Septième ciel

photo Alina Reyes

 

Voulez-vous nous faire la grâce de monter au septième ciel et au-delà ? Laissez le ciel entrer en vous. Une fois plein de ciel (ce qui se dit aussi : plein de grâce), vous êtes en apesanteur. Vous êtes. Tout ce qui est pesant est mortel. Le ciel vous a fait de ciel, puis vous a envoyé sur terre, vous a lié à la loi de la pesanteur, afin que vous puissiez connaître que vous n’êtes pas d’elle, mais du ciel, et partir à la recherche, à la rencontre du ciel. Vous devenez la conscience du ciel dans sa créature, dans sa création.

Hier soir au Petit Bar comme l’autre jour sur la Seine j’ai regardé rougir les feuilles au-dessus de nos têtes. C’est la rentrée, j’ai un désir immense de travailler. Je pense à Sufjan Stevens, à André Gouzes, au frère Cassingéna-Trévedy, aux mélodies anciennes et nouvelles à la fois, aux fines pointes, aux avancées délicates, exquises, inquiètes et renversantes de l’esprit, je pense au rouge sur le monde, doux comme un été indien qui vient, flamboyant, avant la grande neige, enceinte de la prochaine vie. Je pense l’amour, je le suis, main dont les doigts parcourent le monde en frémissant, ruisseaux chargés de nutriments, de senteurs, de larmes et de consolations.

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Mariages et fabrications d’enfants en tous genres

photo Alina Reyes

 

Dieu n’est pas là pour remplir des paperasses. Il est Amour, c’est tout. Peu me chaut le mariage, qu’il soit hétéro- ou bi- ou homo-sexuel. S’il y en a qui ont tant besoin que ça de formalités pour soutenir leur lien… Bien entendu ce n’est pas la position de l’Église, l’Église a le droit d’avoir sa position préférée elle aussi et je n’ai nul désir de la lui contester. Je suis plus soucieuse du bien-être des enfants, et Dieu sait s’ils peuvent être mal traités même dans des familles tout-à-fait-comme-il-faut, mais ce n’est pas une raison pour se lancer les yeux grand fermés dans la commercialisation d’enfants déjà fabriqués ou fabriqués sur mesure pour tous genres de couples désireux de devenir parents à tout prix. De même je suis tout à fait pour la contraception, mais il ne faut pas en abuser non plus, en venir à se dire : je fais un enfant quand je veux. Non mesdames, non messieurs, ce n’est pas vous qui faites les enfants, c’est Dieu. C’est-à-dire : ils sont un don du ciel, et ils n’appartiennent qu’à lui et à nul autre, comme ensuite tout homme. Voilà le fond de l’affaire, et c’est bien ce que devraient méditer toutes sortes d’institutions, avant de légiférer ou d’exprimer des points de vue superficiels, qu’ils soient « pour » ou « contre ». Le méditer, et le vivre.

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Oliver twists in London (4). Par Olivier Létoile

une oeuvre de C215 à Londres

 

Toutes les routes mènent à Stratford. La nouvelle Rome. Athènes by Thames. L’antique au goût du jour. Le nouvel Olympe. Le stade olympique quoi !

Frétillant comme un gardon, je prends l’over ground d’Hampstead. 35 mns à ciel ouvert jusqu’au temple, l’église, la mosquée du muscle et de la foulée … je ne veux léser personne. Universel jusqu’au bout des doigts !

A peine ai-je pénétré dans la rame, qu’un groupe de supporters français m’accueille avec leurs costumes tricolores. Un couple peinturluré jusqu’aux lèvres et un célibataire déguisé en super Dupont. Je m’explique.

Sébastien est enroulé dans un drapeau en guise de cape tricolore sur un costume patriotique. C’est un peu le héros du 14 juillet, le super sans-culotte, la réincarnation de Gavroche version soldat inconnu, imberbe mais poilu jusqu’à la plante des pieds !

Mais ce qui m’intrigue le plus c’est le sombrero tricolore qu’il porte sur la tête. Peut-être a-t-il une mère mexicaine …? Peut-être est-il un lointain descendant de Maximilien, membre de la famille impériale d’Autriche qui se confond avec la maison de Lorraine -celle-là vous ne l’aurez pas- et qui fut mis sur le trône du Mexique avec l’appui de Napoléon III ? Peut-être a t-il juste passé ses dernières vacances à se griller la couenne sur les plages d’Acapulco ? Mais bon … étant un peu béarnais et non basque sur les bords … je dis Halte … Carton rouge …! Un béret de Nay sied mieux aux frenchies en goguette … non ?

Bref après avoir réfréné une furieuse envie de buritos, je sors de l’anonymat … j’adore jouer les locaux où que je sois … mais je dois avouer que dans certaines contrées du monde c’est un peu impossible ! Mais dans l’over ground qui me mène à Stratford … fastoche !

Au moment où je vais parler à Sébastien, il me tourne le dos et me présente une bosse digne de Quasimodo. Le drapeau-cape qu’il revêt sur son costume national flotte mollement sur un sac à dos qu’il porte sur son dos. Et je lui lance …

– Hé Blaise … sommes-nous bien loin de notre-Dame ?

Ça m’est venu d’un coup. Pas de réponse. Il s’appelle Sébastien mais quand même … J’insiste et précise …

– Avec ton sac qui te fait une bosse dans le dos t’es au moins le sonneur de Notre-Dame ?

Le four ! Total. Il m’a regardé avec les yeux du regretté Marty Feldman. Revisionnez Frankenstein Junior … un bijou ! Le reste n’est que littérature de gare d’over ground. Il s’appelle Sébastien. Il est informaticien et vit à Chatou, chez ses parents.

On approche de Stratford. Je ne savais pas encore que je ne verrai jamais aussi bien les infrastructures -c’est le mot n’est-ce pas ?- du parc olympique que de la rame qui m’emportait. De votre divan, en France, ou d’ailleurs, vous avez une meilleure vue de la foire … Et je pèse mes mots !

À peine le pied posé sur le macadam du quai, un teenageur ébouriffé vous hurle dans un porte-voix électrique que vous n’avez pas le choix. Direction la bouche d’ombre devant vous qui vous engloutit d’un coup … on a l’impression d’être le spermatozoïde d’un moine abstinent qui s’est enfin décidé …

Et l’on débouche sur la plateforme cruciale.

T’as un ticket tu passes, t’en as pas tu vas voir ailleurs si j’y suis ! Mais je veux juste voir le site … Forbiden ! Passe ton chemin petit homme … Où suis-je …? Help Alice … Lewis … Carroll … where am i ?

Je suis au pays du « t’achètes ou tu dégages ! » Westfield … un champ commercial grand comme la Beauce avec des boutiques éparpillées comme des épis de blé. En plastique. Ne me dis pas qui tu es … je t’habille de pied en cap… et ça va te plaire !

Crois-tu ? Je ne connais pas cette ville. Cette contrée … ce lieu … où l’on vous hurle la direction à prendre … franchement on se sent comme des prisonniers de guerre … Naïf … sûr … je pensais pouvoir au moins approcher les sites et voir les cathédrales du sport olympique. Au lieu de ça j’aurais pu m’acheter un container de polaires et de ballerines. On sait jamais, ça peut servir.

En fait, tout ce que j’ai vu ce sont des fauves VIP assoiffés, parqués derrière de jolies barrières en bois en plein milieu de la voie que le quidam moyen, voire un peu en dessous comme moi, emprunte pour aller où … je me le demande encore.

Je revois aussi le Droopy en costume quémandant des billets sur une feuille A4 griffonnée au stylo, ça m’a rappelé le métro parisien … et ses tickets restaurants. J’ai vu encore un Indien des Indes qui immortalisait un moment d’éternité tout sourire « cheese » avec une immense moufle en mousse, dont l’index proéminent était dirigé vers un panneau qui indiquait … la sortie … Stratford railways station ! Tout le monde finit par s’y rendre … pour fuir … pas sûr … c’est la magie des jeux !

Oh Pierre … sommes-nous bien loin de tes rêves ?

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à suivre, ici ou ailleurs ; les précédents étaient ici, ICI et

voir les oeuvres de C215 à Londres ici ; l’artiste expose aussi à la Pitié-Salpêtrière, mais ce n’est pas son meilleur

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Oliver twists in London (3). Par Olivier Létoile. Illustré par Trogloxène

une oeuvre de Trogloxène

 

Green Park … le bien nommé ! Un étendue verte à perte de vue, une respiration, un trait d’union « jack » bucolique et champêtre. Le parc, l’autre pause british. Les plantes y sont libres de tous sachets à tremper dans l’eau bouillante !

C’est la campagne anglaise qui s’invite en plein cœur de Londres. J’ai même cru voir un moment Cat Stevens assis en tailleur en train de jouer « Father and son ». De dos il lui ressemblait. A Green Park, on fait le plein de globules rouges en picorant des chips au vinaigre blanc et de la Stella Artois blonde en canette. Au pays où la bière locale est l’ambroisie du houblon, cela ne cesse de me surprendre. Mais bon.

Des familles entières, des amis en pagaille, des amoureux collés-collés sont allongés sur des pelouses impeccables. Plus vertes et plus drues que celles de nos jardins publics que l’on se contente pourtant de regarder pousser et qui sont jalousement préservées des talons barbares et des fessiers flâneurs.

Ici comme dans les moindres carrés d’herbe du royaume on foule l’herbe verte ; on trépigne, on saute, on court, on fait la roue … on s’y roule à deux. Aussi.

L’atmosphère est « Antonionienne » … détendue et légère comme le vent qui souffle dans les arbres. Blow up surgit des sixties et s’invite aux jeux dont la clameur nous parvient jusqu’ici. Le 20kms marche dames s’achève tout près dans une fureur digne d’un 100 mètres Boltien. La marche est pourtant la moins glamour des épreuves d’athlétisme. Mais peut-être la plus spectaculaire dans l’effort consenti. A voir les drapeaux russes flotter dans les airs à la fin de l’épreuve, il y a fort à parier qu’ils célèbrent la victoire d’une Anna Karenine qui a enfin atteint son but ultime.

La foule de supporters s’éloigne vers la ville et le parc recouvre son calme presque provincial. Allo Houston … ici Green Park !

Je ne me lasse pas d’observer la cime des arbres s’agiter au gré du vent d’Ouest. Tout serait parfait si ce n’est mon fils Sydney qui ne cesse de se demander à voix haute si le type là-bas, assis sur une chaise longue en charmante compagnie, est bien un des présentateurs de la chaîne de télévision française, No Life, spécialisée dans le jeu vidéo.

Troublé dans mon désir de calme et de volupté, je décide d’aller demander moi-même à cet inconnu si il est bien l’illustre auquel pense mon teenageur de fils.

Grave erreur ! Adieu arbres, fleurettes, farniente, sixties et pelouses foulées. Le type est bien ce que prétendait mon geek de fils et il est même tout surpris, voire un tantinet fier d’avoir été reconnu si loin de son champ d’activités habituelles. En pleine nature et à Londres de surcroît !

La discussion s’engage. Sympathique, passionnée, mais obscure pour un type comme moi qui en est resté, en somme, aux Légos et aux Kaplas. Ça fuse de tous les côtés … des références dont je n’ai pas la moindre idée … A les écouter c’est le parc entier qui prend des allures 3D. D’ici qu’un T-rex surgisse de derrière un buisson, y’a pas loin ! J’ai l’air malin avec mon Antonioni … Bien je remballe. Pourtant elle est vraiment à craquer dans le film … Jane !

D, notre présentateur vedette, est venu à Londres pour les t-shirts et les jeux d’arcade. Il doit même se rendre dès demain à Cardiff où se tient une sorte de symposium du jeu. Vidéo.

Il a bien entendu parler de ceux de l’Olympe mais il s’en moque comme de sa première manette. Il nous invite à le suivre bien loin de Green Park et pourtant à deux pas.

Bienvenue à Geek Park ! Ici d’herbes il n’y a point. Pas plus d’arbres du reste. Mais dans ce parc voué au virtuel vaste comme la salle des pas perdus de St Lazare, des centaines d’insectes, mâles pour la plupart, s’agitent et bourdonnent autour de massifs hérissés de manettes dans un tumulte de sons et de flashs.

Un condensé d’histoire de Londres toutes plus furieuses les unes que les autres. Ici Dickens est pourvu de larges favoris, d’épais sourcils … jusqu’ici je suis … il a aussi un cigare coincé dans le coin de la bouche … pourquoi pas … et il est bodybuildé comme Usain Bolt qui pulvériserait l’affreux en rafale. Ok Charles … play it again !

Là encore c’est Jack the ripper qui joue du scalpel comme d’autres jouent du fleuret. Avec un peu plus de sang néanmoins. Et que dire de Holmes, lancé à la poursuite d’un hors-bord rempli de malfaisants et qui bat le record du miles à la nage, sous les tours jumelles du London bridge. Sacré Sherlock !

Je ne connais rien du flacon mais je puis vous dire que l’ivresse est là ! Et j’ai l’air d’un alien avec ma chemise à carreaux au milieu de tous ces T-shirts XXL. Mais bon … Je suis le mouvement, statique certes, mais stoïque, coincé devant une console grosse comme un taxi londonien, je tâche d’entrer dans la danse du jeu. En me disant que quelque soit le type de jeu… l’important n’est-il pas de participer ?

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à suivre ; le premier twist était ici ; le très beau deuxième ici.

L’oeuvre de Trogloxène est à voir en plus grand ici.

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Oliver twists in London (1). Par Olivier Létoile


une œuvre de Banksy pour les Jeux Olympiques de Londres 2012

 

Trouver une cave à vins à Londres ! Autant chercher une femme voilée dans les rues de Paris. Je n’ai rien contre le voile … seul le voile intégral me fait grincer des dents et des rotules. En revanche. J’aime trop les femmes … libres !

Ceci dit, ici, je ne sais pourquoi … ça passe … Je me suis même surpris à saluer une gente dame dont je n’apercevais que les yeux. Maquillés. On envisage mieux … non ?

Je crois que les Anglais ne connaissent pas la notion complexe et pour tout dire impénétrable comme les voies du Seigneur, d’Allah et de Bouddha réunis, de laïcité. Grand bien leur fasse, car pour ma part je trouve que l’on en fait un peu trop avec ce curieux vocable … et surtout on y met toutes nos peurs ! Pauvres républicains. Think Condorcet … sometimes !

En vain, j’en reviens au vin. De guerre lasse dans ma recherche d’une cave à vins, je mets le cap sur Waitrose, le monoprix local. Honnêtement je ne sais à quels niveaux se perchent les salaires ici, mais l’addition fut plutôt salée. De deux choses l’une, soit chacun joue en bourse, soit tout le monde gagne au bingo ! C’est Fauchon qui se serait lancé dans la lessive et le soda ! Les prix sont en total désaccord avec mon compte en banque mais le service, le service … Mazette !

J’ai vu un employé bras dessus-dessous avec un aveugle qu’il guidait parmi les étalages remplis et emplissait complaisamment son panier qui fut garni en un clin d’œil, si je puis dire.

Cherchant des œufs, je m’enquiers de leur emplacement auprès d’un autre employé. Il y en a légion. On se croirait revenu à la via sacra de Rome. Et quelle ne fut pas ma surprise de le voir me sourire et me conduire à l’autre bout du magasin qui je le précise fait à peu près la taille d’un hangar d’airbus à Toulouse. Je dois reconnaître que cela change des explications confuses que l’on vous crache à la gueule au moindre renseignement. En France.

Au Waitrose, j’ai aussi croisé une congrégation de Russes en mission de ravitaillement, venue supporter la tsarine du saut à la perche qui pour la grande histoire a fini médaille de bronze du dit concours. Un peu déçus, mais les ayant croisés au rayon alcool où je me trouvais moi-même, je gage qu’ils s’en remettront.

On voyage beaucoup au rayon des vins, beaucoup plus que dans une cave française. Afrique du Sud, Chili, Espagne, USA, Australie, Nouvelle Zélande … et France bien sûr … les olympiades de l’ivresse ! Il y a même l’Angleterre !

Bon il y a des sujets où l’on se doit de rester sérieux, où la barre est haute et doit le rester, ainsi que le sourcil. Du vin anglais … Non mais des fois … ils ne doutent de rien les Waterloo’s boys !

La plupart des bouteilles ont délaissé le bouchon de liège pour une capsule qui cède au premier tour de poignet. On croirait ouvrir une bouteille d’huile d’olive.

J’ai choisi un blanc et un rouge d’Afrique du Sud.

Aujourd’hui j’ai décidé de suivre la compétition de BMX. Seulement je me suis fié au programme paru dans L’Équipe qui donne les heures selon le méridien de Paris. Oh ! Greeenwich ! Insupportable cousin ! Pourquoi te distingues-tu ainsi ? Cela ne te suffit pas de rouler à gauche, de compter en miles, d’être européen en restant insulaire, de pondre des Pounds, de faire bouillir du bœuf !

Je suis arrivé trop tard. J’ai juste vu le site olympique, de loin. Cela vaut une chronique à lui tout seul. J’y reviendrai donc, avec les griffes acérées et la bave aux lèvres !

J’avais donc la matinée pour moi. Mon choix s’est arrêté sur Camden Market. En bus impérial. Et comme tout bons frenchies, avides de nouveautés, voire de sensations fortes, j’ai grimpé au First floor, direction Camden … afin de dominer la situation et la ville qui défile. A gauche.

Mon voisin assis sur le siège juste devant moi, écoutait très fort Iron Maiden sur son ipod tout en lisant la Bible sur son Iphone. En me penchant j’ai pu lire sur son écran : Mosiah Chapter 20.

Qui est ce Mosiah ? Moïse, Marcel ; Marcel fut-il un apôtre ? Je pense que ce Mosiah est un apôtre parce que j’ai vu défiler sur son écran Jean-John et Paul-Paul, à ne pas confondre avec Pol pot et encore moins Popaul !

Ceci dit j’ai aimé le mélange des genres. La Judée sous acide, la toge gothique, le tatouage en guise de stigmates et le miracle du aimez vous les uns les autres mixé au Heavy Métal pur et. Dur!

Nous arrivons donc à Camden Market. C’est un ancien marché aux chevaux transformé en marché aux puces. Small is beautiful !

De nombreuses sculptures très réalistes, en bronze comme les médailles, nous rappellent du reste le passé chevalin du lieu. Cela nous change des sculptures prétentieuses et absconses pour ne pas écrire moins, où l’on tord une pièce de métal pour figurer une vague encolure. De cheval.

Ici les vessies sont des vessies et les lanternes … les lanternes, elles éclairent un présent mulicolore et cosmopolite.

Bienvenue à Casablanca, Marrakech ! Camden c’est la médina by Thames. Une médina aux accents asiatiques, indiens et rastas … le temple du t-shirt, la Mecque de la jacket, le nirvana du beatnik et le paradis du chineur. En plein Londres.

Je ne puis m’empêcher d’avoir un pincement au cœur quand je repense au double gâchis des halles de Paris. Un autre cœur de cité qui lui se meurt.

Il ne leur a pas suffit- nous parlons présentement de nos élus- de tout foutre en l’air pour creuser un trou dans lequel des millions de doryphores s’entassent depuis une quarantaine d’années d’obscurité à la lueur des néons, il a fallu qu’ils remettent ça, dans une version écologique prétentieuse de la canopée. Une espèce de monstrueux papillon figé en plein vol par la vanité de ses concepteurs totalement hors du monde, déploie ses ailes sur des arbustes rabougris sans pour autant vous protéger des intempéries.

Pardi fait toujours beau à Paname c’est bien connu ! Résultat … les dealers ont encore de beaux jours devant eux et les clochards vont rester les pieds dans l’eau. Je connais le quartier.

Ici, à Camden, ça grouille, on sent encore le siècle révolutionnaire des machines et de la brique et on lève les yeux sur un siècle technologique qui est déjà là. On passe un bon moment. On se sent vivre en harmonie avec les siècles passés et les gens d’aujourd’hui.

J’ai croisé un groupe de supporters français à Candem. Ils sont venus de Besançon. En car et résident dans un camping en périphérie. Un Nouveau concept pour le mois d’aôut … Oubliez les plages de l’Atlantique ou celles de la côte d’Azur … Venez planter de la sardine à Londres !

Faut dire que nos supporters du jour sont des fondus de gymnastique. Bon à les voir c’est plutôt le genre d’agrès que l’on pratique devant sa télé sur un divan ou au bar, mais la flamme olympique les grille de l’intérieur. Passer sa journée peinturluré comme un indien du Doubs en agitant un drapeau large comme un drap de lit king size, faut oser, faut y croire … Mais chanter à tue-tête la Marseillaise dans les ruelles remplies de rastas se figurant être à Kingston en étant physiquement à Londres, cela tient de la volonté, du courage … du prodige ou de l’inconscience c’est selon.

Ils sont bien sympathiques néanmoins. Ces supporters. J’adore les gens qui vous racontent leur vie en moins de deux minutes : On aime la gym, nous faisons partie du club de Lyse dans le Doubs, à moins que ce ne soit le Haut Doubs, nous ne sommes pas des tendres, la preuve on -j’aime le on- on donc, on a remporté une médaille de bronze.

Et on est passé à la télé … la folie quoi … on a même été au club de France qui jouxte le studio de France télévision … sans invitation !

Son voisin qui est du Doubs aussi : « si, moi j’en avais une ! »

« Ouais toi t’en avais une ! Nous -toujours le nous- nous donc … nous, on a poireauté deux heures devant l’entrée ! Mais une fois dans la place on a foutu une sacrée ambiance … Avant qu’on arrive, ils veillaient les morts ! »

Je n’en doute pas un instant.

Ah j’ai ouvert le blanc d’Afrique du Sud. Fleuron du Cap, 2009, Sauvignon … paraît-il. À mon premier verre j’ai eu l’impression de lécher du fer rouillé tout juste passé à l’antimoine. Au second verre j’ai regretté que ce n’en fût point !

Y’a pas du blanc dans le Haut Doubs …? et même en bas …? C’est bon à boire la France … at least !

See you O

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le deuxième twist d’Oliver in London, avec Abbey Road, est ici ; le troisième .

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