Aux U(r)nes citoyens !

 

Quelques Unes de ces toutes dernières semaines (sauf celle du Fig Mag, qui est du 21 septembre 91, reprise sur plusieurs sites internet pour illustrer leur dernier sondage très défavorable à l’islam). Sur celle d’aujourd’hui, avec femme à grand voile poussant la porte de la CAF, ils tirent dans le dos. Titrent sur le coût, en pensant à ce que ça va leur rapporter. C’est la saison de la chasse. La plus sale qui soit.

Tandis que la République s’apprête à célébrer des mariages homosexuels, l’hystérie continue. On se croirait à la Salpêtrière à la fin du XIXème siècle, avec dans le rôle des folles les prétendus médecins, pur produits de l’Occident, des savants « éclairés », se repaissant de l’ « étrangeté », inquiétante bien sûr, des femmes… Après ça la suite logique c’est le délire de mort, qui se propage des élites aux peuples. Démocratiquement, s’il vous plait : après les Unes, aux urnes, citoyens !

*

L’instrumentalisation d’Israël et de la Palestine dans la politique mondiale

Halloween à Paris, photo Alina Reyes

 

Pendant trois ans Benyamin Netanyahou a soutenu Mitt Romney, espérant se débarrasser de Barack Obama, dit-on en Israël. Au cours des dernières heures M. Netanyahou a continué à faire des annonces morbides : relance de la colonisation, menace d’attaque contre l’Iran.

Barack Obama a été réélu. M. Netanyahou a peut-être développé un sentiment de surpuissance et d’impunité, du fait du soutien des Etats-Unis et de l’Europe à Israël. Mais Israël en lui-même ne peut rien, rien de plus que ce que peut n’importe quel petit peuple. C’est-à-dire beaucoup, à condition d’être dans son droit. Ce qui se dit aussi, en langage théologique, d’avoir Dieu avec soi. Ceci est d’ailleurs inscrit à même le nom d’Israël, nom donné au patriarche Jacob au terme de son combat nocturne avec l’ange. Le nom Israël dit la force de Dieu, et la force de celui qui combat en cherchant Son visage, en cherchant la justice et la vérité. Sans cela, Israël, comme tout peuple, comme tout homme, finit vaincu par son propre égarement.

Dans certains milieux on s’en prend violemment au lobby juif, qui par sa puissance sociale et financière influe sur les gouvernements américains et européens en faveur d’Israël et au détriment des droits des Palestiniens. Ce lobby existe et agit, c’est certain. Mais pourquoi l’Amérique et l’Europe lui obéiraient-elles ? Sans doute il dispose d’une puissance certaine. Mais au point de faire plier des superpuissances ? C’est l’idée que ressassent inlassablement ses adversaires, et que ses alliés, avec beaucoup de duplicité, laissent s’exaspérer parmi les peuples.

En vérité les États-Unis et l’Europe collaborent avec les lobbys juifs non parce qu’ils sont à leur botte ou sous leur influence, mais parce que cela les arrange. Les grandes puissances coloniales et, ou, impérialistes, de ces derniers siècles, sont en train de perdre énormément de terrain dans le monde. L’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient progressent dans l’émancipation. La Russie, la Chine, regagnent en vigueur dans leurs positionnements géostratégiques. Le monde est en train de se recomposer, et ceux qui ont le plus à y perdre sont ceux qui trouvaient le plus à gagner dans l’ordre ancien. Israël se retrouve en position de pion capital pour les superpuissances en grave perte de puissance. Dernier comptoir colonial, plus sûr que tout autre parce que plus menacé d’écroulement sans ses puissants appuis, dûment muni de l’arme nucléaire,  Israël est le pied que l’Occident garde sur un monde qui lui échappe chaque jour un peu plus. Tandis que la Palestine crucifiée peut servir de justification aux aspirations totalitaires ou belliqueuses d’autres puissances montantes.

C’est l’intérêt de ceux qui manœuvrent ainsi d’essayer de dissimuler ou de faire oublier leurs manœuvres. C’est pourquoi ils se livrent à une propagande sournoise et continue afin que les esprits et les peuples se radicalisent soit contre les juifs, soit contre l’islam. Il faut enraciner l’impression que la responsabilité de tous les troubles revient soit aux juifs, soit aux musulmans, selon l’idéologie dans laquelle on se place. Lorsque des hommes au pouvoir, comme chez nous, redoublent ostensiblement de complicité avec les juifs et de défiance envers les musulmans, ce sont en fait à la fois les juifs et les musulmans qu’ils prennent en otage de leur volonté de puissance. Une telle politique ne peut que dresser les uns contre les autres, et continuer à égarer le peuple. La démocratie se délite, n’est plus en mesure de contrôler le désir des hommes au pouvoir d’avoir toujours plus de pouvoir. Tel est leur moteur, de même que celui de l’artiste est d’avoir toujours plus d’art. Chaque fois qu’une société devient incapable de maîtriser ce moteur, qui s’emballe d’autant plus en temps de transformation et de panique, le pire est à craindre, le pire peut arriver.

À son insu peut-être, Israël est poussé à bout et instrumentalisé comme d’autres peuples, comme chacun de nous l’est ou est en danger de l’être par le climat de mensonge général, qui brouille la vérité et éloigne toujours plus la possibilité de poser un juste regard sur ce qui se passe réellement. Or l’intérêt de chaque homme et de chaque peuple sur cette terre, du plus petit au plus grand, est au contraire de débrouiller la vérité, de négocier et de s’entendre en son nom, elle sans qui ne peuvent advenir ni justice ni paix ni prospérité. Pauvres ou riches, nous ne voulons pas aller à la mort. Et si certains le veulent, nous voulons les empêcher de nous imposer leur volonté morbide. Espérons en un sursaut de lucidité et d’honnêteté des gouvernants, et surtout commençons par renoncer nous-mêmes à ce qui dans nos combats n’est pas orienté dans le vrai juste sens, renonçons à suivre les mots d’ordre dévoyés, d’où qu’ils viennent, et travaillons à augmenter en nous et en autrui, de proche en proche, le courage de vivre et d’aimer la vie, de la défendre pour soi et pour les autres, pour la communauté humaine.

*

Des partouzes, du voile, du mot antisémitisme et des boiteux


photo Ricardo Moraes/Reuters

 

L’Islam sans gêne, titre en une Le Point de cette semaine. S’ils nous trouvent sans gêne, c’est peut-être parce qu’eux sont tout empêtrés dans leur gêne face à l’islam. Sur leur site, le jour de la sortie de ce numéro, à la rubrique anniversaire, ils évoquaient une partouze organisée au Vatican par le pape et le clan des Borgia. Façon de dire : voilà qui nous sommes, nous. Le lendemain, jour anniversaire de la guerre d’indépendance algérienne, ils ont mis : « 1er novembre 1925. Plutôt mort que cocu. Max Linder entraîne sa jeune épouse dans le suicide. » C’est ça, ils se sentent cocus. Comme Longuet avec l’Algérie. Et comme dans les pièces de théâtre, les cocus deviennent vite ridicules, avec leur suspicion, leur égarement, leur rancoeur.

Ils ont dû laisser leurs colonies, alors ensuite c’est le peuple de métropole qu’ils se sont mis à coloniser. Ce peuple formé de beaucoup d’immigrés et enfants d’immigrés, mais aussi du peuple de toujours et de sa jeunesse, de tous ceux qui n’ont pas pour but dans la vie de dominer et exploiter autrui. Mais au fond les colonisés sont déjà plus libres que les colons, prisonniers de ce besoin de coloniser sans lequel ils ont peur de ne pouvoir survivre.

« L’islam sans gêne ». Cette couverture d’une jeune femme voilée avec de bien beaux yeux. Il y a quand même quelque chose de louche, si je puis dire, dans l’obsession de ces gens contre l’islam. Comme un désir refoulé. Le désir de Dieu. Ils essaient de se rattraper en brandissant leur sexe apeuré, mais cela ne suffira jamais. Car c’est pire qu’un désir sexuel refoulé pour ceux qui voient des gens aimer Dieu alors qu’eux ne le peuvent pas, à cause de leur culture. « Venez à la félicité ! », appelle le muezzin. Se tenir debout, s’incliner, se prosterner devant Dieu, rien n’est meilleur à vivre et ils se sont condamnés à ne jamais le connaître.

 

*

« Nulle contrainte en religion » dit le Coran (II, 256). Dieu libère. Une religion qui se mettrait à dire le contraire irait vers sa mort. Mais parmi mes frères en islam, ils sont nombreux aussi à avoir quelque problème avec la femme. Le premier des cinq piliers de l’islam est l’attestation de foi selon laquelle « il n’est de dieu que Dieu, et Mohammed est son messager ». Ceci, nous le répétons plusieurs fois par jour, afin de nous prémunir contre l’idolâtrie, et de nous rappeler que la parole que nous devons suivre, c’est celle qu’a transmise Mohammed, lui-même recommandant aussi celle des autres prophètes. Dans le Coran il demande aux femmes la pudeur, de rabattre leur habit sur leur poitrine. Rien de plus. Il n’est jamais question de cheveux ni de hidjab, sauf pour tout autre chose que la tête de la femme (nous en avons parlé à propos des sourates Al-Khaf et Marie). Les historiens relatent que Mohammed a fait cette recommandation de pudeur aux femmes parce que les messieurs de Médine visiblement ne savaient pas se tenir, et voulaient se les échanger comme des chameaux. Ils rappellent aussi que le voile n’a jamais été imposé aux femmes en islam, qu’il n’a pas été porté pendant les siècles de splendeur de son règne et n’est devenu à la mode qu’à partir de sa décadence. À méditer.

Pour les prescriptions, plusieurs hadiths montrent que le Prophète était en fait un homme très souple et très compréhensif des différentes situations des êtres humains. Autant que je sache, il n’a jamais dit qu’une femme non voilée irait en enfer, alors qu’il l’a beaucoup dit pour les hypocrites.

Mais parmi nos frères (surtout) et nos sœurs, beaucoup semblent vouer une idolâtrie à cette question tout à fait secondaire, qui n’est en rien l’un des piliers de l’islam, et qu’ils sacralisent pourtant. Se retrouvant ainsi à faire le même jeu que ceux qui ont peur d’eux. Car c’est la peur aussi qui les fait se raccrocher au voile comme à la jupe de leur maman. Non mes frères vous ne perdrez pas votre virilité si vos femmes vont tête nue. Non mes sœurs vous ne serez pas assurées d’être plus saintes si vous êtes voilées. Je comprends le choix du voile d’autant mieux que depuis longtemps je suis moine dans l’âme et pratique beaucoup la contemplation et la méditation avec une capuche sur la tête. Je prie voilée, et je prie selon les temps et la règle de l’islam. Mais pour le reste du temps il faut que cela demeure un choix, un choix ni contraint ni forcément définitif. Et j’aime aussi sortir cheveux au vent, qu’il me parle librement aux oreilles. Dieu y souffle, et il est d’accord pour que je l’écoute.

*

Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, est traitée par le Crif de « démon antisémite » pour avoir rappelé dans une émission télévisée que le problème de l’antisémitisme était lié à l’antisionisme, lui-même généré par les crimes commis par l’État d’Israël. Ah ! antisémitisme ! Le mot sert aux sionistes, juifs ou autres, de Vade retro Veritas ! Il est parfaitement vrai que le problème israëlien est crucial pour la paix sociale hors d’Israël et pour la paix dans le monde, mais comme ils ne veulent pas l’admettre ils sont prêts à toutes les dénégations. Ils ne sont évidemment pas les seuls à fonctionner ainsi, mais ils se trouvent malheureusement au coeur d’une question particulièrement aiguë, qui rend le déni de plus en plus invivable pour tout le monde.

Il ne s’agit pas de faire de l’État juif le bouc émissaire de tous les maux, mais de reconnaître ce qui est. À savoir que cet État viole chaque jour un peu plus le droit international, et ceci avec la complicité de pays occidentaux impérialistes qui perpétuent ainsi sous une autre forme le colonialisme des Blancs au détriment d’Arabes. L’antisémitisme est évidemment injustifiable, mais on ne peut le combattre sans agir aussi contre l’injustice énorme perpétrée par l’État juif, sans s’en désolidariser. Ces gars se contredisent allègrement, étant mystiques quand ça les arrange (le droit à leur terre sacrée) et ne l’étant plus quand il s’agit de voir comment le mal, à partir d’un point crucial, peut empoisonner le reste du monde.

Pour autant ils ne sont pas les seuls, loin de là, à boiter gravement. Citons aussi les anti-colonialistes collabos. Les féministes sans pensée. Les religieux sans Dieu. Les élites porcines. Les auteurs tortureurs de verbe… La fosse éternelle, les boiteux sont toujours tout près d’y tomber. Ils ont beau fermer les yeux, un jour ou l’autre ça finit par arriver. Allez hop, sortez de là !

*

D’un château l’autre

Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

« la trouille, le gniouf ! leur hantise !… Mauriac, Achille, Gœbbels, Tartre !… ça que vous les voyez si nerveux, si alcooliques, d’un cocktail l’autre, d’une confession l’autre, d’un train l’autre, d’un mensonge l’autre ! » Louis-Ferdinand Céline, D’un château l’autre

 

L’Occident a une peur bleue de l’islam. Mais ce n’est pas la faute de l’islam si les églises se vident tandis que les mosquées poussent. Au lieu de montrer la grosse paille dans l’oeil du voisin, considérons la poutre dans le nôtre, qui nous aveugle.

Les imbéciles qui ont lancé une fatwa sur Rushdie lui ont permis de devenir célèbre et d’avoir toutes les faveurs de l’Occident, qui s’y prend plus discrètement et bien plus efficacement pour empêcher de parler les porteurs d’une parole dérangeante. Reconnaissons que nous, « démocrates », sommes en fait beaucoup plus fort en coups tordus et coercition. Les pays arabes l’ont appris à leurs dépens depuis assez longtemps.

Mais ils sont jeunes, et nous sommes vieux. Ils ont la vie devant eux, et nous pouvons la trouver avec eux, si seulement nous voulons bien nous défaire de ce regard épouvanté que nous posons sur eux.

« L’antisémitisme est un terrible fléau et sa résurgence ne peut pas être dissimulée » dit-il. Le Coran est sémite et l’antisémitisme frappe ses lecteurs comme ceux de la Torah. Mais Valls et compagnie sont aussi ignorants de l’esprit et du coeur que ceux dont ils dénoncent l’obscurantisme – quand ils ne le font pas à tort. »

Si toute religion a sa part d’intégrisme, a ajouté M. Valls, c’est aujourd’hui dans l’islam que cette part suscite la crainte. » J’entends bien, mais ce qui est plus inquiétant en vérité, c’est cette crainte dont parle M. Valls, cette peur massive, obsessionnelle, qui gagne l’Occident. De quoi a-t-il vraiment peur ? De l’islam ? Pourquoi ? Parce qu’il représente un monde en devenir ? Alors que le soleil est en train de décliner à l’Ouest ? Comment se fait-il que des hommes de culture chrétienne n’aient pas encore appris qu’il ne faut pas s’accrocher au « vieil homme » ? Le soleil se couche, la nuit passe, le soleil se lève, c’est ainsi.

Dans l’expression « le vieil homme », il faut entendre son sens biblique : l’homme enfermé dans le système de son monde. Qui prèfère sacrifier les générations suivantes plutôt que l’animal en lui, centré sur lui-même. L’homme des temps modernes, quoi.

Le père de Salman Rushdie rêvait, paraît-il, de « remettre en ordre les sourates du Coran ». Et pourquoi pas de remettre en ordre les étoiles dans le ciel ?

Voilà ce qu’est l’antisémitisme : la peur du Verbe, de la liberté du Verbe, et le désir de le contrôler. Exactement comme l’Occidental s’acharne à vouloir contrôler le vivant, le trafiquer, l’exploiter, et pour finir le polluer et le détruire.

L’expression « faux-cul » est parfaite. Le mien est vrai, comme celui de tous les prophètes, du plus petit au plus grand. C’est pourquoi les faux-culs, tout en se flattant leur faux les uns les autres, sont si obsédés par le vrai des vrais.

Le hijeb d’accord, mais à part pour les Targuis, exposés aux tempêtes de sable, porter un voile intégral ne me semble pas faire preuve d’ouverture envers ses semblables. Pourquoi Dieu nous a-t-il fait un visage, si ce n’est pour que nous puissions nous reconnaître les uns les autres comme des frères humains ?

Le paternalisme se porte bien, tant chez les colons que chez les abuseurs en tous genres, les pédophiles et leurs amis très compréhensifs. Tous ces gens grincent des dents quand ils entendent dire Dieu, et l’on entend crisser le verre du miroir qu’ils ont jeté.

Leurs guerres de connards, je les prends sur moi, ça les rapproche.

Traîtres à leur peuple et lâches, ceux qui l’appellent à laisser faire et grandir l’injure, l’injustice et la haine. Quel discours stupide, que celui qui consiste à répéter que tous les prophètes ont été insultés et n’ont pas pour autant réagi, considérant cela comme faisant partie de leur épreuve. Quel discours mensonger et trompeur. Qu’ont fait tous les prophètes, que n’ont-ils obstinément cessé de faire, face au mal, face au mensonge ? Sinon de le dénoncer avec puissance, de le combattre par leur parole et par l’exemple de leur vie mise au service de leur peuple ?

Cessez de trafiquer la vérité tout en prêchant le « travail sur soi », comme disent les magazines féminins et autres machins. Dieu, en tous Ses Noms et Attributs, doit être affirmé sans cesse, avec intelligence, amour et raison, y compris face aux mécréants, aux dénégateurs de Ce qui est Tout-Miséricorde et Souverain – ce que fait le Coran. Quant à l’insulte faite au Prophète et à ses amis, voici l’une des façons légitimes d’y répondre, indiquée par Lui-même :

« Celui qui t’insulte, c’est lui qui est châtré » (Sourate 108, Al-Kawthar).

Ne pas répondre est souvent pire que répondre, dans le sens où ignorer l’autre peut être non seulement une lâcheté et un aveuglement, mais aussi un déni de l’autre. Lui répondre, même vigoureusement, c’est reconnaître son humanité et, par le simple fait de répondre, donc de susciter son attention sur son propre comportement, l’inciter à se sortir du mauvais chemin, comme le fait aussi sans cesse le Coran.

Le terme « châtré » est la traduction au plus près du mot, ce n’est pas moi qui l’invente. J.Chabbi, professeur d’études arabes à l’Université Paris VIII-Saint-Denis, explique dans son livre « Le Seigneur des tribus – L’islam de Mahomet »(CNRS éd) que les traductions habituelles euphémisent le verbe arabe par une sorte de pudeur, mais qu’on se trouve bien dans ce verset  « en présence de ce que l’on pourrait appeler un renvoi d’injure » et qu’il importe « de faire ressortir la violence de la situation pour ne pas se méprendre sur la nature des propos échangés. » Aller au dictionnaire !

Il ne s’agit en aucun cas de châtrer par vengeance, mais bien de répondre à l’injure par une autre violence verbale, qui a par ailleurs, si l’on y pense,aussi un sens spirituel : celui qui insulte profère un mensonge, il est donc  en quelque sorte châtré de la langue, sa langue est coupée, coupée de la vérité et donc de la possibilité de faire un don de vie.

La loi du talion, rappelons-nous qu’elle est  adoucie par cette parole du Coran : « quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation » (V, 45). C’est au départ une loi pour empêcher les vendettas sans fin, les vengeances démesurées : oui, plutôt que la démesure, mieux vaut la loi du talion,  œil pour œil , dent pour dent, mais pas plus. Et plutôt que la loi du talion, chaque fois que c’est possible, mieux vaut la loi du cœur, si  elle ne met pas en danger d’autres personnes.

Je me rappelle la rugosité des cornes du taureau Espoir dans mes paumes. À la fin, il s’est couché devant ma porte. Son souffle sortant de ses naseaux autour du lourd anneau de fer déposait sur la vitre de grandes buées qui s’évanouissaient vite.

 

Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

La pensée de Mohammed, comme celle de Jésus, comme celle de tous les prophètes, quel que soit le stade de pensée auquel ils atteignent, est parfaitement, absolument claire et nette. Que ceux qui ont le cerveau en marmelade, gavés qu’ils sont de graisses et de sucreries intellectuelles, n’y comprennent rien, cela est aussi normal que les obèses ne sont pas aptes à la course ni au saut. Un seul remède : l’ascèse. Chercher la simplicité est la seule voie qui conduise à la vision claire et bienheureuse de l’infiniment complexe d’équations rapides comme l’éclair.

Pour vous guider, si vous n’entendez pas Dieu, du moins tout ce que les djinns chuchotent, rejetez-le.

Celui qui connaît Dieu ne confond pas Sa voix ni Sa parole avec celles des insinueurs. La langue de la mort, rien de ce qu’elle insinue, elle ne l’aura.

Ils ont besoin d’un bouc émissaire, c’est classique… mais de là à ne pas pouvoir s’en passer… après avoir supprimé d’Europe des millions de juifs, ils se sont très bien passé de ne plus en avoir chez eux… Disons qu’ils ne peuvent pas se passer de nous tant que leur haine n’a pas abouti à notre destruction. C’est un problème difficile. Certains peuvent reculer dans leur pulsion et la laisser tomber, d’autres ne le peuvent pas du tout, ils continuent en dépit de tout. Ne pas se laisser faire et continuer à avancer sur le chemin de la vie, nous n’avons pas d’autre choix, je crois.

L’idée que se font les hommes de Dieu change d’une religion à l’autre, mais aussi d’un être humain à l’autre dans une même religion. Mais Dieu, il est unique. Sinon, il ne serait pas. Il ne serait que l’idée qu’on s’en fait. Or Il est, en Lui-même. Orientez le miroir de telle ou telle façon en direction de Sa face, vous aurez telle ou telle représentation de lui. Chacune sera vraie, et pourtant différente. Il faut arriver à s’élever par-dessus les miroirs pour Le voir, à travers tous les miroirs et sans miroir, directement, face à face.

Faire les ablutions dans un petit récipient d’eau parce que la salle de bains est prise, faire la prière, vaquer, songer à Dieu, puis remplir de nouveau un petit récipient d’eau pour commencer à peindre.

Ceux qui considèrent l’islam comme une reprise de la Bible pleine d’erreurs devraient se demander aussi quelles furent les références de la Bible. Elles sont moins connues parce que plus lointaines dans le temps, mais elles existent, et à partir d’elles le texte biblique a donné une parole différente, une parole de Dieu, comme le Coran a repris la parole biblique pour la transposer sur un autre plan. Il faut seulement s’en approcher avec respect pour le comprendre. L’islam est vrai, et vraiment bon.

« Faut-il y voir un lien avec la visite en France de Benyamin Nétanyahou? » se demande Le Figaro. La droite avait renoncé à expulser ce vieillard malade père et grand-père, qui ne prêchait quasiment plus. La gauche le fait, le flic Valls, « lié de manière éternelle à Israël » selon ses propres dires, se paie un coup d’éclat minable à offrir sur un plateau d’argent à un chef d’État qui bafoue chaque jour un peu plus le droit international, invite les juifs de France à venir s’installer en Israël donc à venir occuper toujours plus de territoires qui ne leur appartiennent pas en spoliant, expulsant et enfermant les Palestiniens. Saleté.

La présence de l’islam nous rappelle que ce vers quoi nous devons aller aujourd’hui, c’est une résurrection, plutôt qu’une renaissance. C’est-à-dire, un renouveau par la spiritualité. En elle la civilisation se trouve aussi bien dans la cité que dans le nomadisme. Abraham n’était-il pas un nomade ? Et nous sommes ses enfants, musulmans, chrétiens, juifs. De lui viennent de grandes civilisations, de lui d’abord de grandes religions. Une spiritualité dont la source demeure représentée dans le nomadisme tel que nous le connaissons au désert, tel que nous avons à le réinventer, comme la civilisation figurée par l’architecture des cités. Le mal du colonialisme trouve dans le temps son bienfait en retour, l’importation de l’islam en Europe. L’Europe par elle-même sait inventer des renaissances, mais pas des résurrections. Toutes ses religions lui viennent de l’Orient. L’islam vient rafraîchir sa spiritualité fatiguée, il est une chance de réveil pour les autres religions aussi. Tout à la fois une grande chance et un grand risque évidemment, c’est pourquoi il nous faut naviguer attentivement, en Europe et en Orient, à la bonne Étoile, celle du ciel ! Une étoile nommée Vérité, à chercher et à suivre.

*