Art en ville, une question de regard

Je photographie sur mes chemins ce qui me paraît être ou faire art. Voici mes images d’hier et d’aujourd’hui, entre tags, exposition et autres visions.

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art en ville 1-minSur un mur, dans la rue

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autour de la Sorbonne Nouvelle

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art en ville 6-minSur le rideau de fer d’une boulangerie

*art en ville 7-minÀ la fenêtre d’un bureau

*art en ville 8-minPlace d’Italie dans un abribus, lendemain de Techno Parade & Gilets jaunes

*art en ville 9-minDans la cour de la Manufacture des Gobelins

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art en ville 10-minÀ la BnF, où j’ai travaillé aujourd’hui face à la forêt intérieure

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À la Pitié-Salpêtrière, par où je suis passée au retour

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Et là c’est la lumière tombée d’un vitrailart en ville 26-minà Paris 5e et 13e, photos Alina Reyes

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Chirac n’est plus, la vie continue

 

C’est J., 23 ans, qui nous l’a appris ce matin : « Chirac est mort ». Ajoutant : « Quand j’étais petit, je croyais que c’était le maître du monde. »

Avec l’annonce de cette mort, la France retombe un peu en enfance. Ah le bon vieux temps ! Les hommes politiques, c’est comme les poètes, on les aime mieux morts que vivants (et c’est leur seul point commun). Pour moi ce qui reste de Chirac c’est le musée du quai Branly, qui est bien beau, bien intentionné mais qui a dépouillé l’ethnologie et le musée de l’Homme pour une mise en spectacle des « arts premiers » plus superficielle. O tempora, décidément.

Cette fois je suis allée travailler à la BnF par un troisième chemin, passant notamment par la rue du Chevaleret. Et j’ai photographié le Street Art au passage, en ethnologue amateure du quotidien. Voici donc les images du jour.

 

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paris 13e 13-minla Station F, « plus grand campus de start-up du monde »

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paris 13e 16-minet la BnF, grand bonheur

paris 13e 17-minAujourd’hui à Paris 13e, photos Alina Reyes

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Bernard Pivot, Greta Thunberg et les ours

Cet après-midi de ma table de travail à la bibliothèque Italie

Cet après-midi de ma table de travail à la bibliothèque Italie

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Il y a la femme du futur, et il y a l’homme du passé. Que Bernard Pivot, 84 ans, ait des pensées lubriques à la vue d’une toute jeune fille, c’est son problème et cela ne regarderait que lui s’il le gardait pour lui, au lieu d’en faire une injure publique à la jeune fille en question. Qu’il ne comprenne pas que ses remarques déplacées constituent un abus envers cette jeune fille, et que cet abus puisse être ressenti par beaucoup de gens, c’est le problème de la vieille société patriarcale dont il est un représentant. Pivot imagine que Greta Thunberg lui aurait fait peur quand, adolescent, il recherchait des petites Suédoises pour le sexe. (Dans ses rêves… Comme s’il y avait eu des Suédoises à disposition dans son lycée lyonnais !) La vérité est que Bernard Pivot, comme d’autres messieurs que la jeune égérie suédoise dérange, a peur du sexe et des femmes puissantes. La preuve : quand il m’invita à Apostrophes pour mon livre puissant, Le Boucher, ce fut en plaçant l’émission sous le signe du diable.

En fait ces hommes ont tout simplement peur des relations d’égalité. Leur virilité est si fragile qu’ils ont besoin de la croyance en leur supériorité, en leur droit à considérer les femmes comme des objets qu’ils veulent à leur disposition. Or les femmes libres dans leurs relations aux hommes (comme les Suédoises réputées libres de la génération de Pivot) sont ou créent des femmes puissantes, libres.

Greta Thunberg est autiste asperger. Comme l’ont été ou le sont beaucoup de génies. Une façon de se concentrer sur sa puissance. C’est tout l’esprit de la prédation bourgeoise, pépère, bête et contente d’elle, cet esprit massacreur d’innocence et de nature, qu’elle est en train de renverser, avec des millions d’autres jeunes filles et jeunes gens dans le monde.

Qui veut de l’objet finit objet. Marchant ce matin dans la rue, je me suis trouvée mêlée à un groupe d’hommes qui sortait d’un immeuble. Constatant qu’il y avait des ours en peluche – des nounours comme en offriraient des pédophiles – partout dans le quartier, ils ont conclu : « c’est une mafia ». Oui, une mafia d’objets, stupide, morbide et polluante sous ses dehors inoffensifs, alors que le vivant, lui, est unique, inquiétant parfois, mais garant de la vie.

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Occupation du Cinéma La Clef, travail à la Bibliothèque Nationale et Street Art à la Pitié-Salpêtrière

images du jour 1-min

Hier en passant devant ce cinéma, le seul et dernier cinéma associatif de Paris, où j’allais souvent avant sa fermeture, voir des films qu’on ne voyait pas ailleurs, j’ai vu qu’il était occupé par un collectif qui demande au propriétaire le droit de le rouvrir. J’ai parlé un peu avec les personnes présentes, il y a un site où tout est expliqué et où l’on peut suivre leur action : La Clef Revival.images du jour 2-min

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Ce matin en allant à l’hôpital j’ai croisé Jeanne d’Arc en gilet jaune et un grand tag sur le chemin de leur dernière manif.images du jour 3-min

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Une fois à l’hôpital j’ai parlé yoga avec un radiologue yogi, nous étions tous les deux ravis.

*images du jour 5-min

Et cet après-midi je suis allée pour la première fois travailler à la BnF. images du jour 6-minDans le calme de la salle de lecture G, à côté de merveilleux rayonnages pleins de toutes sortes de dictionnaires de dizaines de langues.

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Au lieu de revenir chez moi en passant par les quais comme à l’aller, j’ai fait le trajet du retour, à pied aussi (5 ou 6 km aller-retour, une agréable balade), en passant par la Pitié-Salpêtrière, où j’ai photographié ces toutes nouvelles et joyeuses œuvres de Street Art.images du jour 8-min

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images du jour 10-minHier et aujourd’hui à Paris, photos Alina Reyes

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La femme du futur

 

A., 17 ans, est avec son petit ami. Un garçon de leur âge et de leur lycée balance en passant une blague raciste au petit ami (franco-asiatique). Ni une ni deux, A. envoie son poing dans la figure du connard (en modérant toutefois sa force de sportive de combat, sans lui casser de dents). Commentaire de son jeune oncle, S., 24 ans : « Très bien. Ça lui apprendra, au raciste. Voilà la femme du futur. »

Mes quatre fils, mes petites-filles et petit-fils, sont tous magnifiques d’esprit (et de corps, car sportifs) : je mourrai en paix car je continuerai à vivre, femme du futur, mieux accomplie que je ne le suis, dans ma descendance.

J’avais demandé à recevoir une invitation à la prochaine prière islamique mixte, dont j’ai parlé ici. Je l’ai reçue. Et finalement je ne désire pas y aller. D’après l’invitation, je trouve que ces personnes se la jouent premiers chrétiens dans les catacombes : l’adresse, changeante, ne sera donnée qu’au dernier moment, par sécurité, et il faut s’engager à ne pas la diffuser. Et puis en fait il n’est plus question de salat ni de prière, mais d’ « office ». Comprenant notamment un temps de conversation après la prière. Mais je n’ai nulle envie de converser après la prière. Je veux juste la pure prière islamique, parfaite et suffisante en elle-même. Je suis pour le prêche en français ou dans la langue du pays où l’on est, mais je me méfie de leur façon d’éviter les expressions en arabe, de dire « que Dieu vous bénisse » plutôt que «barakatou Lahi », comme pour effacer la somptueuse langue originelle du Coran, à la façon dont les catholiques ont effacé, avec leur latin, la langue grecque des Évangiles. Bref, avec quelques autres détails, je pressens que l’affaire ressemble à une entreprise sectaire soft, comme le sont certaines fraternités soufies ou les entreprises inspirées du « développement personnel » (qui récupèrent entre autres le yoga, hélas). Pire qu’à la mosquée normale, où tout le monde est bienvenu, quoique je continue à déplorer que les femmes y soient séparées des hommes et de la qibla. Ce n’est pas là, en fait, que je trouverai des femmes du futur selon mon sens : des femmes libres avec des hommes libres. Comme nous le vivons à la maison, ici et maintenant.

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Mobilier national

« En 1259 le roi [saint Louis], malade et se croyant près de mourir, adressa au prince Louis, son fils, cette exhortation que Bossuet appelait le plus bel héritage des fils de France :

« Biau fils, je te prie que tu te face amer au peuple de ton royaume ; car vraiment je ameraie miex que un Escot venit d’Escosse et gouvernast le peuple du royaume bien et loialement, que tu le gouvernasse mal à point et à reprouche. »

Charles Asselineau, in La forêt des poètes, éd. Pôles d’images, 2007

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J’ai visité cet après-midi le Mobilier National. Ainsi présenté sur son site :

« Héritier du Garde-Meuble de la Couronne, créé en 1604 par Henri IV et réorganisé en 1663 par Louis XIV, cette institution pourvoit à l’ameublement des hauts lieux de la République et des différentes résidences présidentielles.
Le Mobilier national a pour mission d’assurer la conservation et la restauration de ses collections, issue des achats et commandes destinés, hier aux demeures royales et impériales, aujourd’hui aux palais officiels de la République. Ces collections sont constituées de plus 130.000 objets mobiliers ou textiles.
Pour assurer la conservation de ses collections, le Mobilier national dispose de sept ateliers de restauration – tapisserie, tapis, tapisserie d’ameublement et tapisserie décor, menuiserie en sièges, ébénisterie et lustrerie-bronze – qui perpétuent une tradition et un savoir-faire d’excellence. »

Voici mes images :

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J’ai photographié l’entrée et son tapis rouge (sur lequel marcha la reine d’Angleterre !), déployé pour l’occasion, de sous mon parapluie, qui n’a pas empêché mes pieds d’être trempés en s’enfonçant dans le tapis gorgé d’eau.mobilier national 2-min

mobilier national 5-minDes centaines de meubles de toutes les époques y sont entreposés, en attendant d’être restaurés ou réutilisés

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mobilier national 8-min   mobilier national 7-minS’y trouve aussi en ce moment le tapis d’autel de Notre-Dame, en restauration après l’incendie

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Et les ateliers : menuiserie, restauration ou tissage de tapisseries et tapis, de lustres et horloges

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mobilier national 12-minBeaucoup de vieillot, peu de beau. Tant de choses n’y sont pas du meilleur goût, ou du moins pas du mien – je n’ai rien vu que j’aimerais avoir chez moi. Comme si les lieux de pouvoir étaient contraires à l’art, à la finesse, à la beauté.mobilier national 13-min

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Dans les réserves en sous-sol, encore des centaines de pièces d’ameublement.mobilier national 15-min

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En fait si, une chose m’a plu : ce carton de Kirstine Roepstorff pour une tapisserie à réaliser pour un château danoismobilier national 20-min

Ce paysage et ces personnages n’éveillent-ils pas l’imagination autour de quelque saga nordique ? C’est quand même autre chose que des tapisseries de tour Eiffel.mobilier national 21-min

   Même cette tapisserie réalisée à partir de photos de voyage de Tania Mouraud me paraît bien peu attrayante, à côté. Elle ne serait pas carrément moche, même ?mobilier national 25-min

On termine la visite par une salle dédiée aux apprentis formés sur place à tous ces métiers d’artisanat.mobilier national 26-min

mobilier national 27-minAujourd’hui au Mobilier National, photos Alina Reyes

Une autre fois, j’avais photographié la toute proche Manufacture des Gobelins, ses métiers à tisser et son exposition temporaire sur les bivouacs de Napoléon, sur son chemin d’assassin de masse. Comme le disait saint Louis, si on ne se montre pas digne d’être aimé de son peuple, mieux vaut laisser la place.

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