De la Pitié au Jardin

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ce dimanche après-midi j’ai désiré aller à Saint-Louis de la Salpêtrière, mais elle  était fermée

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je suis allée sur la promenade haute de l’hôpital

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il y a trois statues de Roger Vène, pour la célébration des 400 ans de la Pitié (1612-2012), celle-ci s’appelle « Extase »

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j’ai longtemps déambulé dans le labyrinthe de l’hôpital

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et à la sortie je suis allée voir ce « Livre de la Vie »

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je suis rentrée par le Jardin des Plantes

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devant le manège des Animaux disparus, il y avait ce jeune chrétien avec un chapelet autour du cou

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et pour ce musulman, c’était l’heure de la prière

*

Notre paradis de ce jour

aujourd'hui au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes

 

Je suis au Jardin des Plantes comme j’étais en mes montagnes, comme j’étais à l’océan, comme je fus et suis toujours et partout, au paradis. Le paradis n’a pas de fin, et il nous est chaque jour donné.

Les hommes ont un ennemi, des ennemis, mais moi je n’en ai pas, je n’en ai jamais eu.

Comment un croyant peut-il revendiquer la loi naturelle ? Il n’est de loi que celle de l’Esprit.

On peut toujours ne pas vouloir croire en quelque chose, si cela est, cela est.

L’amour que nous portons à certains êtres les aide à monter au ciel, en telle ou telle place du ciel. Puis, de là-haut, ils nous aident, sur terre. Par exemple à écrire, comme je l’ai fait tout à l’heure au jardin.

 

Avant l’orage

Au Jardin des Plantes, j’ai trouvé le nid de la petite poule d’eau.

Les canetons du printemps ont bien grandi. Les deux petites canes qui restent sont toujours avec leur mère, les quatre autres ont été mangés par les corneilles. C’est l’heure de la sieste !

Sous l’arbre j’ai continué à écrire mon roman.

Une belle jardinière est passée, telle une pèlerine.

Avant de repartir, je suis repassée voir le nid, la petite poule y était.

Tout sentait divinement bon, l’air était bon à en manger.

Et maintenant c’est l’orage, qui fait encore monter les bonnes odeurs par la fenêtre ouverte, dans le chant de la pluie.

 

En lisant « Le Sceau des saints », de Michel Chodkiewicz (5)

tout à l'heure au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes

 

Poursuivons notre lecture avec des passages du cinquième chapitre (Les héritiers des prophètes) de ce livre (éd tel gallimard) sous-titré Prophétie et sainteté dans la doctrine d’Ibn Arabî. Il faudrait citer tout le livre – je vous invite à le lire (il est publié en collection de poche). Ce chapitre est consacré plus particulièrement aux issawi, ceux qui sont dans la suite de Jésus – l’auteur précisant par ailleurs qu’au cours d’une vie, comme celle d’Ibn Arabî, il est possible de se trouver emmené spirituellement à la suite de différents prophètes.

« La qualité d’héritier d’un prophète – (…) Ibn Arabî souligne que l’héritage ainsi reçu, s’il est parfois total, peut aussi n’être que partiel – est essentiellement conformité au type spirituel particulier représenté par ce prophète. Mais la relation ainsi établie entre le saint et son modèle prophétique n’est pas un vague « patronage » et serait plutôt à comparer avec la transmission d’un patrimoine génétique. (…) Un chapitre entier des Futûhât est consacré au cas des saints « christiques », c’est-à-dire de ceux qui, à titre plénier ou non, sont les héritiers de Isâ, Jésus. » (p.83)

« Ibn Arabî y revient : « Il y a à notre époque, aujourd’hui même, des compagnons de Jésus et aussi de Jonas qui vivent à l’écart des hommes. » » (p.85)

« Nadla s’arrêta au pied d’une montagne pour y accomplir la prière de l’après-midi et lança le grand appel à la prière (adhân). Une voix mystérieuse fit écho à chacune des formules de cet appel rituel et l’interpella : « Ô Nadla, je témoigne que Muhammad est l’envoyé d’Allâh. Telle est la religion [droite], celle que nous a annoncée Jésus fils de Marie. Et c’est sur la communauté de Muhammad que se lèvera l’Heure ! »
La montagne se fend soudain et la tête du personnage invisible qui a tenu ces propos finit par apparaître. Il déclare se nommer Zurayb b. Barthalmâ. Il lui a été prescrit par Jésus dont il est « mandataire » (wasî) de demeurer en ce lieu jusqu’au jour où, à la fin des temps, le fils de Marie redescendra sur terre. » (p.86)

« Commentant ensuite ce curieux récit, le Shaykh al-Akbar [Ibn Arabî] souligne que ce personnage et tous ceux qui, comme lui, sont des « mandataires » ou des « exécuteurs testamentaires » (awsiyâ) toujours vivants des prophètes du passé font partie des saints de la communauté muhammadienne bien que le contenu de la Révélation apportée par le Prophète ne leur soit pas parvenu par la voie ordinaire : c’est de Khadir en personne – de celui qui est le maître des esseulés (afrâd) – qu’ils l’ont reçu. L’existence de tels êtres est la raison pour laquelle le Prophète a interdit de tuer les moines (ruhbân) qui s’éloignent des créatures et s’isolent avec leur Seigneur et a ordonné de les laisser s’adonner en paix à cette adoration. » (p.87)