À la maison

cet après-midi à la Grande Mosquée de Paris, photos Alina Reyes

 

J’ai fait mes ablutions à côté d’une dame anglophone. Nous nous sommes aidées mutuellement pour l’eau, puis je l’ai conduite à la salle de prière. J’ai fait six rekaas, lentement. Puis je suis restée encore un peu dans l’enceinte de la mosquée, indiciblement bienheureuse.

À la mosquée je suis à la maison, comme à la montagne, comme à l’église, comme dans le cosmos.

Dans la lumière.

 

Lumière perpétuelle

 

ce matin à Paris, photos Alina Reyes

 

À sept heures ce matin j’ai traversé la ville en bus, contemplant tout au long du trajet, pleine d’émerveillement et de tendresse, les gens de l’aurore en marche dans les rues vers leur journée. J’ai monté tous les escaliers déserts jusqu’au Sacré-Cœur, légère comme une plume dans cette douce lumière. Des hommes en habit vert et jaune arrosaient les marches, et sur les côtés, la végétation. Je suis entrée dans la basilique. C’était l’heure de l’office du matin, magnifiquement célébré par des sœurs en habit blanc et voile noir. Nous étions onze laïcs dans la grande nef à le suivre, quarante minutes durant, sous le grand Christ au cœur et aux bras grands ouverts peint au plafond. Je me suis rappelé la première fois où j’ai vécu cela, à l’âge de dix-sept ans, revenant de mon premier grand voyage, un matin à l’aube, au bout d’une nuit passée dans une petite boîte de Montmartre.

Au retour, j’ai marché longuement.

J’aime la prière chrétienne, j’aime la prière islamique, j’aime toute prière. J’aime Dieu.

 

 

Lumière dans le temps

 

Voyage est bon pour les heures d’étude et de contemplation, dans la cellule, dans la chambre, au bureau. Mais pour emporter sur les chemins, il faut un livre plus léger. Je le prépare, bréviaire, philocalie pour les Pèlerins, ceux qui en seront un jour, dans les faits ou par le cœur. Nous ferons vibrer le monde, l’homme et tout ce qui est, d’amour, de joie et de beauté.

 

Et la vie avance

 

Deux frères. Quand l’un a mal à l’âme, l’autre somatise pour lui. En deux ou trois jours, les voici l’un et l’autre tout amaigris. Leurs parents n’ont guère plus d’appétit. Il n’y a pas que le pain qui se partage. La peine aussi. Unis, nous n’en sortons que plus solides, le cœur nourri par notre communion. L’amour transforme même l’absence de pain en bon pain de vie.