). À la vitesse de la lumière
1
Juments qui me portent jusqu’où je voulais aller, sur un souffle
envoyé ! M’ayant fait chevaucher dans la voie si parlante
du divin, qui en toute cité descend porter celui qui voit !
Par elle je fus porté, voie des juments si réfléchies,
tirant le char ! Et des jeunes filles en étaient guides.
Enflammé, l’axe jetait dans les moyeux son cri de flûte,
pressé qu’il était de part et d’autre entre les cercles
tournoyants, tandis qu’à toute vitesse les vierges du Soleil,
laissant derrière elles les constructions de la nuit, envoyaient
dans la lumière, repoussant des mains loin des têtes les voiles.
Là même sont les portes des chemins de Nuit et de Jour,
encadrées par-dessus, de part et d’autre et par un seuil de pierre,
éthérées, pleines, ô majestueuses entrées !
Et la Justice si exigeante en tient les clés de la rétribution.
Les jeunes filles, habiles aux doux langages,
la convainquirent avec sagesse de pousser, à tire d’ailes,
la barre chevillée aux portes. Une fois envolées
des battants, elles firent la béance et l’infini, les axes
si cuivrés s’enroulant en retour dans les écrous flûtés,
ajustés par chevilles et clous. Et c’est ainsi qu’à travers elles,
tout droit sur la grand route, les jeunes filles tiennent char et juments.
Quant à moi, la déesse m’accueillit de bon cœur, et prenant
dans sa main ma main droite, m’adressant la parole elle déclara :
ô jeune homme, compagnon d’immortels conducteurs,
qui avec ces juments qui te portent dans notre construction t’avances,
réjouis-toi ! Car ce n’est pas un mauvais destin qui t’a engagé à t’en aller
par cette voie – quoiqu’elle sorte du sentier battu des hommes -,
mais la Règle et la Justice. Et il te faut être instruit de tout,
aussi bien du cœur de la Vérité bien circulaire et sans tremblement,
que de l’opinion des mortels, en laquelle il n’est pas de vérité fiable.
Quoiqu’il en soit, tu apprendras aussi comment les apparences
doivent être en leur apparition, traversant tout via tout.
*
Une première étape dans mon essai de traduction de ce fameux poème du premier « philosophe de l’être », un Grec du VIe siècle avant notre ère. J’aurais beaucoup à commenter, mais pour l’instant je m’en abstiendrai. Ceux qui connaissent le texte verront les singularités de ma traduction, elles ne sont évidemment pas dues au hasard. Et bonne découverte à ceux qui ne le connaissent pas ! Bientôt la suite.