Lavage de cerveaux

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Je suis repassée devant la fac de Tolbiac. La façade est de nouveau de béton cru, même les plus belles fresques ont été effacées. Sur le côté, des ouvriers immigrés étaient en train de frotter pour enlever les derniers tags. L’art, la littérature, la connaissance sont pourtant les seules portes de sortie des idéologies, de toutes sortes d’idéologies – toutes sont morbides.

 

paris 13eces jours-ci à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Tags, fresques, affiches à la fac de Tolbiac, après évacuation et avant effaçage

La dernière fois que j’y suis passée, c’était juste après l’évacuation, le secteur était bouclé, la police empêchait d’approcher, j’avais seulement pu faire quelques photos de loin. Maintenant la fac est toujours fermée, mais les abords en sont libres. Je ne suis pas passée par-dessus les grilles comme je l’avais fait dans les premiers jours de la « Commune libre de Tolbiac » (pour aller animer un atelier d’écriture) mais j’ai bien fait le tour et j’ai photographié tout ce que j’ai pu voir (quoique les gardiens aient gentiment essayé de me faire croire que c’était interdit). Voici donc les images, des témoignages, des traces de ce qui fut – comme des archives du futur. Ce serait bien si les plus belles des fresques pouvaient ne pas être effacées.

 

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En face, de l’autre côté de la rue de Tolbiac, l’École supérieure de journalisme et les tours d’habitation. J’ai aussi une formation de journaliste, c’est en partie pourquoi j’aime bien aller voir ce qui se passe !

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tolbiac 18aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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La révolution sans pantalons

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tag censier 3tags à la fac occupée Censier, ces jours-ci

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Que des enfants de bourgeois aient l’envie de se donner l’illusion de sortir au moins un temps de leur condition, quoi de plus macron, au fond ? Que des étudiants aient envie de jouer à la révolution, quoi de plus conforme à la tradition ? L’ordre des choses est respecté, les médias y font leur beurre, les syndicats et les politicards s’y frottent les mains, tout va bien.

Tout va très bien, madame la marquise, mélodie d’amour chante le cœur d’Emmanuel épelliculé par Trump le clown. Mélenchon rime ouvertement avec bidonnons, son Le Média et Reporterre inventent un quasi-mort dans une énorme flaque de sang caché tout à la fois par la police, l’hôpital et les balayeurs de Paris, sans compter les voisins, tous complotistes aussi. Des universitaires parfois à visage découvert, plus souvent masqués comme des camions volés (c’est qu’ils ont une position dans la société, ils ne vont pas clamer leurs opinions autrement qu’anonymisés, planqués derrière leurs écrans !), fustigeurs du mensonge général, adeptes de Debord et autres grands noms, propagent et repropagent la fake news étayée sur du néant, dans leur avidité à se ranger avec les étudiants occupeurs de facs, se vautrant dans leur puérilité retrouvée, si tant est qu’ils l’aient jamais perdue, fricotant mentalement avec ces petits jeunes (encore un retour de tradition de l’Éducation sexuelle nationale à la fois soixante-huitarde et trogneux-macronienne), s’accordant plus de promiscuité en allant distribuer leur bonne parole dans des amphis occupés comme des curés entraînant leurs plus jeunes ouailles dans les sacristies, eux qui ont franchi toutes les sélections possibles (et indispensables), qui ont passé tous leurs examens, qui sont casés et appointés par leur ennemi imaginaire et n’ont rien à foutre des étudiants empêchés par leurs soins empressés de passer à leur tour les examens qui devraient les libérer des profs abusifs.

Ainsi tourne le cercle vicieux, avec en son centre des jeunes infantilisés par tout le système pédagogique, comme je l’ai plus d’une fois dénoncé ici, en stagiaire à l’Espé et en néoprof, des jeunes plus qu’inquiets du monde qui leur est légué, comme révélé lors de l’atelier d’écriture que j’ai animé à Tolbiac occupée, des jeunes qui voudraient se débarrasser du poids écrasant des générations précédentes et de leur idéologie, comme l’indiquent des tags agressifs envers mai 68 dans les facs occupées, des jeunes, bloqueurs ou bloqués, une fois de plus instrumentalisés, récupérés, piétinés d’une façon ou d’une autre, empêchés de voir que ce qui les entrave n’est pas Parcours Sup, tout défectueux qu’il soit, mais le fait qu’ils reçoivent un enseignement très médiocre, de plus en plus dégradé, tout au long de leur scolarité, qui les destine à vivre dans l’état et les mentalités d’un pays arriéré.

street art tolbiac 1bravo aux artistes qui ont su égayer un peu cette fac Censier sinistre

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tag tolbiac 2street art et tags à la fac Censier évacuée, hier. Photos Alina Reyes

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Mon blaze, des graffs et un atelier d’écriture à Tolbiac occupée

Après avoir regardé une excellente série documentaire de dix petites épisodes sur l’histoire du graffiti, j’ai eu envie de créer mon blaze avec mes initiales, et j’ai dessiné ceci :

mon blaze

Puis je suis partie à Tolbiac, animer un atelier d’écriture dans l’université occupée. Pendant que les étudiants écrivaient, j’ai dessiné une variante de mon blaze dans mon carnet :

mon blaze,

Il y avait des dizaines d’étudiants dans l’amphi d’à côté, pour une rencontre avec les cheminots et les postiers grévistes. Pendant ce temps, nous nous sommes retrouvés à sept, cinq garçons (dont un passant) et deux filles dont moi, pour un atelier tranquille et calme d’écriture à partir de ce début de citation que je leur avais donné : « Enfin la terre s’ouvrit et ». Ensuite ils et elle ont lu leurs textes, c’était beau, très beau par moments. Parlant de mines, de cendres, d’histoire engloutie, de sectes suicidaires, de déplacements humains… « du gouffre hurlant s’échappait la lumière chaude de la vie ». Je leur ai donné la citation entière : « Enfin la terre s’ouvrit et Gérard de Nerval apparut », et son auteur : Antonin Artaud. Nous avons parlé un moment des textes qui venaient d’être écrits, puis de Nerval et d’Artaud, et aussi de notre situation ici, sous terre, dans cet amphi de cette fac construite toute en niveaux serpentants et différents pour éviter les rassemblements d’étudiants, et aussi du printemps où la verdure sort de la terre.

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Je suis repartie, passant entre de petits ateliers installés dehors, barbouillage d’affiches publicitaires et découpe de bois, comme à l’arrivée et comme tout le monde j’ai grimpé par-dessus la clôture et j’ai marché dans les rues, photographiant au passage les graffs et aussi quelques œuvres de street art (pas les grandes fresques du 13e que j’ai déjà photographiées, mais de petites œuvres nouvelles). Voici d’abord les graffs :

graff

graff 2

graff 3

graff 4

graff 5

graff 6

graff 7

Et voici d’autres œuvres de street art et des images de la ville :

street art 2

street art 3

street art 4

street art 5

du bout des doigts

street art 6

street art

street invader

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Il faisait très doux, enfin le printemps, que berçait une petite pluie fine. Les prunus en fleur embaumaient dans certaines rues, et des enfants jouaient.

prunus en fleur

enfantsaujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Street Art à la fac Tolbiac et dans le quartier

street art paris 13,aux Gobelins, puis en marchant vers la fac, je n’ai photographié, parmi les nombreuses œuvres au long des rues, que celles que je n’avais pas encore photographiées

street art paris 13

street art paris 13 a

street art paris 13 b là, avec ces tôles ondulées, on arrive à la facstreet art paris 13 c

street art paris 13 d et voilà la fac, j’entre dans la facstreet art paris 13 e

street art paris 13 f

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street art paris 13 j

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street art paris 13 m et je ressors dans le quartier, d’abord devant l’école de journalisme puis les habitationsstreet art paris 13 n

street art paris 13 oAujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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