Trésor

église Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles, Paris 13e. Photo Alina Reyes

 

Fausser la parole est un désastreuse stratégie, qui m’a éloignée de tous les lieux, physiques ou virtuels, où j’aimais aller, de toutes les personnes avec lesquelles j’aurais pu oeuvrer. Confiance pourtant : un jour il sera de nouveau possible d’oeuvrer dans la vérité, et Voyage et l’Ordre pourront avoir lieu dans le monde. Le trésor est dans mon coeur, extrêmement vivant. Je ne le laisserai pas profaner. J’ai toute foi en la Vérité, en la Lumière qui me guide parfaitement et sait transformer tout temps en clarification du chemin. « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ». Je le fais.
C’est pourquoi en vérité, Voyage et l’Ordre ont déjà lieu. La Vérité en sa demeure de retrait est déjà à l’oeuvre, a toujours été à l’oeuvre, et la terre en secret tremble et grince des dents  : ceux qui ne se purifient pas, ceux qui ne renoncent pas au mal, ne peuvent la recevoir. Voici ce que par son attente elle enseigne aux hommes, qui sont si longs à apprendre, si entêtés à ne pas vouloir comprendre.
Hommes, approchez-la comme il convient. Sa présence est la plus grande douceur que nous puissions connaître. Si vous voulez m’y retrouver : j’y suis.

 

Mission

Photo Alina Reyes

 

Après avoir consulté beaucoup d’annonces, et répondu à plusieurs, j’ai fini par me passer moi-même une offre d’emploi : « à écrire, ton meilleur roman ». Et j’ai accepté la mission. Le soir, nous avons pu parler projets. À l’aube je me suis levée, j’ai travaillé comme une reine à la fenêtre ouverte, avec les cris des martinets qui annoncent tout haut dans le ciel le printemps. Le désert est en train de se repeupler, l’Ordre se fondera dans la vie.

 

Blanc, bleu

Photo Alina Reyes

 

Je suis un bateau qui s’éloigne

je marche avec les blancs nuages

et je mange en chemin du blanc

Entre le ciel et l’eau mes jambes

découpent dans le bleu la voile nul-ne-la-voit

La côte derrière moi s’est effacée de l’horizon

j’entends à peine encore la rumeur

sourde des morts qui s’y démènent

Traversant le zénith une mouette un instant

se transforme en corbeau et la mémoire

des cimetières me revient.

Je sais, moi l’exilée, ce qui arrive

à ceux qui se laissent aborder par la ruse

et je prie Dieu qu’il veuille bien

dans la vieille cité reconnaître les siens.

Les miens prennent le soleil sur mon pont.

 

Respiration

Plateau de Lumière. Photo Alina Reyes

 

Notre Dame de Lumière siège

dans ma poitrine et je respire

Je sens immensément, frères,

soeurs, vos âmes frémissantes,

qui s’unissent à la mienne

dans la vaste demeure, attente

ouverte en notre coeur. Vienne

sous vos pas la splendeur que le roi

déroule pour la reine, voici le souffle

infime et infini, passant

de l’un à l’autre de nous, pauvres

bienheureux, bénir notre invisible union.