Mise en page et running

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Je continue à travailler à la préparation du livre papier Une chasse spirituelle, en complément de l’ebook. Quand il sera prêt, j’enverrai l’info à la presse, et on verra bien s’ils traitent un livre autoédité comme un livre publié par un éditeur établi. Que chacun fasse son travail honnêtement, sans calculs ni manœuvres, et tout ira bien. S’ils ne veulent pas le faire, tant pis. J’ai vu ou revu plusieurs films de Clint Eastwood ces jours derniers, c’est intéressant de retrouver le monde tel qu’il va mal, en effet, dans ses fictions. J’ai apprécié tout particulièrement la fin de l’un d’eux, où Clint Eastwood dit au cinglé qui se croit indispensable face à lui en incarnant le mal : « je n’ai pas besoin de toi ». Non, la vie n’a pas besoin d’actes retors, elle a juste besoin de s’en débarrasser quand ils prétendent la régenter.

Deuxième running ce matin. Quel bonheur. J’y vais doucement bien sûr, n’ayant quasiment pas couru depuis le lycée, ce qui fait un bail. J’ai lu les conseils, j’alterne course et marche, et cette fois j’avais préparé une playlist sur mon téléphone, la musique aide bien. J’espère retrouver au moins en partie les bonnes dispositions que j’avais pour le 400 mètres au collège. Quoi qu’il en soit ça fait du bien et c’est bon aussi pour me préparer au voyage à vélo que nous projetons, O et moi (je ne pourrai jamais suivre son rythme de très bon vététiste de montagne alors je louerai un vélo électrique, qui apporte une assistance dans les côtes tout en nécessitant quand même des efforts). En rentrant j’ai fait une petite séance de yoga après running, des étirements pour éviter les courbatures. La vie est belle.
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Ce matin au retour de mon running

Ce matin au retour de mon running


à Paris, photos Alina Reyes

L’esprit des Yanomami, par Claudia Andujar

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« Malgré la distance, je distinguais parfaitement les xapiri et leurs ornements colorés et brillants. Leurs regards étaient posés sur moi. Leur troupe descendait des confins du ciel, portée par une multitude de sentiers scintillants qui ondoyaient dans les airs ». Davi Kopenawa, chamane yanomami.

Ce qui m’a peut-être le plus impressionnée dans l’exposition « La lutte Yanomami », autour de l’œuvre photographique et militante de Claudia Andujar, ce sont les dessins réalisés par les gens de ce peuple, sur la demande de leur amie photographe. J’étais si impressionnée que je n’ai même pas pu les photographier, comme si c’était tabou (mais vous pouvez en voir dans la vidéo de présentation de l’expo ci-dessous). Parce qu’ils étaient comme sont les dessins d’enfants à l’école maternelle. Ce qui n’est pas du tout le cas des œuvres que nous connaissons des arts dits premiers.

Et puis je regardais ces photos fantastiques, rendant l’esprit des Yanomami, plein de résonances, tel que Claudia Andujar l’a compris après avoir longtemps vécu avec eux, et avant de devenir une militante très active contre l’entreprise génocidaire qu’ils subissent depuis des décennies et contre laquelle ils luttent. De ces photographies comme de ces dessins jaillit la lumière d’un autre monde mental, d’une réalité infiniment riche, vibrante, chaleureuse. Et me venait cette question posée dans la Bible, telle que je la traduis : « qu’est-ce que l’être humain, pour que tu le penses ? »

Je suis repartie à vélo, comme j’étais venue, pendant que l’Amazonie continue à brûler, que la déforestation continue.
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yanomami 4-minAujourd’hui à la Fondation Cartier, photos Alina Reyes
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On peut aussi entendre Claudia Andujar et Davi Kopenawa, entre autres, témoigner de leur lutte lors d’une « Nuit Yanomami » à la Fondation Cartier : ici

Art Récup’ en peinture et écriture, mise en abîme

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Je travaille à l’édition de mon livre papier, je refais la mise en page, c’est assez long. Je continue à peindre mon grand panneau trouvé dans la rue, un tableau de classe sans son ardoise – je l’avais trouvé devant la Sorbonne nouvelle. Je peins sur le bois, ou plutôt sur la peinture puisque je le repeins après l’avoir peint une première fois il y a quelques années, en fait. Un mise en abîme de la récup’.

Je tiens beaucoup au principe du recyclage, de l’art récup’. C’est ce que je fais aussi avec mes textes ces dernières années, en les recyclant du blog ou d’autres brouillons à des ensembles entiers sous forme de livres que je peux aussi récupérer de nouveau en les dépubliant et en les republiant, grâce à l’édition électronique. Mon dernier livre, Une chasse spirituelle, est une récup’ puissance je ne sais combien. J’y ai récupéré de grands passages de Voyage, livre papier autoédité dont j’ai distribué les dizaines d’exemplaires qui me restaient dans des boîtes à livres afin de l’épuiser ; l’essentiel de ma thèse de Littérature comparée ; et puis une myriade de textes de tout un tas d’auteurs que je cite, analyse ou traduis. Et le mode de publication que j’ai choisi, ebook et impression à la demande, me permettra de le reprendre encore pour l’augmenter si je le souhaite (que ce soit sur Amazon comme pour le moment ou sur un autre site d’édition en ligne et à la demande, le mien ou un autre). Je suis très contente d’expérimenter ce mode de publication, même si pour l’instant il ne touche pas un grand public ; ce qu’on met en ligne a une autre durée de vie que les livres qu’il faut vendre très vite en librairie avant qu’ils ne doivent laisser la place à d’autres. Comme pour un blog, c’est sur la durée que le lectorat se multiplie, et il n’y a pas de limites à cette possibilité de multiplication, il suffit de ne pas être pressé. Pourquoi serait-on pressé, quand on écrit quelque chose qui doit durer ? J’ai toute confiance en mon travail.

Work in progress, détail ; et aujourd’hui dans les rues de Paris 5e et 13e après la pluie, photos Alina Reyes

De la littérature, du sport

"Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous" Franz Kafka. Un café dans mon quartier, photo Alina Reyes

« Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous » Franz Kafka. Un café dans mon quartier, photo Alina Reyes

Il y a un problème avec la littérature. Un jour, l’un de mes éditeurs m’a dit, en parlant d’un autre éditeur et de ses amis – si l’on peut parler d’amitié dans ce milieu : « tu ne sais pas de quoi les libertins sont capables ». Il avait raison : non, je ne le savais pas. Comment se fait-il que je ne le savais pas, alors que j’avais lu tant de livres, y compris de libertins ? Eh bien, c’est que la littérature fonctionne comme une religion à l’envers : on n’y croit pas. Le lecteur non-criminel ne croit pas que le mal décrit dans la littérature puisse être commis dans la réalité par des amateurs de littérature, ni a fortiori par des écrivains. La littérature tenant du sacré, on imagine que ses pratiquants sont, sinon saints, du moins sages, magnanimes et serviteurs de la vérité. C’est le constat que fait à peu près Vanessa Springora dans Le consentement. Elle était jeune adolescente à l’époque où elle a été confrontée à une réalité toute contraire, mais ce genre d’enfer peut s’ouvrir sous vos pieds à tout âge. Certaines personnes vont sans doute tomber de haut en apprenant, grâce à une enquête du New York Times (et pas des journaux français), que Christophe Girard, l’un des « amis » et soutiens de Matzneff, est maintenant accusé lui aussi, documents à l’appui, d’avoir abusé d’un adolescent. Ouvrons les yeux : la littérature est pour tout un tas de gens l’alibi de leur vie criminelle. C’est pourquoi la littérature est en si mauvais état aujourd’hui dans notre pays : à force d’être utilisée comme façade, une façade maquillée mais faite de pourriture, elle s’écroule, et les maisons qui l’ont abritée vont tomber aussi.

Pour ma part, tout en continuant à lire j’en suis à « l’autre tigre », comme dit Borges, celui qui n’est pas dans les livres. Après avoir marché quinze jours sac au dos, ce matin j’ai enfilé ma tenue de yoga, je suis sortie et je me suis mise à courir. La prochaine fois que nous voyagerons, O et moi avons décidé de le faire à vélo.

Parole et image du jour

Aujourd'hui au jardin des Plantes, photo Alina Reyes

Aujourd’hui au jardin des Plantes, photo Alina Reyes

« Je m’intéresse à ceux qui résistent, avait précisé Erlendur. À ces gens qui survivent à des conditions extrêmes. Comment y parviennent-ils ? Pourquoi certains survivent-ils alors que d’autres périssent quand ils sont confrontés aux mêmes dangers ? Pourquoi certains se perdent-ils et d’autres pas ? Quelles erreurs commettent-ils ? Comment peut-on éviter les erreurs en question ? 
(…) Lequel des deux je suis, celui qui survit ou l’autre qui meurt ? » Arnaldur Indridason, Le lagon noir

« Puis tous deux longent la rivière et entrent dans le matin limpide ». Arnaldur Indridason, Étranges rivages