La fraternité des parrains et des parrainés (aux dépens de qui ?)

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Mineur silicosé âgé de 47 ans, peu avant sa mort, photographié par Willy Ronis en 1951

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Bernard-Henri Lévy, toujours aussi comique, et plus que Dieudonné mais sans le faire exprès, appelle cette semaine à « la fraternité ». B-H-L figure de la fraternité ! Il n’y en avait qu’un pour être capable d’imaginer ça : lui-même ! Vu d’ailleurs que de lui-même, la fraternité des possédants et des occupants de l’espace médiatico-politique, ça s’appelle la mafia.

Fabrice Hadjadj, « philosophe » « chrétien », qui se vanta dans un livre d’avoir une âme de lyncheur de femmes jusqu’à ce que mort s’ensuive, et qui a mis son talent en œuvre dernièrement en lynchant bassement dans la presse deux femmes anonymes qui ont écrit un livre sur le sexisme de l’Église, vient d’être nommé par le bon papa François à je ne sais plus quel bon poste dans l’Église. Que beaucoup de femmes le supplantent dans le génie, il n’y peut rien, mais voilà au moins une place qu’elles ne lui prendront pas ! C’est efficace pour entraver l’honnêteté dans le monde, la fraternité des hommes ligués contre le génie des hommes et des femmes.

L’hebdomadaire catholique La Vie nous informe aussi que le comité interreligieux de la famille franciscaine appelle aujourd’hui au jeûne contre le racisme : à savoir l’antisémitisme et le racisme qui s’est exprimé à l’égard de Mme Taubira. L’appel en question n’étant pas donné en lien, j’ignore si ce sont les franciscains qui se sont limités à ces deux cas, ou bien le magazine qui ne voit que ce qui l’intéresse, les personnes de pouvoir. Ce serait bien aussi de penser aux victimes du racisme pauvres et démunies de voix et de parole, les Roms, les migrants, les Arabes, les Noirs, les musulmans… Ceux dont B-H-L ni les autres carriéristes d’alentour ne parlent jamais, quoiqu’ils vantent « la fraternité ».

Notre modernité

Tandis qu’on pénalise les clients des prostituées, tandis qu’on instaure un programme scolaire pour l’égalité des sexes (ou pour la négation des corps ?), on se prépare à autoriser la gestation pour autrui (aujourd’hui le gouvernement a sagement reculé sa loi famille, mais malgré leurs dénégations Manuel Valls et d’autres ministres et élites sont pour, voire militent pour la gestation pour autrui). Ce n’est déjà pas glorieux de vendre son corps, ou d’acheter un corps, dans des relations entre adultes, mais le vendre ou en acheter un dans une relation de mère à enfant, de parent à enfant, c’est plus ignoble que tout. Car même dans les cas où les mères porteuses sont censées ne pas vendre l’enfant, en fait elles sont payées pendant leur grossesse, ce qui revient au même. Et même si elles n’étaient pas payées, quel genre de mères voudrait-on promouvoir, capables d’abandonner l’être qu’elles ont porté et qui a besoin d’elles (et pas d’un ou d’une autre), de le faire non à cause de quelque tragédie (cela le nouveau-né peut le comprendre), mais parce que l’homme moderne doit pouvoir se procurer des enfants comme n’importe quel autre bien ? C’est donc cela, leur libération de la femme ? C’est ainsi qu’ils comptent réaliser l’égalité des sexes, en faisant des corps des machines, en niant la relation de mère à enfant pendant les neuf mois de grossesse, en arrachant l’enfant à celle qui l’a porté comme s’il n’y avait eu aucune relation entre eux ? Piétiner, insulter l’amour et la vérité, c’est cela maintenant, les valeurs de la gauche ? Ou ce sont tout simplement celles de l’homme moderne. Alors il faut s’interroger sur ce qu’est notre modernité : une mise au tombeau de l’humanisme.

À une femen qui ne parle pas français, qui se laisse acheter par n’importe qui y compris le diable comme elle le dit, qui salit les femmes et l’homme en général, on donne un passeport français, le droit de séjourner sur notre sol et l’honneur de figurer Marianne sur un timbre. Tandis qu’en plein hiver on chasse les familles roms avec leurs enfants de leurs bidonvilles, qu’on enferme des migrants dans des centres de rétention, qu’on expulse des réfugiés, qu’on interdit à des femmes voilées d’accompagner leurs enfants en sortie scolaire. Voilées ou non voilées, quoique bien françaises nos concitoyennes d’origines maghrébine ou africaine ne posent pas pour Marianne. Elles n’ont tout simplement pas l’avantage d’être de type caucasien. Voilà encore notre modernité.

Nous ne voulons pas d’une modernité qui a des relents puants de vieilles pages d’histoire sinistre, ni d’une modernité de science-fiction et de planète des singes. Nous voulons la modernité éternelle et toujours neuve de l’amour, de la vérité, de la vie, de la joie. Et nous l’avons, et elle vaincra.

Actualité mortifère de Heidegger

On continue ici et là à bavarder autour de l’antisémitisme de Heidegger, et ce n’est pas fini. Mais qui parle du fond de l’affaire ? À savoir, que l’antisémitisme de Heidegger est un anti-nomadisme. C’est là dessus qu’est fondée toute sa pensée, dès Être et Temps. Nous sommes en plein dans le conflit entre Abel et Caïn, inversé : ici c’est Abel qui veut tuer Caïn. Pour Heidegger, être c’est être dans une langue, sur un sol. Être dans le délimité, le cyclique, le cercle fermé, dans l’espace comme dans le temps. Son Dasein est l’être du cultivateur dans son champ, du fermier en famille dans sa ferme. Se référer aux Présocratiques est pour lui une façon – pour laquelle il n’hésite pas à s’illusionner sur une prétendue parenté entre le grec et l’allemand – de s’en tenir à une sorte d’immanentisme, de ne pas dépasser les mécanistes, de ne pas voir dans leur belle et nécessaire pensée l’étape qui permet d’avancer vers la pensée des fins dernières, des fins de la fin, des fins d’après la fin. Le « berger de l’être » de Heidegger est un berger figé, enraciné comme un épouvantail. La pensée de Heidegger aujourd’hui, son antisémitisme fondamental, règne aussi bien dans le mépris réservé aux migrants et aux sans-terre que dans le sionisme et dans tous les nationalismes et les communautarismes, dans le repli sur des familles fermées, loin, bien loin de l’esprit des familles très élargies et itinérantes sur lesquelles sont fondées les religions judéo-islamo-chrétiennes. Voyage et sa règle des Pèlerins d’Amour sont l’antidote à cette pensée mortifère.

Terre

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des paysans palestiniens hier à l’audience de la Cour suprême de justice israélienne, qui doit décider s’il est légitime de leur prendre leurs terres

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Le déterreur Edward Snowden de nouveau proposé comme candidat au prix Nobel de la Paix. Quelle bonne idée. Personnellement je lui ai déjà décerné, ici même, le titre d’homme de l’année.

Guerre autour de la théorie du genre. D’un côté on brandit des fantasmes, de l’autre la dénégation et le martinet. Quant aux faits, qui daignera les exposer ? que contient exactement le programme scolaire en question ?

Je ne sais ce qu’était devenu le jadis sympathique François Cavanna. En tout cas le journal qu’il fonda, Charlie Hebdo, sentait déjà le cadavre.

Dieudo enterre son magot. Comme avec Soral, les pauvres couillons continuent d’être invités à raquer. Tout ça parce que personne ne leur offre une parole qui puisse leur donner satisfaction. Dans ces cas c’est comme pour le sexe, on est prêt à payer, et pour du sale.

La Cour suprême de justice israélienne a examiné hier s’il était juste ou non de voler les terres de cinquante-huit familles palestiniennes, terres agricoles dont elles vivent, pour y construire encore un mur de l’apartheid, à Crémisan, sur un territoire qui n’appartient pas à Israël. Réponse dans un mois. Cette « Cour suprême de justice » doit avoir enterré la justice bien profondément pour avoir à la chercher si longtemps.

Le voile, la minijupe, la bombe, le singe

Bientôt de nouveau la journée du hidjab. Par solidarité avec les femmes voilées et respect pour elles, les non-musulmanes et les non-voilées sont invitées à porter le voile durant une journée. La solidarité impliquant la réciprocité, nous verrons peut-être bientôt des musulmanes voilées participer à une journée de la mini-jupe ? Pour montrer le respect qu’on doit aussi avoir envers les femmes qui assument le droit de ne pas cacher leur corps, tout aussi important que celui de le cacher.

Les Femen sont entrées dans la nouvelle année en annonçant qu’elles allaient passer au terrorisme. N’allons pas imaginer qu’elles pourraient avoir quelque lien avec la bombinette artisanale qui a explosé cette nuit près d’une église française toute proche du Vatican. Sûrement un coup de la mafia, assure Le Figaro, sans aucun lien avec la visite de François Hollande au pape.

Le pape déclare en substance qu’il faut se soucier de l’écologie, car « la nature ne pardonne pas quand on ne prend pas soin d’elle ». Prendrait-il la nature pour quelque divinité ombrageuse, ou bien est-il tout bêtement animiste ?

Le magazine catholique La Vie promeut le livre d’un Américain qui défend la différence des sexes notamment en comparant les enfants aux chimpanzés mâles et femelles. Jésus-Christ serait-il à la fois singe et Dieu ? Dans Voyage, Adam se perd en se référant au singe. Nous y voilà, la confusion spirituelle est achevée.

Têtes de gondole fomenteuses

Bernard-Henri Lévy est furieux : la directrice de l’Unesco a pris une décision qui le contrarie, alors qu’il l’avait fait élire. Eh oui mon gars, quand on manœuvre pour faire faire par les autres la règle du jeu selon soi-même, cela présente l’avantage de ne pas avoir à assumer le mal qui peut en découler, mais aussi l’inconvénient de risquer de n’être pas obéi de ceux qui assument, eux, la fonction pour laquelle ils ont été élus.

Ils sont nombreux, les manœuvriers de l’ombre, tels les femmes du harem des puissants se livrant à des jeux d’influence derrière leur voile. B-H L, soucieux de ne pas laisser se perdre sa photogénie, lève plus qu’à son tour son voile sur sa poitrine conquérante, mais cela ne change rien : au final, non, ce ne sont ni lui ni ses semblables qui décident. Les décideurs décident. Ceux qui ont été portés au pouvoir ou laissés au pouvoir par les hommes décident des affaires de leur temps – qui la plupart du temps leur échappent quand même. Puis leur temps est balayé, et ne reste vivant que ce qui a été élu viable par ce qui dépasse les hommes. C’est-à-dire, ce qui est juste et vrai, ce qui est du Logos souverain qui seul donne et perpétue la vie.

François Hollande, paraît-il, laisse tomber les Femen. J’ai appris hier que leur chef n’a que vingt-trois ans. Je lui en donnais trente-cinq. Du coup, je me sens plus portée à l’indulgence envers elle et ses camarades. Trimballées d’idéologues communistes en idéologues néo-nazis, financées par des libéraux, soutenues par des socialistes, accusées de fonctionner comme une secte, elles ont une histoire accablante. Le mieux serait qu’elles s’en sortent et passent à autre chose, autrement. Quant à Hollande, ses soucis avec les femmes ne semblent pas près d’être terminés. Comment prôner l’unité du pays quand on est soi-même si désuni ?

Ainsi les têtes de gondole de ce monde cachent-elles les rayonnages de ses misères. Qui est derrière les femmes anonymes qui ont publié un livre sur le manque de place pour les femmes au sein de l’Église ? Et si c’était des hommes qui, comme avec les Femen, ne seraient pas fâchés de discréditer la cause des femmes en les poussant à accomplir des actions pour le moins pas claires ? Tout en dépêchant quelque préposé aux basses œuvres à dénigrer copieusement leur parole dans la presse ? Encore un effort, messieurs et mesdames les fomenteurs en tous genres, pour sortir du bourbier. LA FIN NE JUSTIFIE JAMAIS LES MOYENS, quand cela sera-t-il compris ?

Sexisme et bêtise

Une enquête révèle que sur Google, les parents « s’intéressent surtout au cerveaux de leurs garçons et au corps de leurs filles » (ici). Deux femmes, ou prétendues femmes, ont publié sous anonymat un livre intitulé Le déni, sur le sexisme dans l’église catholique et l’empêchement de parler fait aux femmes dans cette institution. Par mail, je leur ai proposé de leur envoyer gracieusement Voyage, un livre riche en théologie (et de facto censuré par le clergé de Rome et par le « milieu » de l’édition à Saint-Germain des Prés). Elles m’ont répondu qu’elles aimeraient mieux avoir mon « livre sur le corps ». Soit elles sont aussi fausses, manipulables par les hommes et nuisibles que les Femen, soit elles sont très bêtes : dans les deux cas elles justifient le fait qu’on les cantonne aux tâches ménagères.

Il y a aussi une autre explication à leur demande, d’où qu’elle soit émise en fait : il s’agit d’un aveu inconscient que le mal est dans leur corps, que c’est cela leur sempiternel souci. Des psychiatres, des sexologues, recommandent à leurs patients mes livres « sur le corps » pour guérir. Je recommande n’importe lequel de mes livres, car le corps et l’esprit n’y sont jamais séparés, comme il en est en vérité.

ajout : voir aussi ici (dernier paragraphe) et ici