Nouvel agenda

Comme les années précédentes, j’ai acheté un agenda à 2 euros, et pour qu’il soit beau je l’ai transformé avec de la peinture (vernie) et des collages.

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« Dans le développement du vocabulaire d’une langue, certains facteurs externes, comme l’innovation technique ou la création de nouveaux systèmes de pensée, jouent un rôle important. »

Jacqueline de Romilly, Petites leçons sur le grec ancien

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Maintenant que j’y travaille, je comprends que réduire administrativement le temps d’une thèse à trois ans est une aberration. Un travail vraiment important peut prendre beaucoup de temps, et il n’y a pas à le limiter. J’ai confiance en mon travail.

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Arabesques : Debussy, Arcimboldo, Diderot (et Malinowski) (et moi) (et autres)

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364px-giuseppe_arcimboldo_fire_kunsthistorisches_museumLe feu

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giuseppe_arcimboldo_-_spring_1573Le printemps

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« La réflexion attendue du lecteur est largement préparée par le texte, car les arabesques poétiques du XVIIIe siècle, avec leur narrateur dont les facéties soulignent souvent les artifices et les conventions propres à l’écriture romanesque, sont à considérer comme des œuvres qui incluent une part de réflexivité. En effet, le jeu avec les règles de l’écriture traditionnelle conduit au développement d’une forme de littérature « au second degré » qui ne puise plus son inspiration directement dans l’observation du réel, mais se greffe sur une littérature préexistante. Au cœur de l’ouvrage, on observe un déplacement du centre de gravité, car le moi espiègle et bouffon qui mène le récit à sa guise accorde au moins autant d’importance au monde de la représentation qu’au monde représenté. La littérature se prend pour objet de composition littéraire.

Ainsi, quand le narrateur de Jacques le Fataliste rappelle régulièrement à son lecteur qu’il pourrait choisir d’interrompre le cours de l’histoire qu’il raconte pour se lancer dans le récit d’autres aventures en emboîtant le pas d’un personnage secondaire qui croise la route des deux héros éponymes, que fait-il sinon discourir, sous couvert de plaisanterie, sur l’art de conduire une intrigue. De même, lorsqu’il ouvre une parenthèse pour faire le commentaire suivant :

Il est bien évident que je ne fais pas un roman, puisque je néglige ce qu’un romancier ne manquerait pas d’employer. Celui qui prendrait ce que j’écris pour la vérité serait peut-être moins dans l’erreur que celui qui le prendrait pour une fable.

son propos ne correspond pas seulement à une pirouette destinée à faire sourire, mais renvoie à une réflexion théorique sur le genre qu’il pratique. »

Alain Muzelle, L’Arabesque. La théorie romantique de Friedrich Schlegel à l’époque de l’Athenaüm

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Je pratique aussi l’arabesque en écriture, mais complexe plus que simple,  fractale, notamment dans Forêt profonde et dans mon dernier roman fini (j’emploie le terme de roman car je préfère tout faire admettre au roman plutôt que de le limiter à sa vieille forme usée qui règne sur le marché), roman pour lequel je n’ai pas encore trouvé d’éditeur – soit que le monde de l’édition ait décidé de m’empêcher de vivre, soit ou concouramment que le marché n’apprécie pas ce genre d’art, où je persiste pourtant dans mon nouveau roman en cours, et aussi dans ma thèse, et même dans mes articles de critique, en osant notamment l’anachronisme et autres déplacements d’analyse pour déterrer les textes. Car c’est ainsi que peuvent s’ouvrir les esprits.

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« Le Tartuffe » et « Le Misanthrope » en vidéo (théâtre filmé)

J’ai l’intention d’écrire bientôt quelque chose sur ces deux grandes pièces de Molière (comme j’ai écrit sur les œuvres de Giono, d’Hugo et de Diderot au programme de l’agrégation, et projette d’écrire aussi sur celles de Montaigne et de Christine de Pizan – puis peut-être sur des œuvres au programme de littérature comparée).

J’apprécie grandement de pouvoir voir, ne serait-ce qu’en vidéo, les pièces interprétées, plutôt que de me contenter de les lire. J’aime le théâtre de tout mon esprit et j’aime qu’il soit incarné. La lecture seule en est comparable à un coïtus interruptus. De la scène, de la chair, du mouvement, de la voix, de tout le reste, enfin une joie complète, voilà ce qu’il faut !

On trouve difficilement des interprétations correctes de ces pièces en ligne, en voici deux bonnes.

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À visionner aussi : L’école des femmes ; et Dom Juan dans la mise en scène de Vitez

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« Walden ou Vie dans la forêt », de Thoreau (passages, dans ma traduction)

thoreau-walden-cabanela cabane de Thoreau dans la forêt

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Suivez votre génie d’assez près, et il ne manquera pas de vous montrer une perspective neuve à chaque heure. Les travaux ménagers étaient un plaisant passe-temps. Quand mon sol était sale, je me levais de bonne heure et, transportant tous mes meubles dehors dans l’herbe, lit et literie avec, je jetai de l’eau sur le plancher, le parsemai de sable blanc de l’étang, puis le frottai avec un balai jusqu’à ce qu’il soit propre et clair. Et à l’heure où les villageois prenaient leur petit-déjeuner, le soleil avait suffisamment séché ma maison pour que je puisse m’y réinstaller, et ma méditation était quasiment ininterrompue. C’était agréable de voir tous mes meubles et mes affaires dehors dans l’herbe, en tas comme le ballot d’un bohémien, et ma table à trois pieds, d’où je n’avais pas retiré les livres, la plume et l’encre, qui se tenait au milieu des pins et des noyers. Eux-mêmes avaient l’air contents d’être dehors, et pas pressés d’être rentrés. J’avais parfois envie de tendre un auvent par-dessus et de m’installer là. Ça valait le coup de voir le soleil briller sur toutes ces choses et d’entendre le vent souffler librement dessus. Les objets les plus familiers apparaissent tellement plus intéressants dehors que dans la maison. Un oiseau se tient sur une branche à côté, une immortelle pousse sous la table, des ronces s’enroulent autour de ses pieds ; des pommes de pin, des bogues de châtaigne, des feuilles de fraisiers jonchent le sol. On dirait que c’est la façon dont ces formes se sont transférées dans nos meubles, tables, chaises, lits, – parce qu’un jour ils se sont tenus au milieu d’elles.

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L’innocence et la bienfaisance indescriptibles de la nature – du soleil, du vent, de la pluie, de l’été et de l’hiver – quelle santé, quelle réjouissance ils procurent continuellement ! et quelle sympathie ont-ils toujours eue avec notre race, que la nature entière serait affectée, que la lumière du soleil faiblirait, que les vents pousseraient des soupirs humains, que les nuages pleuvraient des larmes, que les bois perdraient leurs feuilles et prendraient le deuil en plein été, si jamais quelque homme avait du chagrin pour une juste cause. Ne suis-je pas en intelligence avec le monde ? Ne suis-je pas moi-même en partie feuilles et terreau végétal ?

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Chaque homme contemple avec affection son tas de bois. J’aimais avoir le mien devant ma fenêtre, et plus il y avait de bûches, mieux je me rappelais mon agréable travail. (…)

Je laissais parfois un bon feu quand j’allais me promener, les après-midi d’hiver. À mon retour, trois ou quatre heures plus tard, il était toujours vivant et ardent. Ma maison n’était pas vide quoique je fusse parti. C’était comme si j’avais laissé une joyeuse gouvernante derrière moi. C’était moi et le feu qui vivions ici, et communément ma gouvernante s’avérait digne de confiance.

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