« La cathédrale de Nantes vandalisée par des tags à caractère nazi »

 

« les évocations sont mélangées : il y a des 666 (le chiffre satanique), ainsi que des évocations à caractère nazi, un buste de Femen ainsi que des petits bonshommes, style manif pour tous ». Lire l’article sur Francetv info.

Cette photo, que je choisis pour la couverture de mon livre Lumière dans le temps, je la pris à l’intérieur de cette cathédrale.

Ceci est en relation avec la peste de Marseille, évoquée dans le post précédent. Et avec celle de Notre-Dame de Paris – son autel profané par un suicide, et avec celle de la Pitié-Salpêtrière – son tout jeune homme mort sous les coups. Et avec toutes les autres profanations d’églises ou de mosquées. Quand les hommes comprendront-ils les signes et la parole que Dieu leur adresse ?

 

La peste noire

 

Un évêque ancien, dans le combat spirituel contre la peste, arrivée par bateau, qui ravagea Marseille, consacra la cité au Sacré Cœur de Jésus. Un cardinal d’aujourd’hui, sur le Parvis du Cœur, par avion rapporte dans la même cité la peste. « Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste », dit Freud à Jung alors qu’ils approchaient en bateau de New York, en 1909. Comme le disent les psychanalystes, même si l’on n’est pas sûr de l’authenticité de « l’anecdote », elle dit vrai. Et non, un siècle d’horreurs plus tard, ils ne le savent toujours pas.

Le jeune Clément Méric, tué par des néo-nazis, est mort à la Pitié-Salpêtrière. C’est dans cet hôpital qu’on enferma les pauvres, puis les fous. C’est là que Charcot exhiba devant des parterres de messieurs, dont Freud, engoncés dans leurs habits de dix-neuvième siècle bourgeois, engoncés dans leur enfermement et cherchant pour en sortir à déconstruire l’homme, anéantir son unité, l’examiner en entomologistes, le transformant en cet insecte répugnant que Franz Kafka décrivit, coincé dans son étouffante cellule familiale ou sociale, ses conventions morbides, sa pensée aberrante, son regard dénaturant l’amour en machinerie destructrice. Et c’est ainsi, une fois l’homme réduit à l’état de cafard ou de souris de laboratoire (cf Art Spiegelmann), qu’il fut rendu licite de le traiter industriellement, d’abord dans les camps de la mort, puis dans les temples de la consommation, et pour finir dans sa parole, faussée par les médias à grande échelle et pire encore au cœur même de ce qui fut la littérature, et qui n’est presque plus que production de livres écrits en usine par des ouvriers anonymes et signés par de petites ou grandes idoles. Et pire encore, la peste s’introduisant au dernier degré de ce qui reste de l’homme ainsi émietté, dans ses textes sacrés, avec la complicité stupide, béate ou malveillante, de ceux qui sont censés en être les gardiens.

 

Sauvés par la beauté

 

Le Saint Coran est vrai parce qu’il est écrit dans une langue sublime. La Sainte Bible est vraie parce qu’elle est un extraordinaire et magnifique écrit. Les Grands Textes de l’humanité sont vrais parce qu’ils sont grands et intensément beaux. La beauté sauvera le monde, a écrit Dostoïevski. Oui elle le sauve en le maintenant chaque jour, et à la fin elle le sauvera en le jugeant.

Car si la beauté du vrai sauve et va sauver le monde, la laideur du faux le perd et entraîne qui l’écoute et la suit à sa perte. Les sirènes chantent faux, mais les oreilles ensablées croient y entendre le vrai, se laissent subjuguer et sombrent. Ce qui sonne juste est juste. Ce qui sonne faux est injuste. Dieu a donné à l’homme comme à l’oiseau l’oreille musicale, pour pouvoir se repérer dans l’harmonie de sa création. Et Dieu aime tout homme. Si c’est un homme, comme dit Primo Lévi. Mais depuis deux mille ans les singes se sont considérablement multipliés.

N’offensons pas les singes, que Dieu aime comme il les a faits. Comprenons bien qu’il ne s’agit pas ici de ces animaux, mais des ectoplasmes que sont devenus les êtres humains qui ont déconstruit l’humanité pour la reconstruire selon eux, la singer. Chimères à parole chimérique, à parole et à chant faux qui envoûtent non pas les pauvres en esprit, mais les faibles d’Esprit, ceux qui se détournent de leur source, attirés par les abysses de la mort, du non-sens, du faux sens, du contre-sens, de la vérité torturée, de la vulgarité déguisée en princesse. Si seulement ils écoutaient dans sa langue, dans sa voix, comme ils seraient aussitôt révulsés par sa dysharmonie, pire que le crissement d’une craie sur un tableau noir !

Dieu crée, et Dieu voit que cela « est bon », « est beau ». La beauté est au commencement du monde, elle sera à sa fin. En hébreu, en grec, en arabe et en toute langue de Dieu, bon et beau sont un.

 

En lisant « Le Sceau des saints », de Michel Chodkiewicz (1)

cet après-midi au Jardin des Plantes, photos Alina Reyes

Quelques phrases, au fil de la lecture, de cet ouvrage consacré à l’enseignement d’Ibn Arabî, « qui ne sépare jamais l’énoncé doctrinal de l’expérience visionnaire ».

 

« Les saints appartiennent à l’histoire. Telle que la conçoit le Shaykh al-Akbar, la sainteté surplombe l’histoire. » (p. 24)

 

« Lorsque l’être est fermement installé dans ces degrés, que les statuts du changement (talwîn) ne s’exercent plus sur lui et qu’il nage dans les océans de l’unicité et le secret de l’esseulement (tafrîd), alors il est un walî, un substitut des prophètes et un véridique d’entre les purs. Le mot walâya est une désignation synthétique qui englobe toutes les demeures des hommes de réalisation spirituelle [al-siddîqîn, littéralement – ceux qui confirment la vérité – parce qu’ils l’ont personnellement éprouvée]… » (p. 52)

 

[citation d’Ibn Arabî] : « Sache que la prophétie et la sainteté ont en commun trois choses : une science qui ne provient pas d’une étude en vue de l’acquérir ; la faculté d’agir par la seule énergie spirituelle (himma) dans des cas où, normalement, on ne peut agir que par le corps, voire même dans les cas où le corps est impuissant à agir ; et enfin la vision sensible du monde imaginal (âlam al-khayâl). (…) Les ascensions des prophètes s’opèrent par la Lumière principielle al-nûr al-asli tandis que celles des saints s’opèrent en vertu de ce qui rejaillit de cette lumière principielle. » (p.63)

 

Michel Chodkiewicz, Le Sceau des saints, éd tel gallimard,
passages extraits des trois premiers chapitres : Un nom partagé ; « Celui qui te voit Me voit » ; La sphère de la walâya [sainteté, « rapprochement »]

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bonne méditation !

à suivre

 

Il n’y a pas que les gaz industriels qui polluent l’atmosphère

 

Cette semaine tous les médias catholiques sont soucieux d’une chose : la réforme du quotient familial. Le magazine hebdomadaire de KTO lui consacre son débat ; le directeur de la rédaction de La Vie lui consacre sa chronique ; celui de Famille Chrétienne aussi ; La Croix consacre un dossier spécial aux allocations familiales… On finirait par croire que pour les catholiques, la famille c’est un papa, une maman, et leurs sous à compter. Jésus, lui, rendait à César la pièce qui lui était demandée et se passait d’allocations pour entrer au Royaume et dans les Béatitudes.

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Un témoignage sur les skinheads (assimilés par certains écolo-chrétiens aux antifas), dans le nouvelobs

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« La « guerre du Bien contre le Mal » de Bush ou la guerre d’Oussama ben Laden et d’Al-Qaida contre les « nouveaux croisés », les intégristes islamistes et les théo-conservateurs puisent aux sources d’un colonialisme propre au XIXe siècle, bien plus qu’à l’histoire médiévale telle que les historiens l’écrivent et l’étudient aujourd’hui. Comme les deux facettes d’une même médaille. En effet, au temps de ce que l’on appellera plus tard les « croisades » ne régnaient pas entre musulmans, juifs, chrétiens d’Orient et chrétiens latins, fussent-ils croisés ou templiers, des relations aussi manichéennes que celles auxquelles ont veut aujourd’hui nous faire croire.

Faudra-til attendre encore un siècle pour que les acquis de cette historiographie moderne des croisades parviennent à effacer les clichés les plus éculés sur le sujet ? À moins que les nouveaux médias, ou les artistes, ne parviennent à faire plus rapidement évoluer les esprits ? L’enjeu est d’importance. Qu’on n’ait pas à regretter le Moyen Âge dit obscur… »

extrait d’un article de Simonetta Cerrini dans la revue Noor.