Le spectacle affiche complet, je suis heureuse d’avoir écrit ses bases pour une toute jeune compagnie et j’ai hâte de découvrir comment le metteur en scène et les comédiens ont transformé la pièce.
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Le spectacle affiche complet, je suis heureuse d’avoir écrit ses bases pour une toute jeune compagnie et j’ai hâte de découvrir comment le metteur en scène et les comédiens ont transformé la pièce.
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Vient ce qu’on n’avait pas prévu, tandis que ce qu’on avait projeté ne cesse de changer. Je rends grâce à la vie.
Les musulmans appellent les nouveaux musulmans des « reconvertis ». Le sens en est celui d’une réintégration dans la religion originelle de l’homme. D’un retour à l’origine spirituelle. René Guénon disait avoir « adhéré » à l’islam mystique, le soufisme, et récusait le terme de conversion, comme Maurice Béjart. Éva de Vitray-Meyerovitch, la merveilleuse traductrice de l’œuvre immense de Rûmî – le poète le plus lu aux États-Unis, c’est lui, un poète musulman du treizième siècle ! – disait que le fait d’embrasser l’islam n’impliquait pas une apostasie, un reniement de ce qu’elle avait été avant. J’aime profondément l’islam, son prophète, ses fidèles, et ses pratiques cultuelles aussi, même si, pour des raisons de contingence surtout, je le vis de façon essentiellement intériorisée. J’ai vécu la prononciation de la shahada non comme une conversion mais comme un passage, un passage dans une lumière qui n’occultait en rien la lumière précédente en moi, aussi bien celle des Grecs que celle du christianisme et d’autres spiritualités que je connais, celle de la littérature, celle de l’art et celle de la vie profane vécue dans l’amour de la vie, de la liberté, de l’amour, de la vérité, des enfants, de la nature, de l’aventure et de tout ce qui est bon. Tout cela continue à vivre en moi, comme l’enfant, l’adolescent, l’adulte continuent à vivre durant toute sa vie en l’homme qui ne se fossilise pas mais toujours, avance.
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aujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes
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Ce que j’ai vécu en voulant rendre service aux hommes a révélé la face répugnante des clercs en tous genres. C’est pourquoi je ne pourrais plus travailler avec les gens de culture ou de religion ou de quoi que ce soit d’autre compromis ensemble dans la dérive. Cela n’enlève rien à la valeur des textes, ni à la valeur des justes, qui ont assez de courage, de cœur et d’honneur pour ne pas se laisser convaincre par le mensonge, la parole manipulatrice, le système faux et faussaire. C’est si spectaculaire, la façon dont l’opinion croit aux notaires, aux notables, aux installés, et dont tant de prétendus révolutionnaires les suivent comme des toutous leurs mémères.
Imaginez une personne qui a commencé à travailler de façon déclarée, donc en payant ses cotisations, à l’âge de dix-huit ans. Et qui a continué à le faire toute sa vie. Que cette personne se retrouve à l’âge de cinquante-neuf ans atteinte d’un cancer, et que le médecin lui prescrive un arrêt de travail pendant la radiothérapie, qui occasionne plusieurs semaines d’obligations quotidiennes de soins à l’hôpital, et de fatigue due à la maladie et aux traitements. Eh bien, depuis le 4 février dernier, si cette personne non salariée a eu moins de 3698 euros de revenus annuels au cours des trois dernières années, elle n’aura pas droit aux indemnités journalières de vingt euros auxquelles elle aurait eu droit précédemment. Vingt euros par jour, ce n’est pas une fortune, mais cela compte, quand on est pauvre. Et ce n’est pas demander la charité publique, quand on a cotisé pendant quarante-et-un ans. Je suis dans le cas de cette personne, je n’ai jamais demandé d’arrêt maladie de toute ma vie, et c’est au moment où j’en ai besoin que j’apprends l’existence de ce tout récent décret, qui sape complètement les droits des plus faibles revenus, pour les indemnités de maternité comme pour la maladie. Si cela m’arrive, cela arrive certainement aussi à beaucoup d’autres de tomber malades et de se voir refuser le droit aux indemnités pour lequel ils ont cotisé pendant des décennies. Qui gouverne ce pays ? La gauche, paraît-il.
J’ai plusieurs livres en cours d’écriture, je suis en ce moment fatiguée, je ne peux travailler comme je le voudrais. J’ai obtenu une bourse du Centre National du Livre, elle va bien tomber – beaucoup d’auteurs ont bénéficié au cours de leur carrière de nombreuses bourses et autres aides, résidences d’écriture etc (pour compenser le statut pratiquement dénué de droits des écrivains, derniers servis dans le système de l’édition, mais malheureusement pas de façon équitable, puisqu’il faut avoir l’heur de plaire aux instances chargées de distribuer la monnaie). Ce ne fut jamais mon cas, et une fois remboursées les dettes dues au refus des éditeurs de me publier depuis quelques années, il ne me restera rien de cette bourse. Quoiqu’il en soit, je continuerai à écrire ce que j’ai à écrire.
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Malgré une éclipse qui nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire.
À Paris où je suis, pollution et ciel bas, la lumière baisse mais pas de croissant de soleil avec le café ce matin.
La dernière fois, en 1999, nous avions quitté Paris en voiture vers le nord avec nos bébés, pour aller l’observer. Avec beaucoup d’autres. Des voitures sur les routes, puis garées partout sur les bas-côtés… On aurait dit un exode, mais heureux. En 2003, j’ai observé une éclipse partielle dans les Pyrénées au pied du pic du Midi, avec télescope sur la place du village, c’était le printemps, les enfants étaient là, tout le monde était là, c’était convivial et il faisait très beau, les montagnes rayonnaient.
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