Manifestation du 5 avril 2016 contre la loi Travail (photos)

J’ai entendu la manif de chez moi, mais le temps que je descende elle était déjà pas mal éloignée, j’ai dû lui courir après. Puis je l’ai remontée jusqu’au bout, place Denfert-Rochereau, en remontant d’abord le tas de camions de police et de nettoyage qui la fermaient. J’ai eu un peu de mal à faire mon reportage, les piles de mon appareil étant mourantes – une fois sur deux il s’éteignait, mais j’ai quand même réussi à faire quelques images jusqu’à l’arrivée. À l’heure où je poste ces images, les milliers de manifestants sont toujours sur place, entourés de centaines de policiers, j’espère que ces derniers ne les tabasseront pas. Voici donc mes photos :

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Des tours et détours de l’anticonformisme

1960s+70s Hippy« Faites l’amour, pas la guerre ». Dans les années 60-70 du siècle dernier, cela donna cela. La guerre du Vietnam révoltait tous les esprits épris de justice, et les hippies n’étaient pas aimés non plus par la bonne société. Ils avaient des aspirations spirituelles, et s’ils prônaient l’amour libre, c’est que la société l’interdisait.

mode islamique

Aujourd’hui dans un monde dont les diktats, notamment sexuels, ont changé, la réplique prend une apparence assez proche. Les musulmanes se posent aussi en femmes aspirant à une spiritualité, et si elles prônent la pudeur, c’est que la société promeut le sexe et vend toutes sortes de produits par l’exhibition des corps de femmes.

« Nous ne ferons pas l’amour avec vous, néocolonialistes qui avez tant fait et font tant de guerres, notamment au Moyen Orient pour l’argent du pétrole ». La réponse en habit des musulmanes rend fous de rage les vieux Occidentaux qui ne supportent pas que des femmes puissent prétendre ne pas être disponibles à leurs caprices, et les Occidentales qui craignent à juste titre un diktat masculin supplémentaire (celui de la prétendue pudeur naturelle des femmes), et ne veulent pas voir l’autre sens de cette démarche. Le chemin de l’émancipation a ses tours et ses détours et il est long, pour les hommes comme pour les femmes. Celles et ceux qui accusent autrui d’être soumis feraient bien de commencer par examiner leur propre aliénation, dans leur vie intime ou dans leur vie sociale. L’aliénation au monde comme il est étant souvent d’autant plus forte qu’on y occupe une situation privilégiée.

En fait ce qui ne change pas chez ceux qui font le pas en dehors, c’est la volonté d’affirmer autre chose que ce que promeut l’ordre établi… même si cela passe aussi par une participation à cet ordre.

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À vélo de Boulogne-Billancourt à Paris en passant par Issy et par là

boulogne billancourtEn sortant du jardin Albert-Kahn (voir les deux notes précédentes) nous avons pris des Vélib pour rentrer. Je me suis arrêtée une première fois pour photographier cette façade en trompe-l’œil annonçant le Musée des années 30.

*boulogne billancourt renaultNous sommes passés devant les anciennes usines Renault, si riches d’histoire, sur l’île Seguin

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boulogne billancourt chat Nous avons fait un peu de cross-country en roulant çà et là dans l’herbe ou la terre en cherchant notre chemin par les voies buissonnières

*issy les moulineauxÀ Issy-les-Moulineaux nous avons traversé le parc Saint-Germain, sur l’île du même nom, où se trouve la Tour aux figures, sculpture monumentale de Jean Dubuffetissy les moulineaux poney

issy les moulineaux totem

boulogne billancourt seineNous avons retrouvé la Seineboulogne billancourt tf1

paris camion

paris on s'aimeToujours par les voies buissonnières, nous avons escaladé des barrièresparis pénichePuis nous avons poursuivi notre chemin dans Paris par les quaisparis pont mirabeauSous le pont Mirabeau coule la Seine…

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paris peniche

paris quais

paris tour eiffel

paris la boudeuseLa Boudeuse était à quai. Un jour j’ai dîné avec son capitaine, entre autres, à Malagar chez Mauriacparis jardin du luxembourgUn peu plus de deux heures après le départ, dernières images avant le coup de pédale final : le marchand de glaces à l’entrée du jardin du Luxembourg, et en face, devant le McDo, un batteur sur ustensiles colorésparis musique de rue3 avril 2016, photos Alina Reyes

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Fantastique Albert Kahn, en films

alknLe voyage d’Albert Kahn, un film de Lallaoui Mehdi
Ce beau film ne peut être partagé mais il est visible ici sur Viméo. L’oeuvre si étonnante de ce banquier qui voulait que soit connue la vie, que soit connu et unifié le monde dans sa diversité, et employa pour cela des moyens extrêmement personnels. Avec de nombreuses images d’archives, films et photos, des voyages autour du monde d’Albert Kahn et de ses opérateurs, et d’événements historiques.
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Robin Hunzinger à la recherche de la personnalité d’Albert Kahn, « homme étrange », paraissant presque fou, mais génial dans sa vision, son désir, son amour puissant.
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Voir aussi mes photos du jardin Albert-Kahn.
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Et puis ce petit film muet qui m’avait fascinée il y a quelques années, où l’on voit l’immense poète Rabindranath Tagore marcher dans les jardins d’Albert Kahn (et sans le connaître j’ai tout de suite aimé Albert Kahn)

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Laurence Rossignol(e) et les rossignoleurs

rossignol(e)« Le vichy-fraise me débecte ». Raymond Queneau

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Ce n’est pas par féminisme que j’ajoute un (e) au nom de notre ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes (le ménage, les couches, le tricot…), mais pour la verbaliser, si je puis dire : elle rossignole. Non comme chante l’oiseau, mais comme une vieille marchandise qui essaie de se refourguer. Une vieille marchandise nommée xénophobie, racisme, autoritarisme, maquillée en féminisme pour mieux passer sur les plateaux télé.

Cette dame y a donc comparé les musulmanes voilées à des « nègres » complices de leur esclavage. Cette dame toujours empaquetée comme une dame patronnesse, et les cheveux voilés d’une teinture impeccable (aliénation aux diktats du jeunisme ?) ne veut pas que les musulmanes puissent se vêtir à la mode, avec des jupes, tuniques et foulards bien taillés et colorés. Elle les veut habillées selon son modèle raide et aussi fade que possible, où le foulard se porte autour du cou comme dans les beaux quartiers et non sur la tête comme dans les quartiers tout court. « Quand les femmes accèdent à plus de droits, les jupes raccourcissent », rossignole-t-elle. On a peine à croire qu’une femme qui ait une pensée aussi indigente soit ministre, mais le fait est qu’elle l’est, et par tant de bêtise fait honte au pays tout entier, à l’intérieur et à l’étranger. Comment donc explique-t-elle que les hommes n’ont nul besoin de raccourcir leur pantalon, de montrer leurs cuisses ou les attributs de leur virilité pour conserver plus de pouvoir que les femmes ? Une femme se sent-elle plus puissante quand elle montre ses jambes ou ses seins ? Confond-on pouvoir de séduction et pouvoir, liberté ? Sommes-nous restés dans la vieille configuration aliénante où la femme tire pouvoir non d’elle-même mais des hommes qu’elle séduit ? C’est si puant.

Mme Rossignol ayant hérité d’un ministère à l’intitulé fleurant son pétainisme, ayant donc en charge l’Enfance et les Familles en même temps que les Droits des femmes, pourquoi, par les temps et les scandales qui courent, se soucie-t-elle tant de la supposée négritude aliénée des franco-musulmanes, selon son colonial vocabulaire, mais pas des enfants violés en toute impunité par des curés ? Mais si, en fait, elle a bel et bien réagi sur l’affaire Barbarin : non pour soutenir les enfants, mais pour féliciter l’abbé Grosjean, ce prêtre tout mimi qui fait passer l’Église pour une enfant de chœur sur les plateaux télé, alors qu’il est lui-même tout ce qu’il y a de versaillais, se référant dans son dernier livre à « saint Jose Maria Escriva », le franquiste fondateur de la secte catho Opus Dei, très puissante au Vatican et dans le monde. Un rossignoleur, comme la ministre et comme le pape qui nomme grand argentier et n°3 du Vatican un infect couvreur d’innombrables pédocrimes tout en faisant passer sa marchandise avariée pour du progressisme.

Mme Rossignol ne rigole pas plus qu’un ayatollah avec la morale. Elle veut abolir autoritairement la prostitution. Elle s’en est pris à Patrick Sébastien, l’accusant d’avoir incité à l’inceste, rien que ça, en poussant dans son émission une chanson à la gloire de la petite pipe qui aide à s’endormir. J’aurais du mal à défendre ce gros beauf macho et qui justifie la violence, notamment envers les enfants, mais qui tolèrera-t-on, sinon les cons, tant qu’ils ne passent pas à l’acte mauvais ? Elle ne rigole pas avec la morale des autres, mais la sienne paraît plutôt lâche. L’UFC-Que Choisir a révélé qu’elle avait occupé un emploi fictif à la MNEF pendant 18 (dix-huit !) ans, payé 1200 euros nets sur le dos des étudiants. Cela jusqu’en 2011, et alors même qu’elle touchait des indemnités de sénatrice et de vice-présidente de conseil régional d’au moins 7500 euros par mois – c’est du moins ce qu’elle indique sur ses déclarations obligatoires (où l’on verra qu’elle semble avoir minoré son salaire d’emploi fictif, et qu’elle s’est constitué un copieux capital en biens immobiliers et en argent – ça paie, la politique, même pour une femme qui vient de l’extrême-gauche !). Pas nette du tout avec l’argent donc, Mme Rossignol ne l’est pas non plus dans ses convictions : outre le racisme incroyable dont témoigne sa sortie sur les « nègres » et les musulmanes, c’est elle qui a fait passer un amendement inscrivant dans la loi des « conséquences dramatiques » pour les enfants réfugiés : « exclusion de toute prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance, mise à la rue immédiate, interruption de la scolarité ou de la formation en cours, impossibilité de régularisation sans secours ni protection d’aucune sorte et sans titre de séjour ».

Mme rossignole et me débecte.

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