Décoloniser les concepts, avec Philippe Descola

Philippe Descola revient sur les quatre ontologies qu’il définit dans son livre Par-delà nature et culture, quatre façons d’organiser la place des hommes dans la nature et leurs relations avec les autres vivants. Superbe leçon d’anthropologie :

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Intervention lors du colloque « Comment penser l’Anthropocène ? », dans le cadre de la COP21, de Philippe Descola, anthropologue, responsable de la Chaire « Anthropologie de la Nature » au Collège de France :

M. Descola semble avoir été entendu : le mois dernier un fleuve en Nouvelle-Zélande, le Te Awa Tupua, puis deux fleuves en Inde, le Gange et la Yamuna, ont obtenu des droits juridiques comme entités vivantes.  Puisse une telle pensée, décolonisant les concepts, pour reprendre ses termes, et apte à sortir les esprits du « TINA » intellectuel, nous inspirer des alternatives politiques.

« Doit-on renoncer à distinguer nature et culture ?  » L’écouter un peu plus, sur son travail et ses thèses d’anthropologue :

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Et pour bien plus : ses cours au Collège de France, en vidéo également.

Guyane. « La loi de la jungle », documentaire de Philippe Lafaix

L’orpaillage en Guyane produit un effroyable désastre humain, sanitaire, politique, écologique. D’après les témoins, le scandale dénoncé par cet excellent et courageux documentaire est malheureusement toujours d’actualité.


Doc La loi de la jungle par fanstes
Texte de présentation :
Chronique d’une zone de non droit : la Guyane française
Documentaire de Philippe lafaix – 2003 – 52 mn

Prix du documentaire Festival international du film de l’environnement – Paris. Prix du meilleur film pour les droits de l’homme CinéEco – Portugal, alors pourquoi cet excellent documentaire n’a été retenu par aucune grande chaîne ? sans doute parce qu’il a été mis « sur liste noire » comme le dit L’Humanité, sans doute qu’il dérange.
Des frontières passoires dans une forêt équatoriale incontrôlable.
Une ruée vers l’or qui dégénère en Far-west tropical.
Des ressortissants brésiliens réduits en esclavage sur des sites d’orpaillage clandestins.
Les témoignages exclusifs de quatre survivants atrocement torturés.
Le premier procès en France depuis la guerre 39-45 pour tortures et actes de barbarie attribué à une organisation.
Des forêts et fleuves partout éventrés. Une contamination massive par le mercure (12 tonnes par an!) de toute la région (le pays des mille fleuves!) qui décime les Guyanais dont les derniers Amérindiens français.
Et tout cela se passe dans le plus grand département Français : la Guyane française!
Un documentaire d’une force exceptionnelle, un constat lucide et un véritable pavé dans la mare.

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Les éphémères de Gérard Zlotykamien

gerard zlotykamien-minsource, avec article, à lire

Il expose en ce moment dans une galerie du 13e, la galerie Mathgoth.  Gérard Zlotykamien est le premier street artiste du monde, œuvrant dans la rue dès 1963. Petit-fils de déportés, il a commencé à peindre ses « éphémères » dans le trou des Halles en 1970 en hommage à l’ombre des irradiés d’Hiroshima sur les murs. Ces figures toutes simples ont une présence d’une puissance extraordinaire. J’espère aller voir ses œuvres à la galerie et en donner des images ici. En attendant, ces deux vidéos. Le texte de la première le présente ainsi : « Gérard Zlotykamien a été le premier artiste au monde à descendre dans la rue pour y faire de l’art. Quand il débute en 1963, le graffiti new-yorkais n’a pas encore commencé, et en France (berceau du mouvement) ni Daniel Buren ni Ernest Pignon-Ernest ne se sont encore confrontés à l’espace urbain. » La deuxième est particulièrement émouvante, par sa personne et par le lieu où il peint, qui rappelle le destin des déplacés et des sans-abri d’aujourd’hui.

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En voyant son travail, je me rappelle aussi celui de Mâkhi Xenakis sur « les folles d’enfer de la Salpêtrière« , sur ces femmes longtemps victimes de ce que Michel Foucault a analysé : « le grand renfermement » dans cet espèce de camp de concentration avant l’heure que fut le très catholique Hôpital Général.

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Grandeur nature

« Les images que je dessine sont toujours celles de corps grandeur nature, sans effet de style. Elles ont dans leur fonctionnement quelque chose de l’empreinte. Ce sont comme des pas dans le sable. » Ernest Pignon-Ernest, in Europe,  numéro de ce mois-ci sur Mahmoud Darwich

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Verso du classeur de ma thèse en couleurs. Le recto est ici, les pages .

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Mahmoud Darwich par Ernest Pignon-Ernest en Palestine

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« Le street art instaure un dialogue avec les habitants, questionnant tantôt l’histoire du bâti, tantôt la profusion croissante d’entraves à la liberté y étant instaurée (vidéosurveillance, omniprésence écrasante des publicités, etc.) » Fanny Crapanzano, Street Art et Graffiti : l’invasion des sphères publiques et privées par l’art urbain

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