Cassage de spaghetti en deux et autres actus

Après la révélation de ses travaux illégaux dans sa maison édition à Arles, celle de ses travaux délibérément cachés (réalisés petit à petit pour éviter d’alarmer les services de la ville de Paris), dans l’immeuble historique de son siège parisien : Françoise Nyssen a décidément une façon d’habiter le monde bien malhonnête. Mais ce qui est plus malhonnête encore, c’est d’avoir confié le ministère de la Culture à cette riche patronne de l’édition (en conflit d’intérêts flagrant, si bien qu’on a fini par lui retirer la responsabilité du secteur de l’édition, un secteur qui ne fait donc plus partie des attributions du ministère de la culture !) qui a accepté sans sourciller la dégradation dramatique de la condition des auteurs – les intérêts des éditeurs et ceux des auteurs étant aussi différents que ceux des grands patrons et ceux des ouvriers – et dont la malhonnêteté intellectuelle, manifestée par sa proximité avec la secte anthroposophe, est plus grave et plus dangereuse que ses magouilles administratives. J’ai dénoncé sa nomination dès le début, quand tout le monde l’acclamait ; finalement les vérités finissent par se savoir assez rapidement parfois.

Daech s’est empressé de revendiquer le crime commis par un malade hier à Trappes. Ces cinglés savaient-ils déjà que les deux victimes de ce cinglé étaient sa mère et sa sœur ? La maladie et la mort de la pensée finissent toujours par endommager la civilisation, blesser et tuer des innocents, et s’achèvent dans l’éclatement et le suicide moral des faussaires de la pensée.

Depuis quelques jours, j’ai vu passer des titres sur « comment casser un spaghetti en seulement deux morceaux ». Je n’avais pas ouvert les articles car je sais depuis longtemps comment le faire, ayant réfléchi très vite à la raison qui les fait habituellement se casser en plusieurs morceaux. Songeant que lorsqu’on les casse sans précaution, en les saisissant largement, on multiplie les points de pression donc de casse, je place mes deux pouces l’un près de l’autre à l’endroit souhaité de la cassure et ils se cassent sans aucun problème en seulement deux morceaux, que ce soit un par un ou par paquet. Ce matin j’ai fini par ouvrir un article et y trouver une autre explication et une solution beaucoup plus compliquée. C’est un peu comme d’épingler Nyssen sur ses travaux dans le bâtiment non conformes aux règlements sans s’interroger sur le fond de sa pensée, et de ceux qui l’ont nommée. Ou comme de vouloir apprendre à écrire aux gens alors qu’ils n’ont rien dans la tête ni dans le corps. Ou encore, comme disent les proverbes, de mettre la charrue avant les bœufs, de regarder le doigt quand il montre la lune, etc.

 

cassage de spaghetti*

Quand, il y a longtemps, j’ai acheté une grange en montagne pour y habiter, j’ai demandé au notaire de spécifier qu’il s’agissait d’un bâtiment destiné à être habité, et non un bâtiment agricole comme il l’avait mentionné sur l’acte de vente. Et avant cela, j’étais allée voir le maire pour m’assurer que l’opération ne posait pas de problème. Sans tomber dans la vénération de la loi et des règlements, qui doivent toujours rester discutables et interprétables avec souplesse, il ne faut tout simplement pas perdre de vue que la civilisation ne tient que par le respect d’autrui, et que la dissimulation et le mensonge délibéré la blessent et risquent de la tuer.

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Lire

cet après-midi au jardin alpin du jardin des Plantes, photo Alina Reyes

cet après-midi au jardin alpin du jardin des Plantes, photo Alina Reyes

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Je lis en ce moment trois livres à la fois, et même quatre. C’est une façon de lire que j’ai souvent pratiquée, depuis des décennies. Adolescente puis jeune femme, il m’arrivait de lire plusieurs livres par jour, plutôt les uns à la suite des autres. Il y a eu des périodes où j’ai moins lu, mais j’ai toujours lu, comme j’ai toujours écrit. J’ai lu certains livres plusieurs fois, à différentes périodes. J’ai lu beaucoup de romans dont j’ai ensuite oublié l’histoire, mais il m’en reste presque toujours une impression générale précise et vive. Il m’est arrivé de commencer à lire un livre que je croyais n’avoir pas lu, et de me rendre compte que je reconnaissais les phrases comme si je les avais lues une heure plus tôt. J’ai pour ainsi dire une mémoire musicale des livres. Comme les paroles dans une chanson, l’histoire dans un roman importe pour faire avancer la lecture, mais au fond ce qui dit tout mieux que tout, c’est l’air, le rythme, la musique.

Sauf exception, je n’aime pas acheter les livres en librairie ordinaire. Où l’on ne trouve que les livres qui viennent de sortir, les livres du moment, les livres qui viennent d’être republiés, les livres commandés par l’industrie éditoriale et recommandés par les médias. J’aime trouver les livres qui me conviennent à tel moment. Que ce soit en bibliothèque (le plus souvent car je manque de place dans l’appartement pour pouvoir garder davantage de livres – ils débordent déjà partout) ou, comme je l’ai très souvent pratiqué, chez les bouquinistes. Ce sont les deux endroits, avec sur Internet les ebooks gratuits, où l’on peut trouver des livres qui n’obéissent pas à la pensée unique des médias et de l’édition, qui ne sont pas soumis au temps mais qui vont à la rencontre de notre désir personnel. Les livres sont là pour nous donner la liberté, pas pour nous asservir. Lire ce dont « on » parle, c’est s’asservir à ce « on ». Exemple : c’est un lieu commun colporté par toute la presse de vanter le féminisme de Beauvoir, et on tombe en masses dans le panneau, sans voir qu’on sert là la littérature la plus bourgeoise, la plus aliénante, haineuse et méprisante du peuple, des femmes du peuple et des femmes. Les exemples d’une telle littérature parmi nos contemporains immédiats sont légion, et même parfois pires. La littérature peut apporter la mort de la pensée. Pour trouver la vie dans la littérature, il faut lire en-dehors des clous.

Je lis. Et j’écris.

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« Hommage à la Catalogne », par George Orwell. Une leçon de démocratie

1984 est, avec Le Seigneur des Anneaux et Voyage au bout de la nuit, l’un des romans les plus puissants et les plus emblématiques du vingtième siècle. Il est né, avec le développement de sa réflexion politique, de la participation d’Orwell à la Guerre d’Espagne. Avant son chef-d’œuvre, Orwell avait fait le récit de cette expérience dans Hommage à la Catalogne, paru à Londres en 1938 (et publié en France en 1955). Témoignage capital dont voici pour aujourd’hui, dans la traduction d’Yvonne Davet, des passages de la première partie, sur l’organisation des milices du POUM (communistes antistaliniens, proches des anarchistes, les vrais révolutionnaires donc de cette guerre) au sein desquelles il combattit. Il s’y trouve toujours une leçon de démocratie à méditer.

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espagne poum cnt*

« Le point essentiel en était l’égalité sociale entre les officiers et les hommes de troupe. Tous, du général au simple soldat, touchaient la même solde, recevaient la même nourriture, portaient les mêmes vêtements, et vivaient ensemble sur le pied d’une complète égalité. Si l’envie vous prenait de taper dans le dos du général commandant la division et de lui demander une cigarette, vous pouviez le faire et personne ne s’en étonnait. En théorie en tout cas, chaque milice était une démocratie et non une hiérarchie. Il était entendu qu’on devait obéir aux ordres, mais il était aussi entendu que, lorsque vous donniez un ordre, c’était comme un camarade plus expérimenté à un camarade, et non comme un supérieur à un inférieur. Il y avait des officiers et des sous-officiers, mais il n’y avait pas de grade militaire au sens habituel, pas de titres, pas de galons, pas de claquements de talons et de saluts obligatoires. On s’était efforcé de réaliser dans les milices une sorte d’ébauche, pouvant provisoirement fonctionner, de société sans classes. Bien sûr ce n’était pas l’égalité parfaite, mais je n’avais encore rien vu qui en approchât autant, et que cela fût possible en temps de guerre n’était pas le moins surprenant.

(…)

Dans la pratique la discipline de type démocratico-révolutionnaire est plus sûre qu’on ne pourrait croire. Dans une armée prolétarienne la discipline est, par principe, obtenue par consentement volontaire. Elle est fondée sur le loyalisme de classe, tandis que la discipline d’une armée bourgeoise de conscrits est fondée, en dernière analyse, sur la crainte. (L’armée populaire qui remplaça les milices était à mi-chemin entre ces deux types). Dans les milices on n’eût pas supporté un seul instant le rudoiement et les injures qui sont monnaie courante dans une armée ordinaire. Les habituelles punitions militaires demeuraient en vigueur, mais on n’y recourait qu’en cas de fautes très graves. Quand un homme refusait d’obéir à un ordre, vous ne le punissiez pas sur-le-champ ; vous faisiez d’abord appel à lui au nom de la camaraderie.

(…)

La discipline « révolutionnaire » découle de la conscience politique – du fait d’avoir compris pourquoi il faut obéir aux ordres ; pour que cela se généralise, il faut du temps,  mais il en faut aussi pour transformer un homme en automate à force de lui faire faire l’exercice dans la cour de quartier. (…) Et c’est un hommage à rendre à la solidité de la discipline « révolutionnaire » que de constater que les milices demeurèrent sur le champ de bataille. »

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Street Art, histoire et actualité

 

Terrible aveu d’Alexis Tsipras, selon qui la Grèce « reprend aujourd’hui en main son destin ». Terrible aveu de qui a livré ce pays à des ordres venus des banques et de puissances étrangères. Puisqu’il a fallu pour cela le saigner, puisque le mal n’est pas fini, n’eût-il pas été plus courageux, quitte à affronter les difficultés, de se prendre ou de se garder en main dès le début, de trouver par soi-même sa propre voie ? Cette défaite est aussi celle de tous les gouvernants européens et du monde moderne qui attaquent le libre arbitre des peuples.

En marchant dans le 5e arrondissement cet après-midi, j’ai photographié les nouvelles œuvres de C215 autour du Panthéon. Beaucoup de portraits de combattants, pas un d’une combattante (s’il y en a, ils sont bien cachés, car j’ai fait le tour de la place sans en voir un seul) (Après vérification sur Internet : sur 28 portraits au total, les deux seuls portraits de femmes sont un portrait de Marie Curie, placé sur un Algéco de l’institut Marie Curie, rue d’Ulm, et un de Germaine Tillion sur une boîte aux lettres place de la Sorbonne. Juste honteux.) Les voici, suivis d’autres nouvelles œuvres de street art vues au gré de ma pérégrination. Si les peuples se taisent, les murs parlent.

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licorne institut irlandaiscet après-midi à Paris 5e, photos Alina Reyes

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Rabhi, Nyssen, pape François, Argento… du beau linge sale au bal des faux-culs

 

Il y a plusieurs années déjà, j’ai lu un article documenté sur l’imposture que représente le gourou Pierre Rabhi, aujourd’hui chouchou du macronisme et des médias.  Liens avec l’extrême-droite et la secte anthroposophique (comme son éditrice Françoise Nyssen, ministre de la culture riche à millions et elle aussi exploiteuse de « bénévoles ») et avec de riches industriels, riches héritiers, riches en tout genre, mise au travail non rémunéré d’un tas de gogos qui font prospérer sa petite entreprise « écolo », mysticisme politique rance, renvoyant les femmes à la maison, les homosexuels à l’anormalité, les pauvres à la pauvreté, les riches à la richesse, l’ordre bourgeois à l’ordre éternel… Un récent article du Monde diplomatique (que je n’ai pas encore lu, mais je compte aller le consulter en bibliothèque à l’occasion) met une nouvelle fois en lumière le « système Rabhi » – mais on peut aussi s’en faire une idée en consultant cette page recensant plusieurs articles sur la question.

 

faux culLe bal des faux-culs est le plus couru de la planète. On peut y voir et revoir entre autres ces jours-ci le pape François, dénonçant haut et fort les prêtres pédophiles alors qu’il a promu n°3 du Vatican un évêque, George Pell, poursuivi depuis de nombreuses années pour avoir couvert de nombreux crimes pédophiles puis pour actes pédophiles, le mettant ainsi à l’abri de la justice australienne (à laquelle il a dû finalement répondre, le procès est en cours), et s’est entouré d’autres cardinaux soupçonnés. À ce bal morbide ne se trouvent pas que des affreux, puisque Asia Argento, pourfendeuse de violeurs, y apparaît maintenant, accusée d’avoir abusé d’un garçon de 17 ans qu’elle connaissait depuis qu’il avait 7 ans. La belle draine dans son sillage beaucoup d’autres faux-culs, empressés de profiter de l’affaire pour déprécier le juste combat contre les abuseurs, les hypocrites, les ennemis de l’humanité faisant bonne figure grâce aux masques avantageux plaqués sur leur visage comme sur leur cul.

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Interaction entre écrire et dessiner

coeur de lotus,*

Je n’ai pas de méthode fixe pour écrire, et notamment pour écrire des romans. L’isolement m’est précieux, surtout au début, quand il s’agit d’ouvrir la voie. S’extraire du monde pour mieux en faire partie permet d’entrer dans une autre dimension, celle où la création va pouvoir naître et se développer. J’ai pratiqué l’isolement chaque fois que je l’ai pu. Mais il faut savoir s’isoler même quand on ne peut pas s’isoler. Une promotrice des ateliers d’écriture comme accès à la création m’a dit il y a quelques semaines que l’isolement, dont je lui parlais, n’était en rien une condition pour écrire, qu’il ne s’agissait que d’un fantasme romantique. Outre qu’il est assez amusant d’entendre des gens qui ne sont pas écrivains prétendre savoir mieux que des écrivains comment vient l’écriture, ce genre de remarque est intéressant parce qu’il prouve que la littérature fabriquée en atelier d’écriture n’a rien à voir avec la littérature réelle. Je ne suis pas opposée aux ateliers d’écriture (j’ai expliqué ici comment j’en pratiquais avec mes élèves), je suis opposée à la fabrication littéraire, qui produit des objets littéraires aussi différents de la littérature qu’un objet manufacturé en usine est éloigné d’un objet d’art ou d’artisanat. Et le plus souvent, les ateliers d’écriture, surtout ceux qui prétendent former des écrivains, sont des manufactures, des usines où sont produits des ouvriers soumis aux impératifs de la littérature industrielle et/ou réalisant de pâles copies d’œuvres littéraires – on pourrait même parler, souvent, de faussaires, et de falsification de la littérature.

Lire en profondeur permet de comprendre que la littérature réelle, puissante, durable, vient d’ailleurs que d’un savoir-faire. J’ai évoqué par exemple l’expérience de la Grande Guerre comme l’une des sources de l’écriture du Seigneur des Anneaux. Une telle expérience ne s’acquiert pas en atelier, que ce soit à l’université ou dans une maison d’édition. Lire en profondeur, écrire en profondeur, sont deux faces d’une même essentielle méthode. C’est la méthode que je pratique. Une méthode qui inclut nécessairement beaucoup d’autres méthodes et pratiques pour aboutir à une création. Le temps de maturation et de préparation d’une œuvre est long, même s’il n’est pas calculé. Et c’est l’œuvre à venir qui détermine de quoi il sera fait. On peut avoir besoin de se documenter, d’expérimenter, de différentes façons. Mon œuvre de fiction en cours comprend notamment un usage du dessin. Pendant la phase de préparation, qui dure encore quoique j’aie commencé à écrire, j’ai ressenti et je ressens la nécessité de dessiner des éléments du paysage ou des personnages de la création. Cela m’aide à les prévoir, et, en me donnant à les contempler une fois dessinés, à les interroger, à apprendre à les connaître. Parfois je dessine d’abord, mais d’autres fois je dessine après avoir écrit, afin d’enrichir par la vision qu’apporte le dessin ce que j’ai vu d’abord en esprit.

Les textes dits sacrés, ou les grands textes, n’auraient pas existé si les humains n’avaient pas fait des « expériences de mort imminente » (NDE en anglais), ou d’autres expériences qui leur ont donné accès à la vision d’une autre réalité, ou du moins à une vision autre de la réalité, une vision très augmentée de la réalité. Le dessin, le fait de dessiner, font partie de cet échange fructueux entre la vision et la création intellectuelle.

 

coeur de lotusLotus, hier au jardin des Plantes, photos Alina Reyes

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De la difficulté d’écrire quand on sait que les ordinateurs sont piratables

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J’ai photographié cette affichette très drôle hier sur un mur de la Pitié-Salpêtrière.

La multiplication des incivilités, voire des agressions, dans la vie quotidienne comme sur le Mont Blanc, n’est qu’un reflet du mépris des lois, donc du respect d’autrui, qui se manifeste ouvertement aux plus hauts niveaux de l’État (affaire Macron-Benalla, mensonges de témoins sous serment devant l’Assemblée nationale, affaire du livre de Schiappa, des conflits d’intérêts Nyssen et Alexis Kohler… tout cela restant impuni au vu de tous. La destruction du civisme, donc de la civilisation.

Personne n’est obligé de l’accepter.

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