L’insupportable morgue et domination des journalistes

Corporatisme des journalistes qui n’aiment pas qu’on attaque tel ou tel titre ou journaliste. Les articles bidonnés ou bâclés par certain·e·s de leurs confrères et consœurs, ils ne les voient pas ? Ils les gobent comme le lecteur moyen, qui ne sait pas ? Ils ignorent à ce point leur métier ? Ou bien ils voient, et cela ne leur fait ni chaud ni froid ? Je dis qu’un titre trop accommodant avec le mensonge perd toute crédibilité, même si certains de ses journalistes font un travail correct. Il devient illisible, comme tout ce qui est corrompu à la racine.

Même des journalistes de gauche, ceux qui aiment bien dénoncer les dominations, soutiennent et exercent eux-mêmes une domination sournoise, minable, voire criminelle, à la fois sur leurs lecteurs et sur les gens dont ils parlent. Se permettant si souvent de déformer les propos qu’on leur tient, de déformer des faits, d’affirmer sans avoir enquêté, et même de bidonner des articles, d’inventer ce qu’ils présentent comme vrai, de mentir (raison pour laquelle, les ayant trop pris sur le fait, je n’ouvre plus ni L’Obs ni Libé). J’ai une formation de journaliste et je vois ce qu’ils font, depuis cette formation et aussi depuis ma position de proie potentielle pour les journalistes – combien de fois m’a-t-on prêté des discours que je n’avais pas tenus, combien de fois a-t-on rapporté avec des approximations énormes ce que j’avais dit ou fait, combien de fois m’a-t-on insultée parce qu’on avait la possibilité de le faire et que je n’avais pas la possibilité de répondre, à combien de milliers de gens ont-ils de la même façon nui, combien de fois ai-je vu leur traîtrise, leurs connivences avec tel ou tel pouvoir, leur fausseté, leur propension non à dire les faits mais à promouvoir ou salir telle ou telle personne, tel ou tel événement.

Voilà qui ferait un beau sujet d’étude pour des sociologues. Le journalisme a sa noblesse, s’il est exercé avec honnêteté. La France fait partie des pays, malheureusement, où il est particulièrement corrompu et vendu. En toute impunité. Cela aussi devra changer. Cette domination inique, si largement répandue, elle aussi devra être largement dévoilée, remise en question, mise en accusation, sanctionnée. Afin que puisse continuer à vivre, et vive, un journalisme au service des faits et des citoyens, plutôt qu’au service de tel ou tel notable, de tel ou tel pouvoir.

Palestine, et combat des forces morbides contre les forces de vie

Pourquoi les médias ne parlent-ils jamais des mouvements de gauche de la résistance palestinienne ?, se demande-t-on dans cet article de Oumma.com. Mais déjà, en 2006, cet article dans Le Monde rappelait comment et pourquoi Israël avait favorisé le Hamas.

Le mot apartheid pour désigner le régime israélien n’est plus tabou aux États-Unis, même dans des médias mainstream, détaille cet article de Mondoweiss (en anglais).

Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de la rédaction de Libération, le journal encore promoteur de violeurs, déclare à la télé que la colonisation est un cancer pour Israël. Discours pernicieux, propageant l’idée d’un Israël toujours victime. C’est pour les Palestiniens que la colonisation est un cancer, comme pour tous les peuples colonisés et sous régime d’apartheid.

Manifester à Paris pour soutenir les Palestiniens, comme cela se fait un peu partout dans le monde, est interdit. Devant la violence coloniale, fermer les yeux – et si besoin avec des grenades lacrymogènes, pour ceux qui les garderaient ouverts. C’est l’exception française. L’exception d’un pays où tant de coincé·e·s ne supportent ni la vue d’une femme voilée, ni la vue d’une femme dévoilée, comme dans ce fait divers où, à Bordeaux, une jeune femme a été frappée par une autre femme, sans que personne ne vienne à son secours, parce qu’elle allaitait son bébé en public. Comme personne ne vient au secours des femmes battues et menacées, malgré les belles paroles de nos sinistres ministres et président. Fait divers emblématique du combat des forces morbides contre les forces de vie, combat qui prend de l’ampleur dans notre pays, et ailleurs dans le monde.

Bella Hadid l’a dit : «Les générations futures regarderont en arrière, incrédules, et se demanderont comment nous avons pu laisser la souffrance des Palestiniens durer si longtemps.»

Je suis la Palestine,
sans fin spoliée, réduite, martyrisée.
Mais nul autre que la vie ne gouverne chez moi.
Et je sais que toujours un jour vient
où tout se retourne.
Que les criminels sont vus pour ce qu’ils sont.
Au ciel – et c’est le plus terrible, dit-on,
mais sur terre aussi.
Il y a bel et bien un jugement des humains
sur les humains.

Nouvelles de mon marathon de traduction

Je fais des rêves fantastiques ; hier j’effectuai un long et extraordinaire ballet dans les airs, et cette nuit un messager m’annonça un prix faramineux, de façon positive. Depuis trois semaines je souffrais d’une tendinite à l’avant-bras gauche ; comme la douleur s’était éveillée vingt minutes après ma vaccination, je pensais qu’il s’agissait d’un effet secondaire ; comme cela commençait à durer beaucoup, j’ai pensé que je fatiguais peut-être trop mon bras au yoga, avec toutes ces postures sur les bras, le gainage etc. Je me suis limitée pendant quelques jours à un yoga d’étirements (yin yoga) ou d’exercices de respiration (pranayama), mais ça n’a rien changé. Et finalement j’ai compris : c’est la manipulation répétitive, des heures et des jours durant, de mon énorme dictionnaire de grec, avec la main gauche (la droite écrivant) qui m’a créé ce dico elbow, si je puis dire, sans doute révélé au moment de la légère inflammation supplémentaire produite par la vaccination. Mon vieux dictionnaire tombe d’ailleurs lui-même en miettes à force de servir, je vais devoir le réparer encore. Mais depuis hier soir je me sers du même dictionnaire, le Bailly, mis en ligne par un groupe qui s’est nommé Hugo Chavez, et que je remercie pour cet énorme travail. Bon en fait c’est moins pratique que le dico papier, mais au moins ça me permet de continuer.

Tout de même, à ce stade de mon travail, je ressens une fatigue mentale certaine. De septembre 2020 à fin janvier 2021 (avec une interruption en décembre), j’ai traduit les quatre premiers chants – ce qui constituait déjà un bon rythme, d’autant que je ne suis pas helléniste et que j’ai dû travailler au départ avec mon faible bagage de grec du collège et du lycée. Mais de février à aujourd’hui où je suis en train de terminer le chant XV, j’ai donc traduit, en trois mois et demi, onze chants de plus. Je pourrais finir au début de l’été, mais la fatigue m’oblige à ralentir ces jours derniers. On verra. Ce sur quoi je ne transige pas, c’est sur la qualité de mon travail. Je prendrai le temps qu’il faudra pour rendre de mon mieux hommage à Homère et à son texte, à ses vers que je traduis en vers libres mais avec une contrainte dans le nombre de pieds, contrainte très utile pour ne pas s’autoriser les facilités de la prose et trouver des formulations proprement poétiques. L’harmonie sonore de la langue d’Homère s’accompagne de heurts linguistiques, j’essaie de m’approcher au mieux de son esprit. Je travaille toujours avec un œil sur les traductions de mes prédécesseurs, et je continue à noter leur sexisme accablant. Dernier exemple en date : pourquoi, lorsque Homère qualifie une femme de féminine, Leconte de Lisle traduit-il « luxurieuse », Jaccottet « faible», Bérard « pauvre », etc. ? Moi, femme, malgré la fatigue, je me sens en très grande forme. À suivre.

Courir et traduire

Je suis bien fatiguée en ce moment – c’est l’un des effets du médicament que je dois prendre pendant encore deux ans et demi, mais aussi de la masse de traduction que j’ai produite ces derniers mois, des milliers de vers (la fatigue me contraint à ralentir un peu en ce moment mais je continue quand même à avancer dans toute cette splendeur de l’Odyssée, j’aurai fini le chant XV d’ici lundi ou mardi je pense). Peut-être aussi parce que je fais pas mal de sport, en particulier mes trois running par semaine, pas bien longs dans l’absolu (environ trois kilomètres) mais bien intenses pour mes capacités de petite débutante (à tous les sens du terme) de 65 ans. J’adore ça et j’y suis allée ce samedi matin malgré ma grosse fatigue et la pluie et le vent, et j’ai fait un de mes meilleurs temps quoique j’ai enlevé ma veste contre la pluie avec l’arrêt de la pluie puis l’ai remise à la reprise de la pluie, tout en marchant et sans arrêter l’appli avant de me remettre à courir. Je dois trouver mon rythme, je cherche encore, au collège ce qui me convenait parfaitement c’était le 400 mètres ; au sprint sur 60 mètres j’étais assez bonne si je me souviens bien mais trop petite par rapport à la plupart des autres filles pour faire les meilleurs temps ; mais au 400 mètres, où il fallait combiner la vitesse avec un peu d’endurance, là j’étais dans les toutes premières. Quand il fera un peu meilleur je prendrai mon vélo et j’essaierai d’aller courir dans un stade, pour voir. Même pour le footing ça doit être agréable.

Je suis vraiment bien musclée maintenant, c’est bon de se sentir ainsi. Et je ne le fais pas exprès, mais cela m’aide à traduire Homère, parce que c’est très physique, son poème. La chose énorme que j’y vois, et que j’y manifeste dans ma traduction (il y a du changement par rapport aux premiers chants que j’ai mis en ligne ici), puisque je la vois manifeste dans le texte grec, n’a jamais été vue, je pense – sinon cela se saurait. La joie de la découverte est intense. Je cours, en grec, se dit théo, un homonyme du nom théos, dieu.

Liberté vs société pourrissante

O et moi commençons à prévoir et repérer notre prochain trek en France, une traversée sac au dos, non de 100 km comme notre magnifique trek de l’été dernier sur le causse Méjean, mais d’au moins 200 km cette fois. Nous n’échangerions ça contre aucun hôtel de luxe ou île « paradisiaque ». Le paradis c’est la liberté, et il n’y a pas de plus grand sentiment de liberté et de vie que de marcher dans la nature, manger dans la nature, dormir dans la nature, être infiniment là à tout instant du jour et de la nuit. C’est littéralement passer dans un autre monde. Et nul besoin d’aller au bout du monde pour ça. Car le bout du monde, il est partout, et ce bout du monde proche est aussi le début du monde.

Un jour en rêve j’ai réalisé que Sollers et ma mère étaient le même genre de personne, bonne en façade, mauvaise dessous, avide de reconnaissance, faussement savante, néfaste, abusive et manipulatrice. Et que c’était à cause de cette ressemblance que, avant de la reconnaître, j’étais tombée dans le panneau. Avant ça j’étais allée chercher secours dans le christianisme, et les catholiques, comme à leur habitude, en avaient déduit que puisque je leur étais utile, il leur fallait me crucifier, et ils y avaient longuement et vicieusement œuvré – n’étant pas du tout d’accord avec cette vision des choses, après avoir bataillé j’étais partie ; ayant travaillé et écrit sur l’Ancien Testament, j’avais voulu apporter mon texte à une institution juive, et j’avais été reçue avec armes, contrôles sans fin et hostile paranoïa ; j’allai ensuite à la mosquée, où je fus aimablement reçue, puis, comme j’écrivais sur le Coran et prenais la défense des musulmans, on me fit savoir par ailleurs que l’islam n’avait pas besoin de moi – là encore, je suis partie, non parce qu’on n’avait pas besoin de moi mais parce que je n’acceptais pas la discrimination des femmes à la prière. Je me mis au yoga, et il se trouva bien quelques profs en ligne qui s’avérèrent aussi manipulables que n’importe qui, se faisant, comme tant d’autres, fourbes et traîtres, complices d’un harcèlement qui, au nom d’une prétendue bonne cause, en vérité m’empêche depuis de longues années de publier, m’a ruinée, obligée à vendre ma maison, peu à peu complètement isolée – mais il suffit de changer de prof si nécessaire et voilà une pratique qui, comme l’étude, le sport ou l’art, peut se passer des institutions.

Ceci est mon cas particulier, mais il est emblématique du fonctionnement de ce monde, de la façon dont il s’emploie à écraser les gens qui ne lui sont pas soumis. Voilà pourquoi j’apprécie, et nous sommes si nombreux à apprécier, tout moment de vie dans la nature, ou dans tout autre domaine qui permet de rester suffisamment à distance d’une société pourrissante.