De la chute, mortelle, et de la descente, vitale

 

Le diable, le malin, est l’ange qui est tombé du ciel par orgueil. À l’homme aussi il arrive souvent de tomber de la même façon : refuser de se soumettre à Dieu, se croire plus fort, ou bien assez fort soi-même, c’est ce qu’on appelle le péché, c’est ce qui est la source de tous les péchés du monde. Il faut voir les choses très simplement : nous tombons sur le chemin si nous faisons les malins, si nous nous croyons plus fort que le chemin, si nous voulons ignorer la pente dans un chemin de montagne, si nous voulons ignorer le courant ou la crue dans un chemin d’eau, si nous voulons ignorer la circulation dans un chemin de ville, etc. Toutes ces situations physiques ont leurs correspondances spirituelles. Il y a une autre façon de tomber, c’est quand nous sommes poussés par un méchant ou un meurtrier, ou lorsque nous butons sur un caillou (un « scandale », c’est pourquoi Jésus a averti de ne jamais scandaliser un innocent, c’est-à-dire mettre sur son chemin un caillou pour le faire chuter), ou lorsque nous sommes accablés d’un poids que le monde a mis sur nous, comme la Croix sur le dos du Christ.

Mais en aucun cas tomber n’équivaut à descendre. Descendre n’est ni un péché ni une conséquence du péché, comme l’est tomber. Descendre est un geste d’amour. Dieu descend vers l’homme par amour. L’homme descend vers autrui et vers lui-même par amour de Dieu – même s’il l’ignore. Et si j’ai bien écrit que c’est tout au bout de la nuit que se trouve la lumière, il ne s’agissait en aucun cas d’une nuit du péché, ni d’une nuit de la perte de foi, ni d’une nuit du malheur, que nous en soyons responsables ou innocents. Mais de la nuit que constitue la descente. La descente n’est pas une chute. C’est dans la nuit al-Qadr et dans la nuit de Noël que descend la révélation de ce qui était caché, que vient la lumière de la vérité. Et quand l’homme par amour descend au fond de la nuit de l’homme, c’est dans la descente que se fait la mise à nu qui permet le passage dans la lumière.

« Lis ! » C’est le premier mot adressé par Dieu à son Prophète Mohammed. Mais lire sans descendre dans la profondeur du texte, sans descendre dans la profondeur de l’être en même temps, n’est pas lire mais mal comprendre et se tromper. La lecture est une ascèse, ou elle n’est pas. Lire engage tout l’être. Sinon, croyant lire et ne lisant pas, lisant superficiellement, l’être se perd par son erreur, répand l’erreur et la sème comme autant de scandales sur le chemin des innocents. De faux penseurs, voire de faux « mystiques » (à la façon de Georges Bataille) ont pu s’imaginer que le péché était une façon de trouver la vérité, la lumière et la grâce. Ils ont peut-être cru les trouver, alors qu’il ne leur venait que ces exclamations qu’on fait devant un feu d’artifice. « Pourquoi ? » demandait tout à l’heure Mgr Fouad Twal dans sa déchirante homélie de supplication pour le Moyen Orient, la Palestine, Jérusalem. Parce que les hommes, sur toute la terre, ne sont pas assez attentifs à distinguer entre le bien et le mal, et à rejeter le mal. Et ceci tout d’abord dans l’esprit. Car donner des gages à l’esprit du mal, ou se compromettre avec lui, c’est entraver le combat que l’Esprit Saint mène avec ses anges sur la terre comme au ciel. Tournons-nous vers le Miséricordieux, au ciel et en nous, accomplissons nuit après nuit, jour après jour, cette descente miséricordieuse qui est aussi ascension pour la Vie.

 

Onzième lecture

 

Qu’est-ce qu’on peut entendre comme bêtises. Des gens qui confondent tomber et descendre. Non, ce n’est pas du tout la même chose, c’est même tout le contraire. Dieu descend, le diable tombe. Des gens qui disent « on retombe tout le temps, c’est ça qui est merveilleux ». Non on ne retombe pas tout le temps, on peut tomber, se relever et ne plus retomber. On peut aussi ne jamais tomber, même si le pied trébuche souvent sur les chemins. Et pour ceux qui retombent tout le temps, cela n’a rien de merveilleux, c’est terrible, pour eux-mêmes et pour ceux qui sont autour d’eux. Des gens qui disent que Lazare est le symbole du « mourir à soi-même ». C’est complètement faux. Mourir à soi-même est bon et ne pue pas. Mourir à soi-même exhale un parfum de roses innombrables. Ce qui est arrivé à Lazare, c’est de se laisser gagner par la mort. C’est tout autre chose.

Tout cela dit en quelques minutes à la télévision. Par des auteurs de livres sans doute tout aussi pleins de faussetés. Et personne pour entendre combien c’est faux, combien on assomme les hommes de parole fausse. Partout, tout le temps. Le mal que cela fait, le mal que cela propage, le mal dont cela couvre la terre comme une énorme pollution dont on peut se demander s’il est encore possible de la sauver. Après le dernier enfant, « les hommes seront pareils à des bêtes », dit Ibn Arabî. Voilà où mènent les bêtises. Et Michel Chodkiewicz, à la toute fin de son livre Le Sceau des saints, ajoute :

« Alors aussi le Coran, qui est le « frère » de l’Homme Parfait, sera en l’espace d’une nuit effacé des cœurs et des livres. Vide de tout ce qui reliait le ciel à la terre, un univers glacial et dément s’enfoncera dans la mort : la fin des saints n’est qu’un autre nom de la fin du monde. »

Lisez bien cela, avant de dire n’importe quoi. Ignorants qui paradez dans le monde. Abrutis qui ne comprenez rien à rien. Vicieux qui vous trompez tout le temps. Pourris qui paradez dans les maisons de Dieu. Maniganceurs, fourbes et rusés qui vous posez en vrais. Inclinez-vous donc vraiment devant Ce qui est tellement plus grand que vous, inclinez-vous devant l’enfant dont la bouche dit la vérité, et servez-le plutôt que d’en faire le dernier.

« Écologie humaine », singeries et barbarismes

tout à l'heure au Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

Sachant quelle pollution morale et politique, avec ses mouvements d’extrême-droite, a charriée la Manif pour tous, il est permis de s’interroger sur le mouvement « Écologie humaine » qui en sort maintenant. Mauvais signe, cette tendance lourde, dans la Manif pour tous et ses dérivés, à singer, à plagier. Et pire, à plagier pour dénaturer ce qu’on plagie. Après que Frigide Barjot a lancé le mouvement en s’appropriant les codes et l’esthétique gay, après que la Manif pour tous a utilisé nombre de démarquages intellectuellement frauduleux d’autres mouvements ou partis politiques, après que sont nés dans son sillage des micro-mouvements à caractère plagiaire aussi comme les Hommen, voici maintenant Tugdual Derville et ce think tank qui s’approprient un terme, écologie humaine, inventé par un géographe américain au début du vingtième siècle, et devenu une discipline universitaire dont l’enseignement est « complètement différent », dit l’un de ses enseignants, notamment parce qu’il cherche à dépasser l’opposition entre nature et culture.

« L’homme est la seule mesure ! » clament les « inventeurs » de l’ « écologie humaine », inventée un siècle avant eux et disant tout autre chose qu’eux. Que font donc ces chrétiens du Christ ? Les voici rembourbés dans un humanisme sans Dieu, où l’homme est si bien la seule mesure qu’on peut se passer de la Vérité, plagier ceux dont on s’approprie la parole en la dénaturant sans état d’âme, où l’homme est si bien la seule mesure que, comme toujours dans ce cas, il finit par n’être la mesure que d’un objet que l’on instrumentalise au service de soi-même.

« Journal du Vatican / La diplomatie du bâton et de la carotte », titre un vaticaniste. Autant dire, une politique de singe – et certainement pas du respect d’autrui. Un honnête homme n’emploie jamais une telle diplomatie, ni envers ses enfants, ni envers personne. Décidément, il faut tout leur apprendre. Les défenseurs du mariage et de la famille feraient mieux de commencer par défendre la nécessité de ne faire couple et famille que dans le respect absolu d’autrui, à l’intérieur et vers l’extérieur. Car ce n’est pas une paperasse délivrée par M. le maire qui rend légitimes et bons aux yeux de Dieu un couple et une famille, mais seulement le respect et l’honnêteté que les personnes ont les unes envers les autres, au sein de la famille ou de la communauté quelles qu’elles soient comme entre les membres des diverses familles ou communautés.

 

Le temps de la perversion


La Résurrection des morts et le jugement dernier, acrylique sur bois, 25 x 20 cm. Une oeuvre de Dimo, à voir en grand, ainsi que d’autres, sur son site.

 

Pour être libérées, les Femen européennes arrêtées en Tunisie ont présenté leurs excuses et se sont désavouées. Tu parles de militantes. Au premier problème, elles se déculottent. Voilà ce qu’il en est des soumis au système qui les emploie : achetés, ni courage ni honneur.

En Europe, elles sont assurées de n’être sanctionnées ni pour leurs attentats à la pudeur ni pour leurs manifestations non autorisées. Alors qu’un jeune manifestant du mouvement les Veilleurs a écopé de quatre mois de prison, dont deux avec sursis, pour refus d’obtempérer. Mais lui n’était pas une serpillière au service de la cause de l’Occident contre les Arabes ni contre l’honneur de l’être humain.

Toujours pas de nouvelles de ce qui s’est passé à Argenteuil il y a quelques semaines, où des femmes voilées ont été agressées, l’une d’elles en perdant le bébé dont elle était enceinte. L’enquête avance-t-elle vers la mise au jour de la vérité, ou vers l’enfouissement de la vérité ?

Un médecin italien se déclare prêt à greffer des corps de morts en bonne santé sur des têtes bien vivantes, qu’il couperait de leur corps handicapé ou malade. Dans la deuxième partie du dix-neuvième siècle, des médecins multipliaient les expériences d’électrisation de têtes guillotinées, pour les voir faire d’horribles grimaces et tenter de les rendre à une vie. L’un d’eux alla jusqu’à injecter son propre sang dans une tête coupée. Et l’on rêvait de pouvoir interroger les têtes de meurtriers ainsi ravivées pour obtenir leurs aveux.

Aujourd’hui le mal se cache mieux que ça. Et il ne faut pas y aller de main morte pour libérer les hommes qu’il enterre.

 

Histoire d’art

Entre un art contemporain, qui sur l’invitation du Vatican représente « Noé, Abraham et la nouvelle humanité, par de la toile de sac, du fil et des ampoules », dans une esthétique non pas pauvre mais misérable et misérabiliste, et un art liturgique néo-catéchuménal centralisateur, centré non sur le Christ mais sur un gourou omniprésent et omnipotent, excluant Dieu, le Vivant, qui se donne dans la diversité de sa beauté… l’article salutaire de Sandro Magister – dont, en lien, « Seule la beauté nous sauvera ».