Débâcle

Après le sondage sur pour ou contre le droit de frapper les enfants, à quand le sondage sur pour ou contre le droit de frapper les femmes, ou les handicapés, les vieux, tous ceux qui sont plus faibles physiquement que nous ? Un petit Égyptien est mort il y a quelques jours suite aux coups de son instituteur. Je connais un homme qui, tout juste marié, s’était vu conseiller par sa belle-mère de frapper de temps en temps sa femme. C’était en France, la belle-mère était d’origine berbère mais il n’y a pas que dans les autres sociétés patriarcales que l’arriération règne. Le pape lui-même n’a-t-il pas vanté devant des millions de personnes le fait de frapper les enfants ? (Combien de petits sont-ils ainsi victimes de cette justification « chrétienne » des coups et de l’humiliation ?) Notre président de la République lui-même n’a-t-il pas annoncé sa séparation d’avec Valérie Trierweiler par un bref communiqué en forme de répudiation ? Et maintenant celle-ci distribue des gifles. Engrenage de la violence. Elle distribue des gifles, elle ne se contrôle pas. Ou elle se croit, comme toutes ces « élites », au-dessus des autres et donc au-dessus des règles communes, comme Manuel Valls faisant virer les SDF de sa rue, passant par-dessus la justice pour poursuivre Dieudonné, s’en prenant un jour à Michel Houellebecq, un autre à Michel Onfray… et défendant BHL, comme si c’était aux représentants de l’État de distribuer les bons et les mauvais points à tel ou tel citoyen… Les élections se rapprochent, Valls aussi perd son contrôle physique, en attaquant Marion Maréchal-Le Pen, la main morbidement tremblante. La France a réussi à empêcher la Belgique de frapper des pièces de deux euros commémorant le bicentenaire de Waterloo. Cachez cette débâcle que je ne saurais voir.

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Principauté des bassesses

Dans une démocratie, tous les citoyens ont les mêmes devoirs et les mêmes droits. Tous doivent être traités avec égalité. Quand ce n’est plus le cas, quand seuls ceux qui agréent aux pouvoirs ont des droits, voire le droit de vivre, nous sommes déjà dans le fascisme. Marine Le Pen veut rétablir la peine de mort : ce n’est qu’une expression grossière de la peine de mort symbolique – la restriction arbitraire des droits – déjà appliquée aux citoyens qui ne sont pas ce que les pouvoirs voudraient qu’ils soient (même s’ils ne font rien de mal, contrairement à beaucoup de ceux qui sont aux pouvoirs ou en bénéficient). Après que j’ai publié Poupée, anale nationale, en mentionnant aux journalistes qui m’interrogeaient que mon texte avait été refusé par mes « grands » éditeurs habituels, Gallimard etc, des spécialistes associés des bassesses vengeresses ont fait courir le bruit que ce livre était fasciste, ont même pris la peine de mettre en place quelques coups tordus contre moi dans la presse – en fait, il y en avait déjà eu avant mais dans ma candeur je n’avais pas du tout imaginé d’où cela pouvait venir, je le compris beaucoup plus tard, quand l’affaire prit une tournure industrielle. Il faut pourtant bien que des hommes se dévouent pour servir la vérité. Je ne suis pas sûre de pouvoir trouver un éditeur pour La grande illusion, Figures de la fascisation en cours – l’état des libertés en France n’a fait qu’empirer depuis mon dernier livre d’avertissement contre le fascisme, mais du moins le livre existe en numérique, et s’il n’est lu maintenant, si les livres que j’écris depuis quelques années ne peuvent être lus faute de pouvoir être publiés, ils sont une parole vivante et qui servira, un jour ou l’autre. En attendant, ma propre résistance sert.

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« Dropped »

Pourquoi les deux hélicoptères se sont-ils à ce point rapprochés ? Les passagers de l’un devaient-ils filmer les passagers de l’autre ? Sont-ils tous morts au nom de l’image, et de la falsification de la vérité ? Au nom de l’idole Audimat qui met en scène de prétendues épreuves de survie, alors que leurs acteurs sont entourés d’une équipe pour assurer leur sécurité ? N’importe qui vit une aventure plus vraie en partant se promener en mer ou en montagne, la météo n’étant jamais sûre et personne n’étant là pour le filmer ni pour lui venir en aide en cas de problème. La déformation de la réalité, l’injure au réel, tuent. « Tombés », en effet. Paix à leur âme.

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La question de la falsification de la vérité ouvre mon livre La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

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Journée de la femme, journée de l’indignité

Vous êtes noir, vous êtes juif, vous êtes arabe, vous êtes musulman… vous devez affronter les mauvais regards ou même les mauvais traitements, les discriminations et les difficultés à vivre dans un environnement raciste ? Sachez que les femmes endurent chaque jour depuis des millénaires des violences morales, symboliques et physiques encore bien plus courantes et souvent pires. D’ailleurs, qui oserait inventer une « Journée du noir », ou une « Journée du juif », etc ? Contre les femmes, les hommes ont leur force physique, et leur force sociale, que parmi eux les lâches, les frustrés et les imbéciles exercent semblablement, qu’il s’agisse de petits cons harceleurs de rue ou de petits cons harceleurs au travail, de tyrans domestiques ou de paternalistes politiques. Sans compter nombre d’intellectuels, d’artistes et bien sûr de religieux, pour lesquels la position de la femme se résume à la vision judéo-chrétienne de Marthe ou de Marie : soit préparer le repas du maître, soit écouter le discours du maître. Qu’une femme puisse être maître de sa parole, ou même un maître de la parole, leur est insupportable. Je dis maître et je pourrais dire maîtresse, je suis pour la féminisation des mots selon les fonctions, je suis pour « Madame LA ministre », pour que ne soit pas gommé le corps dans la fonction. Mais ici je dis : qu’une femme puisse être UN maître de la parole, non pas au sens sexué, mais au sens UNiversel : car si dans notre langue « le masculin l’emporte sur le féminin », il s’agit alors d’un genre tout à la fois masculin et féminin, le genre de l’être humain accompli, « ni homme ni femme » comme dit saint Paul – dans une parole trahie par toutes les églises -, mais être humain tout entier. Un être humain qui dépasse les hommes comme les femmes dans leur masculinité ou leur féminité – ce pourquoi ils veulent pouvoir se rendre maîtres de sa parole, afin de ne pas s’en trouver dépassés. Or nous sommes, hommes et femmes, quoique nous fassions, dépassés par la parole libre et vraie, et tout combat contre elle est un combat contre l’humanité, tandis que tout combat pour elle, ou toute acceptation d’elle, est un salut pour l’humanité.

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et en ces jours d’avant élections, une vérité à voir : La grande illusion, Figures de la fascisation en cours

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