J’ai suivi hier soir l’une des Nuits Debout, retransmise en direct depuis la place de la République à Paris. Écouté les prises de parole des uns et des autres. Pensé que ces réunions nocturnes sur des places, en France et dans d’autres pays (il y eut bien avant la place Tahrir et beaucoup d’autres), ce désir revendiqué de « convergence » des luttes et des projets pour ouvrir une voie de justice dans le monde, cette façon d’échanger par la parole, rappelait l’histoire des jeunes retirés dans la caverne de la sourate Al-Kahf à cause du tyran :
« Tu aurais vu le soleil, quand il se lève, s’écarter de leur caverne vers la droite, et quant il se couche, passer à leur gauche, tandis qu’eux-mêmes sont là dans une partie spacieuse » (v.17)
et le moment où ils se lèvent :
« Et c’est ainsi que Nous les ressuscitâmes, afin qu’ils s’interrogent entre eux » (v.19)
Il ne s’agit pas de religion, il s’agit de puissance visionnaire de la parole.
Et les paroles prononcées hier ont retenu aussi mon attention. Il y avait de la tristesse à entendre par exemple une jeune femme se définir comme intermittente du spectacle, plutôt que de dire son métier. Symptomatique d’une société où l’on réduit les personnes à leurs statuts sociaux : SDF, fonctionnaires, réfugiés, intermittents du spectacle, chômeurs etc.
Entendu aussi de brèves paroles réellement poétiques, donc puissantes. Quelqu’un a dit « Je vais vous dire un poème arabe : « Sois heureux un instant ; cet instant c’est la vie ». Et un homme audiblement très bourré a répété : « Y a pas de couleurs pour rêver ! » Parce que c’est la nuit ?
Il faut du temps pour sortir d’une nuit sans rêves. »Debout » fut le dernier mot de ma dissertation du mois dernier pour l’agrégation, en littérature comparée sur le thème « romans de la fin d’un monde ».
texte extrait de mon roman Forêt profonde
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images du jour, à Paris, photos Alina Reyes
photos Alina Reyes
« Faites l’amour, pas la guerre ». Dans les années 60-70 du siècle dernier, cela donna cela. La guerre du Vietnam révoltait tous les esprits épris de justice, et les hippies n’étaient pas aimés non plus par la bonne société. Ils avaient des aspirations spirituelles, et s’ils prônaient l’amour libre, c’est que la société l’interdisait.
En sortant du jardin Albert-Kahn (voir les deux notes précédentes) nous avons pris des Vélib pour rentrer. Je me suis arrêtée une première fois pour photographier cette façade en trompe-l’œil annonçant le Musée des années 30.
Nous sommes passés devant les anciennes usines Renault, si riches d’histoire, sur l’île Seguin
Nous avons fait un peu de cross-country en roulant çà et là dans l’herbe ou la terre en cherchant notre chemin par les voies buissonnières
À Issy-les-Moulineaux nous avons traversé le parc Saint-Germain, sur l’île du même nom, où se trouve la Tour aux figures, sculpture monumentale de Jean Dubuffet

Nous avons retrouvé la Seine

Toujours par les voies buissonnières, nous avons escaladé des barrières
Puis nous avons poursuivi notre chemin dans Paris par les quais
Sous le pont Mirabeau coule la Seine…


La Boudeuse était à quai. Un jour j’ai dîné avec son capitaine, entre autres, à Malagar chez Mauriac
Un peu plus de deux heures après le départ, dernières images avant le coup de pédale final : le marchand de glaces à l’entrée du jardin du Luxembourg, et en face, devant le McDo, un batteur sur ustensiles colorés
3 avril 2016, photos Alina Reyes
Le voyage d’Albert Kahn, un film de Lallaoui Mehdi



























aujourd’hui à Boulogne-Billancourt, photos Alina Reyes