Paris, midi

1Panthéon, les visages des résistants dernièrement entrés, et des étudiants et des gens prêts pour l’hommage aux victimes de vendredi soir

*2fac de droit place du Panthéon, les étudiants se réunissent

*3après l’hommage un côté de la Sorbonne, des caméras de télévision (la rue de la Sorbonne, perpendiculaire, était encore toute encombrée de camions de police)

*4impasse Chartière

*5au coin de Polytechnique

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8rue Descartes

ce midi à Paris 5e, photos Alina Reyes

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4 minutes de musique

Le pianiste (étudiant parti à la Sorbonne pour l’hommage aux victimes, nombreuses parmi les étudiants), a écrit cette présentation hier : « Ce n’est pas parfait, mais peu importe. J’ai spontanément voulu imprimer cette partition aujourd’hui et la jouer après la tragédie de vendredi soir. »

Ce n’est pas le tout que de verser des larmes (parfois de crocodile et pour le spectacle) sur les jeunes sacrifiés, il faut aussi oeuvrer, prendre des responsabilités politiques et morales, dans notre pays et notamment au Moyen Orient, pour faire en sorte qu’ils ne soient plus sacrifiés, ni au fond des banlieues ni en plein Paris, ni ailleurs. Nous leur devons la vie.

Simone Weil, « L’Iliade ou le Poème de la force » (1940-1941)

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La force, c’est ce qui fait de quiconque lui est soumis une chose. Quand elle s’exerce jusqu’au bout, elle fait de l’homme une chose au sens le plus littéral, car elle en fait un cadavre. Il y avait quelqu’un, et, un instant plus tard, il n’y a personne. C’est un tableau que l’Iliade ne se lasse pas de nous présenter :

… les chevaux

Faisaient résonner les chars vides par les chemins de la guerre.

En deuil de leurs conducteurs sans reproche. Eux sur terre

Gisaient, aux vautours beaucoup plus chers qu’à leurs épouses.*

(…)

La force qui tue est une forme sommaire, grossière de la force. Combien plus variée en ses procédés, combien plus surprenante en ses effets, est l’autre force, celle qui ne tue pas ; c’est-à-dire celle qui ne tue pas encore. Elle va tuer sûrement, ou elle va tuer peut-être, ou bien elle est seulement suspendue sur l’être qu’à tout instant elle peut tuer ; de toute façon elle change l’homme en pierre. Du pouvoir de transformer un homme en chose en le faisant mourir procède un autre pouvoir, et bien autrement prodigieux, celui de faire une chose d’un homme qui reste vivant. Il est vivant, il a une âme ; il est pourtant une chose. Être bien étrange qu’une chose qui a une âme ; étrange état pour l’âme. Qui dira combien il lui faut à tout instant, pour s’y conformer, se tordre et se plier sur elle-même ? Elle n’est pas faite pour habiter une chose ; quand elle y est contrainte, il n’est plus rien en elle qui ne souffre violence.

*La traduction des passages cités est nouvelle. Chaque ligne traduit un vers grec, les rejets et enjambements sont scrupuleusement reproduits ; l’ordre des mots grecs à l’intérieur de chaque vers est respecté autant que possible. (Note de Simone Weil.)

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