Dans la nuit du destin, des bons cœurs

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Je vois ce titre de journal : « Les Etats-Unis vont rendre des milliers de pièces d’antiquité volées à l’Irak », mais par lapsus je lis :  « Les Etats-Unis vont rendre des milliers de pièces d’identité volées à l’Irak ». En fait, pour les identités volées par la guerre, il faudrait compter par millions.

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Je lis dans Trouve ta mosquée : « La mosquée a été baptisée Laylat al Qadr car selon Hajj Ahmed, le permis de construire de la mosquée a été obtenu le jour de Laylat al Qadr et que la première prière qui a été réalisée dans ces lieux fut pour Laylat al Qadr.

Ahmed est fier de cette mosquée et des musulmans de Sète qui ont tous contribué à la construction de celle-ci.

 Il me raconte une anecdote « Le chantier avançait  bien, le plâtrier qui avait fini son travail ne m’avait pas donné sa facture. Sète ce n’est pas très grand alors je le croisais souvent pour lui demander la facture afin que l’association le paie. Après une dizaine de relances, je lui fais comprendre que c’est urgent pour notre comptabilité. Le plâtrier me répond « Vous voulez que je l’envoie à qui la facture ? A Dieu ? Vous me devez rien » ». Ahmed me raconte cette anecdote avec beaucoup  d’émotion comme celle du vendeur de carrelages qui est de confession juive. Lorsqu’il a appris que c’était pour la mosquée, il a fait les 1700 m² de carrelages pratiquement à prix coûtant, le vendeur lui avait dit « Nous avons le même Dieu ».

Hajj Ahmed m’a raconté une dizaine d’histoires de ce genre. » (L’article entier, et le visage de Hajj Ahmed, sont ici).

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Alain Kremski


tout à l’heure à Paris, photos Alina Reyes

 

Aujourd’hui nous sommes allés écouter Alain Kremski, pianiste envoûtant par son répertoire, son jeu et son toucher chargés d’énergie parfaite, de sensibilité mystique, de douceur infinie. Interprétant des œuvres de Liszt, Wagner, Brahms, Satie, Borodine, et d’écrivains dont j’entendais pour la première fois des compositions, excellentes : Nietzsche, Pasternak, Gurdjieff et Hartmann. Sensation de le sentir jouer à même mes tympans, de devenir tout entière un tympan, tendu dans l’univers. Aux Parisiens de l’été, je le conseille, il rejouera, au Théâtre de l’Île Saint-Louis.

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Maï

En début de soirée, nous sommes allés écouter Thomas Tobing jouer préludes et études de Chopin à Saint-Julien le Pauvre, la plus vieille église de Paris. Puis nous sommes allés dîner chez Maï, une vieille petite dame souriante. Trois tables dans son minuscule restaurant, couvertes de toile cirée, et ses plats vietnamiens à quatre ou cinq euros. J’ai tout de suite vu, sur l’étagère du fond, à côté des biscottes, au-dessus des cartes du Vietnam et parmi beaucoup d’autres choses, la Bible TOB, avec ses feuilles dorées. Sur l’autre mur, une image de la Vierge, à côté d’un petit drapeau français. À la fin, il n’y avait plus que nous quatre dans la petite pièce. Maï a fermé la porte et elle nous a raconté sa vie. Son père, instituteur, décapité par les communistes, et elle-même jetée en prison quand elle avait dix ans. Les pieds dans la boue, debout, la pluie à travers la paille. Un jour l’aviation française, l’évasion, la fuite à Hanoï, la nécessité pour l’enfant de se débrouiller seule pour survivre. Puis l’embarquement en boat people. Deux millions de boat people vietnamiens sont morts noyés, dit-elle. Elle et ses compagnons ont survécu en écopant avec leurs mains le bateau qui prenait l’eau. Maï est arrivée en France il y a longtemps, elle travaille toujours et s’y trouve très bien, elle rappelle que c’est un pays où l’on vit très bien, même si tout le monde semble l’oublier. Elle parle encore du Vietnam, montre une photo de sa soeur restée là-bas, quand elle était squelettique par manque de nourriture, raconte la corruption qu’elle y a trouvée en y retournant une fois, en 91. Quelqu’un l’appelle au téléphone, comme la conversation s’éternise je lui tends l’argent de la note, elle me désigne du doigt l’endroit où elle a posé l’argent de la soirée, que je puisse moi-même me servir la monnaie. Avant de partir je lui envoie de la main un baiser, nous nous serrons les bras bien fort.